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RIF, subst. masc.
Argot
A. − Feu. Le second répondit: − Il lansquine à éteindre le riffe du rabouin (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 180).[Ahmed] mit le rif sous un tas de bûches [dans la cheminée] (Le Breton,Rififi, 1953, p. 87).
B. − Ligne de feu, front, combat. Monter au rif; revenir du rif. Ça semble dur de revenir au rif quand on s'est déjà fait amocher une fois (Dorgelès,Le Cabaret de la Belle Femmeds Le Breton1960).
C. − Arme à feu, revolver. Se servir de son rif. (Ds Rob. Suppl. 1970).
P. méton. Bagarre, rixe, rififi. Chercher du rif. Chercher la bagarre, chercher querelle. Au moment de dételer, je me trouvais accroché dans (...) un compte à régler avec un connard dont j'avais rien à foutre, et qui venait me chercher du rif (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 35).
D. − Loc. adv. De rif. Rapidement, avec décision. Toutdesuito, que j'y fais comme ça, tout joyeux de l'aubaine. De rif et d'autor, quoi, avec empressement et diligence! (M. Stéphane,Ceux du trimard, 1928, p. 164).
Prononc. et Orth.: [ʀif]. Attest. de riffe dans Hugo, loc. cit. Étymol. et Hist. 1455 rufle « feu de Saint Antoine » (Procès des coquillards ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 97); 1596 rufe « feu » (Pechon de Ruby, La Vie généreuse des Mercelots, Gueuz et Boesmiens, p. 38, ibid., p. 166); 1598 riffe « id. » (G. Bouchet, Serées, III, 130 ds Hug.); 1627 riffle « id. » (Pechon de Ruby, loc. cit.), 1821 de rif « immédiatement, avec ardeur » (Ansiaume, Arg. bagne Brest, f o11 v o, § 282); 1844 « feu des armes » (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 1, p. 186: Rif sur la Cogne [...] feu sur les gendarmes); 1914 « zone des combats, front » (Arg. des soldats d'apr. Esn.). Issu du lat. rufus « rougeâtre, roux » prob. par l'intermédiaire de l'arg. ital. ruffo « feu » (de l'ital. ruffo « roux », DEI). Le passage de -u- à -i- s'expliquerait p. dissim. au contact de la cons. labiale (FEW t. 10, p. 543b).
DÉR.
Riflette, subst. fém.,arg. a) Zone de combats, ligne de feu, front. Aller à la riflette. Ça commence (...) les balades militaires (...). Où on va? (...) quelque nom qu'on lui donne, c'est la même chose, que ça s'appelle le feu, la riflette, la bigorne ou le casse-pipes (Vialar,Bal sauv., 1946, p. 87).En 14, beaucoup de jules, pas clients pour la riflette, s'étaient pointés à Londres avec leurs nanas (Pt Simonin ill., 1957, p. 251).b) Guerre. Partir pour la riflette. [Le sergent L.] que j'ai rencontré pendant la riflette 39-40 (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 75). [ʀiflεt]. 1reattest. [1915 d'apr. Esn.] 1927 (Dussort, Preuves exist., dép. par G. Esnault, 1938, p. 102); de la forme rifle de rif, suff. -ette (v. -et).
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 292.