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PROPRIÉTÉ, subst. fém.
I. − Possession légale d'un bien, de quelque nature qu'il soit. Cherchez à l'origine de la propriété vous trouverez toujours quelqu'un qui a travaillé dur. Si ce n'est pas moi, c'est mon père, mon grand-père (Aragon, Beaux quart., 1936, p.281).
A. − Empl. à valeur de coll.
1. Droit légal qu'a une personne à disposer d'un bien qui lui revient en propre. La propriété héréditaire et inviolable, est notre unique défense personnelle; la propriété n'est autre chose que la liberté (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.592).Parmi les Jacobins (...) on voulait le partage des biens, c'est-à-dire une autre forme de la propriété, −la propriété morcelée, populaire (Nerval, Illuminés, 1852, p.290).
a) [Sans compl.] Tel auteur enseigne que la propriété est un droit civil, né de l'occupation et sanctionné par la loi; tel autre soutient qu'elle est un droit naturel, ayant sa source dans le travail (...) je prétends que ni le travail, ni l'occupation, ni la loi ne peuvent créer la propriété; qu'elle est un effet sans cause (...) que de murmures s'élèvent ! −la propriété, c'est le vol! (Proudhon, Propriété, 1840, p.131):
1. Il faut en finir avec les préjugés qui emmaillottent l'humanité: la propriété, l'héritage, la famille, ont fait leur temps. −La propriété, l'héritage, la famille! Vous voulez donc la ruine universelle? −Vous l'avez dit, citoyen, répliqua Solon avec autorité, je veux la ruine universelle. Qu'est-ce que la propriété? Une insulte à l'indigence. Qu'est-ce que l'héritage? Une insulte à la justice. Qu'est-ce que la famille? Une insulte aux enfants trouvés. Sandeau, Sacs, 1851, p.52.
SYNT. Atteinte, attaque à la propriété; attenter à la propriété; abolition, défense, maintien, principe, régime, sens, sentiment de la propriété; idée, instinct, notion, système de propriété.
DR. CIVIL. La propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les réglemens (Code civil, 1804, art. 544, p.100).La propriété s'acquiert aussi par accession ou incorporation, et par prescription (Code civil, art. 712, 1804, p.130).
P. méton. Ensemble des biens, à l'exclusion des biens incorporels, possédés par une personne ou un groupe de personnes. Division de la propriété. Le colonel (...) avait infligé un discours sévère sur le respect de la propriété en pays allié et ami (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.91).
La propriété, (la petite, la grande) propriété. Ensemble des possesseurs de biens, et plus spécialement des propriétaires terriens, dans un régime qui favorise soit la petite, soit la grande propriété. La petite propriété, octroyée seulement, comme telle peut être suspendue et le sera bientôt (...) la grande propriété est la seule qui produise (Courier, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.86).
b) [Suivi d'un adj. spécifique ou d'un compl. de nom précisant]
[l'appartenance ou la réf. à un système pol. déterminé] Propriété individuelle, personnelle, privée (en oppos. à propriété collective, publique; régime de la propriété individuelle; propriété collective des moyens de production); propriété bourgeoise, communiste; propriété de classe, d'état. Dans un pays de petits propriétaires, c'est-à-dire de propriétaires âpres et stricts, la propriété individuelle gouverne tout, s'étend sur tout; la propriété communale, la propriété de l'État, ont une tendance à se modeler sur elle, à en épouser les formes (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p.48):
2. Et voilà pourquoi l'objet essentiel du socialisme, collectiviste ou communiste, est de transformer la propriété capitaliste en propriété sociale. Dans l'état présent de l'humanité (...) la propriété sociale aura la forme d'une propriété nationale. L'action des prolétaires s'exercera de plus en plus internationalement. Jaurès, Ét. soc., 1901, p.130.
[la nature de l'obj. possédé]
Propriété mobilière. Droit de disposer de biens meubles. Propriété immobilière. Droit de disposer de biens immeubles. [Les chartes] fixent le montant de la propriété mobilière et immobilière que ces sociétés peuvent posséder (Crèvecoeur, Voyage, t.3, 1801, p.221).
Propriété foncière. Droit de disposer d'un bien-fonds. De nos jours, l'amour du paysan pour la propriété foncière est extrême, et toutes les passions qui naissent chez lui de la possession du sol sont allumées (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.88).
