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* Dans l'article "RÉCHAUFFER,, verbe trans."
RÉCHAUFFER, verbe trans.
A. − Chauffer ce qui est refroidi ou froid, rendre chaud, plus chaud, procurer à nouveau de la chaleur.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose concr., en partic. un aliment] J'essayai, dans cette froide nuit, de réchauffer son cataplasme, de rallumer le feu (Michelet,Journal, 1842, p. 376).Philomène, dit-il, vous pouvez maintenant faire réchauffer la soupe (R. Bazin,Blé, 1907, p. 185).
Empl. pronom. Devenir, redevenir chaud. Son feu brille, copeaux ardents qui se tordent en brûlant, devant lesquels sa soupe et son rata se réchauffent (Pesquidoux,Chez nous, 1923, p. 152).Je le sentais [mon revolver] contre ma cuisse, tout froid. Mais peu à peu il se réchauffait au contact de mon corps (Sartre,Mur, 1939, p. 73).
Empl. intrans. [Le suj. désigne un aliment] Devenir, redevenir chaud. Nous prîmes encore un petit café qui réchauffait sur le poêlon (Céline,Voyage, 1932, p. 432).
HORTIC. [Le compl. désigne un sol, en partic. une couche] ,,Mettre du fumier frais sous une couche de terre pour y provoquer une légère élévation de la température par fermentation, et favoriser ainsi la germination des plantes`` (Fén. 1970).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne un lieu, un inanimé relatif à l'environnement extérieur] Réchauffer l'air, la terre. Le ciel était pur et le soleil, quoique sans nuages, ne réchauffait pas l'atmosphère (Maine de Biran,Journal, 1814, p. 21).Je t'écris mal, les doigts gelés dans un grand salon que réchauffe mal un feu de campagne (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 134).
Empl. pronom. Reprendre de la chaleur, devenir plus chaud. Le temps se réchauffe. L'air devient plus chaud (...), l'Europe occidentale se réchauffe (Faure,Hist. art, 1909, p. 30).Ce matin l'air s'est un peu réchauffé (Gide,Retour Tchad, 1928, p. 888).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers., un animal, une partie du corps (avec, parfois, un aspect de chaleur humaine, de réconfort, d'amour)] Réchauffer le corps, le sang; réchauffer ses mains, ses membres. Le soleil et la marche l'avaient [Jeanne] un peu réchauffée (Maupass.,Une Vie, 1883, p. 249).Il prit dans ses mains les pieds d'Anna, d'un froid de glace, il les réchauffa avec ses mains, avec sa bouche (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1399).
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Ayant bu une gorgée de rhum brûlant, il remercia: − Ça réchauffe (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 274).
Réchauffer qqn/qqc. à/de qqc.Ma mère (...) tenait le serin entre ses doigts, pour le réchauffer de son haleine (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 343).Elle mangeait là, tandis qu'elle nourrissait son enfant ou le réchauffait à la flamme (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 160).
Empl. pronom.
réfl. [Le suj. désigne une pers. ou un animal (avec, parfois, un aspect d'amour, de réconfort)] Redonner de la chaleur à son corps, se procurer de nouveau de la chaleur. Se réchauffer en marchant. Nous voyons dans le troisième livre des Rois, que David couchait avec de jolies filles pour se réchauffer et se redonner un peu de force (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 341).Un frisson l'agitait sans cesse; pourtant il finit par se réchauffer, et s'endormit (Green,Moïra, 1950, p. 229).Se réchauffer à/de qqc.Se réchauffer à la chaleur de qqn, de qqc.; se réchauffer au soleil. La vieille femme (...) se réchauffait de couvertures et fichus de laine (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 308).
indir. Se réchauffer qqc.Donner, redonner de la chaleur à une partie de son corps. On use aussi, pour se réchauffer les mains quand on est lié par des occupations sédentaires, de chauffe-mains (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 161).
réciproque. Se réchauffer (avec qqc.).[Les cerfs] se réchauffaient avec leurs haleines que l'on voyait fumer dans le brouillard (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 95).
Loc. fig., vieilli. Réchauffer un serpent* dans son sein.
