Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
REFAIRE, verbe
I. − Empl. trans. et pronom.
A. − [L'obj. sur lequel porte l'action de refaire préexiste à cette action]
1. Reconstituer ce qui a été défait ou ce qui s'est défait.
a) Empl. trans.
[L'obj. appartient au domaine du concr.] Refaire un pansement; refaire les valises. Quand nous eûmes ouvert ses vêtements et défait, pour le refaire, le bandage qui cachait la blessure (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 158).Le paysan fut admirable d'endurance et de foi. Comme les fourmis qui refont grain à grain leur fourmilière bouleversée, il refit le patrimoine motte à motte (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p. 98).
[L'obj. appartient au domaine de l'abstr.] Refaire l'unité d'un pays. Vous ne voyez rien dans l'avenir qui puisse refaire une position à MmeVigneron ou à ses filles? (Becque,Corbeaux, 1882, iii, 5, p. 179).Rome a juré de refaire son empire sur les ruines de la Révolution française (Clemenceau,Iniquité, 1899, p. 222).
b) Empl. pronom. Les couples, qui se défaisaient et se refaisaient, relayant tantôt le mâle et tantôt la femelle, me constituaient toujours une famille (Arnoux,Zulma, 1960, p. 16).
2.
a) Empl. trans.
Remettre à neuf, réparer. Refaire une maison, un mur, une pièce, les papiers peints, les peintures. Deux fois, Nana avait rêvé de la refaire [la même chambre], la première tout en velours noir, la seconde en satin blanc (Zola,Nana, 1880, p. 1268).L'an prochain, il fera refaire la façade, repeindre l'enseigne (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 53).
Remettre en ordre. Elle s'attarda, refit lentement sa coiffure et, toute droite, sortit (Saint-Exup.,Courr. Sud, 1928, p. 29).Paul circulait tout nu, refaisait son lit, aplatissait le linge (Cocteau,Enfants, 1929, p. 83).
En partic., fam., empl. pronom. réfl. indir. Se refaire une beauté*, la façade* (pop.). Michon, allume-moi une bougie pour chauffer mon rouge. Il faut que je me refasse les lèvres (A. France,Barbe-Bleue, Hist. duchesse de Cicogne, 1909, p. 23).
P. anal. Remettre en bonne condition physique. Rien n'est capable de refaire un malade comme le bon air. Envoyer des chevaux à l'herbe pour les refaire (Ac.). Il était occupé chez le marquis à refaire sa santé, et il la refaisait bien (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 145).Je plongeai mon visage dans l'eau pour le refaire, le rafraîchir (Sagan,Bonjour tristesse, 1954, p. 39).
SPORTS. Refaire le terrain, un handicap. ,,Regagner du terrain, combler un handicap ou un retard sur les concurrents`` (Petiot 1982). La Course des Champions [de cross-country] fut rendue passionnante (...). Baudouin fut lâché deux fois; mais, courageusement, il refit le terrain perdu (L'Œuvre, 27 janv. 1941).
Fam. Refaire une virginité*.
b) Empl. pronom.
Se refaire (une santé). Reconstituer ses forces. Il va à la campagne pour se refaire (Ac.).Sa nourrice, disait-elle, se refaisait le sang à coups de tafia (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Mouche, 1890, p. 1340).
Se refaire de qqc.Se remettre de. Deux joueurs (...) qui mettent à profit le gain du jour pour se refaire de la diète que leur a sans doute imposée la perte de la veille (Jouy,Hermite, t. 3, 1813, p. 95).Je suis à l'hôtel, où je dîne splendidement à crédit et me refais de mes voyages (Nerval,Corresp., 1834, p. 41).
Se refaire.Rétablir sa fortune (notamment après une perte au jeu). Les secours en argent iront surtout à quelques millionnaires dont l'opulence a été plus ou moins entamée (...) et qui ont besoin de se refaire (Bloy,Journal, 1902, p. 97).
3. Transformer, recréer sur des bases nouvelles.
a) Empl. trans.
Qqn refait qqc.Refaire un devoir bâclé. Tout est aujourd'hui à refaire en politique et en morale (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p. 466).En tout art, drame ou roman, l'artiste doit tout refaire (Alain,Beaux-arts, 1920, p. 259).
Empl. pronom. réfl. indir. [David] eut le courage de réformer toutes ses habitudes (...): il eut le courage de se refaire un talent (Delacroix,Journal, 1860, p. 271).
Au fig. Dans son désespoir, elle refaisait sa propre existence, imaginait Jouques toujours resté au magasin familial (Estaunié,Empreinte, 1896, p. 303).
Loc. verb.
Refaire sa vie. Prendre une nouvelle orientation; partager sa vie avec quelqu'un d'autre. J'ai cru que je pouvais refaire ma vie en m'appuyant sur elle (J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p. 87).
