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TAPER1, verbe
I. − Empl. trans.
A. − Taper qqn
1. Donner une tape, frapper du plat de la main; p. ext., frapper, battre. Taper un enfant. Tiens, c'est bien fait! Toi, aussi, tu voulais toujours taper les autres (Jarry, Ubu, 1895, iv, 5, p. 76).
Empl. pronom. réciproque. Se battre, se frapper l'un l'autre. Elles se tapèrent comme les laveuses tapent leur linge, rudement, en cadence. Quand elles se touchaient, le coup s'amortissait, on aurait dit une claque dans un baquet d'eau (Zola, Assommoir, 1877, p. 400).
[P. méton. du compl.] Taper la tête de qqn. De deux doigts bénins, il tapa la joue de l'adolescent (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 393).Elle lui tapait le dos, à petites tapes, comme on fait à un cheval qui a peur (Giono, Baumugnes, 1929, p. 64).
Empl. pronom. réfl. Se frapper. Se taper le front. Il se tapait la poitrine en se faisant un honneur de ne boire que du vin; toujours du vin, jamais de l'eau-de-vie; le vin prolongeait l'existence, n'indisposait pas, ne soûlait pas (Zola, Assommoir, 1877, p. 490).Ça riait en se tapant les cuisses (Giono, Baumugnes, 1929, p. 67).
Loc fig., fam.
(Il y a de quoi/c'est à) se taper le derrière, les fesses, le cul, le train contre/par terre. [En parlant d'une situation ou de qqc. de risible, de ridicule, de grotesque] Les coups qu'il faisait, c'était pas à se taper le train par terre de rigolade (Carco, Équipe, 1919, p. 235).Dites, est-ce que ce n'est pas à se taper le cul par terre? (Aymé, Confort, 1949, p. 141):
1. Les rires reprirent de plus belle. Ils duraient encore, lorsque revint Batouala. On lui expliqua les causes de l'hilarité. Il joignit ses facéties à celles de ses femmes. La joie était à son comble. On se tenait les côtes. On se tapait les fesses contre terre. On pleurait. Maran, Batouala, 1921, p. 48.
(Il y a de quoi/c'est à) se taper la tête contre les murs. [En parlant d'une situation ou de qqc. de pénible, d'inextricable, de révoltant, d'une chose à laquelle on ne peut rien] Dans quoi nous sommes-nous fourrés! C'est à se taper la tête contre les murs! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 137).Il y a comme on dit vulgairement, de quoi se taper la tête contre les murs (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 293).
2. Au fig., fam. Taper qqn (de qqc.)
[Le compl. prép. désigne de l'argent] Emprunter de l'argent à quelqu'un. Je suis au café. Un ancien camarade de lycée vient de me serrer la main, me tape de cent francs et va ensuite rejoindre un ami, à l'autre bout de la salle (Green, Journal, 1929, p. 9).Entre vingt et trente ans, on peut taper les copains pour finir le mois, ça n'a pas d'importance. Entre trente et quarante, ça commence à devenir pénible. Au-dessus de quarante, c'est intolérable (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 206).
[Le compl. prép. désigne qqc. qui se paie] Faire payer à quelqu'un. Lecouvreur était encore un bleu dans le métier de bistrot. Il ne savait pas se débarrasser des raseurs qui le tapaient d'une tournée (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 60).
B. − Taper qqc.
1. Frapper, donner des coups sur quelque chose. Taper la muraille à coups de poing. On entendait toujours le bruit persistant du marteau, qui tapait le fer. Et, quelques minutes plus tard, comme elle s'était rapprochée du jeune homme assis, elle lui adressa la parole (Zola, Terre, 1887, p. 135).Il me tapait les mains et me faisait respirer de l'éther. Je commençais à reprendre conscience (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 79).
[Le compl. désigne l'objet ou la partie du corps qui frappe] Cogner quelque chose (contre, sur quelque chose). Taper une chose contre une autre. Il élevait la voix, tapant les doigts de sa main droite sur la paume de sa main gauche (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 689).Il faisait joyeusement taper ses béquilles sur le pavé (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 150).
