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RÉDUIRE, verbe
I. − Empl. trans. Qqn1/qqc.1réduit qqc.2/qqn2
A. − Qqn1réduit qqc.2... à (l'état de), en qqc.3... à, au moyen de, par qqc.4... de telle quantité, de qqc.5
1. CHIR. Ramener un organe à sa position anatomique normale. Réduire un os fracturé ou luxé, un organe déplacé et, p. méton. de l'obj., réduire une fracture, une luxation; dysarthrie difficile à réduire. Le but du bandage est de retenir dans l'abdomen la hernie une fois qu'on l'a réduite. L'orifice herniaire doit être ainsi comprimé et obturé (Quillet Méd.1965, p. 162).
Empl. abs. Il est souvent indispensable de réduire avec flexion articulaire (coude, genou) (Judet,Fractures membres, 1948, p. 1).
Empl. pronom. à sens passif. [Corresp. à infra III B] D'urgence, la réduction est bien plus aisée. Dans les deux heures qui suivent l'accident, on est frappé de voir avec quelle facilité les fractures les plus complexes se réduisent (Judet,Fractures membres, 1948, p. 1).
2. Ramener un objet matériel à un état plus simple, plus élémentaire ou plus fondamental (par un traitement: broyage, trituration, pulvérisation...).
a) Réduire en.Mettre en. Réduire en bouillie, en cendres, en chair à pâté/à saucisse, en miettes, en mille morceaux, en poudre, en poussière. Additions, qu'il faut avoir soin de réduire en fragments assez menus pour en augmenter la fusibilité (Barnerias,Aciéries, 1934, p.128).
[Dans des loc. fig.] . La licence de la presse va bientôt réduire la société en poussière (Fongeray,Soir. Neuilly, t. 1, 1827, p. 178).Un garçon résolu, capable de réduire en chair à saucisse les Jésuites et la cléricaille (Arnoux,Roi, 1956, p. 303).
b) ART CULIN. Faire évaporer. Réduire un sirop, une sauce.
Empl. abs. Mettre ce velouté passé dans un sautoir (...). Réduire sur feu vif, en remuant avec la spatule (Gdes heures cuis. fr., P. Montagné, 1948, p. 190).
P. métaph. [Le suj. désigne l'instrument du procès] Un jour, comme à mon habitude je faisais la méridienne à l'ombre, en m'éventant d'une palme, pendant que la chaleur réduisait doucement mon gras, un jeune homme m'appela (Arnoux,Juif Errant, 1931, p. 190).
c) CHIM., MÉTALL. Faire subir une réduction; éliminer dans un composé l'oxygène ou un autre atome (ou groupement d'atomes) électronégatif(s) ou encore capter de l'hydrogène ou un autre atome (ou groupement d'atomes) électropositif(s). Réduire un oxyde métallique pour obtenir le métal à l'état pur; réduire un minerai; réduire l'acier (le ramener à l'état de fer, le décarburer). On commence à utiliser le fer spongieux obtenu en réduisant le minerai par l'oxyde de carbone [dans le traitement des minerais de cuivre] (Guillet,Métall. gén., 1923, p. 393):
1. On réduit alors cet acide chromique en oxyde basique de chrome (...) par l'action d'un corps réducteur, c'est-à-dire avide d'oxygène, tel que le glucose... Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux, 1947, p. 84.
[Le suj. désigne l'instrument du procès] Le sucre (...) réduit l'azote du moût, ce qui facilite la stabilité de la bière (Boullanger,Malt., brass., 1934, p. 79).
3. Ramener un objet de pensée (problème, proposition, données) à un modèle simplifié ou antérieur. Une analyse qui ne diffère pas essentiellement de celle à laquelle conduit l'hypothèse de Poisson et de Mossotti montre que la polarisation du diélectrique est proportionnelle à l'intensité du champ extérieur (...). Voyons (...) comment M. Lorentz a réduit ces hypothèses en équations (H. Poincaré,Électr. et opt., 1901, p. 424).
a) LOG. Réduire à l'absurde. Rejeter une proposition en faisant voir qu'elle impliquerait une conséquence notoirement fausse. Les hystériques angoissés réussissent même à l'occasion à la réduire à l'absurde [la règle de la technique psychanalytique] en n'avouant qu'idées, sentiments et souvenirs tellement éloignés de ce qu'on cherche que l'analyse porte pour ainsi dire à faux (Freud,Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 312).
b) MATHÉMATIQUES
α) ALG. Réduire les termes semblables (dans une somme algébrique); réduire une équation (en l'abaissant d'un degré). Il faudrait (...) pour l'emploi de cette méthode [par tâtonnements], qu'on pût par une préparation préliminaire, réduire toutes les équations à cette forme (Lagrange,Résol. équations num., 1808, p. xxiv).
