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RANCE1, adj.
A. − [En parlant d'un corps gras] Qui a contracté une odeur désagréable et une saveur âcre, en raison du développement d'acides gras sous l'effet de l'oxygène de l'air. Une des lampes s'était éteinte, répandant une odeur d'huile rance (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 57).Elle alla chercher une vieille tasse au fond de laquelle gisait une couche de beurre rance et salé (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Lapin, 1887, p. 247).Le lard américain était rance. Le lait et les biscuits manquaient. On remplaçait le café par de l'orge torréfiée, on ne parlait plus de beurre (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 322).
Rare. [En parlant d'un autre type de corps] Qui s'est altéré en devenant trop vieux. Cette marmelade d'abricots est rance. Ces prunes confites sont rances (Ac. 1835, 1878). Des confitures rances (Littré).
[P. méton.]
1. [En parlant d'un goût, d'une odeur] On doit rejeter les fèves de cacao qui sont moisies, blanches intérieurement, d'un goût rance et fade (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p. 132).La tenture, la muraille même sont imprégnées de cette odeur rance et miellée, indéfinissable, écœurante, des épiceries de campagne (Bernanos, Crime,1935, p. 795).
Empl. subst. masc. Odeur, saveur caractéristique d'un corps rance. Le goût de rance se manifeste [dans la bière fabriquée] avec les malts conservés chauds et assez humides (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 551):
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice. Balzac, Goriot,1835, p. 11.
2. ŒNOL. ,,Qualité douce et moelleuse que l'eau-de-vie acquiert en vieillissant, à mesure qu'elle diminue en force et en quantité`` (Littré). Synon. rancio.Cette senteur un peu lourde et pourtant subtile de pomme bien mûre, que nous appelons le rance? Voilà ce que dégage une fine champagne, au moins centenaire (Chardonne, Dest. sent.,I, 1934, p. 25).
3. PEINT. [En parlant d'un ton] Qui est d'une couleur jaunâtre évoquant certains corps rances. La peau [du christ de Burgos], d'un ton rance et bistré, est rayée de longs filets de sang si bien imités que l'on croirait qu'ils ruissellent effectivement (Gautier, Tra los montes,1843, p. 50).
Empl. subst. masc. MmeSartoin fait ce qu'on appelle en argot d'atelier « le rance » avec des habiletés de clair-obscur peu communes (Péladan, Décad. esthét.,Salon de 1883, 1888, p. 106).
B. − Au fig. Qui a perdu son caractère de nouveauté, de fraîcheur; qui est démodé, usé, passé. Quant à Roujon, il prenait la défense des impressionnistes et de Rodin, avec des façons de bel esprit rance (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 64).Même au magasin de grand'mère, rue Montorgueil, les rossignols les plus rances, c'étaient de la rose à côté (Céline, Mort à crédit,1936, p. 194).V. lacrymatoire II B ex. de Rolland.
Empl. subst. masc., loc. Sentir le rance. Les vieux mots sentent le rance; les nouveaux dénaturent tout (Delécluze, Journal,1827, p. 443).La trame de leur intrigue n'en sera pas changée, mais elle en sera plus vraie, plus forte et aussi plus fragile. C'est le grand avantage du théâtre sur la vie, il ne sent pas le rance (Giraudoux, Ondine,1939, ii, 1, p. 93).
REM. 1.
Rancescible, adj.Qui peut devenir rance. Les autres [huiles sont] siccatives, et les troisièmes rancescibles (Fourcroy, Système de connaissances chimiques,Paris, 1801, t. VII, p. 328 ds Littré).
2.
Rancissable, adj.Même sens. Ce beurre artificiel, moins rancissable que le beurre naturel, n'est pas malsain (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 245).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃:s]. Homon. ranz et homogr. rance2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Subst. 1377 « goût et odeur de ce qui est rance » (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Blomqvist, 10366); 2. a) adj. 1remoit. xives. « en parlant d'une vieille truie qui a pris une odeur forte et un goût âcre » (Jeux-partis, éd. A. Långfors, CLXXV, 19, p. 279 ds T.-L.); b) fig. 1559 « passé, vieilli » (Amyot, Vies, Galba, 3 ds Littré); 1600 « bien fermenté (en parlant du fumier) » (O. de Serres, Théatre d'agric., p. 101). Empr. au lat.rancidus « qui sent, putréfié, infect, désagréable ». Le mot est att. en a. prov. sous la forme ransa (adj. fém.) au sens de « flétri, fané (en parlant de la peau, de la chair humaine) » du xiies. au xiiies. (Levy Prov.).