Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
* Dans l'article "SCOLASTIQUE,, adj. et subst."
SCOLASTIQUE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Vx ou littér. Pratiqué, usité dans les écoles; scolaire. Je blâmerai et j'approuverai tour-à-tour ces exercices publics, ces distributions de prix solennelles, qui terminent avec tant d'éclat l'année scolastique (Jouy,Hermite, t. 1, 1811, p. 79).Les problèmes à tiroir, les exercices scolastiques sur les mélanges, les robinets ou les coursiers n'ont guère plus de valeur éducative que la lecture d'un livre de recettes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 339).
B. −
1. Relatif, propre à l'enseignement des écoles de théologie et des universités du Moyen Âge, basé sur une méthode essentiellement déductive (infra II A). Philosophie, théologie, logique scolastique; méthode, argumentation, vocabulaire scolastique; bibliothèque, ouvrage scolastique. Chez le général Héricourt, il négligea de s'assimiler la réfutation des erreurs propagées au temps de Marcile Ficin dans les universités scolastiques (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 489).Cette rage de la dispute, ce bruit des querelles scolastiques, qui devait ensuite égarer tant d'esprits et compromettre jusqu'en son fondement l'enseignement de l'université, est déjà jugé avec sévérité, au XIIIesiècle, par de bons et sages témoins (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 99).
2. Péj. Qui concerne, qui rappelle la scolastique du Moyen Âge dans ce qu'elle a de plus dogmatique, dans l'abus de la dialectique et de l'abstraction. Ainsi, quand les radicaux, pour arrêter ou pour ralentir le mouvement d'émancipation du prolétariat, parleront du maintien nécessaire de ce qu'ils appellent, en jargon scolastique, la propriété individuelle, ils seront pris entre la colère de la démocratie ouvrière (...) et le dédain de la science (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. 161).Cette vie factice, figée, ralentie, scolastique qui, pour la plupart des gens n'est qu'un pis-aller, c'est elle précisément qu'un schizophrène désire (Sartre,Imaginaire, 1940, p. 189).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les philosophes français de profession me sont antipathiques à cause de cela. Je les sens toujours dans l'abstrait, dans le faux, dans le scolastique, quand ce n'est dans le déclamatoire (Amiel,Journal, 1866, p. 230).
3. Dans le domaine artist.Académique, qui s'appuie sur des règles figées. Leur charmante maigreur [des nus peints par Degas], leur élasticité animale peut plaire, mais elle est très éloignée de la beauté proportionnelle comme l'a conçue la peinture scolastique (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 118).Quintes et octaves consécutives. On appelle ainsi la succession (...) d'octaves justes dans deux accords voisins. Dans la musique scolastique ces successions sont défendues (Rougnon1935, p. 146).
II. − Substantif
A. −
1. Subst. fém. Théologie, philosophie, logique enseignées au Moyen Âge dans les universités et les écoles, qui avaient pour caractère essentiel de tenter d'accorder la raison et la révélation en s'appuyant sur les méthodes d'argumentation aristotélicienne. Synon. vieilli l'École.À peine les sociétés chrétiennes commencent-elles à s'organiser au Moyen Âge qu'apparaît la scolastique, premier effort méthodique de la libre réflexion, première source de dissidences (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 137):
De la dialectique des Grecs, unie aux idées chrétiennes, naquit la scolastique du Moyen Âge, qui, pour traduire les idées justes et précises du christianisme dans les langues fausses ou transpositives des païens, donna au langage des Romains une construction naturelle ou analogue contraire à son génie. Bonald,Législ. primit., t. 1, 1802, p. 18.
P. méton. Cette discipline enseignée dans une université. La Faculté de Théologie avait trois sections: la Scolastique, la Canonique et la Mystique (Balzac,Proscrits, 1831, p. 19).Avant que les légistes entrassent aux affaires, la théologie, la scolastique y donnaient accès (Michelet,Introd. Hist. univ., 1831, p. 449).
