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PRÊCHEUR, -EUSE, subst. masc. et adj.
A. − Subst. masc.
1. [Dans un cont. relig.]
a) Synon. vieilli de prédicateur.À la parole du bon frère, de gros soupirs sortaient des poitrines émues. Et plusieurs (...) furent près de défaillir quand le prêcheur s'écria: −Je lis dans vos âmes (A. France,Contes Tournebroche,1908, p.67):
1. Parfois encore, de nos jours, au coin d'Hyde Park, on entend des gémissements, des prières, des implorations, des: «Secourez-moi, Seigneur», auxquels la foule répond: «Non, non, il est trop tard!» Mais ce ne sont pas là des revenants; ce sont des prêcheurs méthodistes. Morand,Londres,1933, p.183.
Empl. adj. Je ne serais pas étonné qu'en me quittant ce jour-là, Lamennais, toujours sûr de son fait et toujours prêcheur à la Savonarole, n'ait fait une sortie contre les gens tièdes qui ne croient à rien (Sainte-Beuve,Pensées,1868, p.68).
b) En partic.
α) [Avec compl. de nom désignant la chose prêchée] Celui qui a fonction de prêcher (la parole de Dieu). [Saint Dominique de Gusman] conçoit l'idée d'un ordre de moines, non plus reclus et sédentaires, mais qui erreraient de par le monde pour chercher partout l'impiété et la confondre, qui seraient les prêcheurs de la foi (Montalembert,Ste Élisabeth,1836, p.xlii).
β) Absol. Prêcheur, ou, en appos. frère prêcheur. Synon. de dominicain1.Les Augustins, sous Alexandre IV, devinrent le quatrième membre de cette grande famille des Mendians, où les Carmes avaient déjà été se placer, à côté des Frères Mineurs et Prêcheurs (Montalembert,Ste Élisabeth,1836p.lx).Les Dominicains ou prêcheurs sont l'ordre le plus nombreux, le plus influent à Rome (Vigny,Journal poète,1840, p.1127).Comme les rimes venaient mal, il chercha autre chose et pensa ne pouvoir moins faire que d'entrer dans les ordres. Il serait frère prêcheur (Aymé,Jument,1933, p.38).V. mendiant ex. 3.
P. métaph. Les créateurs dramatiques ne sont pas des ouvriers initiés d'un théâtre auquel ils ont sacrifié toute autre activité ou pensée, mais des écrivains; (...) la conception première de l'oeuvre n'appartient pas à l'initié, mais au frère prêcheur, non pas à l'ordonnateur du spectacle, mais au faiseur de dialogue (Vilar,Tradition théâtr.,1963, p.87).
2. P. anal. [Avec compl. de nom désignant la chose prêchée] Celui qui prêche ou qui prône une doctrine, des idées, une manière de voir ou de vivre. Prêcheur de doctrine; prêcheur de morale, de modestie; prêcheur de haine. C'est à Versailles qu'on tressait les couronnes qui ceignaient la tête des prêcheurs de la liberté (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, p.183).C'est un étrange prêcheur de grands sentiments, si l'on y pense, qu'un vaudevilliste devenu académicien (Alain,Propos,1913, p.163).Le cardinal de Retz, un Saint-Simon, et si près de nous, un Balzac ou un Veuillot, ont exprimé la même surprise en face de ce phénomène social: l'impuissance brouillonne des honnêtes gens, l'étonnante duperie qui, d'invocateurs ou de prêcheurs du mieux, les fait incessamment serviteurs du pire (Bernanos,Gde peur,1931, p.102).V. instruction A 2 c ex. de Clemenceau.
B. − Subst. et adj., le plus souvent au fém. [Avec une connotation péj.] (Celui, celle) qui aime à sermonner, qui passe son temps à faire la leçon ou la morale à quelqu'un.
1. Subst. Faire la prêcheuse. −Oh! nous quitter!... s'écria Annette (...) quitter vos amis! Votre petite prêcheuse qui veut votre salut (...). Vous ne ferez pas une chose si cruelle (Balzac,Annette, t.3, 1824, p.66).La solitude, une enivrante liberté et l'absence de tout corset ont vite fait de moi, vous le voyez, une prêcheuse de la pire espèce (Colette,Pays. et portr.,1954, p.43).
2. Adj. Nous avions souvent en visite une vieille dame d'Amiens, insupportable, prêcheuse, hargneuse, grondeuse, mauvaise et vindicative (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Farce, 1883, p.1281).V. asseoir ex. 8:
2. L'aînée, Lili, tenait de M. Mabille: méthodique, vétilleuse, catégorique comme lui, elle brillait en mathématiques: tous deux s'entendaient à merveille. Zaza n'aimait pas cette grande soeur positive et prêcheuse. Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.116.
C. − Adjectif
1. Qui est caractéristique, qui est le propre du prêcheur. Éloquence, indulgence prêcheuse. Ai tendance à prendre un ton «prêcheur», dès que je m'adresse à Jean-Paul (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.982).
2. Qui tient du prêche, qui en a les caractéristiques. Je pensais ce matin que le vrai roman, c'est le roman pamphlet (...). En un mot, tout ce qui est à l'opposé du roman prêcheur, moralisant ou élégiaque (Léautaud,Journal littér.,1913, p.93).J'ai eu la curiosité de rechercher ce que j'avais écrit au moment de la mort d'André Gide. Voici ces textes: un peu prêcheurs, il me semble −un peu apprêtés, mais je n'ai jamais pu être tout à fait naturel avec lui (Mauriac,Mém. intér.,1959, p.179).
Prononc. et Orth.: [pʀ ε ʃoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694 et 1718: prescheur; dep. 1740: prêcheur. Étymol. et Hist. Fin xiies. proicheor «prédicateur» (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, 19, 9), n'est plus guère usité qu'au sens de a) «celui qui enseigne, fait des exhortations» 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M.Roques, 2537: preescheor); b) comme nom donné aux dominicains, voués à la prédication 1247-48 freres preecheeurs (Doc., 8 ds G. Espinas, Orig. du droit d'association ds les villes de l'Artois, t.2, p.20); 1279 subst. prachaours (S. Paul, cart. 23, Roche no2 ds Gdf. Compl.). Francisation du b. lat. eccl. praedicator, -oris «celui qui évangélise» dep. Tertullien ds Blaise Lat. chrét., en lat. class. d'abord «crieur public, héraut» et «prôneur», formé sur le supin praedicatum de praedicare, v. prêcher. Fréq. abs. littér.: 84. Bbg. Richard (W.) 1959, p.92, 99; pp.114-116; p.117.