En partic. Battre. Taper les tapis. Elle la regardait préparer le lit, l'ouvrir, taper les oreillers de ses bras nus (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 531).La porte de la chambre est entrebâillée et on entend Marguerite qui tape les matelas (Giono, Colline, 1929, p. 100).
Loc. pop., fam. Taper le carton, la carte, la brème. Jouer aux cartes. [Le compl. désigne un jeu, une partie de cartes] Jouer à, faire une partie de. Les vrais « hommes » se réfugient chez Dupont tout est bon, où la banalité est encore de mise, dans les tabacs rebelles aux effets, et tapent leurs parties de cartes sur le tapis de tout le monde sans verser dans un académisme de sages-femmes (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 137).Il regarda dans la glace quatre vieux qui tapaient une belote en silence (Fallet, Banl. Sud-Est, 1947, p. 33).
Spécialement
PEINT. Taper (la peinture). Introduire la peinture dans les creux des objets à peindre à petits coups de brosse (d'apr. Barb.-Cad. 1971).
PÊCHE. Taper l'eau. Pêcher au lancer de façon brutale et maladroite. (Dict. xixeet xxes.).
COIFF., vx. Taper les cheveux. Les crêper (Dict. xixeet xxes.).
Région. (Afrique). Taper le ballon. ,,Jouer au ballon (au football)`` (Rob. 1985).
2. Frapper, heurter pour produire un bruit ou en produisant un bruit. Taper trois coups à la porte; taper trois coups dans ses mains. Sa femme tapait rageusement le pied de son verre avec le bout de son couteau (Maupass., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 345).Derrière celui qui tape la grosse caisse, un indigène plus jeune, armé d'une baguette, brise le rythme implacable par un système régulier de syncopes dans l'entre-temps (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 706).
THÉÂTRE. Taper (les trois coups). Frapper trois coups pour annoncer le début du spectacle. L'Annoncier tape fortement le sol avec sa canne, et lorsque le silence règne, il annonce: Le Soulier de satin ou Le Pire n'est pas toujours sûr (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, p. 941).
Péj. [Le compl. désigne un morceau de mus.] Jouer de façon mécanique, mal jouer, jouer sans nuance. Il s'en échappait [de la maison] des bruits pareils à un clapotement d'eau sur de la boue (...) Il provenait d'un misérable piano échoué par hasard dans une chambre où languissait à cette heure une lumière brouillée. On tapait sur l'instrument une valse à tour de bras (L. Hennique, Soir. Médan, Affaire Gd 7, 1880, p. 242).Il n'y avait guère là, le soir, que la seconde des corsets, miss Powell, qui tapait sèchement du Chopin sur le piano (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 648).
3. Écrire (un texte) au moyen d'une machine à écrire. Synon. dactylographier.Elle vous aidera. Vous savez, elle n'est pas sotte! Elle tapera vos manuscrits (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1268).Simon devait aller mettre ses lettres à la poste dans un quartier éloigné de Port-Royal et taper les adresses à la machine (Nizan, Conspir., 1938, p. 89).
4. Atteindre une certaine vitesse. Nous « tapions » un gentil petit 90 (km/h) (M. Grancher, L'Envers de la course, 1935ds Petiot 1982).Ta Bugatti, on sait qu'elle tape du 130 (R. Gignoux, Le Prof d'anglais, I, II ds Thomas1956).
II. − Empl. intrans.
A. − Qqn tape
1.
a) Donner une tape, des tapes. Les femmes descendaient des voitures, tapant à petits coups sur la soie de leur robe, pour en effacer les plis (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 187).Prévot pleure. Je lui tape sur l'épaule. Je lui dis, pour le consoler:Si on est foutus, on est foutus (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 223).
b) Frapper, cogner de la main ou avec un instrument, donner des coups. Taper à la porte, contre la porte; taper comme un sourd. Quand il s'ennuie, Gaubert vient, met les deux mains au marteau, le lève et tape sur l'enclume (Giono, Regain, 1930, p. 29):
2. Il ne voulait pas lâcher son havage, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches, ainsi qu'un puceron pris entre deux feuillets d'un livre, sous la menace d'un aplatissement complet. Pas une parole n'était échangée. Ils tapaient tous, on n'entendait que ces coups irréguliers, voilés et comme lointains. Zola, Germinal, 1885, p. 1165.
c) En partic.
