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SCHIZOPHRÉNIE, subst. fém.
A. − PSYCH. Psychose chronique caractérisée par une dissociation de la personnalité, se manifestant principalement par la perte de contact avec le réel, le ralentissement des activités, l'inertie, le repli sur soi, la stéréotypie de la pensée, le refuge dans un monde intérieur imaginaire, plus ou moins délirant, à thèmes érotiques, mégalomanes, mystiques, pseudo-scientifiques (avec impression de dépersonnalisation, de transformation corporelle et morale sous l'influence de forces étrangères, en rapport avec des hallucinations auditives, kinesthésiques). Le trouble essentiel de la schizophrénie est constitué par la perte de contact vital avec la réalité (...). Un déficit spécifique d'ordre pragmatique en résulte (...). Les troubles de l'idéation, de l'affectivité et des manifestations volitionnelles, dont Bleuler fait les symptômes élémentaires de la schizophrénie et dont le caractère principal est la discordance, se laissent déduire aisément (E. Minkowski,La Schizophrénie, 1927, p. 236):
Bleuler étudia (...) les déments précoces. Il décrivit fort bien ces sujets tout absorbés par eux-mêmes, plongés dans des rêves et des méditations intérieures, retranchés du monde extérieur jusqu'au repli morbide sur soi-même, qui oscillent entre une sensibilité exagérée et une anesthésie totale des sentiments (...). Pour eux Bleuler créa le mot de schizophrénie qui signifie « divisé », « séparé ». Divisés, séparés, les malades le sont (...) dans leur esprit lui-même où s'est produit une véritable fracture mentale. H. Baruk,Des hommes comme nous, 1976, p. 81.
B. − P. anal. Ambivalence psychique, manque de réalisme, comportement extravagant qui évoque la schizophrénie. Le formalisme pourrait entraîner le chercheur dans un désert scolastique. Seul alors, un nouvel apport de matière fraîche (le contact, par exemple, avec une théorie physique), peut arracher le mathématicien à la schizophrénie qui le guette, l'incite à poser de vrais problèmes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 203).Le journal [La Voix du Nord] fait chorus avec les écologistes. Il dénonce la « schizophrénie macadamisante » des aménageurs (Le Sauvage, 1erjanv. 1977, p. 71, col. 1).
REM.
Schizophréniser, verbe.a) Empl. trans. Rendre schizophrène. Empl. abs. Le paradoxe veut que le capitalisme (...) soit le mode d'organisation qui « schizophrénise » le plus et qui libère le moins. Car il est en proie à des tendances contradictoires. Il engendre la schizophrénie comme son surproduit (Encyclop. univ.t. 141972, p. 736, col. 1, s.v. schizophrénie).b) Empl. intrans. Devenir schizophrène. Schizophréniser, c'est couper les codes qui restreignent le désir (Lar. encyclop. Suppl.1975).
Prononc.: [skizɔfʀeni]. Étymol. et Hist. 1917 (J. Rogues de Fursac, Manuel de psych., p. 243). Comp. des élém. formants schizo-* et -phrénie*, par l'intermédiaire de l'all. Schizophrenie (1911, P. E. Bleuler, Dementia praecox oder die Grupper der Schizophrenien).
DÉR.
Schizophrénique, adj.a) Psych. Qui est de la nature de la schizophrénie (supra A) ou qui la dénote. Le schizophrène ne vit plus dans le monde commun, mais dans un monde privé (...). De là l'interrogation schizophrénique: tout est étonnant, absurde ou irréel, parce que le mouvement de l'existence vers les choses n'a plus son énergie (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p. 332).« Attitudes schizophréniques », toutes signalées par leur caractère abstrait et apragmatique, par leur stérilité, leur fixité et leur immobilité (Minkowski): véritables « stéréotypies psychiques » qui finissent par régler tout le comportement du schizophrène (Mounier,Traité caract., 1946, p. 363).b) P. anal. Relatif à la schizophrénie (supra B), qui est déphasé de la réalité, marqué d'une scission interne, d'une dualité insurmontable. [Les centristes en Suède] se trouvent dans une position schizophrénique: d'une part, toute la bourgeoisie traditionnelle a voté pour eux, dans l'espoir de se débarrasser enfin de cet horrible socialisme qui les empêche de dormir; d'autre part, une bonne partie des électeurs s'est laissé séduire par le thème de la liberté, du changement. Il est impossible de satisfaire les deux (Le Nouvel Observateur, 27 sept. 1976, p. 44, col. 2).[skizɔfʀenik]. 1reattest. 1917 (J. Rogues de Fursac, Manuel de psych., p. 268); de schizophrénie, suff. -ique*. Fréq. abs. littér.: 12.
BBG.Quem. DDL t. 29 (et s.v. schizophrénique).