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SURPASSER, verbe trans.
I. − Rare, littér. Passer au-dessus de. La lointaine rumeur immense descendait sur Grimari. Elle (...) avait gagné l'étable où se trouvent les bœufs du commandant. Traversé le pont qui surpasse la Bamba, tout à coup elle déboucha dans le poste (Maran, Batouala, 1921, p. 80).
P. métaph. Le temps a surpassé les heures et les roses (Régnier, Poèmes, Tel qu'en songe, 1892, p. 150).
II. − Dépasser (généralement d'une manière notable); l'emporter sur.
A. − [D'un point de vue quantitatif]
1. Excéder (en hauteur, en longueur, en nombre, en valeur, en intensité). Il est incontestable qu'un nombre en surpasse un autre quand il figure après lui dans la série naturelle des nombres (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 16).En 1938 l'armement était une industrie (flotte de pêche non comprise) dont le chiffre d'affaires, supérieur à 5 milliards et demi, égalait celui de la sidérurgie, surpassait celui de l'industrie automobile (Le Masson, Mar., 1951, p. 115).
Part. passé, p. métaph. Pendant quinze siècles la Géorgie est restée un pays de grande tradition littéraire ininterrompue. Avec le poème de Roustavelli Celui qui porte la peau du tigre, écrit en 1200, elle atteint des sommets non surpassés (Arts et litt., 1936, p. 54-12).
[Avec compl. prép. désignant l'importance ou la nature du dépassement]
Surpasser de.On le voyait debout sur un immense chariot, avec douze compagnons d'armes, appelés ses douze pairs, qu'il surpassoit de toute la tête (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 292).[La pointe du pic] m'a paru surpasser d'environ cinq cents pieds le point où j'étais (Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p. 42).
Surpasser en.Connais-tu N'Gakoura? Il a une bien brave femme. Et ses enfants surpassent en nombre les herbes de brousse (Maran, Batouala, 1921, p. 144):
1. Là, au milieu des terres australes qu'une barrière de glaces dérobe à la curiosité des hommes, s'élève une montagne qui surpasse en hauteur les sommets les plus élevés des Andes dans le Nouveau-Monde, ou du Thibet dans l'antique Asie. Chateaubr., Natchez, 1826, p. 142.
2. En partic. [Le suj. et le compl. d'obj. désignent des quantités, des objets ou des caractéristiques mesurables] Dépasser, être supérieur à. Un angle qui surpasse 90 degrés. [La lune tourne autour de la terre] avec une vitesse qui surpasse un kilomètre par seconde (Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 123):
2. L'iode et le brome sont beaucoup plus répandus, plusieurs centaines ou plusieurs milliers de fois plus que l'arsenic, l'antimoine, le bismuth ou l'argent. Mais tandis que le nombre des minéraux de ces derniers éléments surpasse une centaine pour chacun, il ne dépasse pas 16 pour le brome et l'iode... Vernadsky, Géochim., 1924, p. 37.
B. − Au fig.
1.
a)
α) [Le suj. et le compl. d'obj. désignent des êtres vivants, gén. des pers.] Être supérieur à, faire mieux que. Peyrade avait formé Corentin, comme Vien forma David; mais l'élève surpassa promptement le maître (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 141).Enfant, sa passion de surpasser les autres et de se surpasser l'emplissait souvent de joie, car il ne lui proposait que des buts immédiats: être le premier de sa classe, comprendre tel article des Pensées (Arland, Ordre, 1929, p. 333).V. égaler A 2 ex. de Gautier.
En partic. [Dans une compétition] Être plus fort que, l'emporter sur, dominer, vaincre. La force en ce monde n'est pas une valeur absolue, c'est une valeur relative. On est fort ou faible par comparaison avec un adversaire qu'on domine ou qui nous surpasse (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 227).
P. anal. La douleur, disait (...) [Zénon], est un mot vide de sens, puisque notre volonté surpasse les imperfections de notre corps périssable (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 159).
[Avec compl. prép. désignant la nature du dépassement]
Surpasser à.[Ces montagnes] sont pour l'ordinaire habitées par des troupeaux de moutons sauvages, qui y sont de la plus belle et de la plus vigoureuse espèce qu'il y ait au monde. Ils surpassent les chevaux et les chiens à la course (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 218).[Le compl. est un inf.] Nul ne l'avait surpassé à faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 313).