Taper (sur qqn).Battre (quelqu'un), cogner (sur quelqu'un). Levaque, délassé et excité d'avoir tapé sur sa femme, tâcha vainement d'entraîner Maheu chez Rasseneur (Zola, Germinal, 1885, p. 1233).
Taper des mains. Applaudir. Méricaud a fait un petit discours languissant, et puis ç'a été le tour de Robert. Quelle ovation! Dès qu'il s'est levé, ils se sont mis à taper des mains et des pieds en criant (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 204).
Taper du pied. Frapper le sol avec le pied pour manifester l'impatience ou la colère. Il tapait du pied, il les menaçait de son bâton, et il leur ordonnait avec colère de s'en aller à gauche (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 17).
Péj. Taper sur un piano. Jouer du piano brutalement, sans nuance, de façon mécanique. Moi, j'appelle un musicien, dit-il encore à la petite fille, quelqu'un qui comprend ce qu'il joue. Je n'appelle pas un musicien quelqu'un qui tape sur le piano comme on donne des coups de pied à un nègre (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 1009).
d) Loc. fig., fam.
Taper à côté. Échouer; en partic., se tromper. (Dict. xixeet xxes.).
Taper sur le dos de qqn/sur qqn. Critiquer quelqu'un, dire du mal de quelqu'un (le plus souvent en son absence). Adèle elle-même tapait sur l'ancienne demoiselle de sa dame, dont elle étalait les indispositions, les dessous douteux, les secrets de toilette (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 269).
Taper dans le mille. V. mille1II B.
Taper sur les nerfs, sur le système. Énerver, agacer. Le conseil municipal de Rouen, devant lequel est revenue la question de la fontaine Bouilhet, recommence à me taper sur le système. Quels idiots et quels envieux! (Flaub., Corresp., 1877, p. 25).Sortons, dit Raoul; j'aime beaucoup le quartier, mais ces zazous me tapent sur les nerfs. On a envie de les faire tondre (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 383).
Taper dans l'œil* de qqn.
Taper sur le ventre de/à qqn. Traiter quelqu'un avec beaucoup de familiarité, ou avec une familiarité excessive. Chatenay (saluant): Marquis. Manicamp, lui rendant son salut: Vicomte!... (à part): Comment entamer la chose? Chatenay, à part: Je ne peux pas lui taper sur le ventre et lui dire: « Allons nous mettre à table... » (Labiche, Folleville, 1850, 15, p. 260).
2. Écrire avec une machine. Une dactylo qui tape bien. Une jeune fille cessa de taper sur sa machine à écrire et consulta un atlas, sans détourner la tête (Chardonne, Épithal., 1921, p. 340).Sénac sait taper à la machine. Il connaît la sténographie (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 103).
3. Pop., fam. Taper dans.Prendre dans, se servir largement de. Taper dedans. On avait faim tous les deux. On goûte d'abord un peu à tout... et puis on se décide, on touche... on pique, on avale... on tape dans le tas avec les doigts... le tout c'est de s'y mettre... Et c'est excellent! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 324).V. carambouiller A 1 ex. de Céline.
B. − Qqc. tape
1. Heurter, cogner. Porte, volet qui tape. Elles couraient et couraient. Leur cœur tapait; bientôt le souffle leur manqua (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 242).Le wagon tapait durement sur la voie, et, mal suspendu, tressautait à chaque interruption du rail (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 159).
