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PEUPLER, verbe
I. − Empl. trans.
A. − Qqn1/qqc.1peuple qqc.2de qqn3/qqc.3
1. Qqn1peuple qqc.2de qqn3/qqc.3
a) Établir, installer en grand nombre (des personnes dans une contrée, un pays pour en constituer la population). Romulus, après avoir fondé Rome, la peupla de gens ramassés sans choix (Ac.).L'homme de génie ne vole pas, il conquiert, il fait de la province qu'il prend une annexe de son empire; il lui impose ses lois, il la peuple de ses sujets (Dumas père, Comment je devins aut. dram., 1833, introd., p.16).
Qqn1peuple qqc.2[Avec effacement du compl. prép. de] Un domaine et les terres qui en dépendent lui sont offerts, à charge par lui de les peupler (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.289).
b) P. anal. [Le compl. prép. de désigne un animal, un végétal] Peupler un pays de gibier, un étang de poissons. Fernand Lopez, renégat portugais, déporté à cette oasis, la peupla de vaches, de chèvres, de poules, de pintades et d'oiseaux de quatre parties de la terre (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.654).
En partic. [Avec effacement du compl. prép. de] Peupler un bois, une vigne. ,,Garnir (un bois, une vigne) de nouveaux plants`` (Ac.).
2. P. ext.
a) Qqn1peuple qqc.2de qqn3/qqc.3Réunir, dans un lieu déterminé, plusieurs personnes ou plusieurs choses. Le philanthrope (...) avait peuplé les bagnes de moralistes qui lui étaient dévoués, et qui y propageaient ses leçons (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.437).C'était elle qui avait meublé tout l'appartement (...) et elle avait peuplé sa propre chambre d'objets glanés dans tous les ports où l'avait mené [sic] son époux aventureux (Butor, Passage Milan, 1954, p.10).
[Avec effacement du compl. prép. de] On donne un bal, on cherche à le peupler, qu'importe bien ou mal! (Bayard, Ménage paris., 1844, ii, 9, p.346).
b) Qqn1/qqc.1peuple qqc.2de qqc.3[Le compl. prép. de désigne une chose immatérielle] Remplir.
[Le suj. désigne une pers.] Il nous faut autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes (Maupass., Contes et nouv., t.2, Horla, 1886, p.1105).François, seul, ne s'ennuya pas. Il n'avait même pas besoin de peupler sa solitude et son oisiveté de ces mille distractions auxquelles même les paresseux se croient tenus (Radiguet, Bal, 1924, p.138):
1. Par l'esprit, elle retournait sans cesse au grand troupeau de corps impudiques dont elle peuplait son cerveau, et pour cette femme éprise de chimères, la vie n'était réelle que dans la mesure où elle rejoignait un rêve précis. Green, Malfaiteur, 1955, p.50.
[Le suj. désigne une entité psychol.] Tu peuples [l'imagination] nos jours et nos nuits des pensées des autres, de celles que tu leur prêtes et non de celles qu'ils ont réellement (Maurois, Journal, 1946, p.108).
[Le suj. désigne une chose matérielle] La veilleuse peuplait l'espèce de lingerie où il couchait d'ombres familières et de monstres apprivoisés (Mauriac, Sagouin, 1951, p.55).
B. − Qqn3/qqc.3peuple qqc.2
1.
a) Qqn3peuple qqc.2Occuper une contrée, un pays; former, constituer la population d'une contrée, d'un pays. Notre grand-père (...) appartenait à une sorte de clan de marins et de paysans qui peuple tout le pays de Goëlo (Renan, Ma Soeur, 1862, p.11):
2. ... ce que j'aime dans les villes algériennes ne se sépare pas des hommes qui les peuplent. Voilà pourquoi je préfère m'y trouver à cette heure du soir où les bureaux et les maisons déversent dans les rues, encore obscures, une foule jacassante... Camus, Été, 1954, p.102.