Surpasser dans.Combien le catholicisme (...) vous a surpassés tous, saints-simoniens, républicains, universitaires, économistes, dans la connaissance de l'homme et de la société! (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p 124).
Surpasser en.Surpasser qqn en adresse, en agilité, en force physique; surpasser qqn en audace, en bravoure, en courage, en intrépidité; surpasser qqn en noblesse. Je m'associais d'autres enfants dans mes entreprises; mais j'étais leur chef, et je me plaisais à les surpasser en témérité (Duras, Édouard, 1825, p. 110).[P. méton. du suj.] Autant le siècle de Solon surpasse le nôtre en morale, autant les factieux de l'Attique furent supérieurs en talents à ceux de la France (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 65).
Surpasser par.Elle les surpassait toutes par la noblesse de sa prestance et par l'élévation de sa taille (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 169).Que dis-je? un esclave vertueux est supérieur aux dieux. S'il les égale en sagesse, il les surpasse par la beauté de l'effort (A. France, Pierre bl., 1905, p. 125).
Empl. pronom. réciproque. Sur les rives américaines, à l'embouchure de la Plata (...) deux peuples, jadis rivaux, s'efforcent actuellement de se surpasser par le progrès matériel et moral. Buenos-Ayres, la reine du sud, et Montevideo, la coquette, se tendent une main amie, à travers les eaux argentines du grand estuaire (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 160).
β) P. anal. Qqc.1surpasse qqn (dans qqc.2).La fabrication des cerveaux mécaniques, la cybernétique, pose l'angoissante question des robots, capables de surpasser l'homme dans ses mécanismes mentaux (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 392).
Qqc.1de qqc.2surpasse qqc.3de qqn.Si grande que puisse être l'habileté d'un ouvrier, elle sera toujours facilement surpassée par la précision et la célérité des machines (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 111).
γ) [P. méton. du compl. d'obj.] Qqn1surpasse qqc. (de qqn2).Faire mieux que quelqu'un d'autre sur un point semblable, dans le même domaine. Je défie n'importe qui de surpasser mon admiration et mon affection pour Mademoiselle Henriette (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 165).[Avec l'Atlantide, Louis Aubert] avait voulu surpasser le Quo Vadis italien dont l'importation l'avait jadis enrichi (Sadoul, Cin., 1949, p. 196).
SPORTS (lutte). ,,Riposter à la prise portée par l'adversaire en la prolongeant à son avantage`` (Petiot 1982). Parizot plaça une ceinture en tourbillon, surpassée assez facilement par son adversaire (L'Auto, 15 avr. 1934, p. 3 ds Grubb Sports 1937, p. 72).Absol. Deglane surpassa et, peu après, plaça une double prise de bras (L'Auto,21 nov. 1933,p. 3, ds Grubb Sports 1937, p. 72).
En partic. Surpasser son âge. Être en avance pour son âge. Point n'était besoin auprès d'elle, d'une savante jusqu'aux dents, tant Claribel surpassait son âge en finesse, en reparties, en intelligence (Bourgès, Crépusc. dieux, 1884, p. 42).
b)
α) Empl. pronom. réfl. Faire mieux que ce que l'on fait d'ordinaire, que ce que l'on a fait jusque-là; aller au-delà de ses propres limites. Synon. se dépasser.Champion qui se surpasse. Et si même je parviens un jour à me surpasser, ne risqué-je point, dès le lendemain, de redescendre et de tout perdre? (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 105).[L'artiste de variétés] compose patiemment (...) son numéro, et le perfectionne sans cesse, s'attachant à se surpasser lui-même chaque jour (Arts et litt., 1935, p. 78-1).
Se surpasser dans, en.La soirée fut terminée par un bal, et la famille de ma femme, qui était douée en toutes choses, se surpassait dans la danse (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 170).La vieille Zéphirine avait indiqué dans les profondeurs de la cave des vins fins, et Mariotte s'était surpassée en ses plats bretons (Balzac, Béatrix, 1839, p. 162).
