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RUSTIQUE, adj. et subst. masc.
I. − Adjectif
A. −
1. Vieilli, littér. Relatif à l'agriculture, à la vie des champs. Synon. champêtre, rural.Cette cour avait l'aspect d'une cour de grande ferme; elle était encombrée de charrues, de bétail, de fumiers, de volailles, de tous les instruments de la vie rustique (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 84).Il me montra les bas-reliefs où était représenté le cycle des travaux rustiques: labour, semailles, moisson, vendange... (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 107).
MYTHOL. Dieux, divinités rustiques. [La culture] Féconde en grands moyens, fertile en grands effets, Ce n'est plus cette simple et rustique déesse Qui suit ses vieilles lois; c'est une enchanteresse Qui, la baguette en main, par de hardis travaux, Fait naître des aspects et des trésors nouveaux (Delille, Homme des champs, 1800, p. 69).
2.
a) [En parlant d'une chose]
α) Vieilli, littér. Qui appartient à la campagne, est de la campagne; relatif aux activités et aux choses de la campagne, aux gens de la campagne et à leurs mœurs. Synon. rural.Habitudes, mœurs rustiques; vie rustique. Le potager des moines (...) nous jette sa rustique odeur de choux verts et de fenouil (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 124):
1. La ferme était déserte; tout le monde travaillait aux champs. Après avoir pénétré dans la maison rustique, où rien n'était changé; après avoir reconnu le bahut de chêne, le lit en forme de buffet avec ses courtines et ses rideaux de serge verte, l'image de la Vierge devant laquelle il avait vu, dix années durant, sa femme prier soir et matin; après avoir respiré le bon parfum du lait dans les jattes et du pain frais empilé sur la planche, il alla s'asseoir... Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 99.
Roman rustique. Roman qui met en scène les activités et les choses de la campagne, les mœurs des gens de la campagne. Synon. roman* champêtre, paysan.Je comprends que vous vous soyez donné au roman rustique (...). Les natures compliquées comme les nôtres se reposent au contact des natures simples, des mœurs simples, des choses simples (Loti, Journal, 1878-81, p. 219).Ces auteurs de romans rustiques qui, à force de patoiser, glissent à un jargon où les champs ne se reconnaîtraient pas mieux que la ville (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 82).
PALÉOGR. Écriture rustique. Écriture grecque ou latine des anciennes inscriptions dont les lettres sont formées de traits inégaux et imprécis. À côté de cette capitale monumentale [la capitale romaine], une autre capitale était également employée; plus facile à écrire (les traits en sont moins rigides, moins rectilignes), elle est connue sous le nom de capitale romaine rustique (Civilis. écr., 1939, p. 6-12).
β) Péj. Rude, grossier. [Le marquis d'Argenson] est l'antipode du courtisan (...) c'est bien lui qui a un fond de cœur de citoyen; mais l'écorce est revêche, la parole rustique et rude, même grossière (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1865, p. 209):
2. ... il refusa absolument de manger avant d'avoir remis sur sa tête son chapeau qu'on lui avait retiré. Ces façons nous parurent un peu rustiques. À y mieux regarder, elles étaient fort nobles, au contraire. Au xviiesiècle un homme de qualité ne se serait pas mis à table tête nue. A. France, Pt Pierre, 1918, p. 133.
γ) P. ext. Simple, sans apprêt, brut. À l'église d'Urrugne (...) C'est un bâtiment pauvre, en grosses pierres grises (...) Qui n'a pour ornement que le fer de sa croix, Une horloge rustique et son cadran de bois (Gautier, Poés., 1872, p. 261).Les jeunes filles préparent les pâtisseries rustiques, le « clafouti » (Limousin), gâteau de fine farine, de beurre et d'œufs, au milieu duquel on met des cerises (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 90).
b) [En parlant d'une pers.]
α) Vieilli, littér. Campagnard, paysan. Silhouette rustique. Raynouard n'était pas si loin de l'à-propos qu'on le croirait quand on l'a vu un peu agreste et rustique de forme, venant tard, de loin, marchant un peu lourdement et avec des souliers un peu gros (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1851, p. 7).[Jaurès] directement fils de la terre; rustique d'aspect; ingénu; sans aucune ruse d'aucune sorte (Alain, Propos, 1921, p. 268).
Empl. subst. De loin en loin, passe un cheval traîneur de herse ou tireur de charrue que guide un rustique, sifflant, jurant (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 217).Quant aux patois? C'est le bien propre des paysans. C'est la langue dont on use pour entrer en relations avec eux. Chose curieuse, c'est la langue que, de bonne heure, les gens de lettres du comté se plaisent à mettre dans la bouche des rustiques (L. Febvre, La Nationalité, [1926] ds Combats, 1953, p. 194).
β) Péj. Rude, grossier, sans savoir-vivre. Avec cela la dame était grossière, rustique, habituée à conduire d'un revers de main tout le petit monde de la cabane (A. Daudet, Femmes d'artistes, 1874, p. 69).Il est sauvage, rustique, brutal (...) un vrai ours, enfin! (Gyp, Cœur Ariane, 1895, p. 89).
