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RÉALISTE, adj. et subst.
A. − PHILOS. Qui relève du réalisme (v. ce mot A).
1. [Corresp. à réalisme A 1] Anton. conceptualiste, nominaliste.V. nominaliste A ex. de Hamelin.
Subst. Philosophe adepte du réalisme. Les réalistes, au contraire [des nominalistes], admettent les idées indépendamment des signes, antérieures et innées (Maine de Biran, Journal,1819, p. 237).
2. [Corresp. à réalisme A 2] Anton. idéaliste.V. idéaliste I A ex. de J. Vuillemin.
3. [Corresp. à réalisme A 3] Qui affirme l'existence d'une réalité objective, qui refuse de s'en tenir à une conception uniquement phénoménale ou formaliste de la science. Anton. idéaliste, formaliste.Un trait commun [aux chercheurs français dans les débats provoqués par la mécanique quantique] est l'exigence réaliste partout manifeste. On souligne, certes, le nécessaire abandon du réalisme naïf, des intuitions familières, mais toujours pour atteindre une autre réalité, plus fondamentale (B. Bensaude-Vincentds Le Monde quantique,éd. du Seuil/Sciences et avenir, 1984, p. 79).
Subst. Scientifique qui adopte cette attitude épistémologique. LING. [P. oppos. à formaliste] :
1. Troubetskoy était un observateur trop pénétrant pour laisser très longtemps l'apriorisme binariste obscurcir sa vision des faits. Je pense que les réalistes, ceux qui s'attachent constamment à bien distinguer entre les faits eux-mêmes et les outils qui permettent d'en donner les présentations les plus adéquates, sont justifiées de se réclamer (...) [de ce] grand savant... Martinet, La Ling. synchr.,P.U.F., p. 83.
B. −
1. Vieilli. Qui se réclame de valeurs laïques. Synon. matérialiste; anton. idéaliste, spiritualiste.Une société réaliste. Subst. Je crois que les réalistes se trompent: mais surtout, je suis sûr que la tendance politique de leur philosophie, dangereuse dans tous les temps, est très pernicieuse dans le temps où nous vivons (Tocqueville, Corresp.[avec H. Reeve], 1840, p. 52).
2. Qui sait profiter des circonstances, sans s'embarrasser de principes. Synon. pragmatique.Personne, politique réaliste. New-York est réaliste, en ce sens que la politique et la guerre y ont toujours passé après les affaires (Morand, New-York,1930, p. 269).
Subst. Les réalistes partent des faits, accommodent aux faits leurs idées. Bernard est un réaliste. Je crains de ne pouvoir m'entendre avec lui (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1096).V. manœuvrier B 1 ex. de J.-R. Bloch.
C. − HIST. DES IDÉES ESTHÉT. [Corresp. à réalisme C]
1. Qui relève de la conception esthétique du réalisme. Cinéma, peinture, roman réaliste. Cette morale [chrétienne] stigmatise la littérature réaliste, non pas parce qu'elle peint les passions (...), mais quand elle les peint sans frein, sans mesure (Réquisitoire du procès intenté à G. Flaubert ds Flaub., MmeBovary,Garnier, 1962 [1857], p. 346).
Réaliste socialiste. On fait la théorie du réalisme socialiste en peinture − et naturellement elle est aussi défendable qu'autre chose; mais quels tableaux fait-on? On ne fait pas du tout des tableaux réalistes socialistes, on fait des icônes de Staline dans le style de Déroulède (Malraux, Conquér.,1949, postf., p. 173).
[En parlant d'une pers., d'une époque, d'une instit.] Qui se réclame de l'esthétique du réalisme:
2. Le mouvement de l'époque est certainement réaliste, ou plutôt positiviste. Je suis donc forcé d'admirer des hommes qui paraissent avoir quelque parenté entre eux, la parenté de l'heure à laquelle ils vivent. Zola, Les Réalistes du Salonds Mon Salon, Manet, GarnierFlammarion, 1970 [1866], p. 73.
Subst. Artiste considéré comme appartenant à l'école du réalisme. Eh! réaliste maudit, voudrais-tu, par hasard, me produire une illusion, telle que je me figure que j'assiste en réalité au spectacle que tu prétends m'offrir? C'est la cruelle réalité des objets que je fuis, quand je me réfugie dans la sphère des créations de l'art (Delacroix, Œuvres littér.,Paris, Crès, t. 1, 1923 [1863], p. 59).Le titre de réaliste m'a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques (G. Courbet, Catalogue de ses œuvres à l'Exposition universelle,1855ds Lar. 19e, p. 345b).