Empl. pronom. à sens passif. [Corresp. à infra II B] A. Thue a montré que, si le polynôme est homogène, avec en plus un terme constant rationnel, l'équation admet un nombre fini de solutions sauf dans le cas où ce polynôme est une puissance d'un trinôme du second degré qui peut se réduire à un binôme du premier degré (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 15).
Réduire une matrice. Réduire M revient à déterminer une base de K dans laquelle la matrice associée à f est triangulaire supérieure réduite (Chamb.1981).
β) ARITHM. Réduire une fraction à sa plus simple expression*; réduire des fractions au même dénominateur*.
γ) GÉOM. [À propos d'une figure géom., en la décomposant en parties] Réduire un polygone en triangles (Lar. encyclop.).
c) MÉTROL. Réduire en.Convertir en (évaluer les espèces de monnaies, les différentes mesures les unes par rapport aux autres). Réduire les francs en centimes, des francs en lires. Réduire des mètres cubes en litres (Lar. encyclop.).
d) MUS. Réduire un morceau (à plusieurs voix pour une seule); réduire une partition d'orchestre. L'arranger pour un seul ou pour plusieurs instruments de nature différente et moins nombreux. Réduire une partition (d'orchestre) pour le piano; réduire une partition au piano. Le cadet, à quatorze ans [a su] (...) réduire au piano, sans faute, une mélodie, un morceau symphonique entendu au chef-lieu (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 12).
4. Ramener un objet ou son image, par le biais d'une représentation, à une dimension moindre.
GÉOM. Réduire une figure. ,,La changer en une autre semblable, mais plus petite`` (Littré).
BEAUX-ARTS, ARTS GRAPH. Reproduire dans des proportions plus petites. Réduire un tableau, une statue, un cliché, une photo, un plan, une carte. On part au musée ensemble avec Gorloge dessiner le fameux magot (...). On prend bien notre temps nous autres, on copie, on réduit l'esquisse au centième... On prépare une petite maquette (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 207).
5. P. anal. [Qqc.2désigne un nombre, un volume, une quantité, une valeur...] Diminuer.
a) Domaine concr.Réduire le budget, le coût, un traitement, une surface; réduire ses besoins; réduire une allocation; dépense difficile à réduire; réduire l'alimentation à un minimum. Tous les amateurs d'opium savent qu'avant de parvenir à un certain degré, on peut toujours réduire la dose sans difficulté (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 423).Les stocks de matières premières et de fournitures doivent être réduits au minimum compatible avec les facilités de réapprovisionnement (Brunerie,Industr. alim., 1949, p. 177).
Réduire qqc.2de qqc.5[Qqc.5désigne la quantité amputée] Il lui conseilla de réduire son sabre de moitié pour obtenir vitesse et précision (Jeux et sports, 1967, p. 1442):
2. Le conseil économique suggère de réduire l'académie de Paris aux trois départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne. L'effectif global de la population de l'académie serait réduit de 2 millions environ. Encyclop. éduc., 1960, p. 39.
MÉCAN. Réduire le régime d'un moteur, d'une machine et, p. méton., réduire le moteur. En réduisant simultanément poids et dimensions [du moteur], ils réduisaient du même coup la puissance (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p. 488).
b) Domaine abstr.Rendre moins important; atténuer, restreindre. Réduire un danger, un désaccord; réduire l'ambiguïté (dans l'estimation d'une grandeur); réduire les diverses causes d'erreur, les possibilités d'exploitation (d'un marché), ses prétentions. L'élimination de toute alternance et de toute fluctuation étant impossible, il s'agit de les réduire et d'éliminer celles qui ne sont pas indispensables au progrès économique (Univers écon. et soc., 1960, p. 4-16).
P. ext. Tendre à faire disparaître. Synon. éliminer, liquider, résoudre.Réduire les contradictions. Loin de la combattre, cette dangereuse complexité, Rivière la cultive comme une grâce, un signe d'élection. Il croit ne pouvoir la réduire sans se détruire lui-même (Massis,Jugements, 1924, p. 89).On ne peut (...) réduire le crime, ni les factions, ni l'affreux esprit de jouissance; il faut désespérer de ce peuple et le subjuguer (Camus,Homme rév., 1951, p. 162).
