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SUCCOMBER, verbe trans. indir.
A. − Fléchir, s'affaisser, s'écrouler sous un poids, une charge qu'on n'a plus la force de soutenir, sous l'effet d'un choc.
[Avec compl. introd. par sous] Succomber sous le faix. De pauvres femmes juives à demi vêtues, et succombant sous l'énorme fardeau d'un sac de haillons (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 395).Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd (Baudel., Fl. Mal, 1859, p. 92).
[Plus rarement, avec compl. introd. par à] Dans le verger la branche au poids des fruits succombe (Sully Prudh., Vaines tendr., 1875, p. 224).L'Alpe! Certaines de ses montagnes, des calculs prouvent que logiquement, l'écorce terrestre à leur poids succombe (Cocteau, Potomak, 1919, p. 340).
Absol. Et mon espoir se brise et s'abîme sous l'onde, Comme succombe un mât par la tempête arqué (Sully Prudh., Justice, 1878, p. 180).
[Le compl. désigne une chose abstr.] Je vis la jeune fille qui, pâle et les yeux éteints, succombait sous le poids de la fatigue, du malaise et du trouble. En un clin d'œil elle fut sur mes bras, et je la transportai sur le lit (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 286).
B. − Au fig.
1. Être profondément éprouvé, perdre ses forces (physiques et/ou morales), son intégrité, ses capacités sous l'effet d'une épreuve, de difficultés.
[Avec compl. introd. par sous]
[Le suj. désigne une pers.] Succomber sous le poids des soucis, des avanies, des arguments, des preuves, sous une tâche impossible, sous le travail, sous l'émotion, la fatigue. Le roi succombant sous la lèpre et, malgré sa haute valeur, annihilé le plus souvent par sa hideuse maladie (Grousset, Croisades, 1939, p. 221).
[Le suj. désigne un attribut de la pers.] Je bénis intérieurement M. de Bonald d'être venu interrompre un premier regard où la raison pouvait succomber sous l'ivresse. C'était un de ces moments où l'âme a besoin de cette glace que l'accent d'un sage jette sur l'incendie des sens, pour retremper le ressort d'une énergique résolution (Lamart., Raphaël, 1849, p. 251).
[Le suj. désigne une chose, une entité] Pays succombant sous le poids des armements. Et ne croyez pas qu'Avignon succombe sous le poids de l'histoire, cette ville est tissée de légendes, chaque jour y ajoute un fil, ici chacun est Pétrarque, chacune est Laure (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 49).J'étais destinée aux maisons difficiles. Goëllo est en vente, succombant sous les hypothèques (La Varende, Dern. fête, 1953, p. 199).
[Avec compl. introd. par à]
[Le suj. désigne une pers.] Succomber à l'émotion, à la fatigue, à la tâche. Je succombe au travail, au défaut de tranquillité, à mille ennuis matériels qui me dévorent, et surtout à un désir que rien n'étanche (Balzac, Corresp., 1836, p. 47).Il n'était jamais arrivé à Jean-Louis de se montrer tendre avec lui. C'était tellement inattendu, qu'il dut succomber à la surprise. Ses larmes jaillirent, il étreignit son frère comme un noyé (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 172).
[Le suj. désigne un attribut de la pers.] Raison succombant à des épreuves; santé succombant au travail. Je crains que les nerfs de Madame n'aient succombé à tant d'émotions. Ce n'est pas qu'elle soit précisément dérangée, mais elle a reçu un coup, elle est fixée, ses idées ne bougent plus (Claudel, Soulier, 1929, 2ejournée, 2, p. 718).
[Le suj. désigne une entité, une chose] La France de l'ancien régime aurait succombé à la millième partie des maux que la France nouvelle a supportés (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 225).
[Avec compl. introd. par d'autres prép.] Nous avons marché en silence par de longs circuits (...). Salem succombait de fatigue en portant une partie de notre bagage (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p. 22):
... je me suis laissée honteusement duper, et c'est la vie d'Émile qui tenait au bout de vos mensonges: (...) je vous avais devinés, mais j'ai manqué de courage! Oh! dire que j'ai succombé devant les sermons ridicules de cet abbé et de ce juge qui est votre amant à vous! Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 347.