2. P. anal. Monopole s'exerçant sur un bien incorporel.
a) Propriété artistique, littéraire. Ensemble des droits (cessibles et temporaires) garantissant la protection des auteurs, compositeurs et artistes pour l'exploitation de leurs oeuvres. Vous savez que la propriété littéraire aux yeux des tribunaux ne résulte que du dépôt de 2 exempl. à la bibliothèque royale en vertu de la loi de 1791 ou 13 [1793] (Balzac, Corresp., 1842, p.409).
b) Propriété industrielle. Ensemble des droits exclusifs permettant l'exploitation d'une marque, d'un brevet, d'un dessin, d'une appellation. Sans doute la propriété industrielle a de grands avantages (...). La propriété foncière garantit la stabilité des institutions; la propriété industrielle assure l'indépendance des individus (Constant, Princ. pol., 1815, p.59).
c) Propriété commerciale. Droit d'un commerçant locataire de conserver l'usage du local qu'il utilise à l'issue du bail signé avec le propriétaire. La loi sur la propriété commerciale lèse gravement les intérêts des propriétaires d'immeubles (Meynaud, Groupes pression Fr., 1958, p.230).
B. − Ce que l'on possède en propre.
1. Empl. concr.
a) Chose appartenant à une personne en particulier. C'est ma (sa) propriété. C'est mon (son) bien, cela m'(lui) appartient. Avoir l'instinct de propriété. Mais les billets ne vous appartiennent pas, ils sont la propriété de l'enfant (Zola, Argent, 1891, p.157).Marinette regardait ce lit comme sa propriété exclusive (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p.23).
b) En partic. Terre, belle maison d'habitation, domaine appartenant à une ou plusieurs personnes. Les propriétés de qqn. C'est une charmante propriété: eaux vives, bois touffus, habitation confortable (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.620).L'usufruitière (...) habite une petite propriété bien entretenue qu'elle soigne comme son souffle (Renard, Journal, 1891, p.94):
3. ... [il] finit par s'arrêter devant la grille d'une vaste propriété plantée d'arbres, entourée de murs, à l'extrémité de laquelle on apercevait un joli petit castel de moderne structure, tandis que dans une direction opposée et dans un coin du parc, se dressait une maisonnette. Ponson du Terr., Rocambole, t.1, 1859, p.374.
SYNT. Propriété bâtie, familiale, privée, rurale, viagère; propriété indivise; propriété à vendre; belle, grande, immense, jolie, magnifique, superbe, vaste propriété; propriété de campagne; acheter, acquérir, posséder, vendre, visiter une propriété; impôt sur les propriétés (bâties).
P. compar. Je craignais de troubler ta joie. Et j'ai pris honte aussitôt de cette joie, qui m'est apparue comme une propriété privée avec un «défense d'entrer» cruel (Gide, École femmes, 1929, p.1272).
c) P. anal. [Appliqué à une pers.] Personne que l'on considère comme son bien propre ou que la loi permet (tait) de considérer comme tel. Pour élever les enfants, les parents les traitent ordinairement comme leur propriété absolue (Le Dantec, Savoir!1920, p.80).Vous admettez, vous, qu'on traite les paysans comme propriété du seigneur (...) que l'on fausse les textes de la Justice (Cocteau, Bacchus, 1952, i, 2, p.37):
4. Nous voyons dans l'Antiquité, des hommes ayant exercé des métiers manuels, tenir ensuite la lyre, honorer Athènes et Rome, et conquérir l'immortalité à leur nom. Mais ces hommes avaient été élevés par une aristocratie qui les possédait et qui se faisait une vanité de leur gloire; ils étaient la propriété de leur maître. Lamart., Corresp., 1836, p.213.
2. Empl. abstr. Erreur ou vérité, la pensée de l'homme est sa propriété (Constant, Princ. pol., 1815, p.143).Ses souvenirs étaient sa propriété, elle n'aimait pas à les partager avec un autre (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p.589).
3. Syntagmes et loc.
a) [La nature de l'obj. possédé est sous-entendue] Droit de propriété. Droit exclusif de posséder un bien corporel, meuble ou immeuble. Le droit de propriété, ainsi que le définissent les jurisconsultes, est le droit d'user, et même d'abuser (Say, Écon. pol., 1832, p.134).
Accès, accession à la propriété. Accès à un bien meuble ou immeuble. Il n'est pas avantageux pour une part importante des candidats à l'accession à la propriété de chercher à allonger la durée des prêts (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.349).
