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REPOUSSER1, verbe
I. − Empl. trans.
A. − Qqn repousse qqn
1. Pousser en arrière, faire reculer une personne, un groupe. Repousser qqn d'un geste, de la main, des deux mains, à bras tendus, à coups de pied; repousser qqn doucement, brutalement, rudement, violemment, vivement, avec énergie, avec dédain, avec dégoût, avec force, avec horreur, avec indignation, avec violence; repousser en arrière. Ils le virent passer un peu plus tard, le long des Tuileries, vers le métro Concorde, où ils avaient été repoussés quand on avait dégagé la voie du landau présidentiel escorté de cuirassiers (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 261).
En partic. Faire reculer avec force. Synon. refouler.Repousser l'ennemi, les ennemis, l'étranger, les assaillants. L'ennemi les reçoit avec intrépidité. Trois fois ils viennent se briser contre le vaste corps qui les repousse (Chateaubr.,Martyrs, t. 1, 1810, p. 289).Battu, repoussé plusieurs fois dans une guerre, et presque désespéré, il était au fond de sa tente (Michelet,Insecte, 1857, p. 389).[P. méton. du compl. d'obj.] Repousser l'assaut. L'attaque sur Pozzuelo-Aravaca est repoussée, m'général. Heinrich note sur la carte les nouvelles positions (Malraux,Espoir, 1937, p. 784).
Loc. verb., au fig., vx. Être repoussé à la barricade. Après avoir fait des tentatives pour obtenir quelque chose, être refusé ouvertement (d'apr. Ac. 1798, 1835). Être repoussé avec perte. Essuyer un grave échec (d'apr. Ac. 1835-1935).
2. Au fig. Refuser d'accueillir; faire mauvais accueil à. Synon. écarter, rembarrer (fam.), envoyer* paître (fam.), bouler (pop.), éconduire; envoyer au diable (v. diable1).Tu es assez grand, assez raisonnable pour t'apercevoir que ton père me repousse, ne veut pas de mes soins, et cela n'est pas naturel, car tu sais combien je l'aime (Balzac,Gobseck, 1830, p. 432):
1. La veille au soir, en montant l'escalier, comme Henry, qui marchait le dernier, avait voulu lui prendre la main par derrière pour la baiser, ne l'avait-elle pas brutalement repoussé, repoussé tout à fait? Flaub.,1reÉduc. sent., 1845, p. 81.
B. − Qqn repousse qqc.
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.] Pousser en sens contraire; écarter loin de soi. Synon. reculer.Repousser la table, son assiette, son verre, ses couvertures, un tiroir; repousser les volets, le verrou; repousser la porte (derrière soi); repousser qqc. de la main, des deux mains, brusquement; repousser qqc. en arrière; repousser qqc. contre qqc. Une chaise, qu'il avait sans doute repoussée du pied, était renversée à côté de lui (Baudel.,Poèmes prose, 1867, p. 149).Fauteuils et canapé ont été repoussés vers le fond (Aymé,Cléramb., 1950, i, p. 9).V. libérer B 2 ex. de Vailland.
2. Au fig.
a) [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Refuser d'accepter. Synon. décliner, récuser, refouler, rejeter; anton. agréer, acquiescer à.Repousser une demande, une invitation, une offre, une proposition, des avances. Elle avoit constamment repoussé toute nourriture (Chateaubr.,Natchez, 1826, p. 499).Anna (...) ne parlait pas, (...) ne mangeait pas (...). Avec des prévenances timides et touchantes, il essaya de s'occuper d'elle; elle repoussa ses attentions, âprement (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1386).
Loc., vx. Repousser une injure. S'opposer vivement à une injure. Repousser l'injure par l'injure (Ac. 1798-1878). Quelquefois il savoit repousser une injure grossière par une raillerie piquante (Chateaubr.,Essai Révol., t. 2, 1797, p. 147).Repousser la force par la force (vx). Employer la force pour se défendre, répondre à la violence par la violence. Le roi, tout en se déterminant à rester, pouvait encore prendre le parti de se mettre à la tête des gardes du corps, et de repousser la force par la force (Staël,Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 267).
b) Chasser de son esprit. Synon. écarter, rejeter.Repousser une idée noire, une mauvaise pensée, une tentation. J'eus faim. Mon premier mouvement, instantané, fut de repousser cette envie de manger (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 263):
2. Une idée bien lâche, qu'il avait déjà repoussée plusieurs fois, se présenta avec une vivacité à laquelle il ne put résister: « Si je campais là le ministère, et retournais à Nancy et au régiment? (...) » Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 257.
