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* Dans l'article "QUOLIBET, QUODLIBET,, subst. masc."
QUOLIBET, QUODLIBET, subst. masc.
I.
A. − SCOLAST. (Dispute) de quolibet. Dans l'université médiévale, dispute sur des sujets non préparés, laissés à l'initiative de l'assistance. [à Paris], sans doute, après de longues veilles, quand il [Dante] se crut en droit d'aspirer aux honneurs de l'école, il vint soutenir avec les solennités accoutumées une dispute théologique de quolibet, où il répondit sans interruption sur quatorze questions tirées de diverses matières et proposées avec leurs argumens pour et contre par des docteurs habiles (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p. 71).Thomas [d'Aquin] tint à Paris douze disputes de quolibet (Encyclop. univ.t. 161973, p. 69).La pratique du quodlibet existe aussi dans les facultés des arts, de médecine, de droit (...). Le genre est illustré par les plus grands noms de la scolastique: Henri de Gand, Thomas d'Aquin, Jacques de Viterbe (Encyclop. univ., t. 20, 1978, p. 1585).
B. − P. ext. surtout au plur. Propos moqueurs ou injurieux lancés à quelqu'un. Synon. raillerie, sarcasme.Pendant deux ans, il vint au bureau avec le même parapluie rapiécé qui donnait à rire à ses collègues. Las enfin de leurs quolibets, il exigea que MmeOreille lui achetât un nouveau parapluie (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Parapluie, 1884, p. 445).J'emmenai, à Francfort-sur-le-Mein, Cagliostro (...). Pendant la route, son habit de velours cerise nous attira les quolibets de la canaille (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 341).« Esprit fort » et « libre pensée » sont devenus des quolibets (Valéry,Mauv. pens., 1942, p. 24).V. gouaillerie A ex. de Huysmans et harceler ex. 3.
SYNT. Apostropher qqn par des quolibets; cribler, poursuivre qqn de quolibets; essuyer des quolibets; être le sujet de quolibets; bordée, fusée, feu roulant, feu croisé, averse, pluie, grêle de quolibets; grossier(s), lourd(s), méchant(s), plat(s) quolibet(s).
II. − HIST. DE LA MUS. Pièce musicale religieuse ou profane, comprenant un mélange successif ou simultané de mélodies ou de textes littéraires hétérogènes réunis d'une manière souvent incongrue ou humoristique dès le xvies. (d'apr. Mus. 1976). Synon. centon, pot-pourri.[Les Mozart] se rendirent à La Haye, pour assister à la fête de l'installation du prince d'Orange. Le fils composa, pour cette solennité, un quolibet pour tous les instruments (Stendhal,Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 223).L'origine du quodlibet remonte peut-être à ces motets « entés » du XIIIes., dans lesquels les auteurs inséraient avec ingéniosité des refrains de rondeaux (Lar. encyclop.).
REM.
Quodlibétaire ou quodlibétal, -ale ou quodlibétique, adj.[Corresp. à supra A] Question, dispute, disputation quodlibétaire. Question choisie librement, dispute sur un sujet non préparé. − À bas les six théologiens avec leurs surplis blancs! (...) À bas les médecins! − À bas les disputations cardinales et quodlibétaires! (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p. 24).Une seconde séance permet de mettre en ordre la dispute et d'en rédiger le compte rendu qui nous fait mesurer l'écho de l'actualité dans le cadre universitaire: questions quodlibétales sur les pouvoirs de la paroisse au temps de la querelle entre mendiants et séculiers, sur le procès des Templiers au XIVesiècle (Encyclop. univ.t. 201975, p. 1601).
Prononc. et Orth.: [kɔlibε], [kwɔdlibεt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Mus. (supra B) ,,surtout sous la forme quodlibet`` (Rob. 1985). Étymol. et Hist. 1. 1306 quolibez plur. « conversations à bâtons rompus » (Joinville, St Louis, § 668, éd. N. L. Corbett, p. 223); 2. 1501 colibet « propos trivial, plaisanterie » (Livre du régisseur et compte des dépenses pour le Mystère de la Passion, éd. G. Cohen, p. 339 et p. 352); 1508 quolibet (Eloy d'Amerval, Livre de la Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 189a); 3. 1817 hist. de la mus. quolibet (Stendhal, loc. cit.); 1834 quodlibet (Fétis, La Musique mise à la portée de tout le monde, p. 375 ds Quem. DDL t. 21). Tiré de l'expr. du lat. scolast. disputationes de quolibet « disputes de ce que l'on veut » désignant les débats pour lesquels le sujet n'était pas imposé, p. oppos. aux disputationes ordinariae qui portaient sur les leçons en cours, quolibet étant l'ablatif neutre du pron. rel. quilibet « celui qu'on voudra, n'importe lequel » (nomin. neutre quodlibet, d'où les expr. disputationes quodlibetariae et disputationes quodlibeticae de même sens que disputationes de quolibet et l'empl. de la forme Quodlibet en all. − 1544 ds Mus. 1976 − à l'orig. du terme d'hist. de la musique). Fréq. abs. littér.: 103. Bbg. Letoublon (F.). Alibi, lavabo, quolibet. Semantikos. 1980, t. 4, n o2, pp. 47-54.