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PRESSENTIR, verbe trans.
A. − [Le compl. d'obj. désigne une chose à venir ou non encore connue, gén. défavorable] Prévoir confusément, d'une manière irraisonnée. Synon. deviner, se douter de, prévoir.
1. [Le compl. d'obj. est un subst.] Pressentir l'avenir, un danger, une difficulté, un drame, un malheur, la mort, la venue de qqn. Pythagore (...) a pressenti les nouvelles planètes qui ont été découvertes entre Mars et Jupiter (Staël, Allemagne, t.4, 1810, p.263).Louis XIV, qui pressentait ces événements, n'avait pas voulu les attendre (Bainville, Hist. Fr., t.1, 1924, p.247):
1. Animés par cet instinct populaire qui est si souvent le sûr présage de la vraie renommée, et pressentant les honneurs dont l'Église entourerait bientôt ses dépouilles précieuses, les plus ardens songèrent déjà à se procurer des reliques de la sainte future [Ste Élisabeth]. Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p.276.
Empl. pronom. passif. Dans Saint-Louis de Gonzague (...), un vent de rébellion avait soufflé. (...) Un éclat se pressentait. Il survint au moment de la sortie des classes (Estaunié, Empreinte, 1896, p.68).
2. [Le compl. d'obj. est une prop. complét. dont le verbe est à l'ind.] Je pressens qu'il nous surviendra des obstacles (Ac.). Plusieurs indices faisaient pressentir que l'effort anglais allait se ralentir de plus en plus (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.261):
2. À l'instant même où elles franchirent le seuil du salon, Laure pressentit que la menace était près de fondre sur elle. Les personnages familiers n'avaient pas leurs attitudes accoutumées... Daniel-Rops, Mort, 1934, p.27.
3. [Le compl. d'obj. est une prop. interr. indir.] En acceptant les fonctions de chef d'État-major général, je pressentais à quelles sortes de difficultés j'allais me heurter (Joffre, Mém., t.1, 1931, p.41).J'ai toujours pressenti comment je réagirais dans une circonstance donnée (Montherl., Démon bien, 1937, p.1259).
B. − [Le compl. d'obj. désigne une chose présente qui n'apparaît pas clairement] Avoir conscience (de quelque chose) confusément, d'une manière irraisonnée, à partir de quelques indices. Synon. entrevoir, deviner, flairer, soupçonner, avoir le sentiment de.
1. [Le compl. d'obj. est un subst.] Pressentir un mystère, la vérité. Dans le sort qui le liait il pressentait la présence énorme d'une volonté que sa pensée ne pouvait pas se rendre claire (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p.181).Une connaissance «magique», qui met notre vie obscure en relations avec l'immense réalité pressentie derrière l'univers sensible (Béguin, Âme romant., 1939, p.397):
3. En entrant dans la vaste antichambre (...), le coeur se serrait; on pressentait la solitude dans laquelle vivait cette femme. La douleur, de même que le plaisir, se fait une atmosphère. Balzac, Cous. Bette, 1846, p.155.
Empl. pronom. passif. En lui [l'inconscient], se pressentent les sources, les mobiles, les richesses dernières, peut-être, de cette âme qu'on réduisait jusque-là à la seule pensée (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.305).
2. [Le compl. d'obj. est une prop. complét. dont le verbe est à l'ind.] Je pressentais bien que j'avais commis un meurtre inutile (About, Roi mont., 1857, p.218).Nous pressentons que Dieu est, sans savoir s'il est tel ou tel, et de même nous devinons l'infini sans pouvoir l'évaluer à tant ou tant (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.61).
3. [Le compl. d'obj. est une prop. interr. indir.] Bien loin de pressentir à quelle profondeur j'étais touché, tu t'inquiétais pourtant de mon silence (Mauriac, Noeud vip., 1932, p.71).Si vous aviez pressenti une fois seulement ce qu'est la face de Dieu, vous détourneriez la tête dans la rue pour ne pas voir la face d'un homme (Montherl., Maître Sant., 1947, ii, 2, p.634).
C. − [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
1. Prévoir confusément, en relevant quelques indices, la venue, l'existence ultérieure (de quelqu'un). Un lâche scélérat (...) qui, trouvant Charles Moor trop scrupuleux, menace ses jours et fait pressentir les Carrier et les Fouquier-Tinville (Sand, Hist. vie, t.1, 1855, p.196).L'histoire du grand Ferré (...) illustre la résistance du peuple à l'envahisseur, laisse pressentir Jeanne d'Arc (Bainville, Hist. Fr., t.1, 1924, p.101).
2. Pressentir qqn en qqn.Prévoir confusément, à partir de quelques indices, que quelqu'un est ou sera quelqu'un. Dans le soldat, en vous, je pressentais presque l'écrivain. Je devinais votre noble et vaillant esprit (Hugo, Corresp., 1868, p.128).Est-ce que vous comptez rester longtemps sur la côte? demanda MmeVerdurin à M. de Charlus, en qui elle pressentait un fidèle et qu'elle tremblait de voir rentrer trop tôt à Paris (Proust, Sodome, 1922, p.956).
3. S'informer auprès de quelqu'un, généralement d'une manière détournée, sur ses dispositions, ses intentions. Synon. sonder.Pressentir qqn au sujet de, sur qqc; candidat, président pressenti. Daudet (...) me dit qu'on est venu le pressentir à mon endroit pour l'Académie et que c'était fait, si je disais: Oui (Goncourt, Journal, 1895, p.878).Voir, le lendemain, la reformation du ministère. (Pourquoi pas Clemenceau? −il avait été pressenti, disait-on, mais avait décliné l'offre) (Gide, Journal, 1914, p.478).Mais enfin, dis-moi, Justin, est-ce qu'il t'a parlé de... tu me comprends? −Pas positivement. Mais il m'a pressenti. D'ailleurs nous devons en reparler (Arland, Ordre, 1929, p.55).
Prononc. et Orth.: [pʀesɑ ̃ti:ʀ], [pʀ ε-], (il) pressent [pʀesɑ ̃], [pʀ ε-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1414 (Ordonnance de Charles VI ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.8, p.415: pressentir le bien du mal); b) ca 1456 «prévoir quelque chose par un effet de la prudence ou de l'expérience» (Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p.300, ligne 8); 2. 1690 «sonder quelqu'un» (Fur.). Empr. au lat. praesentire «percevoir avec les sens» (de prae «avant» et sentire «sentir»). Fréq. abs. littér.: 1422. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1698, b) 1674; xxes.: a) 1652, b) 2705.