B. − Au fig.
1.
a) Domaine des sens, de l'esthét.Redonner de l'intensité, de la vie, de la chaleur humaine (à quelque chose); rendre (quelque chose) plus chaleureux. Un objet laid est un objet laid. Il ne réchauffe rien du tout! (Chardonne,Épithal., 1921, p. 181).Un sourire réchauffa ses yeux inquisiteurs (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 37).
Empl. pronom. Devenir plus chaleureux:
1. Le regard (...) m'a déconcerté. C'est (...) un regard frais, froid, légèrement ironique. Par bonheur, et sans qu'il soit possible de savoir pourquoi, ce regard se réchauffe parfois et le professeur fait alors un sourire de séduction... Duhamel,Maîtres, 1937, p. 61.
b) En partic. Aviver, raviver une couleur; donner, redonner un ton plus chaud à une couleur, à un ensemble dans un tableau. Une harmonie parfaite de tons gris, bleus, bruns, verts, orangés et blancs réchauffés par un peu de jaune (Baudel.,Salon, 1846, p. 107).Sur le fond sombre que rompent les blancheurs froides des draps, (...) que réchauffent les tons dorés de l'épaule (Séailles,E. Carrière, 1911, p. 81).
2.
a) Donner, redonner de la chaleur humaine, du réconfort à une personne, à certains de ses attributs; animer quelqu'un de sentiments chaleureux; encourager quelqu'un, le stimuler dans une voie déterminée. Réchauffer l'âme, le cœur de qqn, l'existence de qqn. C'étaient d'interminables discussions politiques; et, chose bizarre (...) c'était le père qui cherchait à éclairer (...), à réchauffer le fils, petit jeune homme déjà sceptique et embêté (Renard,Journal, 1887, p. 9):
2. Et alors, des profondeurs de son être (...), monta un sentiment nouveau, bizarre, qui n'était plus seulement de curiosité froide et d'amour-propre, mais qui l'adoucissait, qui le réchauffait inexplicablement et l'animait d'une émotion d'adolescent. Roy,Bonheur occas., 1945, p. 45.
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Cela réchauffe, un cœur qui vous donne tout (Bourget,Drame, 1921, p. 97).
Réchauffer qqn de qqc.En vain Mathilde s'efforçait-elle de réchauffer son père d'une tendresse plus ardente (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 47).
Empl. pronom. réfl.
[Le suj. désigne une pers. ou un de ses attributs] Trouver, retrouver, se procurer de la chaleur humaine, du réconfort. Je me sentais froid au cœur (...). Après tout, je ne les gênerais peut-être pas beaucoup, mes amis simples de là-bas, en allant un peu me réchauffer près d'eux (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 96).Se réchauffer à qqc.Visions auxquelles son âme se réchauffait (Bourget,Crime am., 1886, p. 103).
indir. [Le suj. désigne une pers.] Se réchauffer qqc.Redonner de la chaleur humaine, du réconfort à un de ses attributs. On venait se réchauffer le cœur près de lui (Martin du G.,Thib., Sorell., 1928, p. 1230).
b) En partic. Susciter l'enthousiasme (d'un ensemble de personnes). Tous ces moyens secondaires (...) qui contribuent à réchauffer une salle, à l'animer, à rompre la glace (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 79).
3. Redonner vie à, ranimer (une faculté humaine, un fait intérieur, un sentiment). Réchauffer l'amitié, le zèle de qqn; réchauffer des souvenirs. Son amour réchauffa mon courage (Balzac,Méd. camp., 1833, p. 203).Ces querelles n'étaient pas propres à réchauffer l'ardeur de cette affection déjà tiède qu'il me portait dans le passé (Aymé,Vaurien, 1931, p. 15).Empl. pronom. Reprendre vie. Sa tendresse semble s'être tout d'un coup réchauffée (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 3, 1862, p. 38).
4. Remettre au jour, en vogue quelque chose d'ancien, en particulier une œuvre intellectuelle, un courant d'idées en lui donnant souvent l'apparence du neuf. [Le jacobinisme] réchauffé par les romanciers révolutionnaires, a reparu en février (Proudhon,Confess. révol., 1849, p. 76).L'âge de remaniement, d'ajustage, d'amplification verbeuse (...) où l'on ne fait que réchauffer les vieilles fables poétiques (Renan,Avenir sc., 1890, p. 289).