En partic. Cogner en faisant entendre un bruit régulier. À ce moment, nette et sèche dans le fracas, on entendit taper une mitrailleuse allemande. Ce fut plus fort que lui: il bondit au créneau (...). La mitrailleuse tirait toujours, exaspérante, semblant enfoncer des clous (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 48).Une mitrailleuse tapait lentement (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 139).
MAR. [Le suj. désigne un bateau] Heurter, frapper chaque lame avec la coque. Si l'on aborde le petit clapot, il est naturel que le SB 3, présentant un fond parfaitement plat, « tape » quelque peu selon l'expression consacrée. Mais ces petits bonds d'une coque légère se font sans violence (Bateaux, no100, p. 82 ds Rob. 1985).
[Le suj. désigne un moteur] Faire entendre des bruits irréguliers, des claquements anormaux. Synon. cogner.Comme si son instinct, plus sensible que sa conscience, eût entendu plus tôt, Attignies comprit soudain la cause de son angoisse: le moteur tapait. Une soupape! cria-t-il à Leclerc (Malraux, Espoir, 1937, p. 616).Une ou deux fois, il fallut descendre le véhicule refusant d'avancer, stoppant avec quelques borborygmes d'agonie, le moteur tapant par crises brèves qui s'achevaient en coma (Arnoux, Nuit St-Avertin, 1942, p. 89).
2. P. anal.
a) Vx. [Le suj. désigne un vin, un alcool] Monter à la tête, enivrer. Tu vas avoir la complaisance de me donner une croûte de pain. Je suis encore à jeun; comme c'est du chenu que m'offre le citoyen, je crains qu'il ne me tape sur le bonnet (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 498).Tu monteras deux bouteilles de notre Lunel... du deux francs... de celui qui tape (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 129).
b) [Le suj. désigne le soleil] Chauffer de façon intense, ardente. Il a répété en montrant le ciel: « Ça tape » (Camus, Étranger, 1942, p. 1134):
3. ... les deux chiens, allongés en dehors, haletaient eux aussi, la langue pendante. Le berger, pour avoir un peu d'ombre, s'était assis contre la cabane à deux roues, qu'il poussait à chaque déplacement du parc, une étroite niche qui lui servait de lit, d'armoire et de garde-manger. Mais, à midi, le soleil tapa d'aplomb... Zola, Terre, 1887, p. 290.
c) Pop. Sentir mauvais. Ça tape ici! (Rob.).
[Le suj. désigne une pers.] Taper de + n. d'une partie du corps.Puer de. On lui ôte ses pompes en daim... ses socquettes bayadères... Il tape des arpions que c'est pas croyable... On se recule nauséeux (B. Blier, Les Valseuses, 1972, pp. 199-200 ds Cellard-Rey 1980).
d) Loc. fig. Taper sur les nerfs (v. supra II A 1 d). Je vous dois des excuses ainsi qu'à toute la compagnie, car j'ai été, hier au soir, intolérable et grossier. Mais la stupidité fantastique de Georges m'avait exaspéré! Le temps orageux me tapait sur les nerfs! (Flaub., Corresp., 1872, p. 35).
III. − Empl. pronom. réfl.
A. − Pop., fam. Se taper qqc./qqn
1. [Le compl. désigne qqc. qui se mange ou se boit] S'offrir, manger, boire. Se taper un bon gueuleton. Sur les cinq heures, (...) il allait se taper un crème (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 166).Tiens, ma vieille elle a soixante-cinq ans, j'habite avec elle. Eh bien, à son âge, elle se tape encore son kil de rouge dans la journée (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 247).
Loc. Se taper la cloche. V. cloche1C 3.
2. [Le compl. désigne qqc. de désagréable ou de pénible] Faire; être obligé, contraint de faire. Se taper une corvée, tout le travail. Si tu t'étais tapé Charleroi comme moi, lui dit Lagny, à la figure ratatinée de vieille femme, t'aurais pas été si pressé de revenir (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 16).Le gros homme s'amena sans crier gare: nous n'étions pas allés le chercher à Segré et il dut « se taper » les six kilomètres à pied (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 124).