γ) P. ext. Qui a la simplicité sans façon et un peu fruste que l'on prête aux gens de la campagne. Cette fille solitaire, confinée dans cette noire maison, élevée par des parents simples, quasi rustiques (Balzac, Curé vill., 1839, p. 17).[P. méton.] [Sabine] courut acheter un grand chapeau de copeaux légers, sur quoi elle jeta des coquelicots de soie rouge, et elle se sentit ainsi une âme champêtre, rustique et sensible à la manière des bergeries (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 50).
Empl. subst. Tu verras Gibout. C'est un rustique, un homme tout rond, père de quatre enfants, et excellent médecin (Montherl., Célibataires, 1934, p. 888).
B. −
1. [En parlant d'un mobilier, d'un meuble] Fabriqué artisanalement, dans le style traditionnel d'une province. Armoire, bahut, table rustique; meuble rustique ancien. Il ne peut être question de refaire pour les appartements des villes des meubles rustiques (Arts et litt., 1935, p. 84-6).Une grande cheminée à hotte sur le rebord de laquelle rêvait un Napoléon de plâtre, ajoutait au cachet ancien de ces fenêtres et de l'ameublement rustique (Billy, Introïbo, 1939, p. 181).
P. ext. Fabriqué industriellement sur le modèle des meubles traditionnels. Mobilier rustique moderne. (Dict. xxes.).
Empl. subst. masc. Se meubler en rustique (Dict. xxes.).
2. Spécialement
a) ARCHIT. Ordre rustique. ,,Ordre dont les colonnes ou les membres de l'entablement sont ornés de bossages vermiculés`` (Noël 1968). La figure de ce terrain, rompu en terrasses et en ligne droite, a une sorte d'analogie avec la majesté des formes romaines; et la grandeur de ces plateaux semble taillée sur le même plan que l'architecture et l'ordre rustique (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 177).
À la rustique. Le château coquet, pavoisé, décoré de balcons en saillie, et riant au soleil avec ses briques rouges, ses colonnes à la rustique, et le fer à cheval de son escalier (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 230).
Empl. subst. masc. Parmi les divers genres de rustiques que l'on peut mettre en œuvre, on place au premier rang le bossage (ChabatCompl.1878).
[En parlant d'un ouvrage de maçonn.] Construit en pierres brutes ou en pierres taillées de façon à imiter les pierres brutes. Les bâtiments étaient construits dans la manière rustique et forte de la fin du XVIIIesiècle (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 228).
b) DÉCOR. Arrangé avec simplicité, avec un manque de raffinement voulu, de façon à créer une ambiance naturelle, campagnarde. Décor rustique. La cahute avait été transformée en cabane rustique, grâce à des verres de couleur (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 45).Germaine a préféré (...) installer une petite salle à manger de genre rustique (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 35).
Empl. subst. masc. Lorrain (...) me fait un tableau pittoresque de l'intérieur de Séverine cherché dans le rustique, de sa salle à manger dont les murs sont peints en briques effritées, à l'imitation de la laiterie de Marie-Antoinette au Petit Trianon (Goncourt, Journal, 1894, p. 659).Plus je descendais le raidillon, plus les grilles [de villas] se multipliaient, les murs se rehaussaient qui entouraient des jardinets de plus en plus petits, léchés, ratissés, avec (...) un jet d'eau imbécile, des poissons rouges, du rustique de luxe (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 98).
Bois rustique. Bois écorcé ou non, à fibres sinueuses, employé à l'état brut. La baronne inventa de faire tapisser l'intérieur de la grotte en bois rustique alors à la mode pour les jardinières (Balzac, A. Savarus, 1842, p. 31).
Construit, fabriqué en bois de cette sorte. Des domestiques de l'Opéra, chamarrés comme des suisses d'église, assis sur des bancs rustiques, ont l'air de domestiques-revenants de l'Opéra du temps de la Guimard (Goncourt, Journal, 1861, p. 885).On appelle de nos jours ameublements et sièges rustiques, des chaises, des fauteuils, des tables, des bancs faits pour meubler les jardins, et qui sont fabriqués avec des rondins de bois encore pourvus de leur écorce (Havard1890).
C. − [En parlant d'un animal ou d'une plante] Résistant, robuste, qui demande peu de soin. Chaque planche était bordée d'arbustes et de fleurs rustiques: des saponaires, des gaillardes et des mauves défleuries (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 116).L'âne est un animal rustique, d'entretien peu onéreux (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 42).
P. ext. [En parlant d'un matériel, d'une machine, d'un véhicule] Robuste, simple, d'entretien facile. Carriole, voiture rustique. Les rustiques machines de la noria qui montaient l'eau dans les bassins (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 258).
