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TABAC1, subst. masc.
A. − BOT. Plante aromatique de la famille des Solanacées, haute et à larges feuilles alternes, contenant un alcaloïde toxique, la nicotine. Synon. vx ou plais. herbe à Nicot.Culture du tabac; champ, plantation de tabac; pied, feuille de tabac; hangar, séchoir à tabac. L'eau de pluie que nous ramassons, il faut que nous en arrosions six plants de tabac dont il est fier et qui ne paient rien à la douane (Claudel, Protée, 1927, I, 3, p. 364).Très importantes cultures de tabac, à fleurs blanches, larges et belles feuilles (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 886).
B. − Produit manufacturé, vendu sous diverses formes, fabriqué à partir des feuilles de tabac séchées et préparées pour fumer, priser ou chiquer. Là, sur une table (...) tous les tabacs connus depuis le tabac jaune de Pétersbourg jusqu'au tabac noir du Sinaï (...) resplendissaient dans les pots de faïence craquelée qu'adorent les Hollandais (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 565).[Il] bourrait sa pipe de merisier. Le tabac belge, le savoureux tabac des Ardennes et de la Semois fleurait bon, à brûler dans ce vieux bois plein de senteurs (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 51).V. blague1ex. 1, cigarette ex. 1, nicotine ex. de Van der Meersch et pipe ex. 2.
SYNT. Tabac blond, brun; tabac corsé, doux, fort, léger, parfumé; tabac anglais, d'Orient, d'Amérique; tabac à pipe, pour la pipe; tabac à fumer, à rouler, à priser, à mâcher, à chiquer; carotte de tabac (v. carotte C 1); tabac gris ou p. ell. du déterminé gris (v. gris II A 3 a); paquet de tabac; odeur de tabac; fumée de tabac refroidie; débit de tabac (v. débit B 1 b); bureau de tabac (v. bureau II C 1); marchand de tabac; tabac (de) caporal ou p. ell. du déterminé caporal (v. caporal B); doigts jaunis par le tabac.
À tabac. Utilisé pour le tabac (à chiquer). Couteau, râpe à tabac. Où l'on met le tabac. Pot à tabac (v. pot I A 1). La blague à tabac où ses doigts cornés trituraient toujours un tas de choses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 53).
Cave à tabac. Petite boîte carrée, en bois doublé de cuivre étamé, en porcelaine ou en marbre, divisée en compartiments dans lesquels on conservait les différentes espèces de tabac à priser dont on faisait des mélanges (d'apr. Havard 1890).
[En fonction de déterm.] Couleur de tabac, couleur tabac. Brun roux. Dans les parterres du capitaine Mauger, que j'ai vus, tantôt, par-dessus la haie, c'est un véritable désastre, et tout y est couleur de tabac. Les arbres, à travers la campagne, commencent de jaunir et de se dépouiller (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 124).Il était vêtu d'une jaquette couleur tabac, serrée et boutonnée haut (Lacretelle, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 98).
En empl. adj. inv. [P. ell. du déterminé] Voyez quel air martial respire ce vénérable membre de la Garde nationale! Avec son habit tabac, son sabre et sa giberne en bandoulière, son fusil sur l'épaule (...) il va affronter les ennemis (...) de la tranquillité publique (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1836, p. 177).
Loc. pop., fam.
(C'est toujours) le même tabac. (C'est toujours) la même chose. Je ne veux pas partir d'ici (...) Ailleurs, ça serait le même tabac (...) Tu penses que ça ne changerait rien (Carco, Homme traqué, 1922, p. 189).Toujours la même histoire. Toujours le même tabac (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 192).Le ch'timi: un cul terreux (...). Le Blondinet: Lambert et lui, c'est le même tabac (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 215).
Du même tabac. Du même genre. (Dict. xxes.).
(C'est) un autre tabac. (C'est) autre chose. J'en repère deux ou trois malabars. Le reste c'est du garçon coiffeur (...) Ça jappe, mais s'il s'agissait de se mettre vraiment au boulot, ça sauterait par la fenêtre. Les malabars, pardon et minute, c'est un tout autre tabac (Giono, Gds chemins, 1951, p. 69).
P. méton.
Parfum obtenu à partir d'extraits de tabac; note de parfum rappelant cette odeur. (Dict. xxes.).
