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RIVAGE, subst. masc.
A. −
1. Large bande de terrain qui borde une étendue d'eau marine. Synon. plus rare rive (v. ce mot I B 1).Le rivage se composait, d'abord, d'une large grève très-unie (...), ensuite, le littoral, devenu fort irrégulier, projetait des pointes aiguës en mer (Verne,Île myst., 1874, p. 251).Ils dominaient un long rivage ensablé d'une blancheur tendre et un peu rosée; l'océan s'étalait vers la côte en nappes inertes à peine distinctes du bord de sable clair (Chardonne,Épithal., 1921, p. 117).
SYNT. et EXPR. Rivage couvert (de), désert; beau, triste rivage; rivage de la baie, de l'île, de l'océan; bord, rochers, sable du rivage; atteindre, baigner, battre, border, côtoyer, quitter le rivage; aborder, courir au rivage; approcher du rivage; attendre, se briser, porter, rester sur le rivage; s'éloigner du rivage; debout sur le rivage; à distance/loin/le long/près du rivage; de rivage en rivage.
DR., GÉOGR. Rivage de (la) mer. ,,Dépendance du domaine de l'État formée par la bande de littoral que la mer couvre et découvre dans ses mouvements alternatifs`` (Cap. 1936). Le rivage de la mer, enfin, dans quelle mesure relative est-il une frontière? L'activité des riverains s'épand toujours sur les zones marines bordières, et n'est-ce pas la mer (...) qui a fait les groupements politiques du monde phénicien (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p. 298).
ORNITH. Hirondelle de rivage (v. hirondelle A 1); oiseau de rivage. Oiseau qui vit au bord de la mer. Les oiseaux du genre des canards, et d'autres oiseaux d'eau et de rivage (Cuvier,Anat. comp., t. 2, 1805, p. 440).
2. P. anal., gén. au plur. Ce qui évoque le rivage de la mer par sa situation, son étendue, etc. Synon. bordure.Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve (...) le roulis imperceptible du port (...); sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco (Baudel.,Poèmes prose, 1867, p. 85).Les arbres (...) ne déferlaient plus contre les rivages du ciel (Giono,Eau vive, 1943, p. 272).
3. Au fig. Synon. de rive (v. ce mot I B 3).
a) Ce qui représente une position à l'abri, où l'on trouve une certitude, une sécurité, un apaisement après de longs efforts, face à un péril, etc. Synon. havre, refuge.Je me croyais bien fort, à l'abri des tempêtes. Avec quelle pitié dédaigneuse je regardais du rivage ceux qui sont encore ballottés par le flot troublé de la vie! (Ménard,Rêv. païen, 1876, p. 96).En art (...), ceux-là seuls comptent qui se lancent vers l'inconnu. On ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d'abord et longtemps, tout rivage (Gide,Faux-monn., 1925, p. 1214).
− Domaine relig.Synon. de au-delà, paradis, vie éternelle.Je ressemble à une frêle nacelle abandonnée sur l'océan (...). Un jour viendra (...) où, guidé par elle [la Providence], j'aborderai sur de paisibles rivages. Là nous trouverons le repos que nous cherchons vainement ici-bas (Lamennais,Lettres Cottu, 1818, p. 23).
b) Avec une nuance péj. Ce qui représente l'inconnu, la difficulté, le danger possible, la solitude, l'abandon, l'éloignement. Il y a bien long-temps (...) que je ne t'ai écrit (...). Parle-t-on d'un rivage abandonné, où tout attriste, d'où les eaux vives se sont retirées, et sur lequel a passé le vent de la destruction (Krüdener,Valérie, 1803, p. 118).Virgile croyait toujours voir la perfection assise sur un autre rivage, et l'océan entre eux deux. La perfection doit toujours nous apparaître comme un fantôme éloigné dans un vague horizon (Chênedollé,Journal, 1817, p. 87).
c) Ce qui représente une limite. Synon. borne.« Un manque de rivages », voilà ce dont il souffre: il est devant soi comme devant un abîme sans fond (Massis,Jugements, 1924, p. 107).L'Océan du Temps n'a qu'un rivage, qui est celui de notre naissance (Maurois,Mes songes, 1933, p. 217).