β) P. anal. Nous savions tous, consciemment ou non, qu'il n'est pas d'amour qui ne puisse se surpasser, et nous acceptions pourtant, avec plus ou moins de tranquillité, que le nôtre demeurât médiocre (Camus, Peste, 1947, p. 1277).
2. [Le suj. et le compl. d'obj. désignent des choses, gén. des sentiments, des manifestations de l'activité hum.]
a) Être plus grand, plus important, plus intense que. L'amour que j'avais pour cet homme surpassait l'affection que je portais à mes parents (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 557).L'autorité d'un père qui surpasse toutes les autres peut certainement disposer de la vie. Mais elle ne commande pas à la liberté (Camus, Dév. croix, 1953, 1rejournée, p. 540).
Fréq. dans une phrase nég. Rien ne surpasse. Louis XIV a réglé presque toutes les parties de l'administration publique par différentes ordonnances dont rien encore n'avait surpassé la sagesse (Charte constitutionnelle, 1814ds Doc. hist. contemp., p. 146).Rien ne surpasse l'attachement de la maîtresse qui partage les périls des grands criminels (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 532).
[À propos des attributs d'une pers.] Son esprit surpasse peut-être sa beauté et sa bonté surpasse son esprit (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 66).
[P. oppos. à la réalité dépasse la fiction] Une fiction ne peut égaler l'effet de la vérité qu'en la surpassant, c'est-à-dire en ayant plus de force, plus d'ensemble et plus d'action qu'elle (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 261).
b) Être supérieur à, de meilleure qualité que, plus performant que. La préface, comme toutes les préfaces d'Hugo, surpasse la pièce (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 45).Le langage des gestes (...) égale et surpasse celui des mots (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 144).
À la forme passive. Commence la lecture du Red Badge of Courage, de Stephen Crane. L'auteur avait vingt-deux ans quand il écrivit, en 1885, ces pages qui, je crois, n'ont pas été surpassées dans la littérature américaine (Green, Journal, 1950, p. 341).Le grand télescope du mont Palomar, doté d'un miroir de 200 pouces (environ 5 m) de diamètre, constitue le chef-d'œuvre de la technique optique du XXesiècle. Il s'agit d'une œuvre cyclopéenne qui ne pourra être surpassée avant longtemps (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 211).
Surpasser en.Nous contemplons avec plaisir une belle forêt. Les troncs de ses arbres, comme ceux des hêtres et des sapins, surpassent en beauté et en hauteur les plus magnifiques colonnes; ses voûtes de verdure l'emportent en grâce et en hardiesse sur celles de nos monuments (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 240).Il n'y a pas de haine qui surpasse en intensité la haine des catholiques modernes pour ce qui est ou paraît supérieur, surtout en art, le beau étant, à leurs yeux, une indécence (Bloy, Journal, 1901, p. 68).
3. [Avec une idée d'excès]
a) Aller, se situer au-delà d'un certain seuil, de certaines limites. Sur le palier où la peste se maintint en effet à partir du mois d'août, l'accumulation des victimes surpassa de beaucoup les possibilités que pouvait offrir notre petit cimetière (Camus, Peste, 1947, p. 1361).
En partic.
Aller au-delà de ce qui est attendu ou habituel. Surpasser l'idée que l'on se faisait de qqc. Alexandrine parut et surpassa toutes les attentes. C'était une fille élancée, de dix-sept à dix-huit ans, déjà formée, avec des yeux noirs que, depuis, j'ai retrouvés dans le portrait de la duchesse d'Urbin par le Titien à la galerie de Florence (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 27).Il faut un peu de courage (...) pour aller jusqu'à la cime de ce petit Gibraltar (...). Calyste menait Béatrix vers ce point (...) où les décorations du granit surpassent tous les étonnements qu'il a pu causer le long de la route sablonneuse qui côtoie la mer (Balzac, Béatrix, 1839, p. 212).
Surpasser les espérances. Lamarque, que j'y avais envoyé [en Vendée] au fort de la crise, y fit des merveilles et surpassa mes espérances (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 292).
