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SOUFFLET, subst. masc.
A. −
1.
a) Instrument utilisé pour souffler de l'air sur un point donné, composé d'une cavité souple, généralement en cuir, fixée entre deux tablettes qui se déplient en faisant entrer l'air et se replient en le chassant.
[Pour activer la combustion] Âme, manche, tuyère d'un soufflet. En été, quand on travaillait à la forge, je tirais le soufflet jusque dix heures (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 28).Sa poitrine qu'on voyait se gonfler et s'abaisser comme un soufflet de forge (Guéhenno,Journal homme 40 ans, 1934, p. 152).
Soufflet à deux vents, à double vent, à deux âmes. ,,Soufflet dont une partie aspire l'air pendant que l'autre le chasse, de manière qu'il souffle sans interruption`` (Jossier 1881).
Soufflet (de cheminée). Petit appareil à main, composé de deux parties plates, réunies par une feuille souple de cuir permettant de les éloigner ou de les rapprocher. Il a fallu que j'attise le feu avec un soufflet pendant qu'ils jetaient leurs papiers dedans (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 65).P. métaph. Nous y voilà, tout brûlants, tout excités, diables dans la braise. Il s'agit d'une vieille braise, sur quoi j'efforce le soufflet usé de la rancune (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p. 252).
[Pour produire des sons] Soufflet (d'orgue). La parole (...) ne se forme point comme une note sous le doigt de l'organiste quand le pied presse le soufflet (Claudel,Violaine, 1901, I, p. 573).[Dans l'harmonium] le son est obtenu au moyen de petites lames métalliques appelées anches libres et mises en vibration par des soufflets placés au bas de l'instrument et manœuvrés par les pieds de l'instrumentiste (Rougnon1935, p. 233).
[Pour envoyer qqc. dans une direction donnée] AGRIC. ,,Instrument agricole destiné à projeter des insecticides, ou du soufre, sur des plantes cultivées afin de les protéger contre les insectes ou les maladies cryptogamiques`` (Fén. 1970). Soufflet à poudre insecticide; soufflet à soufrer; soufflet de viticulteur. Un soufflet fumigatoire composé d'un fourneau (...) terminé par une sorte de pomme d'arrosoir (...) sert à lancer la fumée de tabac (Du Breuil,Cult. arbres, 1876, p. 449).Les soufflets dont on fait usage pour soufrer la vigne peuvent être divisés en deux catégories: les soufflets simples et les soufflets à régulateurs (Brunet,Matér. vitic., 1909, p. 232).
b) PATHOL., vieilli. (Bruit de) soufflet. Bruit cardiaque observé dans les néphrites chroniques, semblable au bruit d'aspiration d'un soufflet. Jamais je n'ai vécu avec un mari sans soufflet dans la gorge, un mari à thorax d'or pur. Sa vie est un combat à mort contre l'asphyxie (Giraudoux,Sodome, 1943, I, 1, p. 36).
2. P. anal.
a) [De bruit] Arg. ,,Derrière`` (France 1907). Soufflet à punaises. ,,Fusil`` (Esn. Poilu 1919, p. 408). Synon. arg. pétard.
b) [De fonction]
Vx ou arg. Poumons. Synon. arg. soupapes (v. soupape).[Au jeu de crosse] Il fallait avoir de bons soufflets dans la poitrine et des charnières en fer dans les genoux (Zola,Germinal, 1885, p. 1374).L'autre [blessé] répondit d'une voix sourde, en frappant son poumon: − Dans l'soufflet (Esnault,Notes compl. Poilu[1919], 1957).Avoir les souflets béquetés aux mites, loc. ,,Être atteint de la tuberculose`` (Riv.-Car. 1969).
ICHTYOL. Bécasse (v. ce mot B). D'autres genres [de poissons] (...) des soufflets, au museau long et tubuleux (...) qui tuent les insectes en les frappant d'une simple goutte d'eau (Verne,Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 10).
c) [D'aspect, de forme, parfois de fonction]
α) [À propos de choses qui se replient comme le cuir d'un soufflet]
ARCHIT. ,,Élément du réseau des fenêtres de style flamboyant; il peut y paraître seul ou conjugué avec les mouchettes`` (Nér. Hist. Art 1985).
