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SIÈGE, subst. masc.
I. − Meuble comprenant généralement quatre pieds, une partie horizontale où l'on s'assied et éventuellement un dossier et des accoudoirs. Il s'aperçut alors de sa fatigue; il était resté debout trois ou quatre heures de suite. Il chercha un siège pour s'asseoir (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 882).La règle du maçon: il faut qu'une belle porte soit d'abord une porte. Si un siège n'est point fait pour que l'on y soit bien assis, il ne sera jamais beau (Alain,Propos, 1923, p. 552).
A. − MOBILIER
1. Objet à usage domestique, fait pour s'asseoir, et qui meuble les différentes parties d'une maison ou de ses dépendances: pour une personne, à dossier (v. chaise), à dossier et accoudoir (v. bergère, fauteuil), sans accoudoir ni dossier (v. tabouret), sans pieds (v. pouf2), pour plusieurs personnes, sans dossier (v. banc), avec ou sans dossier (v. banquette, canapé). Les causeuses, les fauteuils, les poufs, étaient recouverts de satin bouton d'or capitonné (...). Et il y avait encore des sièges bas, des sièges volants, toutes les variétés élégantes et bizarres du tabouret (Zola,Curée, 1872, p. 350):
1. Mmede Saint-Euverte voulut donner son fauteuil à la princesse qui répondit: − Mais pas du tout! Pourquoi? Je suis bien n'importe où! Et, avisant avec intention, pour mieux manifester sa simplicité de grande dame, un petit siège sans dossier: − Tenez, ce pouf, c'est tout ce qu'il me faut. Cela me fera tenir droite. Proust,Swann, 1913, p. 336.
SYNT. Siège canné, capitonné; siège rembourré, rustique; siège bas, élevé, haut; siège en/de bois, cuir, marbre, paille, pierre, rotin; siège Louis XIV, Louis XV; affreux, beau, grand siège; siège boiteux, confortable; siège de cuisine, de salle à manger, de jardin; siège à bascule; siège pliant, pivotant; housse pour siège; s'asseoir, bondir, sauter sur un siège; se laisser tomber sur un siège; avancer, chercher, indiquer, montrer, occuper, offrir, prendre un siège; quitter son siège.
[P. allus. à Corneille, Cinna V, 1] Il revint vers son oncle, qui lui indiqua une chaise, en ajoutant: − Prends un siège, mon ami, bien que tu ne sois pas Cinna et que je ne sois pas Auguste (Reider,MlleVallantin, 1862, p. 92).
2. P. méton. Endroit précis du siège où l'on s'assied. Le siège d'une chaise, d'un fauteuil, d'un canapé. Chaises de bois à siège bas et dossier élevé (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p. 41).
B. − Objet conçu pour s'asseoir et adapté à des usages particuliers.
1. HYGIÈNE
a) Vieilli. Siège pour la toilette. Synon. de bain* de siège, bidet.Sièges pour la toilette. − On trouve de nombreux modèles de ces sièges indispensables pour la toilette intime (Lar. mén.1926, p. 1169).
b) Siège (d'aisance). Partie d'un appareil sanitaire comprenant la cuvette et l'abattant. Siège à l'Anglaise; siège à bascule; abattant de siège; siège des W.C. On y voyait une table qui, la nuit, se dépliait pour devenir un lit, un escabeau enchaîné, une petite armoire, et un siège hygiénique en faïence à chasse d'eau (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 277).
Siège à la Turque. V. turc.
2. LOISIRS. Petite chaise ou tabouret pliant de bois, de métal léger ou de toile utilisé dans la pratique de certains sports (chasse, pêche). Synon. pliant.Siège d'affût. Mon père manifestait le « sens du dimanche », le besoin urbain de fêter un jour entre les sept jours, au point qu'il se munissait de cannes à pêche, et de sièges pliants (Colette,Sido, 1929, p. 92).
3. PUÉRICULTURE
Siège de bébé. Siège de sécurité adapté à la taille des bébés. Mon père possédait (...) une traduction de Shakespeare en deux volumes sur lesquels on m'asseyait pour hausser ma chaise devant la table quand le temps fut venu de quitter mon siège de bébé (Bourget, Disciple,1889, p. 78).
