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* Dans l'article "SYNAGOGUE,, subst. fém."
SYNAGOGUE, subst. fém.
A. − Assemblée de(s) Juifs.
1. HIST. ANC.
a) HIST. JUIVE. La grande Synagogue (ou grande Assemblée). Collège de sages qui réorganisa la vie religieuse après l'Exil de Babylone et qui constitue le chaînon de transmission de la Loi orale entre les Derniers Prophètes et les devanciers directs des rabbins du Talmud. Il est certain que la Grande Synagogue, réunie une première fois sous Esdras, mit en œuvre des décisions importantes pour l'avenir du judaïsme (Encyclop. univ.t. 201975, p. 1860).
b)
α) [Dans le monde gr. vers les débuts de l'ère chrét.] [Les juifs] habitent souvent un quartier à part dans les villes où ils ont obtenu l'autorisation régulière de s'établir (...), ils forment une communauté qui est, en terre étrangère, comme une cellule de la nation juive (...). Le groupement porte des noms très divers. On dit le thiase, l'assemblée, la synagogue, le peuple, le corps, l'universalité, etc., ou simplement: les Juifs, les Hébreux (Ch. Guignebert, Le Monde juif vers le temps de Jésus, 1935, p. 279).
β) [Dans le monde chrét.] Synagogue de Satan. [P. allus. à Apoc. II, 9] Ceux qui sont dans l'ennui, les hérétiques; ceux qui se conforment à l'ancienne loi, par opposition à la loi nouvelle (d'apr. Guérin Suppl. 1895).
En partic. [Chez certains opposants cath.] La franc-maçonnerie. (Ds Faucher 1981). Expression d'un complot permanent, force occulte, paravent de la puissance étrangère, secte anti-cléricale, la maçonnerie est surtout cette « synagogue de Satan » depuis longtemps dénoncée par la droite maurrassienne (L'Événement du Jeudi, 30 juill.-5 août 1987, p. 13).
2. La communauté des fidèles, le judaïsme. Par ces éminents représentants la synagogue médiévale a manifesté, on le voit, quelque clarté des choses, malgré le bandeau que lui a mis sur les yeux la statuaire chrétienne au portail de certaines cathédrales (Weill, Judaïsme, 1931, p. 201).Grâce à la conception démocratique et laïque que le pharisianisme a imposée à la synagogue (...), le judaïsme est l'une des rares Églises dépourvues de ce lourd élément réactionnaire que constitue le cléricalisme (Univers écon. et soc., 1960, p. 64-6).
[Gén. avec majuscule, p. oppos. à ou p. compar. avec l'Église] L'Église catholique présente une organisation hiérarchisée, avec des dogmes, des structures stratifiées et une discipline intérieure. Tel n'est pas le cas de la Synagogue; la seule autorité reconnue traditionnellement y est celle du Maître, telle est finalement la leçon du Tamuld (Rabi, Anatomie du judaïsme fr., 1962, p. 155).
BEAUX-ARTS. Sculpture des cathédrales gothiques représentant la Synagogue sous la forme d'une jeune femme aux yeux bandés, une lance brisée à la main. Combien de fois ai-je été voir (...) [à] Strasbourg la Synagogue aux yeux bandés (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 117).V. église I A ex. de Viollet 1875.
B. − [P. oppos. au Temple, lieu où réside la Présence divine, où sont offerts les sacrifices] Lieu de réunion essentiellement, mais non exclusivement, réservé à l'étude de la Loi et à la prière et dont l'origine remonte vraisemblablement à la période de l'Exil.
1. [Au sing., gén. avec une majuscule, la Synagogue en tant qu'institution] Ézéchiel fut suivi d'une longue lignée de docteurs connus sous le nom de soferim (scribes), sous lesquels la Torah se mit à occuper une place centrale dans la vie religieuse du peuple (...). C'est (...) à cette époque que furent posés les fondements de la Synagogue, dont les réunions régulières pour l'adoration et l'instruction répondaient aux besoins des exilés (I. Epstein, Le Judaïsme, trad. de L. Jospin, 1962, p. 74).
2.
a) [Au sing. ou au plur., avec une minuscule, la synagogue en tant qu'édifice et lieu de culte] Les synagogues se multiplièrent (...) du IVes. av. au Iers. ap. J.-C.: selon une tradition, il en existait 394 à Jérusalem, quand la ville fut détruite par Titus (70 ap. J.-C.) (E. Fleg., Anthologie juive, 1951, p. 642).V. pharisien ex. 1, rabbin C ex. de Tharaud:
C'était un pilier du bar de la rue Cujas, du bar des « faux-monnayeurs »; j'en étais un autre, et nous étions bien une centaine (...), entrant, sortant, stationnant jour et nuit dans la salle latérale du bar, debout, le chapeau sur la tête comme dans une synagogue ... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 67.
