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TASSE, subst. fém.
A. − Petit récipient à anse ou à oreilles, dont on se sert pour absorber une boisson (généralement chaude). Tasse d'argent, de porcelaine; tasse à café, à thé; tasse vide. Ces maisons de thé où se boit à pleine tasse l'eau chaude odorante, avec le « saki », liqueur tirée du riz en fermentation (Verne, Tour monde, 1873, p. 126).À l'encontre des hommes qui buvaient par lampées dans des tasses de faïence grossière d'un blanc crayeux, cru, et parfois aussi dans des bols (...), la jeune femme aimait boire à petites gorgées, dans une tasse de fantaisie qu'elle n'emplissait jamais jusqu'au bord (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 12).
Région. (Bourgogne). Tastevin. Synon. coupole1. (Dict. xxes.).
P. compar., pop. Ouvrir des yeux comme des tasses. Ouvrir de grands yeux étonnés (d'apr. Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 346). Synon. ouvrir des yeux grands comme des soucoupes (v. soucoupe A 2 c).
P. anal., arg., pop. Vespasienne. J'approchais de la tasse qui est au bout du square (...) et ça partait déjà [une fusillade à mon adresse] (...) [Je me suis baissé et redressé] en serrant de près l'arrondi de la pissotière (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 72).
P. métaph. [Pour désigner une réalité naturelle creuse et arrondie comme une tasse] Erré dans un bois et dans des champs de vigne, en proie à un soleil ardent, mais ne ressentant pas l'abominable et énervante chaleur dans laquelle on est infusé au fond de cette tasse de Port-Vendres (Barb. d'Aurev., Mémor. 4, 1858, p. 104).
Pop., fam. La grande tasse. La mer. Des gratte-ciel viennent boire à la grande tasse. À côté du vaste océan, flottent de petits océans d'odeurs (Morand, New-York, 1930, p. 71).Boire à/dans la grande tasse. Se noyer. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Contenu de ce récipient. Je vais te faire une tasse de camomille et puis tu iras te coucher (Ramuz, Derborence, 1934, p. 62).
SYNT. Tasse de bouillon, de café, de chocolat, d'eau, de lait, de thé, de tilleul, de tisane; bonne tasse; grande/petite tasse; accepter, achever, apporter, boire, demander, donner, offrir, prendre, préparer une tasse.
P. anal., arg., pop. Verre de boisson. Tu bois une tasse avec nous? (...). D'un seul jet, il s'envoya la coupe [de champagne] pleine d'un des mecs (Le Breton, Rififi, 1953, p. 152).
P. métaph. Sirote chaque jour ta tasse de néant (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 198).Il a vidé son verre, tandis qu'elle, il lui a fallu boire encore une grande tasse d'air pour se remettre d'aplomb (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 85).
Boire la/une tasse (fam.). Avaler de l'eau lorsqu'on se baigne; perdre de l'argent, échouer. Au dernier moment, nous y plongions [dans les vagues]. Je connaissais ce jeu depuis mon enfance, j'y étais très habile. Plus habile que les autres qui poussaient des cris, buvaient la tasse en riant (M. Cardinal, Les Mots pour le dire, 1977, pp. 312-313 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Bonheur, réussite; p. antiphr., échec, insuccès. Sa plaie était pas trop dégueulasse.Te v'là avec deux trous de balle, vieux... La tasse. Pas moyen de le faire rigoler (B. Blier, Les Valseuses, 1972, p. 109 ds Cellard-Rey 1980).Cette première nuit d'amour. Quelle tasse. J'y étais plus pour personne (E. Hanska,Les Raouls,1976,p. 241, ds Cellard-Rey 1980).
REM. 1.
Demi-tasse, subst. fém.,vieilli. Tasse plus petite qu'une tasse ordinaire et dans laquelle se sert ordinairement le café à l'eau. L'officier avait devant lui sa demi-tasse, son carafon de cognac (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 48).
2.
Tassette, subst. fém.,hapax. Petite tasse. Christine voulut boire. Les femmes cherchèrent dans les paniers une tassette en métal (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 221).
Prononc. et Orth.: [tɑ:s]. Gén. [ɑ] p. anal. avec tas (v. G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 no1 1981, p. 215). Mais Passy 1914 [ɑ] ou [a] et Martinet-Walter 1973 6/17 [a]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1360-68 « récipient servant à boire » (Inventaire des joyaux de Louis, Duc d'Anjou, no557 ds Laborde: une tassegrande); 2. 1547 « contenu de ce récipient » (Noël Du Fail, Propos rustiques, éd. A. J. Assézat, t. 1, p. 6: on offroit une pleine tasse de vin à la compaignie); 3. a) [1793 expr. boire à la grande tasse « se noyer » (parole d'un bourreau rapportée ds G. Lenôtre, Les Noyades de Nantes, p. 126: il n'en a pas besoin [d'un verre d'eau] ... il va boire à la grande tasse)] 1794 (L. A. Pitou, Tableau de Paris, en vaudeville, no5, p. 39 ds Quem. DDL t. 38: ils auraient bu à la grande tasse); 1796 boire à la grande tasse « se noyer dans la mer » (Le Néologiste fr. ds Frey, p. 240); 1844 arg. la grande tasse (Dict. arg. « Myst. Paris », p. 96: le balancer dans la grande tasse [le Canal Saint-Martin]); 1847 la grande tasse « la mer » (Dict. de l'arg., p. 203); b) 1913 expr. boire la tasse « se noyer, manquer de se noyer » (Romains, Copains, p. 221); 1928 boire une tasse, la tasse (Bauche, p. 251). Empr. à l'ar.ṭāsa, ṭassa « coupe, tasse, écuelle », lui-même empr. au persan tašt « tasse, soucoupe » (Lok. no2044; Z. der deutschen Morgenländischen Gesellschaft t. 50, p. 645; Buck no5, 35). Le mot est très prob. parvenu en fr. par l'intermédiaire du prov. et/ou de l'ital.: cf. prov. tassa (1344 ds S. Sguaitamatti-Bassi, Les Empr. dir. faits par le fr. à l'ar. jusqu'à la fin du XIIIes., p. 153), ital. tazza (xives. ds DEI); esp. taza (1272 ds Cor.-Pasc.), lat. médiév. en domaine prov. tassa, tassia (resp. 1337 et 1352 ds Du Cange) et en domaine ital.tassia (1274 ds Du Cange, 1318 ds Pellegr. Arab., p. 112); au sens 3 a, expr. répandue à la suite des noyades de Nantes (1793-94), cf. Brunot t. 9, p. 885. Fréq. abs. littér.: 1 283. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 011, b) 1 960; xxes.: a) 2 346, b) 2 131. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 147. − Quem. DDL t. 15 (s.v. tasse-filtre), 19, 38 (s.v. boire à la grande tasse).