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SIFFLER, verbe
I. − Empl. intrans.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Émettre un ou des sons aigus en chassant l'air entre les lèvres serrées. [Colomba] se mit alors à siffler entre ses doigts (...) et la sentinelle avancée des bandits ne tarda pas à paraître (Mérimée,Colomba, 1840, p. 159).V. sifflement A 1 a ex. de Pourrat.
[Avec un compl. en de exprimant le sentiment manifesté] Il siffla d'admiration et travailla sans parler (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 93).
[Avec un compl. de but] Elle siffla encore un coup pour se faire voir. Alors Olivier dressa le bras, puis il siffla lui aussi pour dire oui (Giono,Gd troupeau, 1931, p. 63).Elle était arrêtée devant une affiche, Costals devant une autre, à quelques mètres d'elle. Il siffla pour la faire venir, comme un souteneur (Montherl.,Lépreuses, 1939, p. 1401).
Expr. Tu peux toujours siffler! (Dict. xixeet xxes.) [Expr. par laquelle on exprime son refus d'obéir] (Dict. xixeet xxes.).
2.
a) Produire un son ou une série de sons aigus en soufflant dans un sifflet. L'étranger (...) tira un sifflet, et, sifflant trois coups, fit venir deux domestiques (Balzac,Annette, t. 1, 1824, p. 228).Puis, avant de siffler pour donner le signal du départ, il s'assura encore de la bonne ordonnance du train (Zola,Bête hum., 1890, p. 56).
b) Faire fonctionner le sifflet d'une locomotive, d'un bateau pour signaler une manœuvre. Le mécanicien siffla, le train se mit en marche, et disparut bientôt (Verne,Tour du monde, 1873, p. 181).
CH. DE FER, vieilli. Siffler au disque. Siffler pour obtenir le panneau autorisant le passage du train. Pop., vieilli. [Par jeu de mot] Faire des propositions à une femme:
1. Rien à faire de cette femme-là... J'ai sifflé au disque assez longtemps... Pas mèche... La voie est barrée. − Pardieu! vous, d'Axel (...) dit Christian quand il eut compris le sens de cette expression passée de l'argot des mécaniciens dans celui de la haute gomme. A. Daudet,Rois en exil, 1879, p. 184.
[Le suj. désigne le train, le bateau, etc.] Après une longue attente, la locomotive siffla longuement, et le train s'ébranla dans le brouillard (Rolland,J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 861).Et les remorqueurs sifflent et les gros tramways grondent (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 110).
3. Exécuter un air musical en sifflant. Synon. siffloter.[Darcy] se fit ramener chez lui en sifflant de l'air d'un homme très satisfait de sa journée (Mérimée,Double mépr., 1833, p. 109).La corporation est gaie. Tous les peintres sifflent. Tous les plâtriers chantent (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 300).
4. P. anal.
a) [Le suj. désigne certains oiseaux] Émettre un cri ou une série de cris modulés (dits flûtés). Le merle siffle. V. merle ex. de Rolland.
b) [Le suj. désigne des serpents, certains animaux] Émettre un bruit strident avec la bouche, en accompagnement d'une conduite d'attaque ou de défense. V. jars1ex. de Zola.
B. −
1. [Le suj. désigne un animé] Avoir une respiration stridente.
[Le suj. désigne une partie de l'appareil respiratoire, la respiration] Bréval ne bougeait plus; on n'entendait que sa respiration courte qui sifflait (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 236).
2. [Le suj. désigne une pers.] Prononcer d'une manière stridente ou en émettant des sifflements ou des chuintements parasites. Celui-ci grasseye, celui-là blaise, cet autre siffle parce qu'il a perdu une incisive (Mérimée,Ét. litt. russe, t. 2, 1870, p. 4).
[Le suj. désigne la voix ou des productions verbales] Sa voix sifflait un peu car il ne quittait pas du bout des dents un gros cigare (Gide,Journal, Feuillets, 1911, p. 352).Je crois que je le hais, je les hais tous. Les mots sifflaient dans sa bouche (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1136).