En partic. [Le compl. désigne une maladie] Avoir. Se taper une angine. Se taper une sale grippe (Rob. 1985).
3. Pop., vulg. [Le compl. désigne une pers.] Posséder charnellement, faire l'amour avec. Synon. pop., vulg. s'envoyer.Se taper un mec, une gonzesse. J'aimais mieux repasser par l'école que de me taper la Gwendoline (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 260).
B. − Populaire
1. Se taper.Se priver (de quelque chose); se passer (de quelque chose). Si l'on n'avait que celui-là pour dire ou pour chanter quelque chose pendant la soirée, pour sûr, on pouvait se taper (A. Desroches, L'Éternelle illusionds France1907).
En partic. Ne rien obtenir, attendre; ne pas compter (sur quelque chose). Tu peux toujours te taper. Vous pouvez vous taper. Est-ce que c'est vous qui paierez le travail supplémentaire? (Sartre, Sursis, 1945, p. 188).
2. S'en taper.Se moquer, ne pas faire cas de quelque chose ou de quelqu'un. Synon. pop. s'en balancer, s'en foutre.Le surlendemain, qu'est-ce que nous n'entendîmes pas au rapport au sujet des 250 000 cartouches brûlées!... Nous, on s'en tapait (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 71).[Un ouvrier à ses camarades] − La politique, on s'en tape (Vialar, Fins dern., 1953, p. 122).
REM.
Tapoir, subst. masc.,rare. Instrument servant à taper; en partic., battoir. Pour qu'elle ait son air le plus naturel, il faut qu'elle soit en laveuse. Sa brouette devant ou sa hotte sur le dos, sa boîte sous un bras, le tapoir et la planche à laver sous l'autre, la mettent à l'aise et lui servent de contenance (Renard, Nos frères farouches, « Ragotte », 1910, p. 333 ds Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [tape], (il) tape [tap]. Homon. taper2, tap. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. A. 1. a) ca 1200 « donner des petites tapes, tapoter, cajoler quelqu'un » (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 8558 ds T.-L.); b) ca 1225 « frapper quelqu'un » ici, fig. (Gautier de Coinci, Miracles Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir. 30, 711, t. 4, p. 404); 2. 1866 fam. « emprunter de l'argent à quelqu'un » taper son patron de vingt francs (Delvau, p. 370). B. 1. 1306 « frapper quelque chose, de la main ou avec tout autre chose » les gens ... les destriers des eperons tapent (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 16711); 2. 1671 taper les cheveux « les relever, les gonfler » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 221); 3. a) 1676 peint. « coucher les blancs d'apprêt pour la peinture et la dorure » (Félibien); b) 1749 « exprimer (des figures) d'une manière hardie et négligée » (Oudry, Conf. Jouin, p. 390 ds Brunot t. 6, p. 783, note 3); c) 1859 « introduire la peinture à petits coups de brosse dans les creux de l'objet à peindre » (Bouillet); 4. 1869 « exécuter médiocrement sur un instrument de musique à clavier » taper une valse (Flaub., Éduc. sent., t. 2, p. 14 [1839 trans. indir. le piano dont elle a tapé exécrablement (Barb. d'Aurev., Memor. 2, p. 396)]); 5. 1874 « heurter plus ou moins fortement avec un instrument quelconque » taper les verres du manche du couteau (Zola, Conquête Plassans, p. 1108); 6. 1923 « écrire au moyen d'une machine » réponses au courrier d'hier soir qu'il m'a données à taper (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, I, 2, p. 3 [1921 intrans. taper sur sa machine à écrire (Chardonne, Épithal., p. 340)]); 7. 1947 taper une belote (Fallet, Banl. Sud-Est, p. 33 [1859 taper sur des tables de marbre de petits os de mouton, marqués de points (Flaub., MmeBovary, t. 1, p. 9)]). II. Intrans. 