Siège(-)relax. Sorte de chaise longue; siège de repos et de sécurité pour bébés. Pour les tout-petits, le baby-roi fait la transition entre le lit et le siège-relax traditionnel (Catal. camif, hiver 1984-85, p. 237).
4. SELLERIE. Partie d'une selle où s'installe le cavalier. (Ds St-Riquier-Delp. 1975, Tondra Cheval 1979).
5. SPECTACLES. Sièges d'un théâtre, d'un cinéma, d'une salle de spectacles. Le rang supérieur est divisé en loges. Pas de sièges au parterre, qui est la scène même du théâtre (Rostand,Cyrano, 1898, i, p. 13).C'était, derrière le Panthéon, une petite salle aux sièges de bois, dont l'orchestre se réduisait à un piano (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 239).
6. TRANSPORTS
a) Endroit généralement surélevé où s'asseyait le cocher dans une voiture hippomobile. Un cocher, en petite livrée du matin, mais cependant poudré comme tout cocher anglais de bonne maison, se tenait droit et raide sur son siège élevé, le fouet dans la main droite, verticalement appuyé sur la cuisse (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 394).[Sa vie] se passait en grande partie sur le siège élevé d'un énorme coach à quatre chevaux, perpétuellement en voyage entre l'avenue Marigny (...) et les divers champs de courses de la banlieue (Verne,500 millions, 1879, p. 169).
b) Partie d'une automobile, d'un train, d'un avion où s'asseyent le conducteur ou ses passagers. Siège avant, arrière (v. banquette); siège basculant, rabattable; siège baquet, siège couchette. La solution techniquement et socialement la plus viable pour le voyage de nuit nous paraît se trouver dans la voiture à sièges inclinables (Defert,Pol. tour. Fr., 1960, p. 71).Une version « super-Magister » avec sièges éjectables et réacteurs Turbomeca (Industr. aéron. fr., 1962, p. 16):
2. Il y avait alors parmi les riches patrons de la ville une espèce de jeune fou qui, pour nous émerveiller, jouait au seigneur. Il avait fait venir de Paris une étonnante voiture peinte en jaune canari. Elle portait, sur quatre hautes roues caoutchoutées, deux sièges à l'avant, deux sièges à l'arrière séparés par une sorte de grande caisse vernissée. Guéhenno,Journal « Révol. », 1937, p. 29.
Siège(-)auto. Siège de sécurité utilisé en voiture pour le transport des bébés et des jeunes enfants. Siège auto de sécurité à coque enveloppante. Prévu pour enfant de 1 à 4 ans (Catal. camif, hiver 1984-85, p. 235).
7. P. anal. (de fonction ou de forme)
a) Installation de fortune faisant office de siège. Servir de siège; faire siège; siège de hasard, de fortune. Ils se mettaient à deux, à trois, à quatre, selon la difficulté, leur faisaient un siège de leurs poings unis (Zola,Débâcle, 1892, p. 300).Anne-Marie songe, installée au pied du cerisier, où la bergère a fait un siège de trois grosses pierres (Pourrat,Gaspard, 1931, p. 214).
b) TECHNOL. [Dans divers mécanismes] Siège (de soupape). Partie où vient reposer une soupape à l'entrée de l'orifice qu'elle obture. [La soupape] s'appuie par un rebord très étroit sur un siège horizontal sur lequel elle est parfaitement rodée (Herdner,Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 110).