Loc. Réduire à néant (v. néant B 2); réduire à la portion congrue (v. congru B).
Réduire qqc.2à qqc.3V. supra A 3.Quand on réduit le concept d'une glande à celui de sa charpente fibreuse, de ses cellules, de ses vaisseaux et de ses nerfs, on ne peut pas comprendre l'existence de l'organisme vivant (Carrel,L'Homme, 1935, p. 122).N'est-ce pas (...) un procédé castrateur que de vouloir réduire tout ce qui dépasse à une mesure ordinaire? (Choisy,Psychanal., 1950, p. 23).
[P. méton.] L'objectivisme strict du vieux positivisme, qui eût aimé pouvoir réduire le comportement de l'historien à un regard glacé et comme indifférent jeté sur un passé mort (Marrou,Connaiss. hist., 1954, p. 204).
Rem. Lal. 1968 note: Lorsqu'on parle de réduire un fait à certains éléments, il s'y mêle tantôt l'idée d'une restriction et d'un appauvrissement regrettables, qui en laissent perdre les caractères essentiels, tantôt au contraire l'idée d'une simplification utile et légitime, qui dégage ce qu'il y a en lui de plus important.
B. − Qqc.1réduit qqc.2Diminuer. Réduire une portion, une dose, le chômage, l'inflation, la puissance, le taux de; réduire le mystère autour de. Le châtiment (...) réduit l'horreur du crime à l'horreur de la peine; il absout en somme; et il fait du crime une chose négociable, commensurable: on peut marchander (Valéry,Tel quel I, 1941, p. 73).Le processus initial de prolétarisation qui accompagne l'urbanisation a réduit d'abord à l'extrême les possibilités de vacances (Defert,Pol. tour. Fr., 1960, p. 35).
Empl. pronom. à sens passif. [Corresp. à infra III B] La valeur réelle du revenu disponible [du contribuable] se réduit ultérieurement par la hausse des prix (Univers écon. et soc., 1960, p. 48-11).
C. −
1. Qqn1réduit qqn2
a) Réduire par autorité, par force. Synon. soumettre, vaincre.Réduire des assiégés, des mutins; réduire un adversaire, une foule. Malheur au parti qui ne réduit pas les ennemis de l'intérieur (Péguy,Argent, 1913, p. 1240).L'homme qui aime le danger et le jeu voit sans déplaisir la femme se changer en amazone s'il garde l'espoir de la réduire (Beauvoir,Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 293).
[P. méton. du suj. ou de l'obj.] Réduire l'émeute, l'opposition. Mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la réduire (Sand,Indiana, 1832, p. 215).Il n'y a rien de mieux qu'un homme pour tenir une femme droite! J'en ai vu que le mariage a bien réduites (Renard,Nos frères farouches, 1910, p. 93).
ART MILIT. Il faut la préparer [cette attaque décisive] en raison de la puissance des feux de l'adversaire qu'il s'agit de réduire par des feux supérieurs (Foch,Princ. guerre, 1911, p. 322).
[P. méton. de l'obj.] Réduire un îlot d'ennemis, un nid de résistance. Pour réduire les maquis de l'Ain, les Allemands engagent, au début de 1944, d'importantes opérations (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 279).
Réduire qqn par + compl. instrumental.Conçoit-on qu'(...)il [le directeur général des finances] n'ait pas pénétré les desseins meurtriers des ennemis de l'État, leur horrible projet de réduire Paris par la faim, le fer et le feu? (Marat,Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 82).
Réduire qqn en + compl. de durée.Sans l'armistice (...) Arras, Douai et Valenciennes (...) eussent été cernées, bloquées, bombardées et réduites en deux jours au plus (Verlaine,Corresp., t. 1, 1871, p. 289).
P. anal. Réduire un animal (rétif). Le vaincre, le dresser ou le dompter. Il avait demandé à Don Ali de lui prêter quelque « art de toréer »: il pensait y découvrir in extremis des recettes mirobolantes pour réduire les taureaux (Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 511).[Des femmes] savaient le réduire [le cheval], l'assouplir entre leurs puissantes petites mains (Colette,Ces plais., 1932, p. 102).