1. xiiies. « donner des coups, frapper avec la main ou avec un instrument » tape et bote (Isopet Lyon, XXX, 13 ds Rec. gén. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 131); 1689 taper du pied (Mmede Sévigné, op. cit., p. 488); 2. a) fin xives. « monter à la tête (en parlant du vin) » (Eustache Deschamps, Chartes et commissions, MCCCCI, 10-11 ds Œuvres compl., éd. G. Raynaud, t. 7, p. 332: la force du vin qui en cervel les ot tappez); b) fin xives. « (du soleil) donner beaucoup de chaleur » (Froissart d'apr. FEW t. 13, p. 97a); 1942 ça tape (Camus, Étranger, p. 26); 3. a) 1725 taper sur qqn « lui donner des coups » (Du Cerceau, Les Deux cousins, II, 9 ds Littré); b) au fig. 1844 « critiquer quelqu'un » (Balzac, Paysans, p. 41); 1862 taper sur le ventre à qqn « le traiter familièrement » (Hugo, Misér., t. 1, p. 782: il tapait sur le ventre aux catastrophes; il était familier avec la fatalité); 4. 1836 taper sur le pichet « se servir largement de vin » (Chansonnier ds Larchey, Excentr. lang., 1865, p. 306); 1902 taper dans « puiser largement dans, se servir largement de quelque chose » tapez dans le tas (Ch. L. Philippe, Père Perdrix, I, II ds Rob. 1985); 5. 1859 taper dans l'œil à qqn « lui plaire » (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, p. 144); 6. 1868 taper sur les nerfs (Sand, MlleMerquem, p. 145: il me tapait si bien sur les nerfs, avec ses airs de protection); 7. a) 1890 « qui fait entendre un bruit » en partic. tapant part. prés. adj. « se dit d'une heure au moment précis où elle sonne » onze heures tapantes (Bourget, Physiol. amour mod., p. 196); b) 1937 le moteur tape (Malraux, Espoir, p. 618). III. Pronom. 1. a) 1776 se taper qqc. « s'offrir quelque chose » (Collé, La partie de chasse de Henri IV, 76 ds Quem. DDL t. 38); 1915 se taper la cerise avec une bonne soupe (Benjamin, Gaspard, p. 32); 1919 se taper la cloche, se la taper (Dorgelès, Croix de bois, p. 113 et p. 32); b) 1928 se taper une femme (Lacassagne, Arg. « milieu », p. 195 [fin xviies. taper une femme ds Cellard-Rey; cf. 1789, A. de Nerciat, Le Diable au corps, p. 138, ibid.]); 2. a) 1846 se taper le front et se ronger les ongles « se trouver dans une situation difficile » (Sainte-Beuve, Pensées, p. 32); d'où 1945 se taper la tête contre les murs (Triolet, Prem. accroc, p. 137); b) 1880 se taper le cul par terre (pop. ds Esn. 1966); 3. 1905 se taper qqc. (de désagréable) « être contraint de le faire » se taper des lieues (sold., ibid.); 4. 1894 « se trouver frustré de quelque chose » (Bloy, Journal, p. 359: les pauvres, cela s'entend, peuvent se taper); 5. 1928 « se moquer; ne pas se soucier de » (Lacassagne, op. cit., p. 193). Dér. du rad. onomat. tapp- qui évoque un bruit bref et sourd; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 1 370. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 179, b) 2 206; xxes.: a) 3 512, b) 2 373.
DÉR. 1.
Tapable, adj.[Corresp. à supra I A 2; en parlant d'une pers.] Qui peut être tapé. Merde, je l'ai vexée. J'humilie les faiseurs d'argent juste au moment où, croit-elle, je vais la taper. Non seulement, est-elle en train de penser, il me tape mais encore il me méprise parce que je suis tapable. Ou plutôt, car elle est fine, elle croit que je veux me venger de l'humiliation d'être contraint de la taper en l'humiliant dans sa dignité tapable (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 205). [tapabl̥]. 1reattest. 1896 « naïf, dupe, facile à taper » (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 279); de taper1étymol. I A 2, suff. -able*.
2.