5. Ranimer (une affaire fâcheuse). On crut expédient de réchauffer la vieille querelle de l'Essai (Chateaubr.,Essai Révol., t. 1, 1797, p. xix).
Prononc. et Orth.: [ʀeʃofe], (il) réchauffe [-ʃo:f]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « donner de la chaleur à (un être, une chose) » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 390); 1622 réchauffant (Tabarin, Fantaisies, IX ds Œuvres complètes, éd. G. Aventin, t. 2, p. 43); 1808 réchauffante « perruque » (Hautel); b) α) 1265 « chauffer (ce qui s'est refroidi) » (Ch. des comptes de Lille ds Gdf. Compl.); 2emoit. du xiiies. réchauffé (Rutebeuf, Dit de l'herberie ds Œuvres complètes, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 277); 1671 « qui a déjà été raconté, entendu, qui manque d'originalité » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 400); av. 1755 subst. « chose vieille, trop connue, artificiellement rajeunie » (Saint-Simon, 383, 271 ds Littré); 1762 « nourriture réchauffée » (Ac.); β) 1378 pronom. « redonner de la chaleur à son corps » (E. Deschamps, Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 34, 23); 1718 « devenir plus chaud (en parlant de l'air, de la température) » (Ac.); 2. 1579 fig. « ranimer (les esprits, les cœurs, les sentiments) » (Larivey, La Vefve, I, 1 ds Ancien théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t. 5, p. 109); 1657 pronom. fig. « devenir plus ardent » (Scarron, Le Roman comique, II, 17 ds Littré); 1840 réchauffant « qui redonne courage, confiance » (Hugo, Rayons et ombres, p. 1121); 3. 1701 hortic. (Fur., s.v. reschauffement). Dér. de échauffer*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 898. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 245, b) 1 540; xxes.: a) 1 109, b) 1 263.
DÉR. 1.
Réchauffage, subst. masc.Action de réchauffer (un objet, une substance); résultat de cette action. Réchauffage de l'air. Un réchauffage très poussé de l'eau d'alimentation (Le Masson,Mar., 1951, p. 108).Métall. ,,Chauffage d'un métal n'atteignant pas la température d'une zone de transformation, suivi d'un refroidissement rapide ou lent, avec, pour seul but, la réduction des tensions internes et le dégazage des produits décapés à l'acide`` (Bader-Th. 1962). [ʀeʃofa:ʒ]. 1resattest. a) 1800 « vieux donné comme du neuf » (Boiste), b) 1811 « plagiat » (Wailly d'apr. Robert (G.)), c) 1842 « action de réchauffer » (Ac. Compl.); de réchauffer, suff. -age*.
2.
Réchauffeur, subst. masc.,domaine techn.Appareil destiné à chauffer, à réchauffer, à maintenir chaude une substance, en particulier de l'eau. Les chaudières sont souvent pourvues de réchauffeurs destinés à élever la température de l'eau d'alimentation (Ser,Phys. industr., 1890, p. 13).Empl. adj. Serpentin réchauffeur (Boullanger,Malt., brass., 1934, p. 240).Rare, domaine non techn.L'été réchauffeur des déserts (Rollinat,Névroses, 1883, p. 217). [ʀeʃofœ:ʀ]. 1resattest. a) 1501 « réchaud » (Invent. de l'Hôtel-Dieu, Soc. d'Archéol. de Beaune, 1874, p. 163 ds Gdf.), b) 1861 technol. (Armengaud, Moteurs à vapeur, t. 2, pp. 129-130), c) 1862 « celui, ce qui réchauffe » (Michelet, Hist. de France, t. 14, p. 307); de réchauffer, suff. -eur2*.
3.
Réchauffoir, subst. masc.,vieilli. a) ,,Fourneau qui sert à réchauffer les plats qu'on apporte d'une cuisine éloignée`` (Ac. 1798-1878). b) Local où l'on peut réchauffer des plats avant de les y consommer. (Ds Lar. 20eet Lar. encyclop.). [ʀeʃofwa:ʀ]. Att. ds Ac. 1740-1878. 1reattest. 1455 (Doc., Tournai ds Gdf.); de réchauffer, suff. -oir*.