P. métaph. J'ai dans l'idée que votre petit ruisseau, que vous faites si méchant, ne sera pas bien difficile à réduire (Sand,Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 37).Elle avait passé une heure devant l'étroit miroir, le peigne dans ses cheveux, sans pouvoir les réduire comme elle l'aurait voulu (Zola,Bonh. dames, 1883, p. 503).
b) Réduire par le raisonnement, la persuasion. [MmeDu Deffand] avait de bonne heure conçu des doutes sur les matières de foi (...). Ses parents ne lui envoyèrent pas moins que Massillon en personne pour la réduire (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 1, 1850, p. 414).Le fameux Mollassier, si pompeux, si pesant, si inculte, avait entrepris de me réduire. Il voulait (...) que mon argumentation respectât la sienne, qui ne respectait ni l'Église, (...) ni le bon sens, ni la grammaire (Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p. 125).
2. Qqn1réduit qqn2à/en/sous
a) [à faire qqc.] Contraindre. Synon. acculer, obliger.Réduire qqn à demander pardon. L'improbité fangeuse des concurrents (...) l'avait réduit à quitter la redingote du patron pour la vareuse du prolétaire (Bloy,Femme pauvre, 1897, p. 11):
3. Il n'est rien au monde qui oppose à la musique une résistance aussi puissante que l'étui des fracs, la carapace des plastrons empesés. Si ce n'est la nudité savante des femmes, un soir de gala. Mais les nappes de violons, les cordes à l'unisson, les cuivres, avec une douceur terrible, en quelques secondes ont déjà réduit ces hommes et ces femmes à n'être plus qu'eux-mêmes. Mauriac,Journal 2, 1937, p. 120.
Loc. En être réduit à. N'avoir plus d'autre ressource que de. En être réduit à extrapoler, à mendier. Le radicalisme a fatigué, excédé le pays au point de lui faire prendre en défiance, sinon en dégoût, le régime (...). En serions-nous réduits à défendre le régime parlementaire lui-même? (Challemel-Lacour, 1888ds Fondateurs 3eRépubl., p. 156).Aucun constructeur ne voulut entendre parler de ces nouveaux bandages à air! Aussi les Michelin en furent-ils réduits à préparer et à conduire eux-mêmes leur propre voiture. Sur une machine de 1 100 kilos à moteur Daimler ils montèrent donc des pneumatiques (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p. 496).
b) [+ art. + subst.]
α) Réduire à.Réduire au chômage, au silence, à la faillite, à la misère, à la mendicité. Celui-là ne sait pas à quel point il s'égare qui, par des dépenses excessives, réduit ses enfants à la gêne (Camus,Dév. croix, 1953, 1rejournée, p. 530).Moi, pauvre ingénieur réduit à la bureaucratie, j'échafaude la nuit des hypothèses sublimes (Arnoux,Double chance, 1958, p. 27).
Locutions
Réduire à la dernière/la plus triste extrémité. [Marlborough et Annibal] le réduisirent [l'ennemi de leur patrie] à la dernière extrémité, et (...) rappelés dans leur pays, ils n'y trouvèrent que l'ingratitude (Chateaubr.,Essai Révol., t. 1, 1797, p. 227).
RELIG. Réduire à l'état laïc. Renvoyer à la vie séculière (d'apr. Lar. Lang. fr.).
Réduire à merci. Acculer. C'est dans cette situation où il l'a voulu mettre [l'homme], lassé, harassé, réduit à merci, que Pascal commence à lui montrer du doigt ce qui pourrait bien être l'unique salut, la religion (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 3, 1848, p. 370).Réduire à quia. Il suffisait d'un argument un peu passif pour le réduire à quia (Arnoux,Roi, 1956, p. 168).
Réduire à sa merci. Asservir. La sadique, au lieu de s'adapter au réel, s'acharne à venir à bout des suprêmes résistances, à réduire l'objet de son désir entièrement à sa merci (Mounier,Traité caract., 1946, p. 558).
β) Réduire en.Réduire en esclavage, en servitude. Après Cuba, réduite en république vassale (...) on ne peut nier que l'Union américaine ne soit une nation conquérante (A. France,Pierre bl., 1905, p. 235):
4. ... le confrère ne se gêna pas pour rire dédaigneusement lorsqu'il découvrit cette jambe gangrenée jusqu'au genou. Puis, ayant déclaré net qu'il la fallait amputer, il s'en alla chez le pharmacien déblatérer contre les ânes qui avaient pu réduire un malheureux homme en un tel état. Flaub.,MmeBovary, t. 2, 1857, p. 19.
γ) Réduire sous le joug. Pour le réduire [le peuple] plus sûrement sous le joug, ils [de vils intrigants] travaillent à le faire périr de faim (Marat,Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 124).