2. Péj. Philosophie, comportement philosophique, idéologique, abstrait ou dogmatique. Le système mythologique du Roman de la Rose, de plus en plus raffiné par une scolastique barbare et subtile, s'associait à la théologie, et de cet accouplement bizarre naissaient mille monstres indéfinissables (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 201).Un exemple typique de la substitution des dogmes aux faits, substitution caractéristique de la scolastique stalinienne (R. Aron,L'Opium des intellectuels, 1955, p. 281).
B. − Subst. masc.
1. Philosophe ou théologien adepte de la scolastique au Moyen Âge. L'existence de formes-schémas, de supports généraux implique immédiatement l'existence de classes. Les anciens et les scolastiques en ont été si frappés que la « classe » l'a emporté dans leur esprit, sur la forme (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p. 34).Pour les scolastiques de l'ancienne école, l'instinct est une sorte de sous-intelligence homogène et fixée, marquant un des stades ontologiques et logiques par où, dans l'univers, l'être « se dégrade », s'irise, depuis l'esprit pur jusqu'à la pure matérialité (Teilhard de Ch.,Phénom. hum., 1955, p. 183).
Empl. adj. On faisait remarquer que certains théologiens scolastiques avaient admis que le mariage était, dès la chute d'Adam, véritable sacrement conférant la grâce (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 602).
2. Péj. Homme à l'esprit scolastique, dogmatique. Quand donc cesserons-nous d'être de lourds scolastiques et d'exiger sur Dieu, sur l'âme, sur la morale, des petits bouts de phrases à la façon de la géométrie (Renan,Avenir sc., 1890, p. 55).
Empl. adj. D'ailleurs il n'y a rien de plus étrange que cette exclamation sur l'idéal adressée à Martin Luther; car on se le représente comme un gros moine savant et scolastique (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 140).Si Descartes est arrivé jusqu'à concevoir le monde comme un composé de mouvement et d'étendue, c'est par horreur pour l'obscurité des petits êtres scolastiques (Taine,Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 112).
3. Séminariste étudiant dans un scolasticat (v. infra dér.). En mai 1903, nous avons été expulsés de Varennes-sur-Allier, qui est notre maison provinciale du Centre. Un grand nombre de novices et de scolastiques durent rentrer dans leurs familles (Barrès,Pays Lev., t. 1, 1923, p. 45).
REM. 1.
Scolasticisme, subst. masc.,péj. Caractère de ce qui tend à une attitude d'esprit formelle, abstraite, dogmatique. Si [l'action des autres sciences] cessait de s'exercer, il serait à craindre que les mathématiques évoluent vers un scolasticisme stérile (Gds cour. pensée math., 1948, p. 518).
2.
Scolasticité, subst. fém.,hapax, péj. Ce qui apparaît comme scolaire, formel. La science allemande (...) peut se permettre des airs d'école et s'entourer d'un parfum de scolasticité, qui chez nous passeraient pour scandaleux (Renan,Avenir sc., 1890, p. 115).
3.
-scolastique, élém. de compos. entrant dans la constr. d'adj. où il représente l'adj. scolastique (supra I B 2).a)
Juridico-scolastique. -Qui influence une idée, une pensée d'une manière juridique, légaliste et scolastique, dogmatique. Tout l'arsenal d'une dialectique juridico-scolastique périmée à l'heure même où elle se croit en pleine prospérité (L. Febvre,Ét. sur l'esprit pol. de la Réforme, [1927] ds Combats, 1953, p. 79).
b)
Néo-scolastique. -Qui concerne une nouvelle pensée scolastique. Des écrivains comme Paul Claudel, des peintres comme Maurice Denis, des musiciens comme Vincent D'Indy, des esthéticiens de l'école de philosophie néo-scolastique ou néo-thomiste comme Maritain ne sont pas loin de penser ainsi (Arts et litt., 1935, p. 64-10).
4.