C. −
1. Place assise officielle, honorifique, considérée comme le symbole d'une autorité supérieure, religieuse, politique ou juridique. Siège abbatial, pontifical, présidentiel, royal; siège d'apparat (v. chaire, trône). Derrière le chœur, très élevé, on a placé le siège épiscopal en pierre sur lequel l'archevêque primat d'Angleterre, investi d'un pouvoir souverain, plus roi que le roi, attend assis, qu'il vienne humblement se faire couronner (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 17).Les barons francs aperçoivent leur roi assis dans la gloire sur un siège d'honneur, à côté du siège, protocolairement plus élevé, du basileus (Grousset,Croisades,1939,p. 205).
a) P. métaph. [P. réf. à l'idée de toute-puissance que le mot évoque] Après les châtiments, les fléaux, les déluges, Les hommes ont assis sur des sièges sacrés D'autres hommes savants, austères, vénérés, Pour être au milieu d'eux comme la loi vivante (Hugo,Légende, t. 6, 1883, p. 349).Je ne sais si celui qui a réglé les affaires du monde a la même pensée que moi, et j'incline au contraire à le croire disposé à prendre obstinément le parti de l'amour. Du haut de son siège, il discerne peu de ridicule, il échappe au dégoût (Boylesve,Leçon d'amour, 1902, p. 238).
b) [P. allus. biblique au Magnificat] Il a déposé les puissants de leurs sièges et il a relevé les humbles (Claudel,Poés. div., 1952, p. 861).
DR. Place où un juge, un magistrat s'assied pour rendre la justice. Siège présidial*. Selon l'usage ancien de Norvège, les juges qui prononcent sans appel doivent rester sur leurs sièges jusqu'à ce que l'arrêt qu'ils ont rendu soit exécuté (Hugo,Han d'Isl., 1823, p. 506).C'est la grande salle moyenâgeuse d'un palais de justice (...). Le général qui préside est juché, au milieu du prétoire, sur un siège élevé (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 720).
Magistrat du siège. Synon. de magistrat* assis (p. oppos. à magistrat* debout ou magistrat* du Parquet).
HIST. ANTIQUE. Siège curule. Siège d'ivoire sur lequel les magistrats romains s'asseyaient. (Dict. xixeet xxes.). Synon. chaise* curule.P. anal. Fauteuil de style empire. L'aïeul, posé sur son siège curule, se taisait et regardait François de son air soupçonneux de vieux sphinx (Druon,Gdes fam., t. 2, 1948, p. 39).
2. [P. réf. à la place occupée par certaines personnalités dans des assemblées diverses] Dignité, fonction, charge attachée à une autorité officielle, attribuée soit à vie soit par un vote la nommant pour un mandat déterminé. Siège parlementaire, présidentiel; siège vacant, à pourvoir; siège à la Chambre, au Conseil, au Parlement, au Sénat; siège de conseiller, de député; perdre, gagner des sièges; perdre son siège. Lorsqu'un siège épiscopal est vacant, le chapitre cathédral se rassemble et nomme un vicaire capitulaire à qui sont dévolus tous les pouvoirs de juridiction (Billy,Introïbo, 1939, p. 60):
3. Dans le choix des ministres, comme dans l'œuvre nationale commune, je n'entendais exclure aucune des grandes tendances de l'opinion et, notamment, aucun des trois partis qui ont obtenu, et de beaucoup, le plus de voix aux élections et le plus de sièges à l'Assemblée. De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 627.
[P. réf. au fauteuil où l'académicien siège lors des séances publiques] Il a l'honneur d'appartenir à l'Académie des sciences morales, et il brigue un siège à l'Académie tout court (Bernanos,Joie, 1929, p. 535).
RELIGION. Siège apostolique, pontifical. Synon. de Saint-Siège.Siège patriarcal. V. patriarcal B 1.
II. − Lieu où quelqu'un ou quelque chose est officiellement établi.
A. −
1. Endroit où réside une autorité religieuse, politique, administrative. Siège central, épiscopal, catholique; siège du conseil, du comité national, du commandement, de la cour d'appel, de l'évêché, du gouvernement, du pouvoir, d'un tribunal. Un vieux domestique m'ouvrit la porte et me dirigea en silence sur un long corridor sombre au bout duquel je trouvai le siège de l'académie (France,Vie fleur, 1922, p. 422).Je me rendis rue Le Peletier, au siège du Parti Communiste (Abellio,Pacifiques, 1946, p. 152).
En appos. Ville, commune siège (de). Seuls les hôpitaux de villes sièges de faculté et école de plein exercice de médecine peuvent recruter des externes et des internes (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 5).
