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TEMPLE, subst. masc.
A. − Lieu, sanctuaire où l'on célèbre le culte d'une ou plusieurs divinités. Temple rustique, sacré; temples souterrains. On trouva un temple druidique. (...) les druides choisissaient pour leurs cérémonies religieuses des lieux sombres, le fond des bois « et leur vaste silence » (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 233).Le culte védique ne comportait pas de temples permanents (Philos., Relig., 1957, p. 52-12).
1. HIST. RELIG. Édifice religieux dont une partie au moins est considérée comme la demeure du dieu, abrite sa statue, parfois un trésor, et dans laquelle les prêtres lui rendent un culte hors la présence de la masse des fidèles. Temple funéraire, solaire; bâtir un temple; consacrer, dédier, élever un temple à; temple antique, égyptien, grec, inca, khmer, maya, païen, romain; autel, colonne, fronton, péristyle du temple; temple d'Apollon, de Diane, d'Isis; temple d'Angkor, de Delphes, d'Éphèse; temple de la sagesse, du soleil, de la victoire. Atra, ville d'Arabie, était consacrée au Soleil, et renfermait de riches offrandes déposées dans son temple (...). La Caabah des Arabes, avant Mahomet, était un temple consacré à la Lune (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 19):
Le temple résume l'âme grecque. Il n'est ni la maison du prêtre, comme le fut le temple égyptien, ni la maison du peuple, comme le sera la cathédrale, il est la maison de l'esprit, l'asile symbolique où vont se célébrer les noces des sens et de la volonté. Faure, Hist. art, 1909, p. 98.
P. anal. (de forme)
Vieilli. Kiosque de jardin imitant les ruines antiques, très en vogue au xviiies. Elle lui conseilla de (...) faire une grotte, sur laquelle il mettrait un petit temple en façon de belvédère (Balzac, A. Savarus, 1842, p. 28).L'influence de son séjour [de J.-J. Rousseau] est profondément sentie dans le pays (...). Au bord des eaux, des temples ronds, à colonnes de marbre, consacrés soit à Vénus génitrice, soit à Hermès consolateur (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 575).
Temple d'amour. Petite construction circulaire imitant celle du Petit Trianon (de Versailles). Or, on avait bâti, comme un temple d'amour, Près d'un bassin dans l'ombre habité par un cygne, Un théâtre en treillage où grimpait une vigne (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 136).
2. HIST. ROMAINE. Portion du ciel, partie de l'horizon ou espace délimités par les Augures à l'aide de leur bâton augural et de l'observation desquels ils tiraient leurs présages; lieu ou terrain découvert délimité par une consécration religieuse qui le séparait du terrain environnant. (Dict. xixeet xxes.). V. lituus B ex. de Michelet.
3. HIST. JUIVE. Le premier temple, le temple de Salomon, le Temple de Jérusalem ou, absol. (gén. avec majuscule), le Temple. Édifice bâti par Salomon au xes. avant J.-C. pour abriter l'arche d'alliance, et considéré comme la demeure de Yahvé. Marches, portique du Temple; construction, destruction, reconstruction du Temple; marchands, vendeurs du Temple. Jésus meurt sur la croix. Il jette un grand cri, il rend l'esprit. Ô mort terrible! Le voile du temple fut déchiré en deux, du haut en bas; la terre trembla, les pierres se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1471).La catastrophe de la prise de Jérusalem et de l'écroulement du temple en 586 et l'épreuve de l'exil aux rives du Kebar, en Babylonie (Weill, Judaïsme, 1931, p. 18).
Le deuxième/second temple, le temple d'Hérode, le Temple. Édifice qui fut rebâti par Hérode à l'époque du Christ et fut détruit par les armées de Titus en l'an 70 de notre ère. Du second Templecelui qui fut reconstruit à l'époque perse, puis restauré et agrandi par Hérode le Grand, il ne reste qu'une partie de l'enceinte extérieure, le « Mur des Lamentations » (Philos., Relig., 1957, p. 42-1).