Absol. En apprenant le départ d'Aurore, Théodore avait reçu un coup dont il avait été accablé. Déjà épuisé par les souffrances des temps précédents, il avait succombé et était tombé gravement malade (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 344).Ne pouvait-il me laisser un seul cœur fidèle? une seule Véronique pour m'y cacher la face afin que nul ne la voie, à cette heure où le cœur succombe? (Claudel, Otage, 1911, iii, 2, p. 284).
2. Succomber à qqc.Ne pas pouvoir résister, s'opposer à quelque chose.
a) Se laisser aller à un état, un sentiment après avoir vainement lutté. Succomber à la colère, au désespoir, au désir, à un accès de lyrisme, à un mouvement d'humeur, à une faiblesse d'un moment. M. Octave ne dissimula pas ses sentiments devant son domestique; au contraire, succombant à son animosité, il en fit presque parade (Montherl., Célibataires, 1934, p. 815).Le scrupuleux succombe à la maladie du doute et à ses conséquences, l'aboulie, l'asthénie et l'apraxie (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 206).
Rare. Succomber dans.Tomber dans. Une foule de nobles cœurs ont succombé dans le découragement, convaincus que leur cause était perdue (Guizot, Hist. civilis., leçon 7, 1828, p. 21).
[L'état, le sentiment n'est pas exprimé] Se laisser aller à un penchant coupable, funeste, etc. (dont la nature est suggérée par le cont. ou un compl. prép.). Celui qui succombe à la vue de l'or, à la vue d'une belle femme ou des autres objets des passions terrestres, n'a pas la foi (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 98).
Absol. Nous tous, les Pasquier, nous devons compter avec le démon de la colère (...). Moi, je suis le plus calme de tous, et, quelquefois, pourtant, je me sens chanceler, je succombe (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 85).
b) Se laisser aller, céder à une sollicitation, à l'attrait de quelque chose, de quelqu'un; se laisser séduire par quelque chose, quelqu'un. Succomber à l'attrait du sacrifice, aux douceurs du sommeil, à la séduction des mauvais lieux. Pendant le voyage de Paris à Valladolid, Blanché aurait succombé aux séductions de son beau-frère (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p. 170).J'avais rendez-vous avec deux étrangers que je voyais par acquit de conscience (...). J'ai succombé à ce qu'on pourrait appeler le vertige de l'ennui. Je voulais quitter ces braves gens au plus vite; je les ai au contraire retenus (Green, Journal, 1933, p. 132).
Succomber à la tentation (de + subst. ou inf.), aux tentations. Les mauvais succombent à la tentation du mal, de faire du mal (...); mais les bons, ceux qui étaient bons, succombent à une tentation infiniment pire: à la tentation de croire qu'ils sont abandonnés de vous (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 9).À perdre ainsi la messe et les sacrements, elle risquait de succomber un jour aux tentations: on se croit tout esprit et soudain on se voit tout chair (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 218).
[P. réf. au Notre Père] Tous ces désirs que nous traînons à la remorque, à quoi servent-ils donc? « Ne nous laissez pas succomber à la tentation... » Non. Cette traduction arrangée me déplaît. J'aime mieux dire: « Ne nous induisez pas en tentation... » et laisser tout son mystère à cette phrase troublante. L'esprit qui tentait Saül venait de Dieu (Green, Journal, 1936, p. 54).
Succomber au démon de + subst. Il était victime de l'absurde vie moderne, et comme beaucoup d'employés enchaînés à leurs bureaux, succombait au démon de l'hypocondrie (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 236).
3. Être vaincu.
a) Subir une défaite dans une bataille, dans une lutte.
[Avec compl. introd. par sous] Il fut immédiatement appréhendé par les agents de police, auxquels il opposa la plus désespérée résistance. Il en abattit une multitude à ses pieds; mais il succomba sous le nombre (A. France, Île ping., 1908, p. 244).