COUT. Morceau de tissu, généralement triangulaire, intercalé dans une couture ou entre une poche plaquée et le vêtement pour donner de l'ampleur. Les chasubles n'ont pas ces formes de tablier de sapeur et elles n'arborent point sur les épaules du prêtre ce renflement, cette sorte de soufflet pareil à une oreille couchée d'ânon, qu'à Paris les étoliers fabriquent (Huysmans,En route, t. 2, 1895, p. 220).Cette ampleur [de la chemise de nuit] s'évase en godets, en soufflets, en plis à la cheville ou jusqu'au sol (Catal. Carrefour, 2 janv. 1952, p. 4, col. 6).COUT. À soufflet(s),loc. adj. Chemise, veste à soufflet(s). Poches à soufflets (...). Ce soufflet sert à donner de l'aisance pour mettre des objets (Dreyfus,Manuel apiéceur, av. 1953, p. 32).
MAR. ,,Abord d'un grand navire, coupure transversale ménagée dans un pont supérieur, afin de lui laisser un peu de souplesse aux mouvements de tangage`` (Merrien 1958).
MAROQ. ,,Pièce latérale ou de fond d'un portefeuille, d'une serviette, d'un sac, etc. dont le pli longitudinal, en s'ouvrant ou en se fermant, permet d'agrandir ou de diminuer la capacité de l'objet`` (Rama Maroq. 1975). Sur un soufflet intérieur, en discrètes lettres d'or, la serviette portait cette indication: Defouqueblize (Gide,Caves, 1914, p. 848).MAROQ. À soufflet(s),loc. adj. Serviette à un, deux, trois soufflet(s). Suivi du domestique qui pliait sous le poids d'une malle, d'une valise à soufflets, d'un sac de nuit (Huysmans,À rebours, 1884, p. 167).Un porte-monnaie d'ivoire à soufflets de satin blanc (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p. 1329).
MUSIQUE
Soufflet d'accordéon. Partie extensible d'un accordéon. Parois solides et (...) membranes élastiques formant des chambres analogues à des soufflets d'accordéon (Quéret,Industr. gaz, 1923, p. 220).
,,Signe d'interprétation (...) formé du rapprochement des signes du « crescendo » et du « descrescendo »`` (Mus. 1976). D. Mazocchi invente plusieurs signes d'expression comme les soufflets (Lalo,Esthét. mus. sc., 1908, p. 276).Un signe en forme de v placé verticalement [sur une note de musique] indique que le son doit être fortement appuyé; placé horizontalement, il signifie que le son attaqué avec force doit être ensuite diminué d'intensité. Ce dernier signe est appelé soufflet (...). Le soufflet étendu à une suite de notes ou à une phrase (...) prescrit, selon sa direction, une augmentation (...) de l'intensité < ou une diminution (...) > Ce signe correspond aux mots Crescendo et Decrescendo, ou Diminuendo (BrenetMus.1926,p. 300).
PHOT. ,,Partie extensible en forme d'accordéon, étanche à la lumière, reliant le porte-objectif et le porte-film (ou le corps avant et le corps arrière) d'une chambre photographique`` (Microgr. 1980). L'appareil [photographique], de format réduit, n'a pas de soufflet déformable (Prinet,Phot., 1945, p. 33).
TRANSPORTS
CH. DE FER. Passage articulé entre deux voitures de chemin de fer. Marat se trouve pressé, avec une dizaine de voyageurs, entre un soufflet clos par un panneau métallique et une porte vitrée solidement verrouillée qui donne accès au couloir d'un wagon-lit (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 121).Le passage d'une voiture à une autre est assuré par une porte située en bout de chaque plateforme et qui donne accès au soufflet accouplé au soufflet de la voiture suivante (Bailleul,Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 112).
À soufflet(s), loc. adj. Ballotté, bousculé comme s'il était sur la plaque trépidante d'un passage à soufflets entre deux wagons (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 728).
HIST. DES TRANSP. Capote de véhicule hippomobile qui se replie par un système de leviers articulés. Fermer, ouvrir le soufflet. [Les écrins] céderont à la pression de ton doigt comme le soufflet de ma calèche (Nodier,Trésor Fèves, 1833, p. 48).P. méton., vx. Ce véhicule. Les voitures: coucous, soufflets, landaus, berlines, carrosses, charrettes (...) roulent du matin au soir comme un torrent (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 335).Elle était seule, avec un laquais, dans un soufflet de satin mauve, tiré par trois petits poneys, tout harnachés d'argent (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 204).
β) [À propos de choses qui font une poche d'air] RELIURE. Boursouflure ou pli produit par une bulle d'air sous le papier, la peau ou la toile encollé(e) de la couverture d'un livre relié. (Dict. xxes.).
γ) [À propos de choses qui permettent le jeu de ressorts] Les sommiers à soufflets sont ceux dont la caisse est échancrée sur les côtés et garnie de ressorts (Lar. mén.1926, p. 766).