P. méton. Période correspondant à son utilisation comme lieu de culte. V. rabbi A ex. de Roth.
4. HIST. CHRÉT.
a) CHEVALERIE. Ordre du Temple, absol., le Temple. Premier ordre religieux militaire fondé à Jérusalem au xiies. (à proximité des ruines du Temple) pour la défense du Saint-Sépulcre et la protection des pèlerins qui s'y rendaient. Grand-maître du Temple. Dès le début (...) l'ordre du Temple eut un caractère militaire. Fondé en 1118 par le Champenois Hugue [sic] de Payens [sic] qui l'installa dans le Temple de Salomon (l'actuelle mosquée el-Aqsâ), il en reçut son nom d'ordre des Templiers (Grousset, Croisades, 1939, p. 114).V. commandeur ex. 1.
Chevalier du Temple. Synon. de templier.Le chevalier du Temple se disposant à faire une sortie contre l'infidèle qui l'assiège (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 17).
b) P. méton. [Absol., avec majuscule] Maison, monastère des Templiers, dans les villes où ils résidaient; en partic., à Paris, à l'intérieur de l'enceinte de Charles V, monastère situé au Nord-Est, sur la rive droite. Boulevard, faubourg, quartier du Temple. Cette nouvelle enceinte (...) enfermait dans son cercle le quartier Saint-Paul (...) le Temple, Saint-Martin (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 62).La rue du Temple s'appelait rue de la Chevalerie-du-Temple (Proust, Sodome, 1922, p. 1105).
Le Temple, la Tour du Temple. À Paris, partie de l'ancien monastère qui, après dissolution de l'Ordre au xives., servit de prison et où l'on enferma Louis XVI et sa famille au cours de la Révolution française. Le prisonnier du Temple. On décréta non la déchéance, mais seulement la suspension de Louis XVI; la Commune l'interna au Temple avec sa famille (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 259).
Le Temple. À Paris, le quartier où s'élevait le Temple. Carreau, marché du Temple. MmeCantinet était allée au Temple acheter un lit de sangle et un coucher complet (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 278).Le Temple conservait l'argot du dix-septième siècle (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 200).
5. HIST. MOD. Au cours de la Révolution française, édifice dédié à des principes ou à des allégories civiques et laïques et dans lequel on leur rendait un culte. Temple de la Liberté, du Génie, de la déesse Raison. La Commune s'empare de Notre-Dame; une montagne s'édifie dans le chœur; une actrice personnifie la Liberté; la Convention, mise au courant, se rend à la cathédrale, baptisée « temple de la Raison » (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 377).
B. − Lieu de célébration d'un culte et où se réunissent des fidèles.
1. Vieilli ou littér. Édifice élevé pour le culte divin; église des catholiques. Toutes les reliques consacrées dans les temples des catholiques, et exposées à la vénération du peuple (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 439).Si le concert [spirituel] est donné dans le lieu saint (...) nous ne lui imposerons aucune prescription précise. Peut-être pouvons-nous regretter que le temple de Dieu soit transformé en salle d'audition, même d'audition religieuse (Potiron, Mus. église, 1945, p. 11).
2. En partic.
a) Bâtiment du culte de l'Église réformée. Temple protestant. La mosquée occupe, du point de vue religieux, une place intermédiaire entre le temple protestant, simple lieu de réunion, et l'église catholique qui est la demeure de Dieu (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islâm, 1949, p. 119).
b) Lieu de réunion d'une loge maçonnique. Synon. atelier.Temple de la rue Monsieur-le-Prince (A. France, Jard. Épicure, 1895, p. 118).
Rem. Dans l'usage actuel, temple n'est plus utilisé pour désigner l'église, la mosquée ou la synagogue.
C. − P. anal., vieilli ou littér. [Suivi d'un déterm.]
1. Lieu, bâtiment destiné à, habituellement utilisé pour quelque chose. Les théâtres partout sont d'infâmes repaires, Des temples de débauche (Barbier, Ïambes, 1840, p. 58).Dès le matin, tandis que le prêtre se rend à l'église, lui [le médecin] se rend à l'hôpital (...) ce temple de la souffrance (Wicart, Orateur, t. 1, 1936, p. 410).
