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POÉTIQUEMENT, adv.
D'une manière poétique; du point de vue de la poésie ou conformément aux lois de celle-ci.
A. − [Caractérise un procès ou un prédicat]
1. [Corresp. à poétique1A 2, 3, 4 et B 1, 2] S'exprimer poétiquement; décrire poétiquement un paysage, une scène. L'impossibilité [pour le poète] de réduire à la prose son ouvrage, celle de le dire ou de le comprendre en tant que prose sont des conditions impérieuses d'existence, hors desquelles cet ouvrage n'a poétiquement aucun sens (Valéry, Variété III, 1936, p.51).C'est sur le plan de la rêverie et non sur le plan des faits que l'enfance reste en nous vivante et poétiquement utile. Par cette enfance permanente, nous maintenons la poésie du passé (Bachelard, Poét. espace, 1957, p.33):
1. J'avais crayonné mille fois de ces têtes si poétiquement folles, si inventrices dans leur audace, de ces maîtresses têtes fêlées qui vous décochent tout un roman dans une oeillade, et qui ne marchent dans la vie que par flots et par secousses, comme des sirènes ondoyantes. Musset, Confess. enf. s., 1836, p.107.
En partic.
Conformément à l'idéal de beauté, de charme, de délicatesse propre à la poésie Combien le Dieu des Chrétiens est poétiquement supérieur au Jupiter antique (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.485).Cette image de douceur [scène de Michaëla dans Carmen] (...) est rendue (...) dans l'accompagnement, par ces trois notes du cor d'harmonie, dont (...) la moitié [est] si poétiquement voilée (Combarieu, Rapp. mus. et poés., 1894, p.93):
2. La partition est d'une haute valeur, elle la doit à sa parfaite convenance au sujet féerique qui porte à la scène, autour du Petit Poucet, les plus jolis contes de Perrault poétiquement liés ensemble par Jacques Chenevière. Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p.210.
[P. réf. à la «poésie pure», avec une sensibilité particulière à l'égard de ce qui est «pur» en ce sens spécial] :
3. ... le pur. Un second sens (...) gros des significations les plus riches; sens non formulé, non formulable, que seuls, je ne dis pas comprennent, mais saisissent, palpent, s'approprient soit le poète lui-même, soit les heureux qui lisent poétiquement. Bremond, Poés. pure, 1926, p.97.
P. anal.
D'une manière inspirée; en poète Delphine ne vivait poétiquement que par ses rêves. Elle me les racontait chaque jour avec précision (Morand, Tendres stocks, 1921, p.80).Celui qui ne sent pas la musique poétiquement est au-dessous d'elle (Lasserre, Philos. goût mus., 1922, p.103).Plus poétiquement, Magistri, cité par Victor Hugo, pensait qu'on pouvait, tout simplement, tirer l'or du feu en prononçant certains nom de femme «au charme doux et mystérieux» (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p.163).
D'une manière touchante, émouvante ou agréable Aime, au jardin du soir, la brise faible et triste, Qui poétiquement fait se rider le coeur (Noailles, Forces étern., 1920, p.218).C'est (...) la base fragile de l'astrologie, qui eut l'idée géniale de rebaptiser les douze signes du zodiaque et de les remplacer poétiquement par les douze maisons du ciel (Boll, Qq. sciences captivantes, 1941, p.194).Le train pris au piège [par la prairie] sifflait, sifflait lamentablement; le sifflement lointain se traînait si poétiquement (Sartre, Sursis, 1945, p.197).
2. [Corresp. à poétique1A 1 et à poétique2] Conformément aux lois de la poésie ou encore au génie de tel poète en particulier. Le poète a le droit d'exiger de l'acteur qu'il se mette, en effet, tout entier dans le rôle qui lui est donné, sans y ajouter du sien, et qu'il se comporte ainsi que l'auteur l'a conçu et poétiquement développé (Arts et litt., 1936, p.64-12).
B. − [P. oppos. à ce qui est trivial, prosaïque; caractérise l'ensemble d'un énoncé, dans un empl. antinomique explicite] Ne pouvant pas être voltairiens, parce qu'en ce genre tout a été dit et bien dit, nos écrivains sentent, poétiquement parlant, qu'il faut se jeter dans le parti contraire pour réveiller les esprits et produire quelque effet (Delécluze, Journal, 1825, p.215).
Prononc. et Orth.: [pɔetikmɑ ̃]. Littré: ,,Dans la prononciation ordinaire, de quatre syllabes``: [pwetikəmɑ ̃]. V. poème. Ac. v. poésie. Étymol. et Hist.1. Ca 1460 «d'une manière poétique; en vers (p.oppos. à: en prose)» (G. Chastellain, Exposition sur vérité mal prise ds OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.6, p.245); 2. xves. «de façon fabuleuse, imaginaire, figurée» (Commentaire de Copenhague de l'Ovide moralisé, éd. C. De Boer, t.5, p.388); 3. 1558 «du point de vue de la poésie, d'une façon inspirée» (E. Jodelle, Rec. des Inscriptions ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.1, p.241); 4. 1671 «dans la langue de la poésie» (Mmede Sévigné, Corresp., 3 mars, éd. R. Duchêne, t.1, p.175). Dér. de poétique1*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 94.