Acte de propriété. Acte notarié reconnaissant la possession d'un bien. Si Fernand était pauvre (...) la restitution de ces titres de rente, de cet acte de propriété (...) prouveraient clair comme le jour que tu l'aimes, et que, pour lui, tu renonces à tout (Ponson du Terr., Rocambole, t.2, 1859, p.401).Certificat, titre de propriété. Attestation des droits de propriété ou de jouissance d'un bien. Le second tiroir est presque vide; il contient mes papiers de famille, quelques titres de propriété, des rentes sur l'État, achetées après tant de sueurs (Janin, Âne mort, 1829, p.79).
b) Loc. En toute, en pleine propriété. En possession entière et exclusive (à la différence de la copropriété*, de la multipropriété (v. multi- II D 1 a) ou de la nue(-)propriété). Elle est aussi riche qu'on peut désirer l'être, car cette ville et tout son canton, qui n'est pas petit, lui appartiennent en toute propriété (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p.223).Avec 9.000 F d'apport achetez votre appartement en pleine propriété (Le Point, 5 déc. 1977, p.163, col. 2).
c) Nu(e)-propriété*.
II. − Qualité, fonction particulière (d'une chose ou d'une personne).
A. −
1. Caractère distinctif qui appartient à un être, une espèce, mais qui ne lui appartient pas toujours exclusivement. Propriété distincte, entière, essentielle, exclusive, fondamentale, particulière, spéciale, spécifique. Il a suffi à l'auteur de ce livre d'écouter les savants qui se sont spécialisés dans ces recherches et de regarder leurs expériences, pour saisir la matière dans son effort organisateur, les propriétés des êtres vivants, et la complexité de notre corps et de notre conscience (Carrel, L'Homme, 1935, p.iii).
2. CHIM., SC. EXP. Phénomène ou ensemble des phénomènes, des attributs propres à un corps particulier qui peuvent déterminer sa manière d'agir ou de réagir dans des conditions précises. Je suis le chimiste qui, étudiant les propriétés de l'acide qu'il a avalé, sait avec quelles bases il se combine et quels sels il forme (A. France, Lys rouge, 1894, p.265).Seules, les propriétés chimiques de l'hémoglobine, des protéines, et des sels du plasma règlent les échanges, entre les tissus et le sang, de l'oxygène et de l'acide carbonique (Carrel, L'Homme, 1935, p.234):
5. ... il est déraisonnable et contraire à toutes les observations d'admettre que l'organisation produise la vie: car on distingue nettement les propriétés vitales des tissus d'avec leurs propriétés mécaniques, physiques ou chimiques, lesquelles subsistent après que la vie s'est éteinte... Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.199.
SYNT. Propriétés biologiques, physico-chimiques, physiques, radio-actives; propriétés communes, générales; propriétés des éléments, de la matière, des corps, du sol, des acides, des atomes, des électrons, de la lumière, des particules; étude des propriétés; corps doués de propriétés; étudier, connaître les propriétés; propriété d'un produit à (+ inf.).
Vertu particulière d'un corps, d'une substance. La (les) propriétés des plantes. Jessy en rapportait des herbes qu'il lui nommait et qu'elle classait, le soir, selon leurs propriétés (A. France, Livre ami, 1885, p.260).Puis il fit l'éloge pompeux des eaux du Mont-Oriol, célébra leurs propriétés, toutes leurs propriétés (Maupass., Mt-Oriol, 1887, p.292).
Loc. Avoir la propriété de. Avoir le pouvoir particulier de. Le mucilage a donc la propriété de s'épaissir, et de former des fibres plus ou moins fermes et souples (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.204).
Autres domaines
a) GRAMM., LING. Les propriétés de l'adjectif, du mot, du langage. Promptement, c'est avec promptitude: admirablement, c'est d'une manière admirable. Mais l'adverbe n'a plus les propriétés du nom, ni de l'adjectif (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.138).
b) MATH. Propriétés du cercle, des figures, des opérations, du triangle. Tandis qu'il nous enseignait les propriétés des nombres, il contemplait d'un oeil d'envie les oiseaux légers qui becquetaient les miettes de pain dans la cour (A. France, Vie fleur, 1922, p.399).Propriété des sommes. Première propriété (...). La somme de plusieurs nombres est commutative (...) Deuxième propriété (...). La somme de plusieurs nombres est associative (...) Troisième propriété (...). La somme d'un nombre et de zéro est égale au nombre considéré (Lespinard, Pernet, Gauzit, Math., Classe de Sc. exp., 1952, pp.10, 11).
c) MUS. Dans la notation proportionnelle [de la musique], la propriété d'une note était sa signification originelle: elle devenait sans propriété si la forme en était modifiée, ou de propriété opposée si de longue elle devenait brève, ou vice-versa, etc. (BrenetMus.1926, p.371).