3. Produire un son ou un bruit strident.
a) [Le suj. désigne une chose qui frappe l'air, se meut rapidement] Le fouet siffle; la courroie siffle. Ses deux garçons étaient tisserands, et dans ce vieux nid on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir (Erckm.-Chatr.,Conscrit 1813, 1864, p. 27).Lever la tête lorsque sifflait l'aile des canards sauvages (Mauriac,Journal 1, 1934, p. 90).[P. méton.;] [le suj. désigne un appareil] Une buée tiède (...) que brassaient en sifflant les ventilateurs (Martin du G.,Thib., Consult., 1928, p. 1127).
b) [Le suj. désigne un projectile] Les balles sifflent. Comme il passait derrière un mur, il entendit siffler un obus et se blottit (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 288).
Siffler aux oreilles de qqn. Passer à proximité. Une balle lui siffla aux oreilles (Montherl.,Songe, 1922, p. 78).P. anal. Être entendu avec désagrément. Sa fidèle Nanon paraissait-elle au marché, soudain quelques lazzis, quelques plaintes sur son maître lui sifflaient aux oreilles (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 207).
c) [Le suj. désigne de la vapeur ou un gaz sous pression qui s'échappe ou se détend] Le gaz siffle.
[Le suj. désigne le conduit, le récipient] À chaque bouffée de vent, la bouilloire sifflait et crachotait sur le poêle (Bernanos,Imposture, 1927, p. 524).
d) [Le suj. désigne un corps qui brûle, une flamme, un corps brûlant mis au contact de l'eau, etc.] Synon. grésiller.Les bûches sifflaient. Un des becs de gaz sifflait (Zola,Bonh. dames, 1883, p. 693).Les linges mouillés sifflaient et fumaient sur la pierre chaude (Ramuz,A. Pache, 1911, p. 258).
4. [Le suj. désigne un vent violent] Souffler en produisant des sons aigus. Synon. hurler, gémir.
[Le suj. désigne les objets que le vent fait vibrer] Les cordages sifflent. Le vent se lamentait, les broussailles sifflaient (Hugo,Rhin, 1842, p. 209).
5. Avoir les oreilles qui sifflent. Éprouver une sensation intense de sifflement, à la suite d'un traumatisme auditif, à cause d'un excès de pression artérielle. Mon cœur battait au point que je crus qu'il allait se rompre, les oreilles me sifflaient, tous les objets tourbillonnaient autour de moi, je tombai comme un homme ivre et m'évanouis (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 39).Au fig. Être encore sous le coup du danger couru lors d'une fusillade, d'un bombardement. Ses oreilles sifflaient encore du bruit des boulets (Gozlan,Notaire, 1836, p. 248).
Les oreilles ont dû lui siffler. [Expr. par laquelle on indique qu'un absent a été l'objet de médisances] V. oreille I B 1 a.
[Le suj. désigne ce qui provoque la sensation] Le sang sifflait aux oreilles du braco (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 272).
II. − Empl. trans.
A. − [Corresp. à supra I A]
1.
a) Siffler un animal. L'appeler ou lui donner un ordre, en sifflant. Siffler son chien. On entendit encore une seconde l'homme siffler ses bêtes en s'éloignant; puis plus rien (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 270).
b) Siffler qqn.Lui ordonner une manœuvre, lui donner une instruction, en sifflant. Siffler un automobiliste, siffler un joueur qui a commis une faute. P. méton. Siffler une automobile. Dès qu'une auto est sifflée, si elle fait mine de ne pas s'arrêter, on tire dessus (Morand,New-York, 1930, p. 91).
Siffler une femme. Lui manifester l'intérêt qu'on lui porte, en sifflant. J'allais parmi cette foule, avec des envies de faire mimi sur la joue des enfants, de siffler les femmes, de poser la main sur la tête des chiens, d'interpeller les fleurs des fleuristes (Montherl.,Pte Inf. Castille, 1929, p. 624).
c) [Le compl. désigne la manœuvre, l'ordre demandé] Siffler la pause, la fin du match, la remise en jeu. On siffla le départ qui survint dans un branle énorme, en catastrophe de ferraille, à la minute bien précise (Céline,Voyage, 1932, p. 544).
