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SCANDALE, subst. masc.
A. −
1. Ce qui paraît incompréhensible et qui, par conséquent, pose problème à la conscience, déroute la raison ou trouble la foi. Le scandale de la croix; le scandale du mal, de la souffrance. Le bonheur des méchans, le malheur des justes! C'est le grand scandale de la raison humaine (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 12).On sait le rôle que jouent chez Pascal ce mystère de la vérité humiliée, chez Kierkegaard le scandale du sacrifice d'Abraham (Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 156).
2. RELIGION
a) Ce qui est cause de trouble, de perplexité, de rejet; ce qui incite à pécher. J'avais encore dans l'oreille toutes les paroles sacrées, et celle-ci entre autres: « Malheur à celui par qui le scandale arrive! » (Sand,Hist. vie, t. 3, 1855, p. 342).
[P. réf. à Matth. XI, 5] Occasion de scandale. Cette parole étonnante: Heureux ceux qui ne sont pas scandalisés en moi, c'est-à-dire qui ne trouvent pas les actes miraculeux et bienfaisants que je répands autour de moi une occasion de scandale (Claudel,Poète regarde Croix, 1938, p. 23).V. achoppement ex. 6.
b) Pierre* de scandale. Synon. de pierre d'achoppement*.Au fig. Obstacle, source de difficulté. Debray (...) était dans la maison paternelle une pierre d'achoppement et de scandale (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 541).
c) THÉOL., MOR. Scandale actif. Scandale qui consiste à inciter autrui à pécher. Scandale passif. Scandale qui consiste à être victime de provocation au péché (d'apr. Fries t. 4 1967).
B. −
1.
a) Grand retentissement d'un fait ou d'une conduite qui provoque la réprobation, l'indignation, le blâme. Causer, donner (vieilli), entraîner, faire du/un scandale; scandale public. En littérature, tout ce qui ne porte pas à Dieu, détourne insensiblement de lui. Le grand scandale, c'est que la littérature pieuse détourne de Dieu avec plus de force que l'incroyante (Green,Journal, 1956, p. 246).
Locutions
Avec scandale/sans scandale. Le prince (...) voulait, ce soir-là, destituer avec scandale le ministre Rassi (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 433).Les puissances (...) parviendront très probablement, sans coup férir, sans bruit et sans scandale, à obtenir une solution satisfaisante (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 119).
Crier au scandale. V. crier B 2 c.
C'est un scandale! Je le fais exprès. Je veux qu'il en bave! C'est un scandale! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 62).
Être un scandale, le scandale de, un objet, un sujet de scandale [Le suj. désigne une pers.] Soulever l'indignation, la réprobation. Synon. révolter.Les mœurs de la cour se corrompaient de plus en plus; la France devenait un sujet de scandale et de raillerie pour les nations étrangères (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 361).Tu es le scandale du pays. Celui qui t'étranglerait gagnerait du coup le paradis (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1443).Le nouveau comte d'Édesse (...) était (...) si adonné à la luxure qu'il était un objet de scandale dans un milieu pourtant de mœurs faciles (Grousset,Croisades, 1939, p. 140).
P. euphém. − (...) ce sera un joli scandale. − (...) on arrêtera la gitana, on démasquera don José (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 4, 1859, p. 266).
b) Querelle bruyante, désordre bruyant. Synon. esclandre, tapage.Scandale sur la voie publique. C'était le scandale dans toute son horreur, l'affreux scandale auquel rien ne manque, ni les coups sourds au plafond, ni les clameurs des voisins (Courteline,Vie mén., Mégère appr., 1894, p. 196):
Le scandale a éclaté tout d'un coup (...). L'homme et la femme, au milieu du tumulte, ne sont plus que deux démons pitoyables et les enfants en larmes se jettent contre eux, les embrassent étroitement, les supplient de se taire et de ne plus se battre. Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 294.
Loc. verb. Crier au scandale. Protester vivement contre un désordre bruyant. Nous faisons dans les assemblées un boucan d'enfer; l'un de nous imite le cornet à bouquin, l'autre le fifre. On sort, les gens paisibles crient au scandale (Renan,Drames philos., Eau jouvence, 1881, i, 5, p. 454).Faire du/un scandale. Il va gueuler, il va faire un scandale, il va peut-être tout casser, mais tant pis (Pagnol,Fanny, 1932, i, 1ertabl., 8, p. 27).
DR. ANC. Amené* sans scandale.
2. Réprobation, indignation ainsi provoquée. Regarder qqn avec scandale. L'abandon de lady Byron par Byron soulevait contre celui-ci dans la société anglaise un scandale (Barrès,Cahiers, t. 6, 1908, p. 316).Longtemps il m'avait fait sauter sur sa jambe tendue en chantant: « À cheval sur mon bidet; quand il trotte il fait des pets », et je riais de scandale (Sartre,Mots, 1964, p. 44).