DR. Siège social (d'une société), absol. siège. Lieu, ensemble des locaux ou édifices où s'exerce officiellement l'activité administrative d'une société. Synon. domicile* légal.La société anonyme doit avoir un domicile que l'on appelle le siège social. − Elle peut posséder des biens, ester en justice, conclure des alliances (Lesourd, Gérard,Hist. écon., 1968, p. 22).
Avoir son siège (à, dans). Avoir son lieu d'implantation (à, dans). [Le directeur] est de même appelé à un service de surveillance des cantines, en participation avec les maîtres de l'école, quand la cantine a son siège dans l'établissement (Encyclop. éduc., 1960, p. 124).
2. Vieilli. Capitale d'un pays; p. anal., pays, lieu géographique constituant le point de départ d'une activité spirituelle, intellectuelle, commerciale. Soit qu'un dessein d'en haut ait ainsi fait l'Italie pour être le siège principal du catholicisme (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p. 58).Avec les Phéniciens, la Méditerranée est le siège d'un commerce maritime actif (M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p. 9).
[P. allus. littér. à un vers de Vigny dans Le Cor: Monts gelés et fleuris, trônes des deux saisons] On découvre toutes les Pyrénées de la première [halte], ou presque, « siège de deux saisons », avec leurs neiges et leurs forêts de sapins éternelles (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 68).
LITT. Lieu où un auteur a situé l'action principale de son œuvre. Ernest Daudet y a mis le siège d'un roman [à Saint-Baslemont] (Barrès,Cahiers, t. 4, 1906, p. 207).
3. MINES. Siège d'exploitation, d'extraction (ou suivi d'un déterminatif permettant son identification). ,,Unité d'exploitation tant technique qu'administrative, construite et organisée pour extraire le charbon d'une zone délimitée de gisement`` (Charbon s.d.). Des ingénieurs de fosse sont spécialisés chacun à la surveillance et à la conduite des travaux d'un siège d'exploitation (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p. 368).Autour du siège d'extraction sont groupées les installations affectées à la préparation et à la transformation du charbon (Chenot,Entr. national., 1956, p. 36):
4. ... les Mines Domaniales mirent en chantier en 1929 deux nouvelles fabriques, l'une au siège Joseph-Else (dont la capacité devait atteindre 600 tonnes de chlorure par jour), l'autre au siège Anna (d'une capacité de 300 tonnes de chlorure par jour)... Industr. fr. engrais chim., 1956, p. 11.
B. −
1. MÉD. Siège d'une douleur, d'un mal. Point précis du corps où le malade ressent une affection douloureuse. Presque chaque point du corps devenait le siège d'une douleur, et ce n'était, d'une crise à l'autre, qu'un long hurlement (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p. 1278).
Avoir son siège dans. Être localisé précisément dans. J'ai été saisi par un rhume avec accès de fièvre, qui affaiblit singulièrement ma tête et qui a son principal siège dans l'estomac (Maine de Biran,Journal, 1819, p. 252).
2. En partic.
a) Point de l'organisme où se produisent certains phénomènes, où s'exercent certaines fonctions d'ordre physiologique. Tandis que les réflexes inconditionnés ont leur siège en deçà du cerveau ou dans le cerveau moyen, le siège des réflexes conditionnés est dans les hémisphères cérébraux (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 91).
P. anal. Qu'est-ce donc que l'âme? (...) Elle réside en un corps, elle occupe un lieu (...). Mais l'esprit n'a ni siège ni lieu. Il est étranger à la peine comme au plaisir (Flaub.,Tentation, 1856, p. 516).La glande pinéale, dont Descartes faisait le siège de l'âme, et que nous appelons aujourd'hui épiphyse, est sans action connue sur le psychisme (Mounier,Traité caract., 1946, p. 172).
b) PHYSICOCHIM. Le noyau, siège ou inducteur des protéosynthèses, est indispensable à la vie du neurone (P. Morand, Confins vie,1955, p. 133).Sous l'influence d'énergies extérieures de natures diverses, les cristaux sont le siège de phénomènes remarquables dont l'étude peut éclairer sur leur constitution (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 477).