Refaire le monde. Reconstruire, en paroles, la société:
1. [Madame Sophie Gay] avait des aperçus, des idées, et cela sans jamais prétendre, comme tant de femmes, refaire le monde; elle n'aurait voulu refaire que le monde de son beau temps et de sa jeunesse. Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 82.
Qqc. refait qqn.Au fig. Quelques aunes d'indienne refont une autre femme, la voilà redevenue jeune et renouvelée (Michelet,Peuple, 1846, p. 101).
VÉN. Refaire sa tête. [Le suj. désigne un Cervidé] ,,Donner naissance à de nouveaux bois remplaçant ceux qui sont tombés`` (Burn. 1970).
b) Empl. pronom.
Rare, pop. Se transformer physiquement. Vers quinze ans elles [les jeunes filles] se refont (c'est en français vulgaire l'expression des matrones); et celle qui paraissait affreuse naguère reparaît, après ce court travail de transformation, sinon belle, du moins agréable (Sand,Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 55).
Expr. fam. On ne se refait pas. On ne change pas facilement son caractère. Chacun meurt comme il est et (...) l'on ne se « refait » pas (Ricœur,Philos. volonté, 1949, p. 333).
4. Redonner une certaine qualité, un certain caractère à quelque chose ou à quelqu'un.
a) Refaire qqc. de qqc.[Les symbolistes] poursuivront cette révolution, entreprise par le romantisme, qui refit du français un langage apte au lyrisme (Béguin,Âme romant., 1939, p. 388).
b) [Avec un attribut] Ces petits détails intimes et familiers, qui refont vivant l'être disparu (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Veillée, 1882, p. 797).
Empl. pronom. Se refaire beau. Si les voix se refont plus sûres, l'orchestre, les cordes gardent leur inquiétude (Rolland,Beethoven, t. 2, 1937, p. 410).
P. anal. Rousseau et ceux de son école se refaisaient primitifs et « sauvages » (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 130).Il s'est refait enfant pour vivre avec des gamins de dix-sept à vingt ans (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 74).
B. − [L'obj. ne préexiste pas en tant que tel à l'action de refaire]
1.
a) Faire un être, une chose, de même nature, de même type, de même modèle; les reproduire à l'identique.
[L'obj. désigne un être vivant] Zanzibar a besoin d'enfants (...) donnez l'alarme Criez au carrefour et sur le boulevard Qu'il faut refaire des enfants à Zanzibar (Apoll.,Tirésias, 1918, i, 8, p. 896).Si elles [les bêtes] tombent, les autres passent et il peut s'en perdre autant que l'on veut, il en restera toujours une de chaque espèce prête à refaire des petits et à reprendre le même chemin avec le même courage, toute pareille à celles qui sont passées avant (Anouilh,Antig., 1946, p. 185).
[L'obj. désigne un inanimé concr.] − (...) Tu as gardé l'insigne de notre couvent? (...) − Mais non; je l'ai fait refaire, c'est une copie mais très exacte (Larbaud,Journal, 1935, p. 354).Je meurs de faim. Refaites-moi une truite au bleu (Giraudoux,Ondine, 1939, i, 4, p. 33).
En partic., empl. pronom. passif. Être à nouveau à la mode. Le jaune se refait cette année.
[L'obj. désigne une action] Si, en refaisant cette opération [l'application du vernis], il arrivait qu'on distinguât des raies sur l'ouvrage, il faudrait de suite remettre un peu d'huile (Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 181).Davis refit les additions et les soustractions; elles étaient justes (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 68).[L'obj. désigne une action en la qualifiant] Refais toujours la même lâcheté! (Hugo,Fin Satan, 1885, p. 912).[L'obj. désigne un geste, un mouvement, un déplacement] Ce voyage d'Italie que je refais en imagination (J.-J. Ampère, Corresp., 1826, p. 390).Refaites votre entrée, Suzanne, et marquez l'espèce de frisson que vous donne la présence de Mirabeau (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 9).
[P. méton.] [L'obj. désigne une distance] Peut-être qu'ils auront changé les numéros, dit le chauffeur. On va refaire l'avenue dans l'autre sens (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 421).[L'obj. désigne un espace de temps] Prinet perdant la tête à son baccalauréat, se faisant recaler, devant refaire un an d'études (Montherl.,Songe, 1922, p. 83).
JEUX DE CARTES, empl. abs. Redonner les cartes. Vous avez mal donné, il faut refaire (Ac.1878-1935).
b) Redire, répéter. Il refaisait pour son usage le mot de Titus, et disait: « J'ai perdu ma journée. » (Murger,Scènes vie boh., 1851, p. 33).Je refis tant bien que mal à Clémentine le récit de Mocquard (Benoit,Atlant., 1919, p. 214).[En incise] − (...) Où ça? − Ah!... refit Burette, là... (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 67).
