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REVANCHE, subst. fém.
A. − Fait de rendre la pareille pour un mal que l'on a reçu (un préjudice, une injure), de racheter une défaite par une victoire. Synon. vengeance.Prendre sa revanche. Alors, il ne parla plus, ayant une revanche à prendre, se disant tout bas, crûment: « Toi, tu vas y passer! » comme elle refusait de le suivre dans la chambre, il la renversa brutalement au bord de la table (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 76):
1. L'idée qu'un homme à tête froide, comme Poincaré, pût souhaiter une guerre de revanche, était stupide; et, non moins stupide, l'idée que, sans la souhaiter, simplement parce qu'il la croyait possible, ou fatale, il pût agir de manière à la rendre inévitable. Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 141.
P. ext. Avantage, compensation que l'on tire d'une situation défavorable pour l'autre. Les jours où les nouvelles étaient bonnes, il prenait sa revanche en assurant à Françoise que la guerre durerait trente-cinq ans, et, en prévision d'une paix possible, assurait que celle-ci ne durerait pas plus de quelques mois et serait suivie de batailles auprès desquelles celles-ci ne seraient qu'un jeu d'enfant, et après lesquelles il ne resterait rien de la France (Proust,Temps retr., 1922, p. 843).La soumission, l'obéissance, cette immense tendresse que je voyais, que je sentais en lui, c'était ma revanche, à moi, la fille lâchée, la fille dédaignée (La Varende,Souv. seigneur, 1953, p. 247).
B. − JEUX, SPORTS. Nouvelle partie offrant la possibilité à un adversaire vaincu d'être à nouveau gagnant. Jouer la revanche et la belle. Messieurs, qui de vous fait ma partie d'échecs, en attendant le retour du roi? Saint-Mégrin, ta revanche? (Dumas père, Henri III, 1829, ii, 1, p. 142).N'oubliez pas, demain à huit heures et demie, notre partie de billard chez moi (...) j'ai ma revanche à prendre (Arnoux,Crimes innoc., 1952, p. 8).V. beau IV B 2 b ex. de Larch. 1861.
C. − Loc. adv.
1. À charge de revanche. À condition de rendre la pareille, parfois pour exprimer que l'on est obligé. J'accepte, mais à charge de revanche:
2. Georgette ménage Isabelle, sans doute à charge de revanche, pour que le jour où Edmond se demandera s'il ne va pas faire une bêtise en épousant Georgette, Isabelle lui dise: « Mais non! c'est bien la femme qu'il te faut. Elle te rendra heureux. Tu sais, entre elles, les femmes sentent ça. » Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 250.
2. En revanche. En retour, en compensation, en contrepartie. Synon. par contre.Ce qui lui manque [à Couture], je crois qu'il ne l'acquerra jamais. En revanche, il est bien maître de ce qu'il sait (Delacroix,Journal, 1847, p. 225).Le cas est douteux; mais, en revanche, il fut aussi clair que le jour, pour quelle cause, un beau matin, le comte d'Oels vint prévenir son altesse, qu'il épousait Mademoiselle Renz (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 261).
Prononc. et Orth.: [ʀ əvɑ ̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1270 revenche « vengeance » (Marques de Rome, 55 d 2 ds T.-L.); b) ca 1525 « action de rendre la pareille pour un mal qu'on a reçu, de reprendre sur quelqu'un l'avantage qu'il avait pris sur nous » (Crétin, Œuvres, éd. K. Chesney, p. 296, 130); c) 1539 « seconde partie que joue le perdant dans l'espoir de regagner ce qu'il a perdu » (Est.); d) 1588 « action de rendre la pareille pour un bien qu'on a reçu » (Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 633); 2. loc. adv. 1619 en revanche (A. d'Aubigné, Faeneste, III, 21, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 2, p. 545); 1797 à charge de revanche (Sénac de Meilhan, Émigré, p. 1773). Déverbal de revancher*. Fréq. abs. littér.: 1 845. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 235, b) 2 262; xxes.: a) 2 784, b) 3 905.
DÉR.
Revanchard, -arde, adj. et subst.,péj. a) Adj. Qui est animé d'un esprit de revanche. Et je me dis que le juge des enfants doit être un type sacrément équilibré car il est peut-être l'homme en France qui touche au plus près la misère de la société. Passera encore dans la matinée, sur la chaise de skaï noir, un père divorcé et « revanchard » qui veut reprendre son fils à son ex-épouse (Le Nouvel Observateur, 10 mai 1976, p. 62, col. 2).b) Subst. Personne habitée par un désir de revanche (surtout militaire). Est-ce pour tranquilliser le monde sur ses intentions pacifiques, que la France a mis à l'Élysée ce Lorrain patriote, dont tous les trublions nationalistes ont fait aussitôt un symbole cocardier? Dont l'élection a réveillé aussitôt chez nous la marotte des revanchards? (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 133). [ʀ əvɑ ̃ ʃa:ʀ], fém. [-aʀd]. 1reattest. 1894 subst. (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 5); de revanche, suff. -ard*, cf. anciennement 1558 revencheur « celui qui revanche quelqu'un » (G. Morel ds DG).
BBG.Danjou-Flaux (N.). Au contraire, par contre, en revanche. B. Centre Anal. Discours. 1980, n o4, pp. 123-148. − Dub. Pol. 1962, p. 406. − Pauli 1921, p. 78 (s.v. revanchard). − Quem. DDL t. 9 (s.v. revanchard).