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TARTRE, subst. masc.
A. −
1. ŒNOL. Dépôt, essentiellement composé de bitartrate de potassium, qui se forme dans le vin et s'attache au fond et aux parois des récipients le contenant. Tartre blanc, rouge. Ces micas de tartre qui luisent dans l'intérieur des futailles (Huysmans, À rebours, 1884, p. 59).Le métayer a du tartre et des lies à vendre, il vient de soutirer son vin (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 223).
2. CHIMIE
Crème de tartre, tartre blanc, cristaux de tartre. Tartrate acide de potassium qui provient du tartre purifié, utilisé pour la fabrication de l'acide tartrique. Lorsqu'il [le sel d'oseille] est falsifié avec des cristaux de tartre, la falsification se fait reconnaître par l'odeur empyreumatique (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 660).Ce sous-produit du vin est constitué surtout de bitartrate de potassium; à l'état purifié, il donne la crème de tartre, utilisée notamment comme levure chimique (CourtineGastr.1984, p. 966).
Tartre stibié ou émétique. Tartrate de potassium et d'antimoine utilisé autrefois comme vomitif et comme antiparasitaire émétique. Il faut profiter du premier intervalle d'intermission pour faire vomir le malade, (...) avec le tartre émétique (...), pourvu cependant que rien ne s'oppose à l'usage du vomitif (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 8).J'ai pris vingt-cinq grains d'ipécacuana et 1 de tartre stibié qui n'ont pu me faire vomir qu'une fois et faiblement (Stendhal, Journal, t. 1, 1801, p. 10).
B. − ODONTO-STOMATOL. Enduit, de colorations diverses, essentiellement composé de phosphates, de carbonates et de sub-stances organiques, qui se dépose sur la partie coronaire et les surfaces radiculaires des dents. Dents pleines de tartre. Ils furent bien aises de savoir qu'il y a dans le tartre des dents trois espèces d'animalcules, que le siège du goût est sur la langue, et la sensation de la faim dans l'estomac (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 65).Ablation du tartre dentaire, dont les dépôts pierreux, localisés surtout au collet des dents (...) déchaussent et ébranlent les dents (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 201).
C. − TECHNOL. Croûte calcaire qui se dépose sur les parois des chaudières, des conduites, des récipients contenant de l'eau chaude et qui provient de la précipitation de sels minéraux. Synon. incrustation.Eau incrustante, déposant du calcaire (tartre) dans les canalisations, les appareils, surtout les chaudières et les ballons d'eau chaude (RaucBât.1983, p. 442).
REM. 1.
Tartré, -ée, adj., œnol. Additionné de tartre (supra A). (Dict. xxes.).
2.
Tartricage, subst. masc., œnol. Opération qui consiste à ajouter de l'acide tartrique à la vendange ou au moût, pour activer la fermentation et acidifier le vin. Pratique du tartricage. On fait dissoudre l'acide tartrique dans un peu de moût chaud: pour que la dissolution soit rapide, on ne met que 500 grammes d'acide par litre de moût, puis on la répartit ensuite dans la totalité du moût à traiter (Ren.Vin1962).
3.
Tartrifuge, subst. masc. et adj.,technol. (Substance chimique) qui sert à empêcher la formation d'un dépôt de tartre sur les parois intérieures des chaudières. (Dict. xixeet xxes.). V. tartrifuge, s.v. -fuge B ex.