3. Qqc.1réduit qqn2à/dans
a) [+ inf.] C'est ainsi que la puissance industrielle des nations a seule permis aux armées d'attaquer, ou que son impuissance les a réduites à se défendre, au même titre que le nombre de leurs soldats (Foch,Princ. guerre, 1911, p. viii).
b) [+ subst.] Un accident, une maladie réduit quelqu'un à une complète inaction. M. Jules Lemaître est un esprit très avisé (...) dont l'heureuse perversité consiste à douter sans cesse. C'est l'état où l'a réduit la réflexion (A. France,Vie littér., 1890, p. 173).Le salut ne dépend pas seulement du mérite de l'homme. Dans l'état d'impuissance où le péché a réduit la créature, le mérite peut être une condition nécessaire: il n'est pas une condition suffisante (Lévy-Bruhl,Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 52).
II. − Empl. intrans. [Corresp. à supra I A 2 b] Sauce qui n'a pas assez réduit. Mettez à réduire deux décilitres de bon velouté avec un décilitre de crème double (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 183).
Constr. factitive. Faire mijoter et réduire à petit feu. Glace de viande. Jus qui s'obtient avec des fonds très corsés en viande, mais sans sel, et que l'on fait réduire jusqu'à ce qu'il prenne l'aspect d'un sirop (Lar. mén.1926, p. 632).
III. − Empl. pronom.
A. − Qqc.2se réduit à, en qqc.3
1. Qqc.2se réduit à qqc.3L'histoire de ces cent ans importe plus que celle des dix siècles antérieurs. Comme explication du présent, l'histoire se réduirait presque à l'étude de la période contemporaine (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p. 278):
5. Il est même curieux de noter que, dans la conduite de ces machines, l'homme n'intervient guère que pour transporter les paquets de cartes d'une machine à l'autre, son effort d'attention se réduisant à éviter de déclasser les cartes de chaque paquet. Couffignal,Mach. penser, 1964, p. 24.
2. Qqc.2se réduit en qqc.3Le réel, à l'état pur, arrête instantanément le cœur (...). Le passé, en un peu de cendres; l'avenir, en petit glaçon, se réduisent (Valéry,Eupalinos, 1923, p. 36).
ART CULIN. [Corresp. à supra I A 2 b, II] Vous remuez très longtemps la casserole sur le feu, ce qui fait que la merluche se réduit en une espèce de crème (Gdes heures cuis. fr., Grimod de La Reynière, 1838, p. 159).
3. Empl. abs. Diminuer (d'intensité, de volume, de dimension). Son activité s'est considérablement réduite. [Les pâtes céramiques] se réduisent ou diminuent de volume en se raffermissant (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 153).En vertu de ces lois du style historique, il est convenu que les plans se réduisent, les horizons s'abrègent, les arbres se résument (Fromentin,Maîtres autrefois, 1876, p. 164).
B. − Qqn1se réduit à
1. [+ inf. ou subst.] Il a combien de chevaux? Deux? − Quatre. Il cherche à les vendre. Ouéhihé: Il fera bien de se réduire à un (Stendhal,Journal, t. 3, 1810, p. 67).Chez un homme habitué à dépenser six mille francs quand il en avait cinq, ce n'était pas une petite entreprise que de se réduire à vivre de deux mille francs (Balzac,Mmede La Chanterie, 1844, p. 233).Empl. abs. Le bourgeois qui s'était tant privé dans sa jeunesse se réduisait encore, ne conservant guère que des manies (Chardonne,Dest. sent., iii, 1936, p. 267).
2. Empl. abs. [À propos de l'aspect, de l'apparence physique] Diminuer, rapetisser. À trente-six ans, elle restait sans âge (...). Elle (...) ne faisait que se cuire, que se réduire davantage, à la flamme de ses perversions (Zola,Fécondité, 1899, p. 413).
3. Qqn se réduit à + inf.Se résoudre à. La comtesse se réduisit bientôt à obtenir de lui que du moins il fît part de son projet à sa mère (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 29).
C.− Empl. pronom. à sens passif. V. supra I A 1, 3 b et B 1.
