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PUER, verbe intrans.
A. − Exhaler une odeur nauséabonde, très désagréable. Synon. empester, empuantir; sentir* mauvais; pop. ou arg. cocotter2, schlinguer.
1. Puer ferme; personne qui pue. Le Réalisme (...) n'a pas en effet l'unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 10).La Ville Lumière pue. Dès la rue de Varenne, je suis enveloppé d'une écœurante odeur de pétrole qui empoisonne mes promenades (Green, Journal, 1956, p. 252):
1. Tiens! disait-on sur les gradins, où montait une odeur forte, pénétrante et salace comme celle qui sort des étables à cabrils [var. de cabris], ça pue, ici! Le fait est que ça, vraiment, empestait à tel point qu'on se bouchait le nez... Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 293.
Puer + compl. prép. de (désignant une partie du corps).Puer de la bouche. Messieurs, si nous prêtions des ridicules aux hommes vertueux de la droite? Si nous disions que Monsieur de Bonald pue des pieds? (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 395).
2. [Constr. directement avec un compl. (précédé de l'art. déf.) spécifiant le type d'odeur] Puer le vin. J'avais compris: elle puait le whisky: elle était ivre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 252).Les fauteuils étaient convenables, mais la pièce puait le tabac, le pétrole, le charbon (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 87):
2. [Une pièce] sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice. Balzac, Goriot, 1835, p. 10.
B. − Au fig., péj.
1. Être (ressenti et/ou présenté par le locuteur comme) odieux, comme propre à exciter un profond dégoût. Nos fautes puent et d'une façon différente, selon leur genre (Huysmans, Cathédr., 1898, p. 429).Je ne souhaite pas à Dieu d'avoir son âme. Elle doit puer (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 150).
Puer à qqn, puer au nez (à qqn) (vieilli). Dégoûter, répugner. La maison Hachette me pue au nez avec ses couronnes de prix (Flaub., Corresp., 1862, p. 291).Les cajoleries semblaient lui puer maintenant, pour être surannées et fanées (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 189).
2. [Constr. directement avec un compl. (précédé de l'art. déf.)] Avoir un comportement, des caractères qui révèlent une situation, une réalité, un type humain (tenu pour méprisable, très désagréable, condamnable par le locuteur) ou qui y font penser. Ça pue la combine, la ma gouille. Ces espèces de recommandations au public puent le Dumas! merci (Flaub., Corresp., 1877, p. 68).Je ne me fierais pas à cette fille. C'est de la pourriture. Elle pue la drogue (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 152):
3. Elle dit: « Vous qui faites de l'art. » En effet, ils en font, ils en font trop. Ils puent l'art, ces messieurs. Non! Assez! Plus d'art, que je me débarbouille en embrassant Marinon et Fantec! Renard, Journal, 1889, p. 47.
REM.
Pue-, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst. masc. fam. dépréc. désignant des pers.a)
Pue-du-bec. Personne qui a (est réputée avoir) une haleine qui sent mauvais. [Lange] avait cet âge où l'on appelle « pue-du-bec », le camarade qui a l'haleine forte (Mauriac, Trois récits, 1929, p. 113).
b)
Pue-la-sueur. Travailleur manuel pauvre. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Prononc. et Orth.: [pɥe], [pye], (il) pue [py]. Att. ds Ac. dep. 1694; Ac. 1798 ,,on écrivoit je pus, tu pus, il put. L'usage a réformé cet abus``. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 puir intrans. « sentir très mauvais » (Chrétien de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 116); 2. a) xiiies. [ms. fin xiiies.] trans. « répandre une très mauvaise odeur de » (Lancelot, éd. A. Micha, t. 3, p. 90: puier); b) 1580 fig. (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 498: puans au dedans toute sorte de vices). Du lat. pop. *putι ̄re, lat. class. putēre « être pourri; sentir très mauvais ». Puir s'est empl. jusqu'au xviies., et l'on trouve encore les formes je pus, tu pus, il put ds Ac. 1762 et Trév. 1771, s.v. puer. Puer est att. sporadiquement et peut-être régionalement à l'inf. en a. fr. (cf. puier ds Lancelot, loc. cit.), au fut. en 1530 (Palsgr., p. 736a: je pueray, parmi les formes de puir), à l'impér. en 1656 (Rayot ds Fouché Morphol., p. 160: pue), à l'ind. en 1664 (Lonchamps, ibid.: pue), à l'inf. en 1673 (Ménage ds Fouché Morphol., p. 220, puis dans les dict. dep. Rich. 1680). Le changement de conjug. a pu se faire sous l'infl. des formes du plur. de l'ind. prés. et de verbes en -uer comme diminuer, remuer, saluer, tuer (Fouché Morphol., p. 160, 220). Fréq. abs. littér.: 151.