Rare. Moment où l'on fume; fait de fumer. À l'heure du tabac, quand ils commencèrent à boire, ayant fini de manger, ils se mirent, de même que chaque jour, à parler de leur ennui (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MlleFifi, 1881, p. 156).
C. − P. méton. Bureau, débit de tabac. Le tabac du coin. Ça ne peut se passer qu'au tabac ou dans l'arrière-boutique du libraire cochon d'à côté (...). L'un des deux procure, à ce qu'on raconte, des mineures qui ont l'air de vendre des fleurs (Céline, Voyage, 1932, p. 596).Je le vis sonner à un immeuble de belle apparence, et entrer. D'un tabac encore ouvert, rue de la Bienfaisance, je pouvais surveiller l'immeuble (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 237).
D. − Au plur. Monopole des tabacs. En France, monopole d'état des tabacs concernant la production, l'importation et la commercialisation des tabacs. Le XIXe, n'en a pas moins vu survivre ou même se créer quelques entreprises gérées par l'État (...). Ainsi les monopoles fiscaux des tabacs ou des allumettes (Chenot, Entr. national., 1956, p. 11).
[Le plus souvent avec une majuscule] Administration du Service d'exploitation industrielle des Tabacs et Allumettes. Contrôleur des tabacs. Ce n'est qu'après des examens, quelquefois renouvelés à plusieurs reprises, qu'on est admis dans les services des douanes, de l'enregistrement, des contributions directes ou indirectes et des tabacs (Vivien, Ét. admin., t. 1, 1859, p. 190).
REM. 1.
-tabac, élém. de compos.
Bar-tabac, bistrot-tabac, café-tabac, subst. masc.Café, bar qui fait bureau de tabac. Le café-tabac constitue avec la poste et la mairie, le troisième et principal pôle attractif de la place (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1029).Cette salade unique, exemplaire, était à 4 F sur le menu de ce bistrot-tabac, à une dizaine de kilomètres au sud de Deauville (L'Express, 18 avr. 1981, p. 51, col. 1).
2.
Tabac-, élém. de compos.
Tabac-journaux, subst. masc.Bureau de tabac où l'on vend également des journaux. Vous savez, aujourd'hui c'est l'école [qui ferme]. Demain, ce sera le tabac-journaux, après le bistrot... La commune va mourir (A. Galan, Le Retour de Rastignac, 1982, p. 35).
3.
Tabaco-, élém. formanttiré du fr. tabac, entrant dans la constr. de subst. fém. dans le domaine de la méd.a)
Tabacomanie. -Abus du tabac. (Dict. xxes.).
b)
Tabacosis. -,,Pneumoconiose causée par l'inhalation de poussières de tabac, observée chez les ouvriers manipulant le tabac`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Prononc. et Orth.: [taba]. Homon. et homogr. tabac2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1555 cité comme mot indigène, à propos de Haïti Tabaco « instrument à deux tuyaux servant à fumer » (J. Poleur, trad. de Oviedo, Hist. nat. et gen. des Indes, Isles et Terre Ferme de la Grand Mer Oceane [trad. de l'esp.], fol. 71b ds König, p. 190)] 1. 1590 mot esp. cité Tabaco « plante solanée cultivée surtout pour ses feuilles qui sont fumées, prisées ou mâchées après préparation » (J. Th. de Bry, Brieve Hist. de Virginia, p. 16, ibid., p. 191); 1598 id. (R. Regnault Cauxois, trad. de J. de Acosta, Hist. nat. et mor. des Indes, tant Or. qu'Occ. [trad. de l'esp.], fol. 183b, ibid.); 1601-03 tabac (Champlain, Œuvres, Québec, 1870, t. 1, 1, p. 46, ibid.); 1603 id. (Id., Des Sauvages, fol. 9b, ibid.: quantité de Tabac (qui est une herbe dont ils prennent la fumée)); 2. 1629 désigne les feuilles de cette plante préparées pour être fumées (Saint-Amant, Sonnet ds Œuvres, éd. J. Bailbé, t. 1, XLIII, p. 280: Non, je ne trouve point de difference De prendre du tabac, à vivre d'esperance, Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent); spéc. pot à tabac, v. pot; 1697 tabac d'Espagne « tabac de couleur roux clair » (J.