[Avec compl. introd. par à] Missolonghi, défendu par quatre ou cinq cents hommes encore en état de porter les armes, a succombé à un assaut qui a dû coûter la vie à plusieurs milliers d'assaillants (Delécluze, Journal, 1826, p. 336).
P. anal. Se laisser prendre à une ruse, un piège. Thisbé va bien? demanda mademoiselle de Pen-Hoël au chevalier dès que les cartes furent données (...). Pour imiter sa chienne (...) le chevalier laissa voir son jeu à sa voisine (...). C'était une première finesse à laquelle il succomba (Balzac, Béatrix, 1839, p. 47).Moi qui ai tout vaincu de mes instincts et de mes passions, moi! je succombe aux embûches de l'orgueil, lorsque ma science de l'histoire m'éblouit (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 205).
[Avec compl. introd. par par] Ce feu (...) bat si énergiquement l'arrière de vos lignes que la défense est en danger de succomber par manque de munitions, de vivres, de secours de toute espèce (Valéry, Variété IV, 1938, p. 78).
Absol. L'Europe entière se lève en masse; elle le met hors la loi. Onze cent mille hommes marchent contre sa seule personne; il succombe; on le jette dans les fers (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 578).Aucun fort n'avait succombé et (...) la place, en excellent état de défense, promettait de tenir longtemps (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 247).
b) Échouer dans ce que l'on entreprend. Succomber dans qqc.Un ouvrage que je serai fier d'avoir tenté, même en succombant dans cette entreprise (Balzac, Corresp., 1831, p. 591).Jean, appelé à subir l'examen (...) s'embrouilla (...)« J'ai le regret (...) de vous annoncer que vous avez totalement succombé dans les épreuves qui vous étaient imposées » (A. France, Servien, 1882, p. 155).
Absol. [Les] dépens (...) sont toujours à la charge de la partie qui succombe (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 79).M. Darzac s'était juré qu'il ferait taire cet Américain, soit par la terreur, soit par la force (...)! Mais M. Darzac n'était pas de force, et il aurait succombé sans ce brave petit bonhomme de Rouletabille (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 153).
c) [Le suj. désigne une femme] Céder, se donner à un homme après avoir essayé de résister. Il semble (...) qu'une fille, lorsqu'une fois elle a succombé aux attaques des hommes, est moins à ménager (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 59).Les femmes succombent plus souvent qu'on ne croit, par pitié, par besoin d'être bonnes (Zola, M. Férat, 1868, p. 20).
[P. méton.] Elle allait venir (...) dans l'ineffable séduction de la vertu qui succombe (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 85).
C. −
1. [Le suj. désigne un animé] Mourir (par suite de quelque chose, sous l'effet de quelque chose).
[Avec compl. introd. par sous] Succomber sous la hache du bourreau; succomber sous le fer, le poignard de qqn. Son mari a été massacré le 2 septembre; sa fille aînée a péri dans l'hôpital d'une prison; sa fille cadette (...) a succombé sous le poids de ses regrets avant trente ans (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 151).On voit parfois les corneilles ou les daims succomber sous des épidémies inexplicables (Giraudoux, Électre, 1937, i, 3, p. 41).
[Le plus souvent avec compl. introd. par à] Succomber à une maladie, à une embolie, à une indigestion, à un ulcère, à l'apoplexie, à l'asphyxie, à la famine, au froid, à la misère, au chagrin. Les médecins parlèrent de méningite, d'encéphalite, on ne sut rien de précis. S'agissait-il d'une maladie contagieuse, d'un accident? ou Zaza avait-elle succombé à un excès de fatigue et d'angoisse? (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 359).
Succomber à la tâche, à la peine. Mourir d'épuisement en effectuant une tâche. Nous, le peuple des travailleurs (...), depuis notre enfance, nous épuisons à la tâche pour gagner de quoi ne pas mourir de faim, et (...) souvent voyons les meilleurs succomber à la peine (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1289).Crise d'épuisement, comme ses aînés dans le corps des guides, un Brantschen, un Carrel, un Biner, dont il parlait toujours, et qui, eux, avaient succombé à la tâche, trouvant sur leur montagne leur agonie (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 234).