3. Remettre à plus tard. Synon. ajourner, différer, renvoyer, reporter.Repousser un rendez-vous, une réunion. La pensée du partage nécessaire entre les deux sœurs (...), il le repoussait à une époque tellement lointaine, qu'il espérait trouver d'ici là une façon de s'y soustraire (Zola,Terre, 1887, p. 199).Un plan est donné par avance. Il est (...) représentable, avant le détail de sa réalisation. L'exécution complète en peut être repoussée dans un avenir lointain, reculée même indéfiniment (Bergson,Évol. créatr., 1907, p. 104).
Rem. Empl. critiqué. ,,Se dit parfois, inutilement d'ailleurs, et non sans équivoque, pour « remettre à plus tard »`` (Hanse Nouv. 1983).
4. Spécialement
a) IMPR., TYPOGR. Imprimer à la main un signe, une lettre qui manque sur une feuille tirée. Repousser un point qui manque à la fin d'une phrase (Littré).
b) MÉTALL., ORFÈVR. Travailler à froid une feuille de métal ou du cuir pour faire ressortir une image ou un ornement en relief. Au moyen de traçoirs qui repoussent les reliefs en les précisant (...) le ciseleur transforme le bronze informe sorti de la fonte en une œuvre d'art à laquelle il imprime fortement sa personnalité (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 26).
Empl. part. passé adj. V. repoussé.
C. − Qqc./qqn repousse qqn.Littér. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Inspirer de l'aversion, de la répulsion à quelqu'un. Synon. dégoûter, déplaire, rebuter; anton. attirer, plaire.Ce lieu nous attirait et nous repoussait à la fois comme un lieu où l'amour avait été révélé, et comme un lieu où il avait été profané aussi (Lamart.,Raphaël, 1849, p. 221).Quelle mauvaise figure il a! dit Alban, à la fois attiré et repoussé par cet être. Il a l'air d'un de ces chats pelés, chassieux, qu'on voit rôder, rejetés de partout, et dont la mine seule dénonce un paria (Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 491).
II. − Empl. intrans.
A. − [Le suj. désigne un ressort ou une arme à feu portative] Exercer une pression qui éloigne; produire un effet de recul. Ce ressort repousse trop, ne repousse pas assez. Ce fusil repousse (Ac.).
B. − BEAUX-ARTS, DESSIN, PEINT. [Le suj. désigne une teinte, un ton] Obscurcir des teintes claires qui sont superposées à un ton foncé. Les tons [des toiles de Poussin], posés d'ordinaire sur une impression rouge qui a repoussé, ont pris un aspect triste et rembruni (Gautier,Guide Louvre, 1872, p. 172).Ne jamais peindre clair sur foncé (...) le foncé repousse, c'est-à-dire obscurcit ou « mange » les teintes claires qui lui sont superposées (Arts et litt., 1935, p. 30-4).
C. − Loc. verb., pop., arg. Repousser (du goulot). Sentir mauvais de la bouche, avoir mauvaise haleine. V. goulot A ex. de Magnane.
Prononc. et Orth.: [ʀ əpuse], (il) repousse [-pus]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1375 « pousser quelqu'un en arrière, faire reculer » (J. Cuvelier, B. du Guesclin, éd. E. Charrière, 20229); 2. 1553 repousser qqn « lui faire un mauvais accueil » (Bible Gérard, Eccl., 13, 25); 3. 1558 verbe intrans. « pousser en arrière » (Bonaventure des Périers, Nouvelles recreations, éd. K. Kasprzyk, p. 232); 4. 1579 « pousser une chose en arrière » (Garnier, La Troade, éd. W. Foerster, II, p. 125); 5. 1770 « inspirer de l'aversion » (Raynal, Hist. phil., XI, 11 ds Littré); 6. 1847 « sentir mauvais » (Dict. arg., p. 231); 1866 repousser du tiroir « id. » (Delvau, p. 339); 1878 repousser du goulot « id. » (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 178); 7. 1887 « remettre à plus tard » (Zola, loc. cit.). B. 1. 1835 « imprimer à la main sur une feuille tirée » (Ac.); 2. 1840 (Fournet, Sur la sondabilité des métaux et sur le damassé d'or et d'argent ds Ann. chim. et phys., t. 75, p. 437: j'obtins une barre parfaitement tenace, ductile et homogène, que je laminai, et dont je fis fabriquer, par la méthode du repoussé, un vase dont le poli mit en évidence la parfaite homogénéité); 3. 1875 « réaliser une pièce métallique par une opération de repoussage » (Lar. 19e, s.v. repoussoir). C. 1. 1870 « se dit d'une couleur sur un tableau, qui avec le temps, domine celles qui l'environnent » (Littré); 1933 « se dit d'une partie d'un tableau qui reparaît sous les retouches » (Moreau-Vauthier, Peint., p. 148). Dér. de pousser*; préf. re-*.
