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RUER, verbe
A. −
1. Empl. trans. ,,Jeter avec impétuosité`` (Ac. 1798-1878). Ruer des pierres (Ac. 1798-1878).
Fam. Ruer de grands coups. ,,Frapper de grands coups`` (Ac. 1798-1878).
Absol. ,,Jeter une pierre`` (Ac. 1798-1878). Il gage qu'il ruera plus loin que vous (Ac.1798-1878).
Proverbes, au fig. ,,Ses plus grands coups sont rués, en parlant D'un homme qui, après s'être signalé en quelque chose, après s'être porté à quelque chose avec ardeur, commence à se modérer, à se relâcher`` (Ac. 1798-1878). ,,Les plus grands coups sont rués , les plus grands efforts sont faits dans l'affaire dont il s'agit`` (Ac. 1835, 1878).
2. Empl. pronom. Se ruer (sur, contre, à, vers qqc., pour faire qqc.).
a) [Le suj. désigne un animé]
Se jeter avec impétuosité, brusquerie sur, vers quelqu'un, quelque chose; se précipiter. Ces hommes ennemis, qui s'étaient rués les uns à la gorge des autres, gisaient maintenant côte à côte (ZolaDébâcle, 1892, p. 500).Djouma (...) se rua soudain vers l'orée du sentier, et s'y tint en arrêt (Maran, Batouala, 1921, p. 150).Leurs plumes se hérissent. Ils se ruent l'un contre l'autre, le bec en avant, et frappent (Jeux et sports, 1967, p. 161).
Absol. Gervaise, brusquement, hurla. Virginie venait de l'atteindre à toute volée (...). Alors, elle se rua. On crut qu'elle voulait assommer l'autre (Zola, Assommoir, 1877, p. 400).
Se précipiter en grand nombre; aller en masse. En 1856, plus de six cents navires franchissent la Baie [de San-Francisco]; ils déversent des foules sans cesse renouvelées qui se ruent aussitôt à l'assaut de l'or (Cendrars, Or, 1925, p. 120).Le public américain se ruait pour écouter les films chantants (Sadoul, Cin., 1949, p. 220).
b) P. anal. [Le suj. désigne un élément naturel] Se précipiter avec force; survenir de manière insurmontable, imparable. Admets, dit Pécuchet, qu'un tremblement de terre ait lieu sous la Manche; les eaux se ruent dans l'Atlantique (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 91):
Le vent s'est élevé du Rhône. Un orage doit boucher le défilé de Mondragon. Tout le jour, le fleuve du vent s'est rué dans les cuvettes de la Drôme. Monté jusqu'aux châtaigneraies, il a fait les cent coups du diable dans les grandes branches; il s'est enflé, peu à peu, jusqu'à déborder les montagnes et, sitôt le bord sauté, pomponné de pelotes de feuilles, il a dévalé sur nous. Giono, Colline, 1929, p. 28.
P. métaph. Durtal se rua (...) dans la pénitence (...) et il fut désormais un chrétien (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 165).Il n'est pas d'homme qui, sa décision prise et le remords d'avance accepté, ne se soit, au moins une minute, rué au mal avec une claire cupidité comme pour en tarir la malédiction (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 213).
B. − Empl. intrans.
1. Vieilli. Lancer les bras, les jambes, frapper au hasard, se débattre. Rosny (...) nous raconte son histoire en ruant de tout le corps (Goncourt, Journal, 1887, p. 687).Il restait à quelques-uns la force de rire et de claquer le derrière du camarade en plongée. Le coup portait bien sur la chair suante. L'homme touché ruait au hasard, envoyant haut son pied nu (Hamp, Champagne, 1909, p. 101).
Expr., fam. ,,Ruer à tort et à travers. Frapper de tous côtés dans une foule`` (Ac. 1835, 1878).
2. [Le suj. désigne un quadrupède] Lancer vivement et avec force, énervement, mauvaise humeur, etc., les membres postérieurs en arrière et en l'air, en prenant appui sur les antérieurs et en baissant l'encolure; lancer une ruade. Des ânes trottinant et ruant sous le bâton d'âniers à tête rase (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 267).
Ruer à la botte. [Le suj. désigne un cheval] Être très chatouilleux et ruer à l'approche ou au contact de l'éperon. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.). Au fig. Être très susceptible; se rebiffer. (Ds Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
Ruer aux/dans les brancards. Ruer au moment de l'attellement. Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Regimber, se rebeller, opposer de la résistance. Thérèse, affirmait-il ne ruait que dans les brancards. Libre, peut-être, n'y aurait-il pas plus raisonnable (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 275).
Ruer en vache. Porter un coup de pied à la manière d'une vache, c'est-à-dire en ramenant le membre postérieur sous la poitrine et en portant le coup de côté à hauteur de l'antérieur. (Ds Ac.).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɥe], (il) rue [ʀy]. Martinet-Walter 1973: [ʀ ɥe], [ʀye] (13, 4). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 « jeter impétueusement, projeter » (Benedeit, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1148); 2. ca 1170 pronom. « se précipiter, s'élancer » (Chrestien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 873); 3. 1326 « (d'un cheval) lancer vivement en arrière les pieds de derrière » (Vie de St Grégoire le Grand, 1312 ds Romania t. 8, p. 533). Du b. lat. *rutare « lancer », créé sur rutum supin de ruere « lancer, renverser, bousculer » et pronom. « se précipiter », comme intensif de ce verbe. Fréq. abs. littér.: 888. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 406, b) 1 419; xxes.: a) 2 296, b) 1 288.
DÉR. 1.
Ruement, subst. masc.,vieilli. a) Action de ruer. (Dict. xixeet xxes.). Synon. ruade.b) Action de se ruer. Synon. ruée.Il y eut un ruement général contre les murs, puis le flot de brutes reprit son cours vers le quai, où une bataille éclata entre les marins des deux nations (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1183).[ʀymɑ ̃]. 1resattest. a) 1306 « action de lancer » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6773 ds T.-L.), b) 1877 « action de ruer » (A. Daudet, Journal des Débats, 2 août, 1repage ds Littré Suppl.); de ruer, suff. -ment1*.
2.
Rueur, -euse, adj.[En parlant d'un quadrupède] Qui rue; qui a l'habitude de ruer. Ânesse rueuse. Là! (...) Voilà comment on rend les chevaux rueurs! (Gyp, Gde vie, 1891, p. 179).En empl. subst. De ses cuisses de fer, (...) des reins, des genoux, le cavalier se maintient, colle au rueur (Morand, Air indien, 1932, p. 59).[ʀ ɥ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. 1reattest. 1551 (Cottereau, Colum., II, 2 ds Gdf.); de ruer, suff. -eur2*; le mot est att. du xiiieau xves. au sens de « lanceur », v. Gdf.
BBG. − TLF. Notes de lexicogr. crit. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n o1, p. 236.