Sans rivage(s). Sans limite(s). Il fallait dire adieu à toutes ces diaphanes rêveries, où son esprit se berçait si mollement dans un ciel sans limites, dans un océan de délices et d'extases sans bord, sans rivage! (Flaub.,Smarh, 1839, p. 73).
B. −
1. Vx. Bande de terrain qui borde une étendue d'eau douce. Synon. berge, rive (v. ce mot I A 1 a (plus fréq. que rivage dans ce sens)).Rivage opposé, autre rivage; rivage du fleuve. La baie de Chigomégan, située sur le rivage méridional du lac Supérieur (Crèvecœur,Voyage, t. 2, 1801, p. 147).Le Nil rongeait chaque jour son rivage, il entraîna la terre, désagrégea les bancs de sable (Du Camp,Nil, 1854, p. 192).V. amant ex. 89.
2. P. anal. Ce qui évoque les rivages d'un cours d'eau par ses bords plus ou moins parallèles. Synon. rive (v. ce mot I A 2).Dans la plante grasse pénétrée par la lumière de la lampe, elle regarda des fleuves couler entre de minces rivages de fibre (L. de Vilmorin,Sainte, 1934, p. 157).
3. Au fig.
a) Ce qui borde, accompagne quelque chose ou contient quelque chose dans ses limites; ce qui présente une succession d'images, d'événements variés. Pour qu'avec ses sombres écumes la passion ne nous corrode pas, il faut (...) qu'elle soit un grand fleuve emportant nos espérances vers des rivages toujours neufs (Barrès,Jard. Oronte, 1922, p. 192):
Tout individu, à côté de l'époque dont il est contemporain, (...) me fait l'effet d'être sur un petit rivage le long d'un grand fleuve (...). Une fois sortis de la première enfance, nous courons le long de notre petit rivage (...). Puis notre pas insensiblement se lasse, notre petit rivage se rétrécit... Sainte-Beuve,Pensées, 1868, p. 129.
b) MYTH., littér. Le noir/sombre rivage; rivage de l'Achéron, rivage de la mort/des morts/des ombres, etc. ou absol. rivage. Rivage des fleuves des Enfers. Synon. mort, rive (v. ce mot I A 3 c).Tout lapin qui paroît trouve un affreux trépas: Les rivages du Styx sont bordés de leurs mânes (Florian,Fables, 1792, p. 151).Vous croyez (...) errer véritablement sur le rivage où jadis le nautonnier des enfers passoit toutes les ombres (Chateaubr.,Génie, t. 2, 1803, p. 333).
C. − P. méton. (avec A et B), surtout au plur., littér., vx. Contrée située au voisinage d'une étendue d'eau; pays où l'on aborde. Synon. rive (v. ce mot I C).Rivage étranger, inconnu; nouveaux rivages. Il erre maintenant sur de lointains rivages. (...) Et d'exil en exil, par le sort poursuivi, l'Europe à ses malheurs offre à peine un abri (Michaud,Printemps proscrit, 1803, p. 99).
Prononc. et Orth.: [ʀiva:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Déb. xiies. « étendue de terre en bordure de mer » (Benedeit, St Brendan, 355 ds T.-L.); 1174-76 rivages de mer (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2668); 1erquart xiiies. empl. par image (Renclus de Molliens, Carité, éd. A. G. van Hamel, 59, 12: [d'un prêtre] [...] tu les [les pèlerins] menroies logier Par tius perius a sauf rivage); b) α) 1409-10 rivage de Meuse à Maisieres (Compte ds Trésor chartes comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 2, p. 604); β) 1246 Compiègne « droit payé sur les marchandises chargées ou déchargées sur la rive » (Cartul. de Compiègne, II, 310 d'apr. M. Bambeck ds Mél. Gamillscheg [E.] 1968, p. 68); γ) 1677 désigne les rives des fleuves des enfers (Racine, Phèdre, II, 1: le Cocyte et les rivages sombres; II, 5: le rivage des morts); 2. p. ext. 1184-87 « contrée, pays » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 7213). Dér. de rive*; suff. -age*; cf. le lat. médiév. ripaticus « redevance d'amarrage » 651, « rive » 917-22 Poitou ds Nierm.; rivagium 1083 Normandie, Guillaume le Conquérant ds Du Cange. Fréq. abs. littér.: 2 492. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 181, b) 3 683; xxes.: a) 1 816, b) 1 403.