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* Dans l'article "PHILOSOPHIQUE,, adj."
PHILOSOPHIQUE, adj.
I. − [Corresp. à philosophie1I A]
A. − HIST. ou vieilli
1. ANTIQ. et jusqu'au xixes. Relatif ou propre à la philosophie considérée comme science en général. Pythagore vient révéler aux hommes le secret de la vie future, de la vie éternelle, en donnant aux idées d'immortalité un fondement philosophique, qui ruine et renverse néanmoins de fond en comble les fables des enfers et des paradis (P. Leroux, Humanité, 1840, p.420).L'idée de série animale reprise et finalement transformée par la puissante réflexion philosophique d'un Lamarck (L. Febvre, De Linné, [1927] ds Combats, 1953, p.318):
1. Platon vivait encore, lorsque Aristote, son disciple, ouvrit, dans Athènes même, une école rivale de la sienne. Non seulement il embrassa toutes les sciences, mais il appliqua la méthode philosophique à l'éloquence et à la poésie. Il osa concevoir le premier que cette méthode doit s'étendre à tout ce que l'intelligence humaine peut atteindre; puisque cette intelligence, exerçant partout les mêmes facultés, doit partout être assujettie aux mêmes lois. Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.63.
[En parlant d'une pers.] Qui s'adonne à la philosophie. Sans doute la science consiste à ramener le particulier au général et à comprendre toutes les variétés dans une unité typique. En biologie comme ailleurs, cela paraît devoir être la règle et la tendance des hommes philosophiques (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.142).
2. En partic.
a) Synon. de alchimique.OEuf, or, vitriol philosophique. Ces symboles [de l'alchimie], qui indiquent ce que l'on pourrait appeler des états philosophiques de la matière (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.60).La putréfaction indispensable et féconde, de laquelle le noir est le signe parfait, en même temps que le premier de toute opération philosophique promise à la victoire (Canseliet, Alchim., 1963, p.34).V. philosopher I A 1 b α ex. de Hoogvorst:
2. La plupart d'entre eux [les auteurs] se sont contentés de décrire allégoriquement l'union du soufre et du mercure, générateurs de la pierre, qu'ils nomment soleil et lune, père et mère philosophiques, fixe et volatil, agent et patient, mâle et femelle... Fulcanelli, Demeures philosophales, t.2, 1929, p.223.
b) Qui dénote une attitude irréligieuse ou athée. Je ne tiens ni au titre ni au format, ni même à ce que j'ai entendu appeler la couleur d'un journal; peu m'importe qu'il soit philosophique ou religieux (Jouy, Hermite, t.2, 1812, p.348).On distinguerait Ermenonville à travers le bois, s'il avait un clocher, −mais dans ce lieu philosophique on a bien négligé l'église (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p.625).
En partic. Relatif ou propre à la philosophie, aux philosophes du dix-huitième siècle. Ce Romain adorait la France révolutionnaire et philosophique (Lamart., Confid., Graziella, 1849, p.142).Les physiocrates étaient ces penseurs de la deuxième moitié du XVIIIesiècle, rattachés au mouvement philosophique et à l'Encyclopédie, qui furent à l'origine de la législation économique de la Constituante (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p.154):
3. Les lumières philosophiques, c'est-à-dire l'appréciation des choses d'après la raison, et non d'après les habitudes, avaient fait de tels progrès en Europe, que les possesseurs des priviléges, rois, nobles ou prêtres, étaient les premiers à s'excuser des avantages abusifs dont ils jouissaient. Staël, Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.147.
c) Péché philosophique. V. péché A 1.
B. − Courant
1. Qui s'adonne à la philosophie en tant que réflexion critique; qui est envisagé du point de vue de la philosophie. La réflexion ne saurait opérer l'unité; la diversité est le caractère essentiel des époques philosophiques; toute grande fondation dogmatique y est impossible (Renan, Avenir sc., 1890, 307).L'évidence absolue et l'absurde sont équivalents, non seulement comme affirmations philosophiques, mais encore comme expériences (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.342).Le relativisme sociologique n'a rien à voir avec le relativisme philosophique; il ne prend pas position (Traité sociol., 1968, p.171).V. donnée ex. 2, doute ex. 5, ésotérisme B ex. de Mounier:
4. ... il devient nécessaire de distinguer profondément la connaissance scientifique, fondée sur l'observation des faits et la déduction des conséquences, d'avec la spéculation philosophique, qui porte sur l'enquête de la raison des choses. Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.100.