Temple de la Fortune. Endroit où l'on s'enrichit rapidement; maison de jeu ou de spéculation financière. La foule m'annonça que j'approchais du temple de la Fortune (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 265).
Temple du goût (sous le IerEmpire), Temple de Thalie (sous la Restauration). La Maison de Molière, le Théâtre Français (d'apr. Delvau 1867, p. 289).
Temple de Thémis. Palais de Justice. (Dict. xixeet xxes.).
2. Bâtiment, endroit fréquenté habituellement par des spécialistes, des connaisseurs, des amateurs. Temple des arts. Sa maison [de Milton] (...) redevint encore une fois le temple des muses (Chateaubr., Litt. angl., t. 2, 1836, p. 29).Le salon Verdurin passait pour un temple de la musique (Proust, Sodome, 1922, p. 870).Sous la conduite de palefreniers, les chevaux en sueur rentrent du parc jusqu'au home de MM. Tattersal, temple hippique (Morand, Londres, 1933, p. 164).
Temple d'amour, du plaisir. Lieu de débauche, de prostitution. Peut-être passait-il ses soirées au Pantheon voisin, célèbre temple du plaisir (Morand, Londres, 1933, p. 184).
D. − Au fig., littér.
1. RELIG. CATH.
a) [P. réf. à Saint Paul 1, Cor. 3 et 2, Cor. 16] Habitation de Dieu sur la terre dans l'âme des fidèles. Temple de Dieu; temple de l'Esprit Saint. Puisse notre intérieur devenir un temple digne de Dieu! (Maine de Biran, Journal, 1823, p. 419).Parce que ce corps lui a été donné, afin qu'il fût le temple de l'esprit, et que lui-même, il ressuscitera dans la gloire promise par le Sauveur. Parce que cet esprit lui a été donné, afin qu'il eût le commandement sur la matière organisée (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 199).
b) Rare
α) Ensemble des chrétiens; l'Église. Libre à nous (...) de rebâtir chacun le temple de la nouvelle Jérusalem selon les besoins de notre cœur, de notre conscience (Sand, Corresp., t. 4, 1863, p. 351).
β) Ensemble de la doctrine chrétienne. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
2. Vieilli. Honneurs analogues à ceux que l'on rend à la divinité. Élever des temples. [Catherine II] ne mord pas, dès le début, à ses flatteries excessives [de Voltaire] (...). Elle ne veut pas de temple (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 224).
Temple de gloire, de mémoire. Renommée, réputation durables; immortalité du nom due à de hauts faits, à d'éminents services. De tous les chemins qui mènent au temple de mémoire, j'ai suivi le plus obscur (Courier, Lettre à M. Renouard, 1810, p. 265).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃:pḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Désigne le Temple de Jérusalem, demeure de Iahweh [fin xes. mot lat. templum Deu; templum Dei (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 70; 327)] ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1524: Si violat [un païen] le temple Salomon); 1remoit. xiies. spéc. le Temple considéré comme résidence divine (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, X, 4: Li Sires en suen temple); id. comme lieu sacré (ibid., LXXVIII, 1: marguillierent le tuen saint temple); 2. « édifice où se célèbre un culte divin » a) 1155 un temple d'antiquité (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 634); ca 1170 temple Baal (Rois, éd. E. R. Curtius, IV, XI, 18, p. 197); b) α) 1155 « église chrétienne » (Wace, op. cit., 10396); ca 1175 le temple e le moustier de Saint Pere (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 9101 ds T.