2. [En parlant du contenu ou de l'exécution de l'œuvre] Qui exprime fidèlement le réel, sans l'idéaliser. Décors réalistes. Les scènes bouffes, sentimentales ou réalistes du théâtre nègre sont d'une drôlerie et d'une vérité qui touche au sublime (Morand, New-York,1930, p. 178).Un seul détail obligatoire: les décors, très réalistes, seront construits assez solidement pour que les portes puissent claquer (Cocteau, Parents,1938, note, p. 183).
MUSIC-HALL. Chanson réaliste. Type de chanson populaire appartenant au répertoire du café-concert, en vogue surtout à la fin du xixes. et au début du xxes. Ce sont (...) les gens qui disent: comme c'est humain chaque fois qu'on leur montre un acte plus ou moins répugnant, les gens qui se repaissent des chansons réalistes, ce sont ces gens-là qui reprochent à l'existentialisme d'être trop sombre (Sartre, Existent.,1946, p. 15).
3. Cru, libre, vulgaire. Une scène très réaliste. [Il a,] chemin faisant, quelques mots un peu réalistes, mais c'est le goût du jour (Proust, Swann,1913, p. 257).
REM. 1.
Réalistique, adj.,vieilli, rare, synon. de réaliste.La jeunesse réaliste, se livrant, au sortir de l'enfance, à l'art réalistique (à des choses nouvelles il faut des mots nouveaux!) − Ce qui la caractérise nettement, c'est une haine décidée, native, des musées et des bibliothèques (Baudel.,Art romant.,1861, p. 568).
2.
Hyperréaliste, adj. et subst.V. hyper- B 5 c.
Prononc. et Orth.: [ʀealist]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. A. 1599 philos., subst. (Marnix de Sainte-Aldegonde, Des différens de la religion, t. 1, f o376 v o: Thomistes, Scotistes, Occanistes, Nominalistes, et Réalistes); 1869 adj. (Littré). B. [1796 art et litt. (s. réf. ds Bl.-W.3-5, peut-être d'apr. Larch. 1872: « Réaliste [...] Rétif de la Bretonne a employé ce mot dans une critique littéraire de son Monsieur Nicolas; il parle des réalistes du jour »)] 1. 1837 litt., adj. et subst. (G. Planche, Du théâtre moderne en France ds R. des deux mondes, t. 10, 1837, p. 501 ds E. B. O. Borgerhoff, « Réalisme » and kindred words, in P.M.L.A. t. 53, 1938, pp. 840-841: cette conséquence extrême du principe des réalistes; p. 503: poètes réalistes); 1852 (G. de Nerval, Nuits d'octobre ds La Bohême galante, éd. J. Marsan, 1926, p. 124 et 168: l'intelligence réaliste de nos voisins [les Anglais] ... le métier de réaliste est trop dur à faire); 2. 1852 art, subst. (Feuilleton d'Aristophane, 26 déc. ds P. Martino, Le roman réaliste sous le Second Empire, Paris, 1913, p. 76: je suis un réaliste [paroles prêtées à G. Courbet dans un texte satirique]); 1855 (G. Courbet, loc. cit.); 1855 adj. (G. Planche, Ét. sur l'école fr. (1831-1852), t. 2, p. 294 [chapitre sur le Salon de 1852]: l'école réaliste qu'a voulu fonder l'auteur des Demoiselles de village [Courbet]); 1855 (Sand, Hist. vie, t. 4, p. 468: l'art, quelque réaliste qu'il se fasse); 3. 1855 subst. « celui qui a le sens des réalités » (Id., Corresp., t. 4, p. 77: la spéculation [...] cette réaliste par excellence); 1856 adj. « qui a le sens des réalités » (J. Simon, Relig. natur., p. 365: notre société réaliste); 1888 adj. « qui témoigne du sens des réalités » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Infirme, p. 750: supposition, moins poétique et plus réaliste); 4. av. 1872 « qui dépeint les aspects vulgaires du réel » (Th. Gautier, s. réf. ds Lar. 19e: pièces réalistes, représentant [...] les ennuis de la journée). A empr. au lat. médiév. realista (ca 1475, Petrus Nigri, Clipeus Thomistarum, éd. Venise 1504, f o46 v oB ds C. Prantl, Geschichte der Logik, t. 4, p. 222: prima [opinio] est nominalium [...] secunda opinio est realistarum); dér. de realis (réel*); suff. -ista (-iste*). Cf. le lat. médiév. reales, subst. plur. « réalistes (p. oppos. à nominalistes) » (xiies. ds Du Cange, s.v. Nominales), d'où le m. fr. reaulx (déb. xvies., Pronostication d'Habenragel, chap. 12 ds Anc. poésies fr., t. 6, p. 35). B dér. sav. de réel*, d'apr. le lat. médiév. realis; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 507. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 59, b) 285; xxes.: a) 685, b) 1 540.