En partic. Signaler l'exécution d'une manœuvre, en sifflant. Le vapeur de M. Merlin sifflait sa sortie et entrait dans le bief (Hamp,Champagne, 1909, p. 198).
2.
a) Se moquer, marquer son hostilité, sa désapprobation par des sifflements.
[Le compl. désigne le destinataire, une manière d'être du destinataire] Synon. huer.Ils ne se contentèrent pas de siffler les malheureux comédiens anglais, mais ils leur jetèrent des pommes à la tête et troublèrent si bien les représentations que l'on fut obligé de les suspendre (Delécluze,Journal, 1828, p. 453).Pendus en grappes autour des portières, on saluait chaque village de clameurs, on sifflait les Allemands, on chantait la Marseillaise (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 232).
[Le compl. désigne un spectacle, un auteur, un discours] Casimir Gide (1804-1868) vit son Roi de Sicile outrageusement sifflé à l'Opéra-Comique en 1830 (Dumesnil,Hist. théâtre lyr., 1953, p. 135).
b) Mod. Exprimer son approbation, son enthousiasme, selon l'usage du public populaire américain. Pour la Saint-Sylvestre, on réveillonna au dancing (...). On buvait ferme. Cela n'empêchait pas d'écouter le programme avec beaucoup d'attention, d'applaudir frénétiquement et de siffler, manière américaine d'exprimer le comble de l'enthousiasme (Triolet, Œuvres croisées, t. 13, L'Inspecteur des Ruines, Paris, R. Laffont, 1965 [1949], p. 179).
B. − Exécuter un air de musique, en sifflant. L'homme se laissait dandiner sur le dos de sa bête et sifflait un air campagnard (Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 118):
2. C'était bien lui, un peu courbé, les mains derrière le dos; cet uniforme si leste et si simple, ce petit chapeau si renommé! Il était debout sur le seuil de la porte, sifflant un air de vaudeville, quand je l'abordai. Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 155.
Siffler un air à un oiseau. Le lui apprendre, en sifflant. Synon. seriner.Ta ta ta! Vous parlez comme un petit sansonnet qui répète l'air qu'on lui siffle! (Claudel,Soulier, 1929, 3ejournée, 10, p. 824).
Vx, empl. factitif. Siffler un oiseau. Même sens. P. anal. Siffler la linotte. Indiquer à une personne ce qu'elle devra dire (dans une intrigue, lors d'un interrogatoire). Synon. faire la leçon, chambrer.Eh bien! cher père, trouvez-vous encore qu'il n'y a que les contre-révolutionnaires qui sifflent la linotte? (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 186).
C. −
1. Fam. Avaler en aspirant, boire d'un trait. Siffler une coupe de champagne. Et elle s'attablait très bien, sans afficher des airs dégoûtés comme la première fois, sifflant les verres d'un trait (Zola,Assommoir, 1877, p. 727):
3. − Oh! nous, répondit le reporter qui faisait avec ses lèvres, quand il voulait paraître modeste, la moue d'un homme qui siffle un œuf, nous ne sommes que des enfants. Tharaud,Dingley, 1906, p. 40.
Pop. Boire beaucoup. Le père Janet? C'était peut-être pas un gros buveur, mais il sifflait ses six litres tous les jours; de vin, eh, je compte pas le marc, ça c'est une autre affaire (Giono,Colline, 1929, p. 24).
2. Au fig., fam. Dépenser très rapidement. Vos cent mille francs sur la banque, mes cent mille francs sur sa charge, cent mille francs à monsieur Claparon, voilà trois cent mille francs de sifflés, sans les vols qui vont se découvrir, reprit le jeune notaire (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 232).
D. − En incise. [Le compl. est un énoncé]
1. Dire d'une voix âpre et stridente, dénotant la colère, l'hostilité. − Je suis bien libre, protestait le cousin. D'abord, elle est mieux que toi. − Une roulure, sifflait Juliette. Elle me paiera ça (Aymé,Jument, 1933, p. 221).Moi, croire? siffla Costals, avec un atroce mépris. Mais cela m'est venu ainsi (Montherl.,Pitié femmes, 1936, p. 1209).
