Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
PROPREMENT, adv.
I. − [Correspond à propre1]
A. − D'une manière qui est spéciale, spécifique à une personne, à un ensemble de personnes, à une chose. Synon. spécifiquement, exclusivement, en propre.Il faudrait bien distinguer dans notre nature ce qui appartient à l'animal et ce qui appartient proprement à l'homme (Maine de Biran, Journal, 1816, p.134).Il n'existe plus de gouvernement proprement français. En effet, l'organisme sis à Vichy, et qui prétend porter ce nom, est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.303):
1. L'être symbolique et proprement sacramentel. −Le mot «proprement» n'est pas ici placé par erreur. Il est de première importance et marque, chez les théologiens, le souci de conserver aux sacrements de l'ancienne loi leur caractère de sacrement. Théol. cath.t.14, 11939, p.533.
B. − D'une manière exacte, au sens propre, à la lettre. Synon. précisément, réellement, vraiment.La soie n'est pas proprement brillante, mais lumineuse, d'une douce lumière électrique (Michelet, Insecte, 1857, p.174).Mais Jeanne n'était pas proprement dans une prison ecclésiastique; elle était dans le château de Rouen, prisonnière de guerre (A. France, J. d'Arc, t.2, 1908, p.257).
LING. [P. oppos. à figurément] Au propre, littéralement. Parmi les personnes qui emploient le verbe acharner, combien peu savent qu'il signifie proprement lancer le faucon sur la chair? (A. France, Vie littér., 1888, p.295).Une coquille émane d'un mollusque. Émaner me semble le seul terme assez près du vrai puisqu'il signifie proprement: laisser suinter. Une grotte émane ses stalactites; un mollusque émane sa coquille (Valéry, Variété V, 1954, p.26).
Loc. adv.
1. À proprement parler. En employant le terme adéquat, le mot propre. Ce n'est point une ferme, à proprement parler, c'est une vacherie; car, dans ce canton, il n'y a que des prés et point de champs (Du CampHollande, 1859, p.156).
[Dans un sens affaibli] Synon. de vraiment, véritablement.Le jeune baron n'était pas, à proprement parler, transporté d'enthousiasme (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p.328).
2. Proprement dit(e). Au sens exact et restreint où on l'entend habituellement.
a) [En parlant des pers.] Les poètes ont du coeur, les savants proprement dits sont serviles et lâches (Stendhal, H. Brulard, t.1, 1836, p.264).Le père Faber était moins un mystique proprement dit qu'un visionnaire et qu'un poète (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.267).
b) [En parlant des choses] Il s'est formé en Europe, et encore laissons-nous en dehors le royaume d'Espagne proprement dit, quatre royaumes, le Portugal, la Sardaigne, les Deux-Siciles, la Belgique (Hugo, Rhin, 1842, p.451).Une pièce sera le bureau du chef de service, une autre le bureau d'études proprement dit et le bureau de dessin, tandis que la troisième sera réservée aux méthodes et au planning (Brunerie, Industr. alim., 1949, p.154).
c) [Domaine abstr.] Il n'y a en effet point de vertu proprement dite, sans victoire sur nous-mêmes, et tout ce qui ne nous coûte rien, ne vaut rien (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.246).
C. − [Dans un sens affaibli, vient renforcer une affirm.] Synon. de absolument, totalement.Pour entrer ici, Monsieur Gide, m'a-t-il dit d'abord, vous n'aurez pas besoin de passer par la porte étroite. Cela ne voulait proprement rien dire, mais marquait de la cordialité (Gide, Journal, 1915, p.520).Une telle attitude lui était proprement intolérable (Martin duG., Thib., Consult., 1928, p.1064).C'était proprement inacceptable (Gracq, Beau tén., 1945, p.91).
II. − [Correspond à propre2]
A. − Avec soin et propreté.
1. [Appliqué à une pers.] Synon. de soigneusement, correctement.Manger, s'habiller, se laver proprement; proprement mis, vêtu. Sa femme, se trouvant chez son boucher, vit une femme vêtue proprement, vêtue comme une femme de la société, entrer et demander un sou de raclures de cheval (Goncourt, Journal, 1870, p.684):
2. Vous figurez-vous sa vie avec ce maniaque, qui ne sait plus même se tenir proprement à table; il jette sa serviette au milieu du dîner, il s'en va comme un hébété, après avoir pataugé dans son assiette... et taquin avec cela! Il faisait des scènes pour un pot de moutarde dérangé. Maintenant il ne dit plus rien... Zola, Conquête Plassans, 1874, p.1122.
2. [Appliqué à un endroit] Convenablement. C'était une grande pièce meublée fort proprement (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.21).
3. [Appliqué à une action]
a) Avec soin, conscience et rigueur. Travailler proprement. Gaspard alla chercher un caillou de ruisseau qu'il lava bien proprement à la fontaine (Pourrat, Gaspard, 1925, p.242).J'ai proprement rempli la mission dont mon maître m'avait chargé (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.224).
En partic. [Souvent appliqué à un acte répréhensible] Avec minutie et adresse, de manière à ne pas laisser de traces. Il tuait à domicile, poliment, discrètement et le plus proprement du monde (Bloy, Hist. désobl., 1894, p.221).V. propre2A 4 c:
3. Ce coup de couteau à distance vaut mieux pour les sujets d'approche farouche qu'une pistolade qui fait du feu, de la fumée et du bruit et semble appeler les sergents à l'aide. −Oui, répondit Malartic, c'est un joli travail et proprement exécuté; mais si l'on manque son coup, on est désarmé et l'on reste quinaud. Gautier, Fracasse, 1863, p.322.
b) D'une manière convenable, mais sans plus. Vous savez, ajouta mademoiselle, défense de fredonner l'Hymne à la nature entre les leçons! Sinon, vous l'estropierez, vous le déformerez et vous ne serez pas capables de le chanter proprement à la distribution (Colette, Cl. école, 1900, p.247).
B. − D'une manière convenable, honnête (v. propre2B 2). Agir, vivre proprement; faire les choses proprement. Nous ne sommes pas riches, bien sûr; mais nous voulons encore nous conduire proprement (Zola, Assommoir, 1877, p.657).«Comment? Moi qui t'ai élevée proprement... moi qui t'ai mis dans des pensionnats de jeunes filles honnêtes! (...)» (Goncourt, Journal, 1892, p.192).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔpʀ əmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1180 «précisément, exactement» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, Epilogue, 19); 1664 à proprement parler (Mmede Sévigné, Let., à M. de Pomponne, 20 nov. ds Quem. DDL t.14); b) 1216 «d'une manière qui convient tout à fait» (Anger, Trad. Vie St Grégoire, A 94 ds T.-L.); 2. a) ca 1280 «joliment» (Clef d'Amour, 1010, ibid.); b) 1580 «avec soin» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey, t.1, p.478). Dér. de propre*1 et 2; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 2734. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3762, b) 3207; xxes.: a) 2586, b) 5143. Bbg. Lalande (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété ds les principaux dict... Grammatica. 1979, no7, p.16, 18.