B. − Ce qui distingue fondamentalement une personne d'une autre, ce qui constitue l'essence de l'être, sa nature profonde. J'essayais donc de me réduire à mes propriétés réelles. J'avais peu de confiance dans mes moyens, et je trouvais en moi sans nulle peine tout ce qu'il fallait pour me haïr (Valéry, Soirée avec M. Teste, 1895, p.9):
6. Il n'y a donc, mesdames (...), que le manque de jugement, les idées communes et le défaut d'éducation qui puissent porter une femme à se croire en tout l'égale de son mari: du reste, rien de déshonorant dans la différence; chacun a ses propriétés et ses obligations: vos propriétés, mesdames, sont la beauté, les grâces, la séduction; vos obligations, la dépendance et la soumission, etc. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.736.
Spécialement
1. PHILOS. Synon. de faculté1(v. ce mot A 1).La présence et les propriétés de l'âme inclinaient la créature à une modestie, à une humiliation devant Dieu et ses prêtres, que l'orgueil bourgeois ne pouvait accepter (Nizan, Chiens garde, 1932, p.148).
2. THÉOL. Les propriétés divines, de Dieu. Qualités propres à Dieu dans la Sainte Trinité et dans ses relations avec chacune des Personnes qui la composent, ces relations étant: la Paternité (propre au père), la Filiation (propre au fils), la Procession (propre à la troisième personne). Synon. relation* divine.[La philosophie] refuse de reconnaître les cinq propriétés élémentaires de Dieu, et les douze garanties que l'attraction présente à Dieu et à l'homme (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p.75).
III. − [Empl. d'un mot, d'une expr., dans son sens propre ou approprié]
A. − Emploi des mots dans leur sens propre. Il entend bien la propriété des mots (Raymond1832).
B. − Qualité du mot propre, emploi du terme, de l'expression qui convient dans un contexte donné (v. propre I B 1). Synon. précision, exactitude.Propriété des expressions, du langage, du style, de la plume. Le style recherché est bon, quand on le trouve; mais j'aime mieux le style attendu. La netteté, la propriété dans les termes, la clarté sont le naturel de la pensée (Joubert, Pensées, t.2, 1824, p.79).J'ai peiné (...) à peser la valeur des mots et leur propriété dans la phrase (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p.141):
7. Le ciel me préserve de faire peu de cas de la précision et de la propriété des termes dans un temps où l'à peu près s'étale partout dans les livres et où des auteurs même célèbres ne savent qu'imparfaitement leur langue! Lemaitre, Contemp., 1885, p.225.
Parler (s'exprimer, écrire) avec propriété. Avec rigueur et précision dans le choix des termes. La Savoie est un des pays voisins de la France où l'on parle le mieux le français, où on le parle avec le plus de propriété, de clarté et de naturel (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t.7, 1853, p.267).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔpʀijete]. Ac. 1694, 1718: -prie-; dep. 1740: -prié-. Étymol. et Hist.1. a) 1174-76 «droit par lequel une chose appartient à quelqu'un; la chose possédée» Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 915); b) 1472 «bien-fonds» (Texte ds Du Cange, s.v. proprietates); c) av. 1715 «état d'une âme attachée à son intérêt propre» (Fénelon, t.XVIII, p.357 ds Littré); 2. a) ca 1265 «qualité propre d'un être, d'une chose» (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carmody, III, 51, p.360); b) 1576 «qualité par laquelle un mot exprime exactement une idée» (Bodin, Rep., I, 7 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. jur. proprietas «propriété, caractère propre, spécifique» et «droit de possession, chose possédée» à l'époque impériale. Fréq. abs. littér.: 5907. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12503, b) 8732; xxes.: a) 8326, b) 4764. Bbg. Dub. Pol. 1962, pp.391-392. _ Lalande (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété... Grammatica. 1979, no7, pp.11-37. _ Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.187-190. _ Quem. DDL t.11. _ Vardar Soc. pol. 1973 [1970], pp.296-297.