II. − Subst. masc., TECHNOL. Marteau de tailleur de pierre dont les extrémités aplaties dans le sens du manche forment des lames coupantes dont l'une au moins est dentée (d'apr. Noël 1968).
Prononc. et Orth.: [ʀystik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. a) 1355 « qui appartient aux manières de vivre de la campagne; propre à la campagne » ferremens rustiques (Bersuire, f o20 verso ds Littré); 1549 Demydieux rustiques (Du Bellay, Vers lyriques, Ode X, 18 ds Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, t. 3, p. 41); 1561 maison rustique « ferme, maison de campagne » (Fouill[oux], Vén., f. 121 ds La Curne, s.v. maison); 1572 id. « ensemble de tous les objets indispensables au cultivateur » (J. Liebault, L'Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne ds Cioranescu 16e, n o13729); 1719 travaux rustiques (Vertot, Hist. Rev. rom.); b) 1558 « qui vit à la campagne » une rustique amie (Du Bellay, Les Regrets, éd. J. Jolliffe, 156, 3, p. 231); c) fin xvies. ling. Rustique Roman (Pasquier, 654 ds IGLF: il estoit corrompu du vray Romain, je trouve un passage où on l'appelle Rustique Roman); 2. a) 1355 « qui témoigne d'un manque de raffinement » vers rustiques (Bersuire, f o93 verso ds Littré); b) 1507 « qui a le caractère des gens de la campagne » ici péj. un villain rustique & rusage, Rude & chagrin (Eloy d'Amerval, Le liure de la deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, 80a); c) 1666 [éd.] « simple, sans détour » je suis rustique & fier (Boileau, Satires, éd. A. Cahen, I, 50); 3. 1563 « objet d'art qui imite la nature » (B. Palissy, Architecture et ordonnance de la grotte rustique de Mgr le duc de Montmorency... ds Cioranescu 16e, n o16852); a) 1676 bois rustique (Félibien, p. 496: les Menuisiers qui travaillent le lacage, appellent bois rustiques les bois de racine qu'ils emploient dans les ouvrages de rapport); en partic. 1842 « bois brut utilisé pour donner aux meubles une note campagnarde » (Balzac, A. Savarus, p. 31); b) 1720 « façonné, construit, arrangé avec une simplicité propre à créer une ambiance campagnarde » une habitation rustique (Hamilton, Quatre Facardin, p. 121); cf. 1770 une lampe rustique (Delille, Trad. Géorgiques, p. 63); 1814 un banc rustique (Jouy, Hermite, t. 5, p. 256); c) 1810 « (d'un mobilier) fabriqué artisanalement dans le style traditionnel d'une province » pendule rustique (Staël, Allemagne, t. 3, p. 158); 4. a) 1567 maçonn. (J. Martin, Archit., p. 43 v o: La massonnerie ... incertaine ou rustique est celle qui se fait de pierres non taillées); b) 1676 archit. (Félibien); 5. a) 1771 bot. « (d'un arbre) qui vient sans culture » (Trév.); b) 1810 « qui ne craint pas les intempéries » oiseau belliqueux et rustique (Chateaubr., Martyrs, t. 2, p. 212); cf. 1845 arbres ... plantes rustiques (Besch.). II. Subst. 1. a) ca 1500 « habitant de la campagne » rustiques et paisans (André de La Vigne, Voyage de Charles VIII à Napples, p. 119 ds La Curne); cf. 1520 (Belon, Singul., III, 34 ds Gdf. Compl.); b) 1888 « personne simple, sans façon et même un peu fruste » (Renan, Drames philos., Append. Abbesse Jouarre, p. 617); 2. a) 1549 archit. à la rustique « fait selon l'ordre rustique » (Rabelais, Sciomachie [III, 397] ds Hug.); b) 1904 « marteau de tailleur de pierres propre à rustiquer les pierres » (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. class.rusticus adj. « relatif à la campagne, de la campagne » et subst. « campagnard » d'où « qui rappelle la campagne, simple, naïf; grossier, balourd »; il a donné antérieurement en a. fr. ruiste (v. rustre) qui, croisé avec rusticus est à l'origine de l'hapax a. fr. ru(i)stique, xives. [ms.] (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 1839, var. ms. G et P). Fréq. abs. littér.: 737. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 116, b) 1 254; xxes.: a) 1 060, b) 872.
DÉR.
Rustiquement, adv.a) D'une manière rustique, campagnarde et un peu rude. Élevée à la campagne, rustiquement même (Sand, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 16).b) Avec une simplicité un peu fruste. Il y a sur la table un service de faïence rustiquement villageois (Goncourt, Journal, 1870, p. 584).c) Grossièrement. Un trou de carreau cassé rustiquement rebouché de papier (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 90). [ʀystik(ə)mɑ ̃]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1reattest. 1539 (Est.); de rustique, suff. -ment2*.
BBG.Esnault (G.). Lois de l'Arg. R. de Philol. fr. 1929, t. 41, pp. 122-123. − Quem. DDL t. 16. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 257.