[Avec compl. introd. par de] Nous apprenons avec un vif regret que M. Charles Swann a succombé hier à Paris, dans son hôtel, des suites d'une douloureuse maladie (Proust, Prisonn., 1922, p. 199).Une petite employée de la maison (...) avait succombé, assez brusquement, d'une grippe soignée trop tard (Martin du G., Taciturne, 1932, i, 9, p. 1262).
[Avec compl. prép. indiquant une situation, une circonstance] Succomber dans un duel, dans un guet-apens. (...) Et il y a cette mort du pauvre vieux Boutin...Oh! (...) un épileptique qui a succombé dans une crise congestive! (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 43).
Absol. Curieuse épidémie incompréhensible (...). Des gens, des femmes surtout, tombent, pris d'un mal subit et succombent presque aussitôt (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 939).
[Dans une tournure impers.] Il succombait ici quinze à dix-sept personnes chaque jour (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p. 76).
2. [Le suj. désigne une chose] Disparaître, être anéanti, ruiné par quelqu'un.
[Avec compl. introd. par sous] Nobles et rois se sont enrichis des dépouilles de la liberté primitive; elle a succombé sous leurs attaques (Guizot, Hist. civilis., leçon 3, 1828, p. 3).Combien d'exemples pourrait-on citer de cette faculté défensive, adaptative, de la vie, sans quoi d'ailleurs la vie eût depuis longtemps succombé sous l'assaut des forces de la matière inerte! (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 151).
[Avec compl. introd. par à] Tous les gouvernements n'ont péri en France que par leur faute; Louis XVI a pu vingt fois sauver sa couronne et sa vie; la république n'a succombé qu'à l'excès de ses crimes (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 783).Si Saint Augustin, durci par Jansénius et par Saint-Cyran, avait triomphé dans l'Église, elle eût succombé à cette terreur spirituelle: la théologie eût enfanté le désespoir (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 153).
Absol. La gaieté française et tourangelle succomba chez le comte; il devint morose, tomba malade (Balzac, Lys, 1836, p. 58).La Compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais, si elle ne voulait pas succomber (Zola, Germinal, 1885, p. 1284).
REM.
Succombant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui s'affaiblit. Meurs! tour à tour ta voix, ta force succombante, Ton œil où décroît l'horizon S'éteignent (Hugo, Tout la lyre, t. 2, 1885, pp. 75-76).
Prononc. et Orth.: [sykɔ ̃be], (il) succombe [-kɔ ̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Fig. 1. « être vaincu, subir une défaite dans une partie engagée » [1356 succomber en procès (Ord., III, 134 ds Gdf. Compl.; le texte n'a pu être retrouvé ds Ordonnances des rois de France de la 3erace ni à la réf. indiquée, ni pour l'année 1356)] 1376 subcomber en la cause d'appel (Arch. nat. X1a9182, fol. 164 ro, ibid.) 1512 spéc. en parlant d'une femme qui se donne après avoir résisté (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, I, XXV ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 1, p. 183); 2. 1486 [date de l'impression] « mourir » (R. de Presles, Cité de Dieu, V, Exp. sur le ch. 81 ds Gdf. Compl.); 3. a) 1662 succomber sous sa faiblesse (Corneille, Sertorius, I, 1); b) 1664 succomber à « être écrasé par une tâche difficile » (Molière, Princesse d'Elide, I, 2); c) 1680 « céder à une force plus puissante que sa volonté » succomber à [la tentation de] (Mmede Sévigné, lettre 2 févr. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 825). B. 1549 « s'affaisser sous un poids » (Est.). Empr. au lat.succumbere « s'affaisser sous; (fig.) succomber, se laisser abattre; céder à, être vaincu par ». Fréq. abs. littér.: 1 355. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 093, b) 1 578; xxes.: a) 1 815, b) 1 181.