Au grand scandale de. À la vive indignation de. La petite Berthe, au grand scandale de madame Homais, portait des bas percés (Flaub.,MmeBovary, t. 2, 1857, p. 139).
En partic. Surprise indignée devant une personne ou une œuvre artistique qui choque par son originalité, sa nouveauté, son absence de conformisme. Le nom [impressionnisme] date de la première exposition particulière faite par ces réprouvés chez Nadar, en 1874: un soleil couchant de Monet, titré Impressions, fit scandale (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p. 16).Ces deux peintres [Manet et Pissaro] dont le nom est synonyme de scandale et de révolution, sont deux compilateurs (Lhote,Peint., 1950, p. 217).
Rare. Le scandale + n. propre.Cet article [dans « Choc » du 3 septembre 1936], d'une violence inouïe, dénonce « le scandale Cézanne » et oppose une fois de plus, dans un pathos inconcevable, l'académisme rayonnant, dépositaire de « l'humanisme traditionnel », à l'écœurante pouillerie du maître d'Aix! » (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p. 126).
3. Expr. [À propos d'une chose qui révolte ou pour exprimer la réprobation qu'elle suscite] C'est un scandale! Quel scandale! Je maintins ma décision d'enseigner dans un lycée. Quel scandale! Onze ans de soins, de sermons, d'endoctrinement assidu: et je mordais la main qui m'avait nourrie! (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 161).
C. − Grave affaire à caractère immoral où sont impliquées des personnes que l'on considérait comme honorables, dignes de confiance. Scandale de Panama; scandale financier, politique; scandale abominable, énorme; grand, immense scandale; un parfum de scandale; craindre, éviter le scandale; étouffer un scandale; mettre fin à un scandale; reculer devant un scandale; scandale des scandales! Une jeune femme étourdie, mariée à un notaire de Véteuil, vint se jeter entre ses bras (...). Il garda la jeune femme pour maîtresse, l'afficha à trois lieues à la ronde, eut même l'audace de l'installer à la Noiraude. Ce fut un scandale inouï dans la petite ville (Zola,M. Férat, 1868, p. 45).Elle se l'imaginait innocent et sous les verrous, éclaboussé de cet affreux scandale, la vie dévastée, salie à jamais (Zola,Argent, 1891, p. 366).
Au plur. Faits, événements ayant ému l'opinion, concernant des personnalités du monde du spectacle, de la politique, etc. Synon. potins, ragots.Le récit de tous les scandales de la cour de Jérusalem; c'est bien plus les vices de ses rois que la valeur des infidèles qui a entraîné la chute de ce grand royaume (Cottin,Mathilde, t. 1, 1805, p. 325).Avec l'étourderie d'une linotte, elle effleurait les sujets les moins canoniques: les actrices en renom, les spectacles à la mode, les derniers scandales parisiens (Theuriet,Mais. deux barbeaux, 1879, p. 31).
Journal à/de scandale. Journal diffusant volontiers ce type d'informations. Je rentre (...) avant que les petits journaux de scandale aient eu vent de notre histoire! (About,Nez notaire, 1862, p. 46).
Prononc. et Orth.: [skɑ ̃dal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 [date ms.] relig. scandale « ce qui est occasion de chute » (texte ds Foerster-Koschwitz, col. 163-4, 8); 2. 1404-10 escandale « mauvais bruit » (Froissart, Chron., 4erédaction, livre I, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 38); 1541 « indignation qu'on a des actions et des discours de mauvais exemple » (Calvin, Institution chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, chap. 19, § 11, t. 3, p. 319); 1656 « éclat fâcheux que fait un mauvais exemple » (Pascal, Provinciales, éd. L. Lafuma, 6elettre, p. 393a). Empr. au lat. eccl.scandalum « ce sur quoi on trébuche » au propre et au fig. dep. ive-ves. ds Blaise Lat. chrét., spéc. petra scandali « pierre d'achoppement » ibid., « abomination, objet de déplaisir ou de colère » ibid., spéc. « scandale (en parlant du Christ que les Juifs refusaient de reconnaître comme le messie et qui était pour eux un scandale, tant il était différent de l'idée qu'ils s'en faisaient) » ibid., « ce qui fait tomber dans le péché, occasion de péché, de la perte de la vraie foi » déb. iiies., ibid., « dispute, rixe, bataille » vies., ibid., également en lat. médiév. « machination, mauvais dessein » 876 ds Nierm., « désarroi, perturbation, scission » 817, ibid., « esclandre » 829, ibid., « calomnie » ca 1180 ds Latham, du gr. σ κ α ́ ν δ α λ ο ν « piège placé sur le chemin pour faire trébucher » ,,d'où sous l'infl. d'empl. sémitiques, au fig. « occasion de scandale, péché, incitation à pécher » − LXX, NT −`` (Chantraine). Fréq. abs. littér.: 1 916. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 739, b) 2 524; xxes.: a) 3 350, b) 3 297. Bbg. Hope 1971, p. 187.