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SUPPORTER1, verbe trans.
I. − [Le suj. désigne une chose ou une pers.; le compl. d'obj. désigne une chose] Avoir sur soi le poids, la charge de quelque chose.
A. − [Le suj. désigne une chose concr.]
1. Porter, soutenir une chose pesante, en recevant son poids, sa poussée. Synon. porter, soutenir.Colonne qui supporte un mur, une voûte; statue qui supporte un balcon. Des maisons rouges, supportées par des piliers de granit bleuâtre, la ferment de tous côtés [la place de Burgos] (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 34).Cette gouttière était si ruinée que je doute qu'elle eût supporté sans s'écrouler le poids d'un chat (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 235).
P. ext. Constituer la surface sur laquelle est posée quelque chose. Colonne supportant un vase. Des planches brutes posées sur de simples tréteaux, supportant un bon nombre de livres épars (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 456).Dans une attitude méditative (...), un coude posé sur le bras du fauteuil, sa main supportant son menton (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 156).
2. En partic.
a) Tenir, faire tenir dans une position donnée; servir de support à. Elle avait pour pendants d'oreilles deux petites balances de saphir supportant une perle creuse, pleine d'un parfum liquide (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 40).Sous le manteau de la cheminée, deux landiers supportent les bûches (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 157).
b) Maintenir suspendu. Mur supportant des toiles. Tu me laisses te passer au cou cette petite corde (...) et (...) tu te laisses pendre gentiment à ce crochet qui supporte ton escopette (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 106).À côté du lit, une perche étendue horizontalement sert à supporter les vêtements quand on les quitte pour se coucher (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 159).
3. Constituer le support, la base, le fondement de quelque chose. Synon. sous-tendre.Cette hypothèse de la confusion du bien moral et du bonheur supporte pourtant une construction plus plausible que la précédente de la conduite humaine (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 163).Le plaisir ingénu de croire, qui engendre le plaisir ingénu de produire, et qui supporte toute lecture (Valéry, Variété III, 1936, p. 60).
B. − Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.] Prendre en charge, assumer une obligation financière, juridique, morale; être assujetti à. Synon. se charger de, endosser.Supporter une dépense, une serviture; supporter les frais d'un procès, d'une campagne publicitaire; supporter un risque, une responsabilité. Lorsqu'il a été stipulé que l'époux ou ses héritiers n'auront qu'une certaine part dans la communauté, (...) [ceux-ci] ne supportent les dettes de la communauté que proportionnellement à la part qu'ils prennent dans l'actif (Code civil, 1804, art. 1521, p. 281).Jamais Nadine ne m'avait soufflé mot de ce désir de maternité (...). Pour un temps du moins, il faudra que ce soit ton père ou Henri qui supportent cette charge (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 502).
En partic. Supporter les conséquences de qqc. Avoir tous les inconvénients, tout l'embarras de quelque chose. Supporter les conséquences d'une attitude maladroite:
Eh! Il vous est facile de faire de l'obstruction, très cher ami! C'est moi qui en supporte les conséquences, voilà tout. Je vois déjà venir une engueulade, ah là là! Une engueulade maison Camus, Cas intéress., 1955, 2etemps, 10etabl., p. 706.
2. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Être l'objet d'une charge, d'une obligation. Budget qui supporte des dépenses énormes; produit qui supporte des taxes; maison qui supporte des charges. Tes biens ne sont peut-être pas assez considérables pour supporter une hypothèque de trois millions (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 64).Cette énorme inflation des dépenses (...) est supportée par une économie terriblement déficiente (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 117).
II. − [Le suj. désigne un animé ou une chose; le compl. d'obj. désigne une chose] Résister à, subir en résistant (l'effet de) quelque chose.
