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* Dans l'article "RENOUER,, verbe trans."
RENOUER, verbe trans.
I.
A. − Refaire un nœud; nouer une seconde fois; nouer ce qui a été ou s'est dénoué, ou qui s'est détaché ou rompu. Or, ayant dit cela, l'homme de l'éternel, Renouant sur ses reins sa robe de poil rude, Par les sentiers pierreux qui mènent au Carmel, S'éloigne dans la nuit et dans la solitude (Leconte de Lisle,Poèmes barb., 1878, p. 36).Il sentit qu'on lui tirait les cordons de son tablier qui se dénouèrent (...). Presque en même temps, les cordons furent saisis et renoués d'une main énergique et Joseph vit Praileau s'éloigner dans la foule (Green,Moïra, 1950, p. 201).
P. métaph. Partout où il [Talleyrand] est, il renoue ses fils, il trame, il intrigue: il faut qu'il soit du pouvoir, et il en sera (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 33).J. Lefrancq introduit, par exemple, la notion de milieu compréhensif, spécialement favorable à l'introverti car il lui offre une présence accueillante qui rompt le sentiment de solitude et renoue la chaîne des résonances humaines (Mounier,Traité caract., 1946, p. 111).
Empl. pronom. passif. Les cheveux [de la princesse Mathilde], d'un blond cendré, relevés en arrière, découvrent de côté des tempes larges et pures, et se rassemblent, se renouent en masse ondoyante sur un cou plein et élégant (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 11, 1862, p. 389).
B. − Au fig. Reprendre après une interruption. Mais, Madame, reprit le comte en renouant la conversation et en regardant tour à tour Mmede Villefort et Valentine, est-ce que je n'ai pas déjà eu l'honneur de vous voir quelque part, vous et Mademoiselle? (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 750):
Sous ce régime, qui a duré soixante-cinq ans, la France avait rétabli sa puissance militaire abattue par les désastres de 1870, refait un grand empire, renoué de solides alliances, assuré la liberté des citoyens, développé l'enseignement, institué une assez large législation sociale, gagné la grande guerre de 1914-1918, repris l'Alsace et la Lorraine. De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 585.
Loc. verb. Renouer connaissance. Il fut amené à renouer connaissance avec l'honnête garçon par la logique même des circonstances (Verne,Tour monde, 1873, p. 85).Un peu plus tard, à Quatres, où il est allé renouer connaissance avec d'anciens professeurs (...) l'abbé Sancerre s'ouvre de ses difficultés au doyen du chapitre de la cathédrale (Billy,Introïbo, 1939, p. 216).
Empl. pronom. Le 14 janvier 1797, les hostilités se renouèrent par la bataille de Rivoli (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 331).
II. − Empl. abs. [Souvent avec compl. prép. avec]
A. − Reprendre des relations interrompues et, en partic., rétablir des liens d'amitié. Il se contenta de dire avec un ricanement: − Du moment que tu as renoué avec Fagerolles... − Je n'ai pas renoué du tout, cria-t-elle, furieuse (Zola,L'Œuvre, 1886, p. 193).Sans se l'avouer trop haut, elle désirait renouer (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 181).
B. − Remettre en honneur. Voilà donc où mène l'usage immodéré du don verbal, quand il est destiné à masquer une absence radicale de pensée et à renouer avec la tradition imbécile du poète « dans les nuages » (Breton,Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 157).
Prononc. et Orth.: [ʀ ənwe], (il) renoue [-nu]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 renoier « rattacher ensemble des pièces rompues » (Benoit, Ducs de Normandie, 18547 ds T.-L.); 2. ca 1500 « rétablir dans sa continuité en reprenant après une interruption » (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, III, p. 54); 1579 renouer le fil de qqc. (Fauchet, Antiq. gaul., 2evol., IV, 7 ds Gdf. Compl.); 3. 1616 verbe trans. indir. « rétablir des relations interrompues » (A. d'Aubigné, Hist., II, 331 ds Littré); 4. 1641 id. « renouveler une amitié avec quelqu'un » (Corneille, Horace, I, 4). Dér. de nouer*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 449. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 646, b) 745; xxes.: a) 394, b) 718.
DÉR.
Renouement, subst. masc.Action de renouer; rétablissement d'un lien. Le renouement d'une amitié. (Dict. xixeet xxes.). [ʀ ənumɑ ̃]. Ac. 1694-1762: -nouement; 1798-1878: -nouement ou -noûment (id. ds Littré); 1935: -nouement (id. ds Lar. Lang. fr. et Rob. [-noûment, vx]). 1resattest. a) α) ca 1470 « réconciliation » (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 23, 2), β) 1615 « action de renouveler une amitié » (Pasquier, 604 ds IGLF), b) 1564 « action de nouer de nouveau » (Thierry); de renouer, suff. -ment1*.
BBG.Quem. DDL t. 25.