SYNT. Analyse, conception, courant, culture, doctrine, étude, interprétation, investigation, langue, méthode, notion, opinion, pensée, problème, raisonnement, recherche, système, texte, théorie, tradition, vérité, vocabulaire, valeur philosophique; déterminisme, idéalisme, positivisme, pragmatisme, scepticisme, stoïcisme philosophique.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Sujet profond, scientifiquement traité. Les poètes sont comme les enfants, ils peuvent tout montrer. −Je suis sûr qu'on permettrait à Béranger de mettre Justine en couplets. La rime et la gaudriole couvrent tout. Mais que si vous vous avisiez de parler en prose et de tenter le cru, le vrai, le philosophique, les Legonidec sont là (Goncourt, Journal, 1856, p.248).
En partic.
Qui a pour objet la philosophie, qui lui est consacré. Bulletin, conférence, institut, revue philosophique; causerie(s), dîner, soirée philosophique(s); librairie philosophique. Les colléges de médecins, les sociétés littéraires, religieuses ou philosophiques (Crèvecoeur, Voyage, t.3, 1801, p.220).Les anarchistes devenus syndicalistes eurent une véritable originalité et n'appliquèrent pas des théories qui avaient été fabriquées dans des cénacles philosophiques (Sorel, Réflex. violence, 1908, p.56).
[En parlant d'une pers. (avec déterminatif de qualité) et p.méton. de sa forme d'esprit] René Descartes, le réformateur philosophique (Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p.14).[Condillac] avait la tête philosophique, la passion de l'analyse, et prétendait porter dans l'étude de l'homme la précision de la méthode mathématique (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p.226):
5. ... un esprit philosophique est celui qui se forme sur les choses des idées d'ensemble, c'est-à-dire des idées qui représentent non plus tel ou tel fait isolé, tel ou tel objet séparé, mais bien des séries entières de faits, des groupes entiers d'objets. Bourget, Essais psychol., 1883, p.156.
2. Qui concerne la philosophie en tant que matière d'enseignement. Dissertation philosophique. Une conscience appliquée, méticuleuse, que la discipline universitaire a formée et à qui les études philosophiques ont donné le goût des concepts et de l'abstraction (Massis, Jugements, 1924, p.86).Les cadres supérieurs de formation littéraire, philosophique ou juridique manifestent en général un vif intérêt pour les questions politiques (Univers écon. et soc., 1960, p.52-1).
3. P. ext.
a) Domaine artist. et littér.
Qui possède un haut degré d'abstraction et/ou de généralité. J'ai essayé, dans la précédente leçon, d'expliquer le fait de la civilisation en général, sans parler d'aucune civilisation particulière, sans tenir compte des circonstances de temps et de lieu, en considérant le fait en lui-même et sous un point de vue purement philosophique (Guizot, Hist. civilis., leçon 2, 1828, p.2):
6. ... les nombres obligatoires, les rimes, les formes fixes, tout cet arbitraire, une fois pour toutes adopté, et opposé à nous-mêmes, ont une sorte de beauté propre et philosophique. Valéry, Variété [I], 1924, p.73.
Qui témoigne d'une grande élévation d'esprit; qui exprime des idées, qui comporte un message. N'est-il pas permis de se demander si la vulgarité du film populaire n'était pas nécessaire pour prendre plus sûrement contact avec les foules? Est-il bien sûr que celles-ci eussent apprécié d'emblée des oeuvres d'un style raffiné, de grande portée philosophique? (Becquet, Organ. loisirs travaill., 1939, p.57).Jamais Hugo, Lamartine ou Vigny, pour ne rien dire des grands classiques, n'ont envisagé un problème littéraire indépendamment de toute préoccupation morale ou philosophique (Benda, Fr. byz., 1945, p.127):
7. Énée voit parmi elles [les victimes de la guerre] les ames de la plupart de ses amis qui avaient péri au siége de Troie; mais, lorsqu'il approche des prisons infernales destinées au supplice des scélérats; quand leurs portes redoutables s'entr'ouvrent et roulent sur leurs horribles gonds, la sibylle l'arrête et lui adresse ce vers si touchant et si philosophique: «Nulle ame pure ne peut entrer dans le séjour du crime». Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.156.
LITT. Drame, fable, poème philosophique. Plus légère, plus délicate, et d'une raillerie plus directe que la farce, la sottie paraît, dès l'origine, animée de cet esprit vif et mordant qui plus tard inspira chez nous le conte philosophique et le pamphlet politique (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.203):
8. Les romans philosophiques (...), en Allemagne, (...) ne ressemblent point à ceux des Français; ce n'est pas comme dans Voltaire une idée générale qu'on exprime par un fait en forme d'apologue, mais c'est un tableau de la vie humaine tout-à-fait impartial... Staël, Allemagne, t.3, 1810, p.251.
