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* Dans l'article "ROUSSIR,, verbe"
ROUSSIR, verbe
I. − Empl. trans. Qqc.1/qqn1roussit qqc.2
A. − Donner une couleur rousse à quelque chose. Le grand air roussit le papier (Ac.).Le machineur fumait de continuelles cigarettes, dont le tabac avait, à la longue, roussi ses doigts minces (Zola, Germinal, 1885, p. 1254).La pluie de Douai, le soleil de Nîmes (...) ont verdi, roussi, ces lamentables « pelures » de tournée, grands manteaux cache-misère (Colette, Music-hall, 1913, p. 4).
B. − En partic.
1. Donner une couleur rousse à quelque chose, en le soumettant à une chaleur trop forte ou à un froid excessif. Voici l'automne. Des gelées (...) ont roussi les dernières fleurs du jardin. Les dahlias (...) sont brûlés; brûlés aussi les grands tournesols (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 124).Tout le long des tiges, la chaleur s'est amassée, elle a roussi la paille et séché la farine (R. Bazin, Blé, 1907, p. 239).
2.
a) Brûler superficiellement quelque chose. C'était d'ailleurs son habitude (...) de tisonner avec ses pieds, jusqu'à ce qu'il eût roussi ses semelles (A. France, Bonnard, 1881, p. 386).On a coutume de roussir le poil des chats pour décourager les voleurs qui en ont à leur peau (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 149).V. carboniser ex. 5.
Empl. pronom. réfl. indir. Peyrade se roussit la main pour s'emparer de la cassette en feu (Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 131).
b) Cuire quelque chose à sec; griller quelque chose. On est en train de torréfier le café dans la cuisine (...). Dis bien à Jeannette (...) que le café veut être roussi seulement (Feuillet, Scènes et com., 1854, pp. 6-7).Moi, s'écria Carrory, je recommande qu'on fende mes châtaignes avant de les roussir (Malot, Sans fam., 1878, p. 140).
TEXT. Passer un textile à la flamme pour enlever le duvet. (Ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., Lexis 1975). Synon. griller (v. griller1A 1).
II. − Empl. intrans. Qqc.2/qqn2(se) roussit
A. − Apparaître avec une teinte rousse. Le soleil (...) qui fait (...) reluire les taches et roussir les chapeaux (Vallès, Réfract., 1865, p. 27).
B. −
1. Prendre une teinte rousse. Les étoffes blanches roussissent aisément (Ac.1798-1878).Tandis que jaunissaient à en roussir d'authentiques images d'Épinal (Queneau, Pierrot, 1942, p. 91).Empl. pronom. Chez une autre, fille de banquier, le teint, d'une fraîcheur de jardinière, se roussissait, se cuivrait, et prenait comme le reflet de l'or qu'avait tant manié le père (Proust, Temps retr., 1922, p. 951).
2. En partic.
a) Prendre une teinte rousse, sous l'effet d'une chaleur trop forte ou d'un froid excessif. Nombre d'élus avaient le cœur si brûlant que les linges roussissaient sur eux (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 150).[Le gazon] se maintient en Angleterre frais et vert tout l'été, tandis que roussissent ou grisonnent les pelouses étrangères (Morand, Londres, 1933, p. 141).
b)
α) P. méton. Être légèrement brûlé. Le riz a roussi au fond de la casserole (Rob.).P. exagér. Subir le supplice du feu. C'est une conspiration pour me faire endosser la chemise soufrée et me faire roussir en place des Terreaux (Borel, Champavert, 1833, p. 117).
β) ART CULIN. Prendre une teinte rousse en cuisant (à sec ou dans un corps gras). On ajoute un oignon fendu en quatre que l'on retire dès qu'il commence à roussir (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 2).Des gigots et des poulets (...) roussissaient et sifflaient devant un feu de fagots (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 228).V. alléchant ex. 2.
Prononc. et Orth.: [ʀusi:ʀ], (il) roussit [-si]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1269-78 « faire devenir roux » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12049); 1766 se roussir « se brûler légèrement » (Voltaire, Philosophe ignorant, 24 ds Littré); 1802 roussir « brûler légèrement » (Flick); b) ca 1393 « devenir roux » (Ménagier, II, 140 ds T.-L.); 1690 « prendre une légère teinte rousse (en parlant du vin blanc) » (Fur.); c) 1679 roussi subst. masc. « odeur d'une chose que le feu a roussie » (Rich.); 1819 sentir le roussi « être suspect d'hérésie et menacé du bûcher » (Béranger, Chansons, Les Missionnaires ds Littré). Dér. de roux*; dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 41.
DÉR. 1.
Roussissement, subst. masc.,rare. Action de roussir quelque chose, fait de devenir roux; état de ce qui est roussi. C'est le verdissement des buissons et des prés C'est le roussissement des vaches et des blés (Jammes, Clairières, 1906, p. 151). [ʀusismɑ ̃]. 1reattest. 1866 (H. de Parville, Journ. offic., 10 avr., p. 2591, 2ecol. ds Littré); de roussir, suff. -(e)ment1*.
2.
Roussissure, subst. fém.a) Synon. de roussissement (supra).V. cramoisissure dér. s.v. cramoisi ex. de Jammes.b) Tache rousse. Synon. rousseur.L'important, c'était l'air de septembre, les feuillages encore verts avec déjà quelques roussissures (Druon, Louve Fr., 1959, p. 214). [ʀusisy:ʀ]. 1resattest. a) ca 1790 « état de ce qui est roussi » (Beaumarchais, IV, 280 ds Gohin), b) 1873 « tache rousse » (Zola, Ventre Paris, p. 699); de roussir, suff. -ure*.
BBG.Gohin 1903, p. 245 (s.v. roussissure). − Quem. DDL t. 16 (s.v. roussissure), 33 (s.v. châtain-roussi).