2. Dire à voix basse ou à mi-voix. Synon. souffler.Et, se glissant vers Octave, il lui siffla dans l'oreille: « Amuse-les par ici en tirant sur la fenêtre, tantôt de ta place, tantôt de la mienne! Moi, je vais les prendre à revers! » (Verne,500 millions, 1879, p. 229).− Je vous défends de vous asseoir là, siffla-t-elle plus fort. − Chut, chut, fit-il en montrant du doigt à travers les murs M. et MmeLigneul (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p. 227).
REM. 1.
Sifflable, adj.[En parlant d'une pièce de théâtre] Qui mérite d'être sifflée (v. supra II A 2 a). Hector doit en partie son succès à ce qu'il n'y avait pas un vers choquant et sifflable, c'était l'ensemble qui était mortellement ennuyeux (Stendhal,Journal, t. 2, 1808, p. 410).
2.
Sifflade, subst. fém.,vx. synon. de sifflets(v. sifflet B 2).Pour couronner tous mes ennuis, j'aurai peut-être une sifflade de première classe et force pommes plus ou moins cuites (Sand,Corresp., t. 2, 1840, p. 151).
3.
Sifflage, subst. masc.,méd. vétér. ,,Bruit anormal que certains chevaux font entendre dans une allure un peu vive, ou lorsqu'ils font de grands efforts`` (Pearson 1872). Synon. cornage.
4.
Sifflée, subst. fém.,vx. Synon. de gorgée, lampée.[Il] aspira une longue sifflée d'air, tic qui lui était familier quand surgissait un événement considérable (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, p. 169).
5.
Sifflerie, subst. fém.,rare. Synon. de sifflement.Un léger susurrement, une obscure sifflerie, qui part doucement en soupir (Suarès,Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 131).
Prononc. et Orth.: [sifle], (il) siffle [sifḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. [D'un animal] pousser un cri 1. 1130-40 sifler intrans. (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 313 [ms. A]: Corocha soi et si sifla [le dragon]); ca 1290 (Gautier de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 253: cerpent cifle); 1538 part. prés. adj. sifflants (Est., s.v. sibilus: sibila ora [angium]) 2. 1539 [entendre] siffler l'escoufle (Cl. Marot, Œuvres lyriques, LXXXIX, Eglogue III, 218, éd. C. A. Mayer, p. 351). B. 1. a) ca 1170 sifler « [d'une personne] produire un son aigu en refoulant l'air par la bouche » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1990; éd. W. Foerster, 2043: var. sible, ms. B, déb. xiiies.); 1680 « id. à l'aide d'un sifflet » (Rich.); b) 1690 en parlant de tuyaux d'orgues (Fur.); c) 1878 en parlant d'un bateau, pour avertir (Flaub., Corresp., p. 125); 1890 p. ext. (Zola, Bête hum., p. 153: le mécanicien sifflait éperdument); 2. 1387-91 siffler pour les chienz (Gaston Phébus, Chasse, éd. G. Tilander, 75, 9, p. 278); fin xives. [ms.] trans. cyfler ung levrier (Froissart, Chron., III, § 21, éd. L. Mirot, t. 12, p. 84, 22, var. ms. Besançon 865); 3. 1547 trans. siffler une chanson (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, VIII, éd. J. M. Guichard, p. 181: sublant ou sifflant, lequel que l'on voudra, ou tous les deux, une chanson); 1643 en parlant d'un oiseau (Saint-Amant, Rome ridicule ds Œuvres, éd. J. Lagny, t. 3, p. 77, 994: En marbre, en airain on les grave [Pétrarque et Du Bellay] [...] Et jusqu'au Merle d'un Fripier, Il les sifle alors, et s'en brave); 4. 1549 siffler contre aucun; siffler [quelqu'un] « huer quelqu'un à coups de sifflet » (Est.); 1552 estre huyé et sifflé et chassé du theatre (Est., s.v. sibilus); 1738 [pièce de théâtre] sifflée (Piron, Métromanie, V, 2 ds Littré); 5. 