Tapement, subst. masc.a) α) Action de taper. Le bruit un peu nerveux du tapement continu d'un doigt sur l'étui vide de ses lunettes (Goncourt, Journal, 1890, p. 1185).Des tringlots embarquent des chevaux à l'aide de plans inclinés. Ce sont des appels, des exclamations, un piétinement frénétique de lutte, et les furibonds tapements de sabots d'une bête rétiveinsultée par son conducteurcontre les panneaux du fourgon où on l'a claustrée (Barbusse, Feu, 1916, p. 105). β) Bruit produit par cette action. Une sonnaille détachée des autres venait à présent rapidement à eux avec son tapement sec, puis ce fut le bruit sourd et gras des sabots qui s'écrasaient sur les pierres, parce que la bête venait du grand galop (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 169).b) Technol. Action d'étendre le vernis sur une planche à graver. (Dict. xixeet xxes.). [tapmɑ ̃]. 1resattest. a) α) 1569 « action de taper, de frapper » (La Bouthière, Trad. de Suétone, 239) rare jusqu'au xixes., β) 1823 « effet, bruit d'un choc » (Boiste Add.), 1825 les tapements de pied (Genlis, Mém., t. 1, p. 34 ds Pougens ds Littré), b) 1802 « action d'étendre uniformément le vernis sur la planche à graver » (Flick); de taper1, suff. -ment1*.
3.
Tapeur, -euse, subst.a) [Corresp. à supra I A 2] Personne qui tape, qui emprunte souvent de l'argent. Il avait la réputation d'un tapeur, d'un homme peu délicat, d'un aigrefin! (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 168).Toute amitié est, par définition, impossible entre le riche et le pauvre: le premier soupçonnera toujours le second d'être un tapeur et celui-ci celui-là d'être un égoïste et un avare (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 183).b) Personne qui joue mal du piano. Daguenet était au piano, « à la commode », comme disait Nana; elle ne voulait pas de « tapeur » (Zola, Nana, 1880, p. 1189).Elle força même Edmond à prendre des leçons de tango. Chez un professeur argentin, pas loin de la Madeleine. (...) La tapeuse jouait éternellement Le Tango du Pendu (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 279).c) Personne qui tape, qui frappe. Mon voisin, qui est bricoleur, est un redoutable tapeur du dimanche matin (Rob.1985). [tapœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) subst. α) 1842 fém. tapeuse de piano « femme qui dans les réunions, les réceptions, joue du piano » (Th. Gautier, Hist. art dram., II, p. 217 [Hetzel] ds Quem. DDL t. 3), β) 1864 masc. « celui qui tape sur un instrument de musique » un tapeur de caisse (Goncourt, Journal, p. 96), γ) 1872 masc. et fém. « personne qui emprunte » le roi des tapeurs (Larch., p. 226), δ) 1876 id. « personne qui donne, qui aime à donner des tapes » (Lar. 19e), b) adj. 1858 « qui donne des claques » le contentement dru et tapeur (Goncourt, op. cit., p. 478); de taper1, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér.: 27.
4.
Tapure, subst. fém.Fissure dans une pièce métallique (acier trempé ou fonte) provoquée par un refroidissement trop rapide. [Avec les fleurets en acier au carbone,] pour (...) limiter les risques de tapures à la trempe, (...) recuire après l'usinage, avant la trempe (J. Cahen, Bruet, Carrières, 1926, p. 26).L'eau pure et froide détermine souvent des tapures ou fentes dans le métal trempé (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 8, 1927, p. 52). [tapy:ʀ]. 1resattest. a) 1690 tepeure « sorte de frisure des cheveux qu'on a tapés avec un peigne » (Fur.) − 1721, Trév., 1701 tapure (ibid.), b) 1823 bot. (Boiste Hist. nat.), c) 1894 métall. (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, p. 292); de taper1, suff. -ure*.
BBG.Blochw.-Runk. 1971, p. 345. − Chautard Vie étrange Argot 1931, pp. 271-273. − Quem. DDL t. 6, 19, 23, 32; 3 (s.v. tapeuse); 4 (s.v. tapement).