III. − GUERRE
A. − HISTOIRE
1. Lieu où s'établit une armée, devant une ville ou une place forte dans le but de l'investir. Elle fut obligée de longer en voiture et de très près, le siège de Mantoue. On tira sur elle de la place, et quelqu'un de sa suite fut même atteint (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 985).
2. Ensemble des opérations militaires menées devant une ville, une place forte pour l'attaquer et s'en emparer (siège offensif); ensemble des moyens de défense utilisés pour y résister (siège défensif). Le siège de Carthage, de Troie; le siège de Paris. Au temps de l'invasion des Mores, les habitants de Tolède furent forcés de se rendre après un siège de deux ans (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 152).Nous inclinions encore, à la veille de la guerre, à croire que ces corps d'armée, suivant en deuxième ligne, ne seraient utilisés qu'au siège des places fortes, à la garde des communications, à la tenue de fronts passifs (Joffre,Mém., t. 1, 1931, p. 135).
Guerre de siège. Guerre de position où prédominent les opérations de siège. Dès le 17 septembre, le front était stabilisé, les tranchées se creusaient face à face: une sorte de guerre de siège, atroce et journellement meurtrière, commençait (Bainville,Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 263).
Soutenir un siège. Résister aux attaques répétées de l'assaillant tout en supportant l'état d'isolement et d'affaiblissement que cette situation entraîne. L'arsenal se composait de sept carabines et de sept revolvers, et permettait de soutenir un siège assez long, car ni les munitions ni les vivres ne manquaient (Verne,Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 233).
Mettre le siège devant, faire le siège de, tenir un siège. Synon. de assiéger.En avril-mai 1110 Maudoud, avec une puissante armée vint mettre le siège devant Édesse (Grousset,Croisades, 1939, p. 87).
Lever le siège. Renoncer à poursuivre l'assaut, se retirer avec armes et troupes. La Pucelle tient ses promesses. Elle a fait lever le siège d'Orléans, sacrer le Roi à Reims (Huysmans,Là-bas, t. 1, 1891, p. 73).Fam., lang. cour. S'en aller, se retirer d'une assemblée. Quand le café fut servi, Félicité s'en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège (Flaub.,MmeBovary, t. 1, 1857, p. 96).
3. Ensemble des dispositifs de guerre utilisés pour assiéger une ville, une place forte. Travaux de siège; affût, artillerie, batterie, pièce de siège. Ils abaissèrent les ponts-levis devant dix-huit cents hommes qui ne traînaient pas un seul canon de siège dans leur convoi (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 347).
En partic.
Journal de siège. Journal publié pendant un siège et où sont consignés tous les faits de guerre relatifs à ce siège. Puis Masson nous révèle l'existence d'un journal du siège de Detaille, qui serait très intéressant (Goncourt,Journal, 1895, p. 728).
Monnaie de siège. Échange des monnaies de siège, (...) transport des malades et des blessés par eau (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 130).
4. État de siège
a) [En temps de guerre] État dans lequel se trouve une ville assiégée et où l'autorité militaire exerce tous les pouvoirs. La loi de 1791 faisait résulter l'État de Siége des circonstances qui, réellement, constituent la place en nécessité de se défendre contre une armée assiégeante ou un investissement séditieux (Pol.1868).
b) [En temps de paix] Régime spécial promulgué par les pouvoirs publics et donnant des pouvoirs renforcés à l'autorité militaire en cas de trouble ou d'insurrection. Proclamer l'état de siège. Je vous rappelle que, dans le cas de péril grave, extérieur ou intérieur, la proclamation de l'état de siège peut donner à l'autorité militaire les pouvoirs les plus étendus (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 670):
5. ... les grèves russes étaient une arme à double tranchant: elles pouvaient, en effet, paralyser les velléités belliqueuses de l'état-major; mais elles pouvaient aussi offrir à un gouvernement en mauvaise posture la tentation de faire une diversion brutale: de décréter l'état de siège, sous prétexte du danger de guerre, et d'étouffer net l'insurrection populaire par une répression implacable. Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 293.
c) P. anal. Nous fûmes tous habillés de neuf. Grande affaire et qui mit en état de siège l'appartement à peine installé (Duhamel,Notaire Havre, 1933, p. 60).