-Fr. Regnard, Le Distrait, p. 197), d'où infra 4 et 5; 3. a) 1665 « lieu public où l'on se réunissait pour fumer et boire » (Arrêt du Parlement, 10 janv. ds DG); b) 1769 bureau à tabac « local où l'on vend du tabac » (J.-J. Rousseau, Les Confessions, VIII, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 381); 1794 bureau de tabac (Chamfort, Caract. et anecd., p. 161); 1887 p. ell. tabac (Zola, Terre, p. 54: Tabac, chez Lengaigne [enseigne]; 4. 1733 adj. « brun-roux, de la couleur du tabac » (Inv. après décès du chevalier Roze, éd. Arnaud d'Agnel ds B. du Comité des travaux hist. et sc., 1903, p. 477: un autre habit estamine complect couleur tabac); 1790 tabac d'Espagne désigne une couleur roux clair (doc. ds L. Briollay, Ét. écon. sur le XVIIIes., Les prix en 1790, p. 338); 5. 1791 zool. tabac d'Espagne désigne un papillon aux ailes d'un roux clair (Valm. t. 7, p. 619); 6. [1871 c'est le même tabac « c'est la même chose » (La Sociale ds France 1907)] 1888 le même tabac « la même chose » (d'apr. Esn.); 1901 id. (Bruant). Empr. à l'esp.tabaco, att. dep. la 1remoit. du xvies. au sens 1 et au sens de « cigare » (Las Casas ds Fried.; cf. aussi Oviedo y Valdes, trad. supra 1555, ibid.), lui-même empr. à l'arawak de Cuba et Haïti (König, pp. 190-195; FEW t. 20, pp. 79-80; v. en partic. les nombreux textes esp. anc. cités ds Fried. où tabaco est présenté comme un mot indigène). A remplacé pétun*.
DÉR. 1.
Tabagique, adj.a) Vx. Relatif à la tabagie. (Dict. xixeet xxes.). b) Rare. Relatif au tabac. Le jeune diseur ne vit rien du tout tellement était dense l'épais brouillard tabagique qui séparait comme une cloison de buée la scène de la salle (Galipeaux, Souv., 1931, p. 49).c) Méd., pathol. Relatif au tabagisme, provoqué par le tabagisme. Il ne faut pas confondre l'amblyopie diabétique (...) avec le scotome central tabagique et alcoolique (Le Gendre, dsNouv. Traité Méd.,fasc. 71924, p. 413).Des leucoplasies vraies syphilitiques, le plus souvent en même temps tabagiques (Nicolas, dsNouv. Traité Méd.,fasc. 41925, p. 670). [tabaʒik]. 1resattest. a) 1846 tabachique « qui a rapport au tabac » (Causeries du Tintamarre, 13 sept., in Baudelaire, Œuvres en collaboration, éd. J. Monquet, p. 126 ds Quem. DDL t. 3), 1860 tabagique (E. Fournier, Énigmes des rues de Paris, ch. 10 ds Littré Suppl.), b) 1925 méd., pathol. « qui est provoqué par l'abus du tabac » (Nicolas, loc. cit.); de tabac1, suff. -ique*, la finale ayant subi l'infl. de tabagie*.
2.
Tabagisme, subst. masc.,méd., pathol. Intoxication aiguë ou chronique de nature physiologique et psychique provoquée par l'abus du tabac. Le cancer gastrique frappe essentiellement les hommes autour de la cinquantaine (...). Comme pour tous les cancers son origine est mystérieuse. On a invoqué la possibilité de lésions préexistantes bénignes d'abord puis qui dégénéreraient. Alcoolisme et tabagisme ont été incriminés (Quillet Méd.1965, p. 140). [tabaʒism̭]. 1reattest. 1896 (J. Charcot, in G.-M. Debove et Ch. Achard, Man. de méd., t. 4, p. 635 ds Quem. DDL t. 8); du rad. de tabagique, suff. -isme*.
BBG.Baldinger (K.). Zur Entwicklung der Tabakindustrie und ihrer Terminologie. In: [Mél. Piel (J.-M.)]. Heildelberg, 1969, pp. 30-61. − Hitier (H.), Sabourin (L.). Le Tabac. Paris, 1970, pp. 9-10. − Quem. DDL t. 20 (s.v. tabagique). − Spitzer (L.). Z. fr. Spr. Lit. 1917, t. 44, p. 218, 220. − Wartburg (W. von). Von Fr. Petum und Tabac. In: [Mél. Rosetti (A.)]. Bucuresti, 1966, pp. 1007-1011.