2. [Refaire + obj. est l'équivalent d'un verbe d'action itératif]
a) Empl. trans. Faire à nouveau, accomplir à nouveau. Refaire du ski, de la gymnastique, des études; refaire du bruit, du mal. Je vais mieux (...). Et je refais moi-même mon ménage, c'est te dire s'il est bien fait (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 18).Il essayait de refaire un peu de latin. Depuis le lycée, ses connaissances s'étaient estompées (Camus,Peste, 1947, p. 1240).
b) Empl. pronom. Se refaire la main. Réapprendre (une technique):
2. Armand conduisit Bastien au second étage de l'hôtel, où il avait disposé une vaste pièce en salle d'armes, car il aimait passionnément l'escrime jadis, et il y prit des fleurets et des masques, disant au vieux soldat: − Refais-toi un peu la main, c'est toujours une bonne précaution à prendre. Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 365.
C. − Pop., fam., empl. trans. Refaire qqn (de qqc.).Duper quelqu'un en lui soutirant ce qu'il a ou en ne lui accordant pas ce à quoi il s'attendait légitimement. Bloy ne demande rien, quoiqu'il ait été refait de huit cents francs (Bloy,Journal, 1893, p. 92).Robert en a donc été pour ses frais. C'est ce qu'il appelle: « être refait » (Gide,École femmes, 1929, p. 1275).Je ne marche pas! Vous tentez de nous refaire sur la commission! (Malraux,Espoir, 1937, p. 681).
Être refait au même. Je lui ai catégoriquement démontré qu'il était dindonné, ce que nous appelons refait au même (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 287).
[P. méton. de l'obj.] Voler, dérober. Le Fridolin se plaint qu'on lui ait fait les poches et qu'on lui ait refait jusqu'à son tabac (Cendrars,Main coupée, 1946, p. 197).Je croyais que tu ne mettais plus les pieds dans ce bouge depuis qu'ils t'ont refait ton portefeuille, dit Henri (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 249).
II. − [Auxil. à valeur factitive, suivi d'un inf.] Être à nouveau cause de quelque chose. Tu vas refaire aux cieux flamboyer l'anathème (Dierx,Lèvres closes, 1867, p. 149).
III. − [Substitut d'un autre verbe ou d'une loc. verb.] Tu demandes si je suis bien aise d'être mariée? Oh! oui, j'en suis bien aise! et ce serait à refaire que, certainement, je le referais! (Dumas père, Demois. de St-Cyr, 1843, ii, 6, p. 132).
Si c'était à refaire. Ce mariage entrait dans un certain ordre des choses qu'il ne m'appartenait pas de renverser. Aujourd'hui encore, ce sentiment, si féminin, est en moi: si c'était à refaire, je le referais (Daniel-Rops,Mort, 1934, p. 231).
REM. 1.
Refaiseur, -euse, subst.,rare. Celui, celle qui refait. Au fig. Je trouve risible ces efforts pour tâcher de redonner du mystère à des choses qui n'en ont plus. Nous sommes comme des refaiseurs de virginités mortes (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 121).Cette Séverine me semble, dans ce moment, une refaiseuse de pucelage pour femmes et pour hommes (Goncourt,Journal, 1893, p. 454).
2.
Réfecteur, subst. masc.,rare. Ce qui refait les forces. Du jus de viande, ou tout autre réfecteur, réparateur (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p. 280).
3.
Réfectible, adj.,rare. Qui peut être refait. Le jeune ministre Hanotaux avait-il réfléchi à cela? Ce qu'il détruisait sans pitié n'était pas réfectible (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p. 36).
Prononc. et Orth.: [ʀ əfε:ʀ], (il) refait [-fε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1120 être refait d'une pers. « être reposé, remis, avoir retrouvé sa vigueur » (Benedeit, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 705); b) ca 1170 se refaire (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1470); 2. 1130-40 « faire faire à nouveau (quelque chose à quelqu'un) » (Wace, Ste Marguerite, éd. A. Francis, 538); 3. 1155 « remettre en état » (Id., Brut, éd. I. Arnold, 13547); 4. 1160-74 « faire à son tour » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, 3328); 5. 1377 part. passé subst. vén. refait (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 11307); 6. 1700 « duper » (d'apr. Esn.); ca 1800 « voler » (ibid.); 1820-40 (ms. Jacquinot, cité ds Larch. Nouv. Suppl. 1889: il est refait comme un Claude « il s'est laissé tromper comme un niais »); 7. av. 1720 se refaire terme de jeu (MmeDu Noyer citée ds Trév. 1752). Dér. de faire*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 1 751. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 399, b) 2 984; xxes.: a) 3 074, b) 2 803. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 246. − Quem. DDL t. 25.