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SOURDINE, subst. fém.
A. −
1. MUS. Dispositif qui, adapté aux instruments à vent ou à cordes, en atténue l'intensité sonore et en modifie le timbre. Sourdine de cor, de trompette, de violon; sourdine en aluminium, en bois, en caoutchouc, en ivoire, en métal. On emploie les sourdines sur les contre-basses comme sur les autres instruments à archet, mais l'effet qu'elles y produisent est assez peu caractérisé; elles diminuent seulement un peu la sonorité des contrebasses en la rendant plus sombre et plus terne (Berlioz,Instrument., 1844, p. 74).On pourra être appelé, dans la douceur, à faire un emploi plus fréquent des trompettes et cornets, surtout en se servant judicieusement de la sourdine qui apporte tant de variété au timbre de ces instruments (Arts et litt., 1935, p. 40-1).
P. compar. Étouffée par l'épaisseur des murailles, comme par une sourdine, la musique avait une douceur étrange; c'était un chant d'une volupté triste, d'une langueur exténuée, exprimant la fatigue du corps et le découragement de la passion (Gautier,Rom. momie, 1858, p. 192).
P. méton. Son atténué, assourdi. Il lui suffit de s'avancer très légèrement pour percevoir les mots prononcés à voix basse qui composaient cette sourdine (Queneau,Pierrot, 1942, p. 86).
[Dans un piano] Ensemble des feutres qui, sous l'action d'un mécanisme commandé par une pédale, se posent sur les cordes pour étouffer le son. La sourdine (...) vient s'appliquer sur les cordes auxquelles elle sert d'étouffoir (Bouasse,Cordes et membranes, 1926, p. 415).
P. méton. Pédale qui commande le mécanisme. Synon. pédale douce*, pédale sourde (v. pédale1).La pédale de gauche, appelée pédale douce, sourdine (...) sert à diminuer le volume de la sonorité (Rougnon1935, p. 254).
2. P. méton., HIST. DE LA MUS.
a) Trompette à laquelle est appliquée une sourdine et qui servait à donner aux soldats un signal qui ne devait pas être entendu de l'ennemi (d'apr. Wright Mus. 1941). Son de cette trompette. Sonner la sourdine (Littré).
b) Épinette dont les cordes sont mises en vibration par de petites pièces de bois garnies de drap. Une musique ancienne jouée sur un de ces instruments qu'on appelait sourdine et dont les touches enveloppées de drap produisaient, en frappant les cordes, des sons, nous dit Littré, sourds et mystérieux (Green,Journal, 1944, p. 170).
c) Petit violon. Synon. pochette.L'ancien instrument [la gigue] rétréci [prit] le nom de poche ou pochette; son peu de son lui valut aussi celui de sourdine (Grillet,Ancêtres violon, t. 1, 1901, p. 163).
3. Locutions
a) En sourdine. En utilisant une sourdine. Jouer en sourdine. Les bruits les plus éloignés (...) se percevaient détaillés avec un tel « fini » qu'ils semblaient ne devoir cet effet de lointain qu'à leur pianissimo, comme ces motifs en sourdine si bien exécutés par l'orchestre du Conservatoire que, quoiqu'on n'en perde pas une note, on croit les entendre cependant loin de la salle du concert (Proust,Swann, 1913, p. 33).Il y a (...) dans le jazz (...) des effets très nouveaux à exploiter, par exemple un violon solo jouant à la chanterelle accompagné par le groupe des trompettes en sourdine, rythmant la mélodie de syncopes imprévues (E. Guiraud, Busser,Instrument., 1933, p. 255).
P. anal. En baissant, en modérant l'intensité d'un son (comme lors de l'utilisation d'une sourdine). Rimbaud (...) se mit à rire, comme ça lui arrivait souvent, à la muette, en sourdine (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 370).Vous voulez entendre un peu de musique, Wilfred. En sourdine, pour faire un fond (Green,Chaque homme, 1960, p. 259).
b) Au fig.
α) En sourdine, à la sourdine (vx). Sans faire de bruit; discrètement, sans se faire remarquer. Synon. secrètement, silencieusement.Décamper, partir en/à la sourdine; démarche faite à la sourdine. « Le jeune irrité » (tout Sainte-Beuve est dans ce mot) n'aura eu en définitive ni épée dans la bedaine, ni coup de pied au cul, et il recommencera en sourdine ses machinations, comme dirait Homais (Flaub.,Corresp., 1853, p. 237).Tout se passait d'ailleurs en sourdine, sauf dans les occasions solennelles: c'est ainsi qu'il y eut des batailles terribles au moment du mariage des enfants (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 144).
β) Mettre une sourdine à, mettre la sourdine. Modérer, atténuer, manifester plus discrètement. Mettre une sourdine à sa joie, à son enthousiasme, à ses prétentions. Fais ce que dois, advienne que pourra. Seulement, mets toujours plus la sourdine à tes espérances et attends toujours moins de réciprocité et de respect (Amiel,Journal, 1866, p. 530).Vatard s'était contenté de créer des filles, et n'osant risquer un garçon, il avait mis une sourdine aux fringales de ses nuits (Huysmans,Sœurs Vatard, 1879, p. 34).
B. − Spécialement
1. HORLOG. Ressort qui, dans les montres à répétition, empêche le marteau de frapper sur le timbre. (Dict. xixeet xxes.).
2. Synon. de sourdière (dér. s.v. sourd).
REM. 1.
Sourdiner, verbe trans.,technol. Supprimer les vibrations d'un support de lignes électriques. Sourdiner des isolateurs (Lar. 20e).
2.
Sourdinage, subst. masc.,technol. Action de sourdiner. (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [suʀdin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1568 « trompette sourde » (La Complainte de France, Sonnet 5 ds Anc. Poés. fr., t. 5, p. 37); 2. a) 1611 « cône qu'on introduit dans l'embouchure d'une trompette pour en assourdir le son » (Cotgr.); b) 1680 « plaque qu'on place sur le chevalet d'un instrument à cordes pour en assourdir le son » (Rich.); c) 1859 synon. de pédale douce, sourde (dans un piano) (Bouillet); 3. 1669 « épinette sourde » (Le P. Menestrier, Traité des Tournois, p. 175 ds La Curne); 4. 1743 « dans une montre à répétition, petit ressort qui empêche le marteau de frapper le timbre » (Trév.); 5. 1777 synon. de sourdière (doc., 24 nov. ds Havard 1890); 6. 1840 au fig. mettre une sourdine (Balzac, Vautrin, III, 10, p. 89). B. Loc. fig. 1. 1585 à la sourdine « en cachette, en secret » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 7: desrober quelque baiser à la sourdine); 2. 1835 en sourdine « id. » (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, p. 416). Empr. à l'ital.sordina « sorte d'épinette à son assourdi » (dep. xvies., Soderini ds Tomm.-Bell.), alla sordina « en cachette, en secret », dér. de sordo (sourd*). Voir FEW t. 12, p. 456 et 457a. Fréq. abs. littér.: 177. Bbg. Hope 1971, p. 223.