A. − [Le suj. désigne un animé ou une chose concr.]
1. Résister à l'action violente, à l'effet destructeur de quelqu'un ou de quelque chose. Synon. résister à.Matière qui supporte les acides; porcelaine qui supporte le feu; bateau qui supporte la tempête; voiture qui supporte une collision; armée qui supporte le choc de l'adversaire. Plutôt que de laisser mourir vos bêtes une à une, vous achetez une vingtaine de kilogrammes d'acide prussique que vous mettez en topettes, en calculant la dose que peuvent supporter vos animaux (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 317).Mon compagnon (...) referma la porte vitrée juste à temps pour supporter l'assaut de ceux qui nous poursuivaient (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 41).
2. Ne pas être altéré, endommagé par les effets d'une action ou d'une épreuve physique. Synon. endurer, tolérer.Supporter le froid; supporter de s'exposer au soleil; (bien) supporter un jeûne, le vin; hiver dur à supporter; mur qui ne supporterait pas un exhaussement; plante qui supporte la gelée; vin qui supporte le coupage. Dans le cas où Votre Altesse Royale n'aurait pu, pendant l'hiver, supporter le climat de Prague, elle serait retournée en Italie (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 467).Mais les expériences de Paul Becquerel ont montré que, même en état de vie latente, les micro-organismes sont incapables de supporter l'effet de telles radiations (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 191).
Empl. pronom. passif. Dans ces climats-ci la chaleur se supporte beaucoup mieux que le froid (Flaub., Corresp., 1850, p. 181).
[P. méton. du suj.] Estomac qui ne supporte pas les aliments acides; peau qui supporte mal les tissus synthétiques. Ces teints délicats qui ne supportent pas le hâle (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, 3etabl., 3, p. 1616).
B. − [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Résister à un examen, à une épreuve. Synon. admettre, résister à.En revenant au sol égyptien, il trouvait que (...) tous ces fameux débris tant vantés (...) ne sauraient néanmoins supporter la comparaison, ni donner l'idée de Paris (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 154).Ses nouveaux papiers pouvaient supporter toutes espèces de vérification (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 258).
III. − [Le suj. désigne une pers.; le compl. d'obj. désigne une chose ou un animé] Tolérer, s'accommoder de quelque chose ou de quelqu'un.
A. − [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Subir, endurer avec constance, en faisant face, une souffrance physique ou morale, les conséquences d'un état ou d'un événement pénible. Synon. s'accommoder de, encaisser (fam.), souffrir.Supporter la douleur, la faim, la fatigue; ne pas supporter la vue du sang; supporter un malheur, une épreuve, son sort, la vie; ne pas supporter l'absence (de qqn), l'attente (de qqc.). Mon oncle (...) ne sait pas supporter l'adversité! (Goncourt, Journal, 1878, p. 1275).Pour supporter votre condition, la condition humaine, vous avez besoin, comme tout le monde, de beaucoup de courage (Sartre, Nausée, 1938, p. 155).
Empl. pronom. passif. De sorte que ce filou de père Saucisse, quand il serait enfin crevé, aurait les pieds sur le crâne du père Fouan. Est-ce que cette idée-là pouvait se supporter une minute? (Zola, Terre, 1887, p. 505).La souffrance physique se supporte aisément si elle accompagne le succès d'un long effort (Carrel, L'Homme, 1935, p. 375).
P. anal. Éprouver sans défaillance un état ou un sentiment agréable et d'une grande intensité. Elle était une niaise de n'avoir pu supporter la douceur cuisante d'une caresse (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 168).Il ne distinguait pas ses yeux, mais sentait l'envelopper son regard. Comme s'il n'en pouvait supporter la douceur, cachant sa face dans ses mains:Ah! pourquoi vous ai-je rencontrée si tard? (Gide, Caves, 1914, p. 871).
B. − [Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou abstr.]
1. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] Ne pas être gêné, perturbé par une incommodité, n'en éprouver aucun inconvénient. Synon. s'accommoder, tolérer.Ne pas supporter les cris des enfants, les inconvénients d'une maison; ne pas supporter l'avion; ne plus supporter Paris. Le philosophe allait et venait (...) comme un homme agité (...) qui, sitôt en promenade, pense à rentrer, et, sitôt rentré, ne peut pas supporter sa chambre (Bourget, Disciple, 1889, p. 209).Saveilhan, promotion 33. Bon orateur. Dissimulé sûrement et douteur. Ne supportera pas longtemps la discipline du Parti Communiste (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 150).
2. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] Considérer comme acceptable ou admissible. Synon. admettre, tolérer.Ne pas supporter tel genre de film, de livre, l'opéra; ne plus supporter telle sorte de conversation, de raisonnement. Ma fièvre de tout voir ne se peut plus guérir; Je ne supporte pas la demi-découverte, Il me faut maintenant deviner ou mourir (Sully Prudh., Justice, 1878, p. 70).Claire et moi, nous ne pouvons pas supporter l'acajou, surtout l'acajou plaqué (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 66).
3. En partic.
a) [Le compl. d'obj. désigne une boisson, un aliment] Trouver buvable, mangeable. Aimez-vous les épinards?Avec des petits croûtons je les supporte, mais je ne ferais pas des folies pour (Queneau, Zazie, 1986 [1959], p. 74).
b) [Le compl. d'obj. désigne un vêtement, un pansement] Endurer ou porter sans incommodité. On supporte un lainage; ne pas supporter les corsets, les vêtements serrés. Cela (...) me rendit (...) insensible au froid au point d'avoir peine à supporter les plus légers vêtements même en hiver (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 45).Il ne peut supporter les bandages herniaires (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 44).
C. −
1. [Le compl. d'obj. désigne une manière d'agir, un comportement] Subir quelque chose de la part d'autrui, sans protester ou sans intervenir. Synon. souffrir, subir, tolérer.Supporter un affront, un mensonge, une punition; supporter l'autorité d'un tyran; supporter les incartades d'un enfant; ne pas supporter la critique. Mon goût pour Amélie m'a appris à esquiver la colère de Germaine ou à la supporter sans y céder à l'instant (Constant, Journaux, 1803, p. 47).J'espérais un regard d'elle, un sourire, mais son visage restait impassible et plus impénétrable que jamais. Je sentis que je ne pourrais supporter son dédain et m'apprêtais à la haïr (Gide, Geneviève, 1936, p. 1354).
Supporter + adv. ou pron. de qqn.Accepter stoïquement la conduite de quelqu'un. Tout supporter de qqn. Chez moi, il n'y a que mon œuvre de fixée. Je supporterais mille fois plus d'un bâtard non reconnu que d'un enfant légitime, d'une maîtresse que d'une épouse, parce que c'est le caractère légal, obligatoire, du lien, qui me rend fou (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1235).
Empl. abs. Accepter. Je ne pouvais plus vivre dans le marais, le chaos, la confusion. Je ne voulais plus supporter sans comprendre (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 107).Il s'humiliait. Il s'inclinait... − « Ertragung − Ergebung − Ergebung!... » − « Supporte, accepte, accepte! (...) » Ce consentement au destin... Imagine-t-on ce qu'à un Beethoven il a pu coûter! (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 57).
2. [Surtout dans des tournures nég. ou restrictives] (Ne pas) supporter de + inf./que + subj.(Ne pas) admettre, tolérer de/que. Synon. tolérer.Il ne supporte pas qu'on se fiche de lui. Comme elle est souvent ridicule, je ne pourrais supporter d'aller avec elle dans le monde (Constant, Journaux, 1803, p. 41).Pluvinage (...) ne pouvait simplement plus supporter que le commissaire remuât son crayon du même mouvement que Daniel la veille (Nizan, Conspir., 1938, p. 210).
D. − [Le compl. d'obj. désigne un animé] Admettre, tolérer la présence, le comportement d'une personne ou d'un animal en dépit des inconvénients que cela peut comporter. Ne pas supporter les chats. Il ne pouvait supporter la présence et la figure du marquis de Cazolles (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 365).Il faut parfois une patience d'ange pour supporter Saniette (Proust, Sodome, 1922, p. 973).