Aller au-delà de ce qui est permis ou possible. Surpasser les capacités, les connaissances de qqn. Elles s'employoient (...) à des soins champêtres, qui occupoient leurs loisirs, sans surpasser leurs forces (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 435).
Exagérer. On dit vos confrères sujets à beaucoup de méfaits (...).Je pense, dit Huriel en riant, qu'on a beaucoup surpassé le mal en le racontant (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 106).
b) Déconcerter, stupéfier. Les productions des anciens portent (...) l'empreinte d'une énergie, d'une vigueur, qui nous étonnent et nous surpassent (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 190).Je trouve ces idées trop consolantes, trop bien conformes à nos besoins, trop utiles, pour les admettre dans un domaine qui justement nous surpasse (Chardonne, Épithal., 1921, p. 246).
Être surpassé d'étonnement. Aussi fut-on surpassé d'étonnement quand le duc apparut... Il portait (...) un habit en toile d'argent (D'Esparbès, Chevauchée Gd S., 1937, p. 86).
Loc. fam. Ceci/cela/ça me surpasse. C'est trop fort pour moi, je ne comprends pas; cela me cause un grand étonnement. Synon. mod. fam. cela me dépasse.Qui vous a dit mon nom? Triple escadron! Ceci me surpasse (Borel, Champavert, 1833, p. 209).
Rem. gén. Surpasser semble vieilli dans tous les cas où il peut être remplacé par dépasser; il est toujours vivant dans le sens de « dépasser notablement », ce qui est le cas lorsque le suj. désigne une pers. et, en partic., en empl. pronom. réfl.
Prononc. et Orth.: [syʀpɑse], [-pa-], (il) surpasse [-pɑ:s], [-pas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1340 « passer par-dessus quelque chose, violer, enfreindre » (Traité entre Hug. de Montfauc. et la bourg. de Montbéliard, A. N. K 2224 ds Gdf. Compl.); 2. a) ca 1470 « passer (quelque chose), être au-dessus par la qualité » (Renvoi de Jean Robertet à monseigneur de Montferrant ds Œuvres, éd. M. Zsuppán, XIII E, 17); b) 1509 « passer (quelqu'un), être au-dessus par la dimension » (Lemaire de Belges, Œuvres, éd. J. Stecher, t. 1, p. 281: « ... Achilles parcreut en beauté, force et grandeur merveilleuse surpassant la corpulence des gens de maintenant »; p. 310: « Ceste dame qui surpasse les autres de toute la teste,... »); 1530 « surmonter (quelqu'un) en quelque chose » (Palsgr., p. 540); 1559 « id. » (Amyot, Vies, Thésée, fo8 vo); c) 1559 se surpasser en qqc. « faire mieux qu'à l'ordinaire » (Id., ibid., Antonius, fo635 ro); 3. a) 1580 surpasser (les forces de qqn) « excéder (les forces de quelqu'un) » (Montaigne, Essais, I, 24, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 127); b) 1591-92 surpasser (qqc.) « être au-dessus de » (Malherbe, Poésies, éd. M. L. Lalanne, t. 1, p. 21, 9). Formé de sur-* et de passer*. Fréq. abs. littér.: 732. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 111, b) 721; xxes.: a) 543, b) 594.
DÉR. 1.
Surpassable, adj.Qui peut être surpassé. Je suis disposé plus que vous ne pensez à me défier des Belges. Au point de vue du muflisme démoniaque, les catholiques riches dont la Belgique est ornée me paraissent malaisément surpassables (Bloy, Journal, 1899, p. 373). [syʀpɑsabl̥], [-pas-]. 1reattest. 1846 (Besch.); de surpasser, suff. -able*.
2.
Surpassement, subst. masc.Action de surpasser, de se surpasser. Dans les campagnes, la vigueur générale de la foi finissait par créer un milieu d'excellence, de surpassement (La Varende, Don Bosco, 1951, p. 17).Surpassement de soi. Il éprouve le même transport, le même tumulte du sang, le même surpassement de soi, qui l'électrisaient naguère (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 698). [syʀpɑsmɑ ̃], [-pa-]. 1reattest. 1931 (Gide, Préface à Saint-Exupéry, Vol de nuit ds Rob.); de surpasser, suff. -(e)ment1*.