Prononc. et Orth.: [taʀtʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xives. « dépôt du vin » (Livre des secrez de nature ds Fr. mod. t. 39, p. 157); 2. 1575 « dépôt salin qui se sépare peu à peu des liqueurs vineuses et s'attache aux parois des tonneaux, sous forme de croûte » (Paré, Œuvres, XXV, 24, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 562); 3. 1600 sel de tartre (Ol. de Serres, Théâtre d'agric., 829); 1689 tartre émétique (Mmede Sévigné, Let., à Mmede Grignan, 11 avr., III, 415 ds Quem. DDL t. 9); 1752 tartre stibié (Trév.); 4. 1743 « croûte qui se forme à l'intérieur des pots de chambre » (Trév.); 1861 « dépôt qui se forme à l'intérieur des chaudières » (Armengaud, Moteurs à vapeur, t. 2, p. 115); 5. 1765 « dépôt blanchâtre ou jaunâtre qui s'amasse au bas des dents et en carie peu à peu l'émail » (Encyclop.). Empr. au b. lat.tartarum « tartre », d'orig. obsc. (l'adj. tartaralis « enduit de tartre » est att. dès le ves.), d'où aussi les formes tartharum « tartre de vin » (xiiies., Simples medecines, éd. P. Dorveaux, 1116-1119, hapax), (sel de) tartare (1563, Palissy, Recepte véritable, p. 20 et 41 ds Hug.). Voir FEW t. 13, 1, p. 126. Fréq. abs. littér.: 18.
DÉR. 1.
Tartareux, tartreux, -euse, adj.a) Chim., œnol., technol. Constitué par du tartre; qui contient du tartre (supra A et C). Sel tartareux; sédiment tartareux; croûte tartreuse. Cette seconde espèce de colique est due à l'usage de vins verts, de cidre (...). Elle paroît donc dépendre de particules d'acide tartareux, qui irritent les intestins (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 185).Les eaux employées à l'alimentation des chaudières de locomotives ne sont jamais pures (...). Elles donnent naissance dans la chaudière à des boues et des dépôts tartreux qui, en s'accumulant sur les tubes et sur les parois du foyer, nuisent à la transmission de la chaleur (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer,1951, p. 49).b) Recouvert de tartre. Briques tartreuses (Huysmans, Croquis parisiens, 1880, p. 89 ds Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, 1938). − [taʀtaʀø], [taʀtʀø], fém. [ø:z]. Ac. 1762-1878: tartareux, -euse (id. ds Littré), 1935: tartareux, tartreux; Rob., Lar. Lang. fr., Rob. 1985: tartreux (tartareux considéré comme vieilli). − 1resattest. a) 1750 « qui est de la nature du tartre » (Prév., s.v. tartre), b) 1880 « couvert de tartre » (Huysmans, loc. cit.); de tartre, suff. -eux*. Cf. la var. tartareux au sens a (1620, Les éléments de chimie de maistre Jean Béguin ds Fr. mod. t. 14, p. 285) d'apr. le b. lat. tartarum (tartre*).
2.
Tartrate, subst. masc.,chim. ,,Nom générique des sels et des esters des acides tartriques`` (Duval 1959). Tartrate de calcium, de potassium, de sodium. Tartrate de soude et d'ammoniaque (Pasteurds Ann. chim. et phys., t. 24, 1848, p. 458).Les découvertes de Pasteur sur les acides tartriques et les tartrates (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 353).− [taʀtʀat]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1795 (Cullen, Éléments de méd. pratique, III, p. 121 et p. 285 ds Quem. DDL t. 15); de tartre, suff. -ate*.
3.
Tartrique, adj.,chim. Acide tartrique. Acide-alcool dont il existe quatre formes stéréo-isomères. Sel de l'acide tartrique; acide tartrique ordinaire. L'acide tartrique est un produit de fermentation. J'ai vu des cristaux d'acide tartrique apparaître dans le liquide à mesure que le ferment se produisait (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 158).− [taʀtʀik]. Ac. 1835, 1878: tartrique ou tartarique (id. ds Littré), 1935: tartrique, vx tartarique (id. ds Rob., Rob. 1985). − 1reattest. 1823 acide tartrique, ou tartarique (Saigey, in Courtin Encycl. mod., I, p. 203 ds Quem. DDL t. 20); de tartre, suff. -ique*. Cf. la var. tartarique (1787, Guyton De Morveau, Méth. d'une nomencl. chim., Paris, Cruchet, p. 48) d'apr. le b. lat. tartarum (tartre*).
BBG.Quem. DDL t. 3, 33.