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REMUEUR, -EUSE, adj. et subst.
I. − Adj. ou subst.
A. − [Corresp. à remuer I]
1. (Personne) qui remue quelque chose. Remueur de livres et grand liseur, (...) il avait une façon nette et paradoxale d'exprimer ses opinions (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 326).V. faucilleur ex. de R. Bazin rem. s.v. faucille.
2. P. anal.
a) Remueur d'affaires, d'argent, de millions. Personne qui brasse beaucoup d'affaires, beaucoup d'argent. Pendant quinze jours surtout, ce terrible remueur d'affaires avait tout négligé, tout oublié des mille pistes enchevêtrées qu'il suivait (Zola, Argent, 1891, p. 151).
P. plaisant. Aliette Montand a été délicieusement belle, une des remueuses de cœur et de millions d'il y a trente ans (Lorrain, Phocas, 1901, p. 176).
b) Remueur de scandales. Personne qui se plaît à l'évocation d'affaires louches, de scandales. Je hais ces écrivains, sans cœur et sans talent, remueurs de scandales, et qui vont spéculant sur nos vices (Marteau, Satires, 1861, p. 8).
c) Personne qui met en branle des personnes ou des choses, qui leur donne une impulsion. Remueur de foules. Le ministre de l'intérieur (...) avait cet air à la fois jovial et bourru, propre aux grands remueurs d'hommes (A. France, Orme, 1897, p. 166).L'université de Paris, la grande puissance intellectuelle de la France d'alors, la grande remueuse des esprits (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 110).
En partic. Remueur d'idées, de pensées. Personne qui émet des idées nouvelles, les répand dans le public et les défend. Né batailleur, taillé pour la guerre du pamphlet politique et philosophique, Franchemont était un audacieux et merveilleux remueur de pensées et de paradoxes, un bel athlète de polémiques (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 147).Avec Renan, un des plus grands remueurs d'idées générales, est, sans contredit, Auguste Comte (L. Daudet, Stup. XIXes., 1922, p. 46).
d) [En parlant de qqc.] Qui émeut, qui bouleverse. Ce que je sais, c'est que la musique, cette grande remueuse de l'inconscient, me sert pour l'instant à m'émouvoir par des ébauches de grands désirs (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 229).
B. − [Corresp. à remuer II et III]
1. (Personne ou ensemble de personnes) qui (se) remue, s'agite beaucoup. Un enfant remueur. Tel est un boudoir en 1837, un étalage de marchandises qui divertissent les regards, comme si l'ennui menaçait la société la plus remueuse et la plus remuée du monde (Balzac, Fausse maîtr., 1841, p. 12).
[P. méton.; en parlant d'une partie du corps] Qui remue. Je regarde ses yeux (...) toujours pétillants et remueurs (Genevoix, Éparges, 1923, p. 89).Elle était l'aînée de l'école, − tous les garçons aimaient sa bouche rouge et sa jeune poitrine remueuse − (Morand, Eur. gal., 1925, p. 151).
2. [En parlant de qqc.] Qui est animé d'un mouvement d'oscillation. C'est au bord de l'Océan remueur et glauque (...) que j'ai passé toute mon enfance (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 234).
II. − Subst. masc., vx
A. − ,,Ouvrier employé à remuer le blé dans un grenier, afin qu'il ne s'échauffe pas`` (Littré).
B. − Ouvrier qui effectue le remuage des bouteilles de vin de Champagne. Le remueur touche la plus haute paie: six francs, et travaille sans surveillance constante (Hamp, Champagne, 1909, p. 157).Ces bouteilles seront placées sur des pupitres. Les remueurs leur donneront une rotation quasi-quotidienne d'un huitième de tour. Le dépôt (...) descendra dans le col de la bouteille, sur la capsule. Chaque remueur tournera de 30 000 à 35 000 bouteilles par jour (Rustica, 30 sept.-6 oct. 1981, n o614, p. 55).
III. − Subst. fém., vx. Femme qui assiste la nourrice d'un enfant de haute naissance et qui a charge de le changer de langes. Mademoiselle, ayant consulté sa poupée, se déclare pour la paix, ainsi que la nourrice et toutes les remueuses de Monseigneur le duc de Bordeaux (Courier, Pamphlets pol., Livret de Paul-Louis, vigneron, 1823, p. 172).
Prononc.: [ʀ əmɥ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Étymol. et Hist. A. 1. 1275 subst. masc. li remueur « ouvrier qui remue le grain » (Ban échevinal, ca 1250, n o249 ds G. Espinas, Vie urbaine de Douai au Moy. Âge, t. 3, p. 185); 2. 1571 subst. fém. remueuses de l'enfant (Baptême du comte de Clermont-Tonnerre, 21 mai ds Doc. hist. inédits, éd. Champollion-Figeac, t. 3, Paris, 1847, p. 610); 3. 1611 subst. masc. « celui qui remue, qui se meut; remuant » (Cotgr.) ca 1584 adj. masc. (Brantôme, Des Dames ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 7, p. 352); 1835 adj. fém. (Balzac, Lettres Étr., t. 1, p. 244). B. Fig. a) 1581 subst. « agitateur, factieux » remueur de mesnage (Hist. de France, 452 d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 150); b) « celui qui met en mouvement » av. 1583 remueur de mesnage « homme entreprenant, actif » (Belleforest, Chron. et ann., François Ierds Gdf. Compl.); av. 1603 [les] remueurs du monde (Charron, Redemption, 7 ds Hug.); 1848 remueur de tout [de Napoléon] (Chateaubr., Mém., t. 3, p. 202); 1862 remueur d'idées (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 3, p. 74). Dér. de remuer*; suff. -eur2, -euse*; A 2 est dér. du sens de « panser, soigner », FEW t. 6, 2, p. 290b. Fréq. abs. littér.: 22.