-L.); dans la lang. mod., terme propre au style soutenu pour désigner une église cath. 1643 (Corneille, Menteur, IV, 9); β) ca 1200 « la communauté chrétienne, l'ensemble de l'Église » (Guiot de Provins, Bible, 2180 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 77); γ) xiiies. « le fidèle, habitacle, temple de Dieu [dont le Temple mosaïque − cf. 1 − était la figure] » (Sermon poitevin, 28 ds T.-L.: vos estis templum Dei [II Cor. VI, 16]: vos estes temples Dé); 3etiers xiiies. temple del saint esperit, en parlant du corps (ds M. von Orelli, Altfr. Bibelwortschatz im Berner Cod. 28, 1 Cor. VI, 19, fol. 293 b 16, p. 376); c) 1535 « lieu de culte protestant » (ds A. L. Herminjard, Corresp. Réformateurs, t. 3, p. 264 d'apr. Richard Kirchenterminologie, p. 84); d) 1793 Temple de la Raison de [...] Toulouse (Arch. Hte-Gar., L 4578/22); 1798 temple décadaire [du canton de Toulouse] (ibid., L 2224/129); 3. « l'Ordre du Temple » a) 1174-76 maistre del Temple (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 958); ca 1200 le Temple (Guiot de Provins, op. cit., 571, p. 27); 1306 un chevalier du Temple (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett,186, p. 121); b) ca 1210 « bâtiment de Jérusalem où siège l'Ordre du Temple » (Robert de Clari, Constantinople, éd. Ph. Lauer, XXXIII, p. 35: s'asanlerent [...] au Temple); 4. 1875 « lieu de réunion d'une loge de francs-maçons » (Lar. 19e). B. 1558 antiq. romaine « espace céleste délimité par le lituus de l'augure comme champ d'observation pour les auspices » (J. Du Bellay, Antiq. de Rome, Songe, 1, 10, éd. E. Droz, p. 19). C. Empl. fig. de A « lieu où se rend un culte » a) 1504 (J. Lemaire de Belges, Le Temple d'honneur et de vertu à l'honneur de feu Mgr de Bourbon ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 183 [évocation d'un temple imaginaire hanté par les vertus qui ont accueilli l'âme du défunt duc]); b) 1605 bâtir un temple éternel (à qqn) « l'immortaliser » (Malherbe, Poés., XIV ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 60, 56); 1658 placer (qqc.) au temple de Mémoire « id. » (La Fontaine, Adonis, ms. de 1658 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 6, p 227); c) 1627 temple de Cypris « sexe d'une femme » (Parnasse des Muses, 120 d'apr. R. Arveiller ds R. Ling. rom. t. 43, p. 438); d) fin xviies. temple de Vénus « lieu de prostitution » (Regnard, Ep., 4 ds Théâtre, éd. L. Moland, 1876, p. 424). Empr. au lat.templum « espace tracé par l'augure dans l'air et sur la terre, à l'intérieur duquel il recueille et interprète les présages; espace que la vue embrasse, champ de l'espace; espace inauguré, consacré; spéc.: le temple ». Dans la lang. chrét., à côté d'ecclesia et de basilica, templum désigne à partir des iiieet ives. l'édifice du culte, le sanctuaire (Tertullien, Optatus, FEW t. 13, 1, p. 180b; Blaise Lat. chrét.); terme de mystique, il désigne le corps, demeure du Saint-Esprit (Tertullien), la communauté des chrétiens, l'Église (Lactance, ibid.). Templum « Temple de Jérusalem » est relevé dans la Vulgate (III Reg., 5, 5); au fig., il désigne le corps du Christ (Jean, II, 19 et 21). Au Moy. Âge, il désigne l'Ordre fondé en 1119, à Jérusalem par Hugues de Payns et qui s'installa quelques années après, dans un édifice voisin de l'ancien Temple de Salomon: 1142, déc. Rouergue fratres Templi ds Brunel, 39, p. 44; id. a. prov. cavalleirs del Temple, ibid., v. aussi tempe2. Fréq. abs. littér.: 4 574. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 815, b) 8 676; xxes.: a) 5 378, b) 4 045. Bbg. Archit. 1972, p. 138. − Quem. DDL t. 14. − Richard (W.) 1959, pp. 83-85. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 209. − Vitu (A.). Le Jargon du xves. Ét. philol. Genève, 1977, pp. 517-519.