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STUPÉFIER, verbe trans.
A. − [Le compl. désigne un animé] MÉD., PHARM. Plonger dans l'engourdissement, l'hébétude par une action sur les centres nerveux. [Les enfants d'un an et au-dessous] peuvent être stupéfiés et rester plongés dans ce demi-sommeil pendant deux jours par une seule goutte de laudanum (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p. 207).Comme l'opium paraissait miraculeux quand l'étrange et infecte thériaque, assaisonnée de crânes de vipères séchés, ou l'orviétan, stupéfiait le Moyen Âge! Ainsi, jusqu'au milieu du XIXesiècle, la plupart des drogues restent d'origine végétale (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 12).
P. ext. Inhiber, paralyser (les facultés d')un animé. Une terreur muette la stupéfiait, glaçait son sang, suspendait ses facultés. Ses membres flottaient inertes, sa volonté était dénouée comme ses muscles (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 305).La pieuvre est traître. Elle tâche de stupéfier d'abord sa proie. Elle saisit, puis attend le plus qu'elle peut (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 378).
P. métaph. Quel silence! (...) Pas même ce murmure perpétuel, qui est comme la respiration des forêts endormies (...) Il semblait que la détonation de tout à l'heure eût stupéfié la nature (A. Daudet, R. Helmont, 1874, p. 52).
B. − [Le compl. désigne une pers.] Remplir d'un étonnement extrême, provoquer une grande surprise. Synon. rare stupéfaire (rem. s.v. stupéfait).Il avalait de travers, se mordait la langue, donnait des coups de pied sous la table à ses voisins, et stupéfiait tout le monde par cette conduite de personnage de la pantomime (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 66).Ce qui me stupéfia, ce fut d'avoir cru si solidement une chose qui n'était pas vraie, c'est qu'il pût y avoir des certitudes fausses (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 23).
Empl. abs. Le talent de ces jeunes, c'est comme les imitations d'acteurs. Cela fait illusion et stupéfie, mais, dès qu'on donne un rôle à ces imitateurs, ils ne valent plus rien (Renard, Journal, 1897, p. 382).Ils combinaient (...) la construction de quelque hutte de sauvage où s'abriter chez eux, bien mieux qu'à la maison, et ils y déployaient cette ingéniosité d'invention et de moyens qui stupéfie toujours chez les petits (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 212).
Part. passé passif. [Suivi d'un compl. prép. désignant la cause] Stupéfié de/à + inf.; stupéfié de + subst.Rastignac étourdi se laisse prendre dix louis par l'homme à cheveux blancs, et descend avec les sept mille francs, ne comprenant encore rien au jeu, mais stupéfié de son bonheur (Balzac, Goriot, 1835, p. 164).Hélas, il dut en rabattre, soudainement stupéfié à reconnaître Chavarax qui se glissait, le sourire sur les lèvres, entre le coude de l'huissier et le chambranle de la porte (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 212).Il le chantait parfois [le Dies irae], au scandale des voisins, stupéfiés de l'entendre s'interrompre au milieu par des éclats de rire (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 797).
Prononc. et Orth.: [stypefje], (il) stupéfie [-fi]. Ac. 1694: stupefier; dep. 1762: -pé-. Étymol. et Hist. 1. 1478 méd. (N. Panis, trad. de La Grande Chirurgie de Gui de Chauliac, fo205 ds Sigurs, p. 501); 2. 1694 fig. part. passé (Ac.); 1778 (Ac.). Empr. au lat.stupefacere « étourdir, paralyser », comp. de stupere « être engourdi, demeurer immobile » et facere « faire » francisé d'apr. les verbes en -fier. Fréq. abs. littér.: 278. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 123, b) 427; xxes.: a) 847, b) 335. Bbg. Darm. 1877, p. 183.