1658 siffler [un oiseau] « lui apprendre à siffler des airs » ici, fig. siffler [quelqu'un] « l'instruire de ce qu'il doit faire » (Guez de Balzac, Aristippe ou De la Cour, 2ediscours ds Œuvres, éd. 1665, t. 2, p. 142); 1688 siffler des serins au flageolet (La Bruyère, Caractères, De la Mode, 2 ds Œuvres, éd. J. Benda, p. 390). C. Se moquer, plaisanter fin xiies. chifler intrans. (Lai du cor, 268 ds T.-L.); ca 1200 trans. cifler [aucun] (St Jean Bouche d'Or, 562, ibid.). D. P. anal. 1. 1306 « produire un bruit aigu [vent, flèche fendant l'air] » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 19250: Quarriaus siflent); 2. a) 1552 part. prés. adj. voix aiguë et sifflante (Pontus de Tyard, Disc. philos., 25b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 163); b) 1702 id. consones siflantes (Fur., s.v. siflant); 1835 id. subst. fém. sifflante (Ac.); c) 1718 (Ac.: sa poitrine siffle). E. 1. 1640 siffler la rostie; siffler la linotte; siffler pour les bourgeois « boire beaucoup » (Oudin Curiositez); 1718 « boire » (Le Roux); 2. 1837 p. anal. « dilapider » (Balzac, loc. cit.). Siffler est issu du lat. vulg. sifilare, doublet osco-ombrien du class. sibilare « siffler », intrans.; « siffler [quelqu'un] ». D'apr. Nonius (ives.), sibilare aurait été en usage dans les classes cultivées, tandis que les classes pop., subissant l'empreinte des patois ruraux, auraient utilisé sifilare; cf. aussi le dér. sifilum (class. sibilum) CGL IV, p. 395, 3; v. M. Niedermann, Précis phon. hist. lat.4, § 48; Váán., § 169. De sibilare, le type sibler, relevé notamment dans les dom. fr.-prov. (ca 1160 [copiste de l'est de la France] en parlant d'un serpent Eneas éd. J. J. Salverda de Grave, 2594; déb. xiiies. [dial. bourg.?] Chrétien de Troyes, Erec, var., supra B 1; xiiies. fr.-prov. Isopet de Lyon, X, 29 ds Rec. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 103) et occit. (1130-48 siular « siffler [un oiseau] » Marcabru, Poés., XIX, 65, éd. J. M. L. Dejeanne, p. 92; 1225-28 ciblar « émettre un sifflement » Jaufre, éd. Cl. Brunel, 2778). Les 2 types sifler (dominant dans le domaine d'oïl) et sibler connaissent des var. d'orig. onomat. [ts-; tš-; š-]. Ils connaissent aussi, à côté des formes en si-, des formes parallèles en su- corresp. respectivement à un lat. vulg. *sufilare (cf. la gl. suiflum: sifilum, CGL V, p. 484, 53) et *subilare. Le type sufler (fin xiiies. trans. « railler, se moquer de » Liv. des Machab., éd. Goerlich, 37) est relevé notamment en wallon et dans les dial. norm. de l'ouest. Le type subler est relevé en agn. dès ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, III, IX, 8, p. 133), s'étendant progressivement dans la plus grande partie des domaines d'oïl et d'oc; pour la répartition précise de ces types, v. FEW t. 11, pp. 564b-570b. Le sens « boire » s'explique soit p. anal. entre le sifflement qu'on attaque par une inspiration rapide, et l'absorption rapide d'un liquide d'un seul trait, soit parce que l'aspiration très rapide d'un liquide par un buveur peut produire une espèce de sifflement. Fréq. abs. littér.: 1 512. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 539, b) 2 246; xxes.: a) 2 516, b) 2 399. Bbg. Wartburg (W. von). Sibilare. In: Deutsche Akademie der Wissenschaft zu Berlin. 1956, pp. 389-399.