[Avec détermin. spécifiant l'époque, le style, l'implantation, l'obédience] Synagogue antique; synagogue gothique, néo-classique; synagogue à double nef (de Worms), en bois (de Pologne); synagogues galiléennes, italiennes; synagogues d'Orient, d'Occident; synagogue du Vieux Caire; synagogue consistoriale; synagogue ashkenaze; synagogue portugaise d'Amsterdam. La synagogue médiévale, comme son prototype antique, était un centre communautaire et culturel en même temps que cultuel. C'est entre ses murs que l'on assurait l'instruction, que se déroulaient les prières, que se tenaient les réunions publiques (G. Sed-Rajna, L'Art juif, 1975, p. 124).
En compos. Synagogue-centre communautaire. [Après la Seconde guerre mondiale] On mit (...) sur pied un vaste programme de maisons de jeunes qui devinrent bientôt des synagogues-centres communautaires: la première fut construite à Limoges, la plus vaste, la synagogue de la Paix à Strasbourg, sera inaugurée en 1958 (B. Blumenkranz, Hist. des Juifs en France, 1972, p. 425).
b) P. méton. [Avec minuscule] Communauté juive d'une ville. Comme son propre père, et pour faire plaisir à celui-ci, il demeurait inscrit à la synagogue et payait ses cotisations (Maurois, Disraëli, 1927, p. 19).
Rem. Les sens A 2 et B 2 a peuvent être liés, « l'appel » de la synagogue religion, se manifestant par le retour à la synagogue lieu de culte. V. judaïser ex. de Weill.
Prononc. et Orth.: [sinagɔg]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « lieu de culte non chrétien » (Roland, éd. J. Bédier, 3662: A mil Franceis funt ben cercer la vile, Les sinagoges e les mahumeries); b) xives. « lieu où s'assemblaient les Juifs pour leur culte, sous l'ancienne loi » (Evangile de Nicodème, C 1415 ds T.-L.: En lur synagog sunt entré); c) 1530 sinagogue « lieu où s'assemblent ordinairement les Juifs pour le culte » (Palsgr., p. 270a); 2. a) 1remoit. xiies. « réunion, groupe de personnes, bande » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, VII, 7 [cf. Psautier de Cambridge, loc. cit.: congregaciun]); b) 1269-78 « assemblée religieuse des Juifs, sous l'ancienne loi » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11599); 3. a) fin xiies. « le peuple juif, la communion juive » (p. oppos. au Christ, au christianisme) (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 57, 20: tu felenesse synagoige nos enfantas cest fil [Jhesu Criz] assi cum per un office de meire [Migne, Patrol. lat. t. 183, col. 115: Et tu quidem, impia Synagoga, hunc nobis filium peperisti, officio quidem matris, sed non matris affectu]); b) ca 1223 « figure symbolique les représentant » (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Kœnig, 2 Mir 24, 623: Les ieuz do cuer n'ont mie overz [les sceptiques] , Ainz les ont velez et coverz Aussi com a la sinagogue). Empr. au b. lat.synagoga (adapt. du gr. σ υ ν α γ ω γ η ́ « réunion », terme empl. par les Juifs gr. pour désigner l'assemblée de la communauté juive et cette communauté, Luc VIII, 41; Actes IX, 2 ds Liddell-Scott) « assemblée, peuple (spéc. synagoga Israël, Tertullien; synagoga hoc est populum Iudaeorum, St Jérome); lieu où se réunissaient les Juifs pour prier (Vulgate); la religion juive (St Jérome) », Blaise Lat. chrét. Cf. le développement parallèle de ecclesia, v. église. Fréq. abs. littér.: 114.
DÉR.
Synagogal, -ale, -aux, adj.Qui est relatif, qui est propre à la synagogue. Chant, culte, office, rite, rituel synagogal; judaïsme synagogal; tradition synagogale. L'extraordinaire floraison de la poésie synagogale (...) a reflété la vie douloureuse de la communauté en exil (Weill, Judaïsme, 1931, p. 157).L'évolution de l'architecture synagogale en Pologne et en Ukraine a été fortement influencée (...) par l'art local (G. Sed-Rajna, L'Art juif, 1975, p. 142).− [sinagɔgal], plur. masc. [-o]. − 1reattest. 1855 (Zunz, Poésie synagogale d'apr. Littré Suppl. 1877); de synagogue, suff. -al*.
BBG. Quem. DDL t. 10. − Richard (W.) 1959, p. 74, 76.