B. − P. anal. ou au fig.
1. Siège (d'un lieu). Prise de possession autoritaire. Hier soir, vers 10 heures, en notre absence, attaque et siège de notre maison par un groupe de pions qui se prétendent offensés (Bloy,Journal, 1893, p. 82).
Faire le siège (de), soutenir un siège. Investir, occuper un lieu avec persévérance et obstination. Quand elle était rentrée, le soir, en son écurie, la foule des chiens faisait le siège de la propriété (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, MlleCocotte, 1883, p. 811).Figurez-vous que ces deux gamins ont soutenu un siège de quatre jours sur les toits de leur collège de Paris (Larbaud,Barnabooth, 1913, p. 356).
2. Patiente entreprise de séduction et de conquête amoureuse. Commencer, entamer le siège (de). Clarisse est un ouvrage de stratégie, en quelque sorte. Vingt-quatre volumes employés à décrire le siège d'un cœur et sa prise. C'est digne de Vauban (Vigny,Journal poète, 1833, p. 986).Ces regards luisants de Maurice (...) cette patience avec laquelle il avait fait mon siège, n'étaient-ce pas des indices... (H. Bazin,Qui j'ose aimer, 1956, p. 140).
3. Loc. fig. [P. allus. à un mot de l'abbé de Vertot qui écrivit en 1726 un ouvrage sur le siège de Rhodes] Mon siège est fait. Ma décision est prise, mon opinion est arrêtée, je n'en changerai pas. Il a son siège fait, se disait le comte, il s'est mis en tête de me contredire. Rien ne l'en fera démordre (Montherl.,Célibataires, 1934, p. 892).La partie importante de son œuvre [de Verhaeren] fut publiée à l'époque de ma vie où mon siège était fait, mon choix tellement arrêté que je ne savais pas lire plus avant (Valéry,Lettres à qq.-uns, 1945, p. 128).
IV.
A. − ANAT., p. euphém. Partie du corps sur laquelle on s'assied. Synon. derrière, fondement.C'était la sœur qui parlait au malade (...): « Vous souffrez du siège? » Le malade a grommelé quelque chose d'une voix édentée et râlante (Goncourt,Journal, 1860, p. 853).
B. − Spécialement
1. HYG. Bain(s) de siège. Bain limité au bassin se prenant dans un récipient adapté (baignoire spéciale, bidet, bassine) et recommandé dans le traitement de certaines affections. Elle prit un bain de siège, qui lui fit du bien. Sa pudeur excessive, qui l'empêche d'employer sa bonne, fit qu'elle se mouilla fort (Michelet,Journal, 1857, p. 384).
P. méton. Récipient contenant l'eau destinée à ce bain. V... tout plein d'insolence Se balance Aussi ventru qu'un tonneau, Au-dessus d'un bain de siège, Ô Barège, Plein jusqu'au bord de ton eau! (Banville,Odes funamb., 1859, p. 156).
P. anal., rare. Fauteuil ayant la forme de ce récipient. V. bain ex. 5.
2. OBSTÉTR. Accouchement par le siège. Accouchement au cours duquel l'enfant se présente dans une position inhabituelle, le siège en premier, les jambes fléchies sur les cuisses (siège complet) ou étendues devant le tronc (siège décomplété). [L'hémorragie méningée sous-arachnoïdienne] s'observe spécialement chez les prématurés, après les accouchements difficiles, notamment chez la primipare, et chez les nouveau-nés qui sont accouchés par le siège (Quillet Méd.1965, p. 357).