DÉR. 1
Repoussage, subst. masc.[Corresp. à supra I B 5 b] Métall. ,,Façonnage d'un métal en feuille sur un mandrin ayant la forme désirée`` (Poignon 1967). Repoussage au tour. Survient maintenant l'opération du repoussage, nécessitant surtout l'usage de la (...) barre de fer ou d'acier recourbée ou coudée qui, frappée avec vigueur, repousse l'intérieur de la pièce de métal (Grandjean,Orfèvr. XIXes., 1962, p. 40).[ʀ əpusa:ʒ]. 1reattest. 1866 techn. grav. (M. Lalanne, Grav. eau-forte, p. 53); de repousser1, suff. -age*.
2.
Repoussement, subst. masc.a) Vx [Corresp. à supra II A; en parlant d'un ressort, d'une arme à feu portative] Fait de produire un effet de recul; p. méton., recul ainsi produit. Cette contusion a été causée par le repoussement de son fusil (Ac.).b) Vieilli, littér. α) [Corresp. à supra I A 1] Action de repousser quelqu'un. La deuxième fois, revêtus du nom de Romains, ils arrêtèrent, ils repoussèrent, ils refoulèrent l'Orient punique (...). C'est cet antique repoussement (...) que vous poursuivez aux héroïsmes des guerres mauritaniennes (Péguy,V.-M., comte Hugo, 1910, p. 832).[Corresp. à supra I A 2] Action de rejeter quelqu'un; p. méton., résultat de cette action. Ou la sympathie nous attire vers lui, ou l'antipathie nous en écarte; ou nous nous associons à son existence, ou elle devient pour nous un sujet d'effroi, de repoussement, de haine et de colère (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 335).Je deviens un objet d'indifférence, ou même de repoussement et d'ennui (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 108). β) Action de repousser quelque chose, d'écarter de soi. À mon désir fou de la posséder (...) elle opposait une résistance incompréhensible, un doux, mais entêté repoussement de mes baisers (Goncourt,Journal, 1889, p. 1012).Action de rejeter, de ne pas accepter. Le repoussement par moments d'idées religieuses avec les terreurs d'un enfer de feu et de soufre (Goncourt,Journal, 1862, p. 1120). [ʀ əpusmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. 1resattest. 1538 « action de repousser » (Est.), 1673 « choc que produit sur le tireur le recul d'une arme à feu » (doc. ds Guiffrey, Inv. mobilier Louis XIV, II, 63); de repousser1, suff. -ment1; cf. en 1436 repulsement « action de repousser » (Mandem. de Henri VI, ds Chron. du M. S. Michel, II, 91, A.t. ds Gdf. Compl.), dér. de repulser (1486, ibid.), suff. -ment1, repulser est un empr. au lat. repulsare « repousser ».
3.
Repousseur, subst. masc.a) Orfèvr., métall. Ouvrier qualifié qui pratique le repoussage ou le repoussé. Repousseur au tour en orfèvrerie; repousseur au tour; repousseur sur cuir; repousseur sur métaux (Mét. 1955). Aujourd'hui l'émailleur doit donner le dessin de la forme qu'il désire à un repousseur de métaux qui emploie des mandrins en bois sur lesquels il façonne au tour le métal qui lui a été confié (A. Meyer,Art émail Limoges, 1895, p. 2).b) Néol., pétrochim. ,,Produit chimique qui s'oppose à l'expansion d'une nappe de pétrole en rassemblant les hydrocarbures`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). Les repousseurs, à l'opposé des dispersants, sont présentés comme des produits merveilleux: versés à la périphérie d'une nappe, ils créent un véritable barrage chimique à l'expansion du pétrole et, progressivement, le rassemblent et le regroupent (Sc. et Avenir, mai 1978, n o375, p. 48). [ʀ əpusœ:ʀ]. 1resattest. 1611 repoulseur « celui qui repousse » (Cotgr.), 1870 « ouvrier capable d'exécuter le repoussage sur métaux » (Littré); de repousser1, suff. -eur2*.
COMP. Repousse-peaux, subst. masc. Petit instrument de manucure, à l'extrémité en forme de spatule, servant à repousser les petites peaux autour des ongles. Synon. repoussoir (v. ce mot A 4). Mireille, rêvant (...), laissa un instant en suspens la main dodue de MmePontet-Massène. Puis elle reprit son repousse-peaux (P. Daninos, Un certain Monsieur Blot, 1960, p. 211 ds Rob. Suppl. 1970). [ʀ əpuspo]. Plur. des repousse-peaux. V. garde-. 1reattest. 1960 id. Formé de repousse, forme de repousser1*, et du plur. de peau*.
BBG. Quem. DDL t. 14; 15 (s.v. repoussage).