Empl. pronom. réfl. S'accepter tel qu'on est. Je suis sorti pour faire des visites et promener mon ennui. Il faudrait dans ces états se supporter soi-même et ne pas se répandre au dehors (Maine de Biran, Journal, 1818, p. 177).C'est à son insu que je viens vous dire que vous seul pouvez la rendre heureuse (...). Du reste, après cette démarche, je ne pourrai plus l'épouser, ni me supporter moi-même (Camus, Possédés, 1959, 2epart., 11etabl., p. 1035).
Empl. pronom. réciproque. S'accepter mutuellement. Synon. se souffrir, se tolérer.Il avait beaucoup du caractère de Rose, c'est pour cela qu'ils ne pouvaient pas se supporter (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 37).V. support I C ex. de Gide.
Prononc. et Orth.: [sypɔ ʀte], (il) supporte [-pɔ ʀt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1385 « prendre en charge, soulager » (Eustache Deschamps, Mir. de mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 210: Si les [les vieillards] devons en leur vieillesse Servir, supporter leur detresse); b) 1385 l'un l'autre supporter « s'aider mutuellement » (Id., ibid.); c) 1470 (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen, t. 4, p. 108: nostre dicte ville a esté supportée plus que nulle autre) − 1718 « favoriser, appuyer » (Ac.), encore ds Bern. de St-P., Ét. nat., t. 3, 1784, p. 405; 2. a) 1431 (Clement de Fauquemberge, Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 164: ne pourroit soubstenir ne supporter les charges de la prevosté; t. 3, p. 23: pour laquelle despense supporter; t. 3, p. 24: a supporté en grant pacience les estranges manieres et verbales responses faictes en ceste matiere); b) 1432 (Régnier, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p. 105: Job (...) le bien et le mal supporta); c) ca 1485 « maintenir, porter par-dessous » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35627); d) 1607 (Urfé, Astrée, t. 1, p. 228: ne me pouvant supporter courroucée); e) 1611 (Bertaut, Œuvres poét., p. 31: supporter la clarté); f) 1623 (Garasse, Doctrine curieuse, p. 544: ainsi les articles de nostre creance supportent et soustiennent toute l'oeconomie de la doctrine evangelique); g) 1671 (Bouhours, Entretiens, p. 35: elle [la vérité] ne peut supporter les metaphores trop hardies); h) 1699 ne plus pouvoir se supporter soi-même (Fénelon, Aventures de Télémaque, p. 251); i) 1748 supporter le même examen (Diderot, Bijoux indiscrets, p. 142); j) 1751 (Prévost, Lettres angloises, t. 5, p. 533: un habile homme (...) qui lui a prescrit un régime, aussitôt que son estomac sera capable de le supporter); 3. 1963 « encourager, soutenir (un sportif, une équipe) » (d'apr. Rey-Gagnon), contesté en ce sens (cf. J. Darbelnet, Regards sur le fr. actuel, 1963, pp. 31-32, ibid.). Empr. au b. lat.supportare « soutenir » et « souffrir, tolérer, endurer » (ives. ds Blaise Lat. chrét.), du lat. class. supportare (comp. de sub « sous » et portare « porter ») att. au sens de « porter, transporter ». En fr. l'ext. des sens de supporter s'explique prob. par l'infl. des nombreux comp. de porter*, en partic. de l'a. fr. sorporter (sourporter, surporter) att. aux sens de « entraîner, emporter » (xiie-xiiies., v. Gdf.), « endurer » (fin xiies.), « favoriser, avantager » (xives.) et l'a. m. fr. sousporter (sosporter) att. aux sens de « soulager » aux xiiie-xives. et « supporter le coût de » au xives. (v. Gdf., s.v. sourporter et sousporter; v. aussi FEW t. 9, p. 217); cf. aussi lat. médiév. supportare « aider, encourager » (1223) et « supporter le coût de » (1487, v. Latham). Le sens 3 est repris à l'angl. to support (lui-même empr. au xives. au fr. avec les sens de « endurer, tolérer » et « encourager, donner aide, soutien à [quelqu'un, une cause] ») , att. dans le domaine du sport en 1952 (v. NED et NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 4 899. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 259, b) 5 444; xxes.: a) 5 674, b) 8 393.