B. − Vieilli ou littér.
1.
a) Coup donné sur la joue avec le plat ou le revers de la main. Synon. baffe (pop.), calotte (fam.), claque1, gifle.Administrer, appliquer, donner un soufflet à qqn; recevoir un soufflet. Ce qui déshonore est funeste: un soufflet ne fait physiquement aucun mal, et cependant il vous tue (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 630).Elle le trouva qui tenait la fausse nièce sur ses genoux, le traita de paillard, lui donna des soufflets et l'obligea à lui demander pardon (France,Île ping., 1908, p. 394).
Arg. Voler au soufflet. ,,Entrer brusquement dans un magasin où une dame solde des objets de luxe, la souffleter en jouant au mari indigné et disparaître avec son porte-monnaie`` (Larch. 1880).
Rare. Coup vif de la main sur quelque chose ou quelqu'un. Ils se bourrèrent les reins de gros soufflets, pour épousseter leur uniforme (D'Esparbès,Lég. aigle, 1893, p. 11).
b) P. anal. Coup vif sur le visage (donné en partic. par un élément atmosphérique). Synon. gifle.Soufflet du vent. Les égratignures des broussailles et les soufflets des branches (Gautier,Fracasse, 1863, p. 4).Il reçut un soufflet mouillé dès qu'il mit les pieds dehors (Huysmans,À rebours, 1884, p. 178).
Soufflet du temps. Ensemble des marques physiques dues aux années, outrages du temps. − Ai rencontré Camille, belle autrefois comme celle d'André Chénier, mais, hélas! frappée à la joue de ce rude soufflet du temps qui laisse sa marque où il est tombé (Barb. d'Aurev.,Memor. 2, 1838, p. 312).
2. Au fig.
a) Loc. pop. Donner, foutre un soufflet à une bouteille. Boire d'un trait une bonne quantité (d'alcool). Synon. donner une claque à (v. claque1).Vidocq donnait ce qu'on appelle proprement un soufflet à un litre d'eau-de-vie ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq, t. 1,1830,p. xxxv).
b) Loc., vx. Donner un soufflet à. Faire quelque chose de contraire à. Donner un soufflet au bon droit, à la raison, au sens commun. Ils ont laborieusement cherché à donner un démenti à la Bible et un soufflet aux prophéties (Lamart.,Voy. Orient, t. 1,1835,p. 325).− (...) il paraît que c'est fait, ils ont annulé mon mariage (...) − Non, non! on n'imagine pas une farce pareille! C'est le plus beau soufflet que je connaisse, donné à la justice et au simple bon sens (Zola,Rome, 1896, p. 350).
c) Dommage, préjudice, blessure d'amour propre infligée à quelqu'un. Synon. affront, avanie, humiliation, insulte, offense, outrage, vexation.V. souffletant rem. s.v. souffleter ex.
Prononc. et Orth.: [suflε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Dernier tiers du xiiies. [ms.] « instrument servant à souffler, à faire du vent, surtout pour activer le feu » (Oustillement B ds Biens d'un ménage, éd. V. Nyström, I B, 67: souflet); b) 1855 bruit de soufflet méd. (Littré-Robin); 2. a) 1500 « ce qui se replie comme un soufflet » (doc. ds Gdf. Compl.); b) 1690 « sorte de voiture ou de chaise roulante sur deux roues dont le dessus et le dedans sont de cuirs ou de toiles cirées qui se lèvent et se plient comme un soufflet » (Fur.); c) α) 1833 cout. (M. Vandael, Man. théorique et pratique du tailleur, p. 232 [Roret] ds Quem. DDL t. 16); β) 1857 « partie pliante ou souple entre deux parties rigides destinée à donner du volume, de l'ampleur » (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, p. 594); d) 1895 soufflet de chambre noire (Guérin Suppl.); e) 1927 ch. de fer « passage articulé entre deux voitures » (M. Bedel, Jérôme, 60elatitude Nord, II ds Rob.). B. 1. 1396 « coup du plat ou du revers de la main appliqué sur la joue » (Manière de Langage ds R. crit. d'hist. et de litt., 5eannée, 2esemestre, 1870, p. 397); 2. ca 1590 « affront, outrage » (Montaigne, Essais, II, 21, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 677). Dér. de souffler*; suff. -et*. On note aussi, au sens B 1, le subst. soufflace (1396 ds Gdf.), également dér. de souffler. Fréq. abs. littér.: 504. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 568, b) 1 476; xxes.: a) 862, b) 348. Bbg. Quem. DDL t. 34.