Prononc. et Orth.: [ʀedɥi:ʀ], (il) réduit [-dɥi]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. Ca 1170 soi reduire « se retirer dans un lieu, se dissimuler » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4947) − xvies., Brantôme, Grands capitaines estrangers, Charles Quint ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, I, p. 55; d'où déb. xviies. réduit part. passé adj. « se dit d'une personne qui s'est rangée, qui vit dans la retraite, le recueillement » (Malherbe, Les Epitres de Sénèque, XIV ds Œuvres, éd. L. Lalanne, II, p. 315). I. 1. a) 1370 trans. reduire qqc. à « la faire consister dans » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre VIII, ch. I, p. 412, note 2); 1533 choses [...] reduictes à neant (Rabelais, Pantagrueline pronostication, éd. M. A. Screech, I, p. 7, lignes 8-9); 1690 pronom. (Fur.); b) ca 1375 trans. réduire qqc. à « la conformer, l'adapter à » (Oresme, Ciel, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, fol. 175a, p. 638); c) 1520 id. « ramener un objet de pensée, un énoncé à une forme équivalente plus simple, à ses éléments fondamentaux » les reduisant à ung denominateur commun (De La Roche, Arismétique, f o12 ds Littré); 1559 id. « convertir une unité en d'autres unités » somme reduicte à la monnoye grecque (Amyot, Fab., 10, ibid.); d) 1548 id. « résumer, ramener à l'essentiel » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, Ancien prologue, 5, p. 286); e) 1remoit. xvies. [éd.] id. « faire passer un corps d'un état à un autre plus simple par transformation » (Taillevant, Viandier, additions de Pierre Gaudoul, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p. 108: mesle tout ensemble avec quelque cuillier et reduis tout en un corps et le fais cuyre); en partic. 1538 reduire en pouldre (Est.); f) 1680 id. chim. « soumettre un corps à l'action d'un réducteur » (Rich.); g) 1735 pronom. « perdre de son volume, devenir plus concentré » (Buff., Expér. sur les végét., 2emém. ds Littré); en partic. 1831 intrans. art culin. (Viard, Cuisin. roy., p. 6: Il ne faut pas [...] les [les potages] faire trop réduire); h) 1863 réduire une symphonie au piano (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 6, p. 318); 2. 1520 trans. chir. « remettre en place » (Jean Falcon, Le Guidon en fr. ds Sigurs, p. 306); 3. a) 1538 trans. « ramener à un nombre, à une valeur, à une importance moindre » (Est.: reduire par sentence l'interest d'une partie à une somme de deniers); 1874 à prix réduits (Mallarmé, Dern. mode, p. 741); b) 1690 id. « reproduire quelque chose en diminuant toutes ses dimensions dans les mêmes proportions » (Fur.). II. 1. a) Ca 1470 trans. « amener quelqu'un, une collectivité à se soumettre, en venir à bout » peuple [...] de sauvage condition et féroce à réduire (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, I, 7); b) ca 1470 id. réduire qqn à « l'amener, contre sa volonté à un état de dépendance, à une situation fâcheuse » nation [...] réduite à confuse et piteuse fin (Id., ibid., I, 5); en partic. α) ca 1500 reduyre... en (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, I, 104: reduyre a peuple en bonne paix); β) ca 1500 reduyre qqn à + inf. (Id., ibid., I, 43); γ) 1673 en etre réduit à (Racine, Mithridate, III, 1, p. 1096); δ) 1695 réduire qqn au silence (Id., Abrégé de l'hist. de Port Royal ds Œuvres compl., éd. P. Mesnard, IV, 484); c) ca 1500 id. « ramener quelqu'un au devoir, à l'obéissance par la force ou l'autorité » (Philippe de Commynes, op. cit., I, 102); 2. 1559 id. « amener quelqu'un, le conduire à un certain état » (Amyot, Thém., 7 ds Littré); 3. a) mil. xviies. pronom. se réduire à qqc. « s'y restreindre volontairement » (Port-Roial, Education du Prince ds Rich. 1680); b) 1670 id. absol. « se résumer » (Retz, Reflexions du Cardinal de Rais sur les négations non convertibles ds Œuvres, éd. R. Chantelauze, t. 9, p. 343); c) 1672 se réduire à + inf. « se limiter, se borner à faire telle chose » (Corneille, Pulchérie, IV, 3, vers 1303). Francisation d'apr. conduire*, du lat. class. reducere « ramener, reconduire, réduire à » comp. de re-, v. préf. re- et de ducere « tirer, conduire ». Fréq. abs. littér.: 3 107. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 773, b) 2 944; xxes.: a) 3 236, b) 5 615. Bbg. Quem. DDL t. 25. − Sculpt. 1978, p. 550.