Prononc. et Orth.: [sjε:ʒ]. Ac. 1694, 1718: siege; 1740-1835: siége; dep. 1878: siège. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 « place que l'on occupe » (Roland, éd. J. Bédier, 1135: Se vos murez, esterez seinz martirs, Sieges avrez el greignor pareïs); 2. 1119 « place où on est assis, en parlant d'une personne exerçant une fonction importante » (Philippe de Thaon, Comput, 979 ds T.-L.: Que cil ki le siveient [Notre-Seigneur] Grant gueredon avreient: Que sur siege serreint E le munt jugereint); déb. xives. seige real (Vie de S. Denis, Brit. Mus. add. 15606, fol. 137c ds Gdf. Compl.); 1549 d'un juge (Est.); 3. a) 1160-74 « meuble fait pour s'asseoir » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3118); ca 1210 siege emperial « trône impérial [remis en signe de pouvoir] » (Robert de Clari, Constantinople, éd. Ph. Lauer, LII, p. 53); b) 1260 « partie de la selle où on peut s'asseoir » (Étienne Boileau, Métiers, 209 ds T.-L.); c) fin xviies. siège d'aisance « latrinarum sedile » (D'Aviler d'apr. Trév. 1732); 4. ca 1160 « situation, position [d'un bâtiment] » sieges d'un chastel (Eneas, 7282 ds T.-L.); 5. 1210-20 « lieu, tombeau où reposent les restes d'un apôtre » siege d'apostoile en parlant de Compostelle (Pseudo-Turpin, I, 23.8, ibid.). II. A. 1. Ca 1100 « lieu où est établie une autorité » en parlant de l'empereur al siege ad Ais (Roland, 435); ca 1245 du pape a Roume al siege (Philippe Mousket, Chron., 29848 ds T.-L.); mil. xiiies. sege del Latran (Horn, éd. M. K. Pope, 1424, leçon ms. O); 1306 siege de Cantorbiere (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 138 ds T.-L.); 2. ca 1245 « réunion, assemblée » (Philippe Mousket, op. cit., 29819, ibid.); ca 1283 « séance » jour de siege (Livre Roisin, éd. R. Monier, § 3, p. 8); 3. a) 1283 « cour où un juge rend la justice » (Philippe de Beaumanoir, Coutume de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1246); b) 1340-41 Champagne « charge d'un prévôt » (Doc. rel. au comté de Champagne, éd. A. Longnon, t. 3, p. 340b). B. 1. a) Ca 1265 « lieu où réside l'origine, le principe d'un élément, d'un fait physiologique » (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, CI, 4, p. 84: Sanc [...] a son siege el fois); b) 1812 « endroit du corps atteint par la maladie » (Mozin-Biber); 2. 1580 fig. (Montaigne, Essais, II, 16, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 621: l'ame, où est le vray siege de la vertu). III. 1. Ca 1100 « investissement d'une ville » (Roland, 71; 212: metre le sege); 1812 place en état de siège (Mozin-Biber, s.v. État); 2. ca 1462 p. anal. avoir [une femme] sans siege « avoir facilement ses faveurs » (Cent Nouvelles nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, XXIV, 75, p. 156). IV. xiiies. « anus, derrière [d'un oiseau de proie] » (Aviculaire des oiseaus de proie, ms. Lyon 867, fol. 221 v ods G. Tilander, Glanures lexicogr., 1932, p. 242); 1377 [faucon] de large siege (Gace de La Buigne, Deduis, 9425 ds T.-L.); 1538 en parlant d'un homme (Est., s.v. sedes: Les fesses. Le siege de l'homme); spéc. 1835 obstétr. présentation du siège (J. Hatin, Cours complet d'accouchemens, p. 236, titre ds Quem. DDL t. 8). Prob. déverbal d'un verbe *siegier, disparu dès l'époque prélittér., mais att. par le verbe a. fr. assegier (1180-90 estre assegiés « être assis, placé » (Alexandre de Paris, Alexandre, III, 5062 ds Elliott Monographs, n o37, p. 256; fin xiies. estre assigiez, Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, I, p. 4, 39), ce dernier corresp. à un verbe *assedicare, semble différent de assiéger* « faire le siége d'une place ». Fréq. abs. littér.: 3 376. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 043, b) 5 953; xxes.: a) 4 657, b) 4 062. Bbg. Newberry mc Dowell (C.). L'Analyse sém. et le terme d'identification Fr. R. 1979, t. 52, pp. 563-566. _ Quem. DDL t. 8, 21, 27 (s.v. siège de relais), 28 (s.v. siège social).