Scolastiquement, adv.[Corresp. à scolastique I B 2] D'une manière scolastique, formelle. Notre éducation n'est point absurde en ceci. Elle l'est en ce qu'elle ne pénètre point cette éducation romaine du sentiment de la France; elle appuie pesamment, scolastiquement sur Rome qui est le chemin, elle cache la France qui est le but (Michelet,Peuple, 1846, p. 331).Mais tu verras des généraux imiter scolastiquement telle manœuvre de Napoléon et arriver au résultat diamétralement opposé (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 113).
Prononc. et Orth.: [skɔlastik]. Ac. 1694-1740: scholastique; 1762-1798: scolastique; 1835-1878: scolastique, scholastique; 1935: scolastique. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xiiies. histoire scolastique (= l'Historia scolastica de Pierre Comestor, manuel d'histoire biblique) (Vie des saints, ms. B.N. 20030 [20330], f o285c ds Gdf. Compl.); 2. 1404 scolastique adj. « propre aux écoles; scolaire, universitaire » (N. De Baye, Journal, éd. A. Tuetey, t. 1, p. 112: sermons et faiz scolastiques). B. 1. Adj. a) 1541 « relatif à l'enseignement philosophique et théologique pratiqué au Moyen Âge » (Calvin, Instit. de la relig. chrét., éd. J.-D. Benoît, t. 2, p. 28: les docteurs Scolastiques); 1580 (Montaigne, Essais, II, 12, éd. Villey-Saulnier, p. 539: le Dieu de la science scholastique, c'est Aristote); 1585 theologien scholastique (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 323); 1601 theologie scholastique (P. Charron, De la sagesse, éd. 1797, l. 1, p. 99); 1690 philosophie scholastique (Fur.); b) 1580 péj. (Montaigne, op. cit., II, 10, p. 419: caquet scholastique); 2. subst. masc. a) 1541 les Scolastiques « philosophes et théologiens scolastiques du Moyen Âge » (Calvin, op. cit., p. 29); b) 1846 péj. « homme à l'esprit scolastique » (Michelet, Peuple, p. 209); c) 1873 « membre d'une des cinq classes de la société de Jésus » (Lar. 19e, t. 9, p. 958c, s.v. Jésuite); 3. subst. fém. a) 1671 scholastique « enseignement philosophique et théologique propre au Moyen Âge » (P. Nicole, Essais de morale, éd. 1701, t. 3, p. 434); b) 1875 p. ext. (Lar. 19e, citant Renan, s. réf.: la scolastique juive). Empr. au lat. class. et b. lat.scholasticus adj. « d'école », subst. « rhéteur; lettré, savant; avocat; étudiant, écolier », lat. médiév. « chef d'une école ecclésiastique », empr. au gr. σ χ ο λ α σ τ ι κ ο ́ ς adj. « qui a du loisir; qui consacre son loisir à l'étude; qui concerne les gens d'étude; qui concerne l'étude ou l'école, propre à l'école », subst. « homme d'étude; péj.: pédant; avocat », dér. de σ χ ο λ α ́ ζ ω « avoir du loisir; consacrer son loisir à; se consacrer à l'étude; donner un enseignement », lui-même dér. de σ χ ο λ η ́ (école*). Fréq. abs. littér.: 415. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 617, b) 468; xxes.: a) 883, b) 455.
DÉR.
Scolasticat, subst. masc.Institut religieux où les futurs prêtres font leurs études; p. méton., études que l'on y fait, durée de ces études. (Dict. xxes.). [skɔlastika]. Encyclop. éduc., 1960, p. 86: scolastiquat. 1resattest. a) 1894 « état de scolastique » (Sachs-Villatte, Fr.-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 5), b) 1904 « maison où les jeunes religieux vont achever leurs études; ces études elles-mêmes; la durée de ces études » (Nouv. Lar. ill.); de scolastique, suff. -at*; cf. angl. scholasticate « maison d'études pour les membres de la troisième classe, dans la Compagnie de Jésus » (1875 ds NED).