[En parlant d'un écrivain] Une pensée est élevée à son exaltation par le poète lyrique; plaidée par l'auteur dramatique, ou l'écrivain philosophique; mise en oeuvre par l'homme d'État dans ses détails (Vigny, Journal poète, 1830, p.920).
b) Domaine de l'expression, du comportement.[Corresp. à philosopher B] Qui a un caractère intellectuel, moral. Je lui dis que j'avais horriblement souffert à Paris, que j'étais surtout excédé des hommes; je fis quelques phrases philosophiques sur la fatigue de la société et sur le besoin de la solitude (Constant, «Cahier rouge», 1830, p.56).Comme nous quittions les grandes salles du rez-de-chaussée [du Louvre], il m'a dit, cependant, sur un ton de badinage philosophique: «Pensez-vous qu'on adore encore tous ces dieux?» (Green, Journal, 1945, p.278):
9. «Sur une figure de putain maigre, on peut trouver quelque poésie. Les grasses n'inspirent que des sentiments d'étable. Ce n'est pas juste, mais on n'y peut rien». Cette sentence d'un camarade qui avait l'ivresse philosophique me revint à la mémoire (...), lorsque j'entrai dans le bar de Dominique. J. Kessel, La Passante du Sans-Souci, Paris, éd. Folio, 1983 [1936], p.108.
II. − [Corresp. à philosophie1I B; en parlant de l'expression d'une pers., de son comportement, de ses actes] Qui manifeste la sagesse, l'équilibre, la simplicité, le détachement pour les choses de ce monde. Désintéressement, impassibilité, insouciance, sérénité, ton philosophique. Il s'est mis à peindre le bonheur du particulier honnête et aisé, jouissant paisiblement, dans le fond de sa province, des champs et de la maison qu'il a reçus de ses pères; rien assurément n'était plus philosophique; nous n'avons pu nous empêcher de sourire à un tableau si paisible (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.379).Il se tut, avec une gravité philosophique d'homme gris qui réfléchit, puis, lentement: «Quand on veut qu'un garçon tourne bien, on ne devrait jamais l'envoyer dans une maison de correction, à cause des connaissances de là-dedans, quoi qu'il ait fait...» (Maupass., Contes et nouv., t.2, Champ d'oliv., 1890, p.92):
10. ... mon père était, les bons jours, souriant, froid, dédaigneux. Il caressait d'un geste élégant ses belles moustaches flambantes. Il considérait le monde avec une indifférence souverainement philosophique. Il avait de grandes pensées, de grands desseins, une lourde tâche. Duhamel, Notaire Havre, 1933, p.117.
Plais. [En parlant d'un animal] Les petits villages bien calmes et, dans leurs pâturages, les vaches philosophiques (Queneau, Pierrot, 1942, p.160).
P. ext. Qui manifeste une aptitude à envisager les choses calmement, à prendre la vie du bon côté. Un tambour bat sa caisse (...) avec une insouciance philosophique des criailleries d'une femme entre deux âges, quelque hôtesse, sans doute, réclamant son dû (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.319).
REM. 1.
Philosophâtre, adj.,péj. Qui a des prétentions philosophiques. Je possède des rames de papier recouvertes de cette dictée phénoménale (...) qui donne à un vivant cette ambitieuse illusion de s'entretenir avec un mort, sans s'apercevoir que ce dernier signe du nom de Shakespeare ou de Bossuet un galimatias religioso-philosophâtre (Montesquiou, Mém., t.1, 1921, p.296).
2.
Philosophicaillant, -ante, adj.,péj. Qui exprime une philosophie prétentieuse, sans valeur; qui manifeste un esprit médiocre, une intellectualité stérile. La Revue des Deux Mondes, qui devient de plus en plus détestable, MmeSand tournant à la radoterie philosophicaillante (Barb. d'Aurev., Memor. 2, 1839, p.395).
Prononc. et Orth.: [filɔzɔfik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Fin xives. «relatif à la philosophie» (Aalma 4.172 ds Roques t.2, p.144); b) 1578 [date d'éd.] «relatif aux plus hautes spéculations et à la suprême sagesse de l'esprit humain» (La Boderie, Harm., p.23 ds Gdf. Compl.); c) 1588 «relatif aux sciences humaines, par opposition à la théologie» (Montaigne, Essais, I, 56, éd. P. Villey V.-L. Saulnier, t.1, p.322); 2. 1580 sagesse philosophique (Id., ibid., II, 12, éd. citée, t.1, p.594). Empr. au lat. de l'époque impériale philosophicus (du gr. φ ι λ ο σ ο φ ι κ ο ́ ς). Fréq. abs. littér.: 2972. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5501, b) 4556; xxes.: a) 3413, b) 3450.