Empl. pronom. passif. Qqc.2se peuple de qqn3.Des contrées désertes se peupleront d'habitans; des hordes sauvages deviendront des nations policées (Say, Écon. pol., 1832, p.342).
b) P. anal. [Le suj. désigne un animal, un végétal] Ce n'est pas en vain que Dieu a donné à l'homme, pour son usage, les animaux qui peuplent la terre, le ciel et l'eau (A. France, Rôtisserie, 1893, p.325).
Fréq. au passif. La mer est peuplée d'espèces assez voraces (...) pour faire disparaître promptement la dépouille des pauvres diables qui laissent leur vie dans les flots (Delacroix, Journal, 1853, p.110).
Empl. pronom. passif. Tout milieu riche en matière organique se peuple rapidement d'une flore bactérienne ou fongique saprophyte (Plantefol, Bot. et biol. végét., t.1, 1931, p.395).Maintenant, les arbres s'étaient peuplés d'oiseaux. La terre soupirait lentement avant d'entrer dans l'ombre (Camus, Noces, 1938, p.25).
2. P. ext.
a) Qqn3peuple qqc.2Occuper, en grand nombre, un lieu (de façon permanente ou épisodiquement). Les beautés qui peuplent la montagne Sainte-Geneviève, et se partagent les amours des écoles, lui inspiraient une sorte de répugnance qui allait jusqu'à l'aversion (Musset, Mimi Pinson, 1845, p.216).Les personnes qui peuplent les salons s'attribuent des goûts et des dégoûts qui ne furent jamais les leurs (Barrès, Amit. fr., 1903, p.13).
Fréq. au passif. [En parlant d'un lieu public, d'un bâtiment] Il me venait des rires de gamine, du grenier voisin, qui était peuplé de toute une famille (Zola, Nouv. Contes Ninon, 1874, p.70).Maintenant les rues étaient plus noires et moins peuplées. Des voix passaient encore. Dans l'étrange apaisement du soir, elles devenaient plus solennelles (Camus, Env. et endr., 1937, p.49).
Empl. pronom. passif. Qqc.2se peuple.Elle avait (...) adressé çà et là quelques invitations auxquelles on s'était empressé de répondre; déjà les salons de l'hôtel Levrault commençaient à se peupler de figures aristocratiques (Sandeau, Sacs, 1851, p.38).Le trottoir s'était peuplé; une foule s'éveillait, allait entre les marchandises, s'arrêtant, causant, appelant (Zola, Ventre Paris, 1873, p.614).
b) Qqc.3peuple qqc.2Remplir, occuper (un lieu); être un grand nombre concentré (dans un lieu). Ces myriades de statues qui peuplaient tous les entre-colonnements de la nef et du choeur, à genoux, en pied, équestres, hommes, femmes, enfants, rois, évêques, gendarmes (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.127).
Empl. pronom. passif. Les jardins commencent à se peupler de statues à la manière italienne [première moitié du XVIIesiècle] (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p.188).
Au fig. ou p. métaph. Quels rêves peupleront Le sommeil de la mort lorsque, sous notre front, Ne s'agiteront plus la vie et la pensée? (Dumas père, Hamlet, 1848, iii, 4, p.210).Mes vrais souvenirs de collège commencent où les cahiers se ferment Farces et rixes, escapades (...) voilà mes souvenirs de cancre, ce qui peuple ma mémoire de mauvais élèves et d'affranchi (Cocteau, Portr.-souv., 1935, p.107).Les cris des oiseaux de mer peuplaient le matin, montaient comme la senteur sauvage de la mer libre (Gracq, Syrtes, 1951, p.222).
II. − Empl. intrans., vieilli. Proliférer; se reproduire, se multiplier en abondance. Ces Clermont-Tonnerre, dont un aïeul vendit (...) cinq millions une terre de vingt-deux villages, vivent là, peuplent avec des bûcheronnes (Goncourt, Journal, 1857, p.388).
REM.
Peuplant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui favorise le peuplement. La forêt est-elle peuplante? (...) La réponse qui vient tout d'abord à l'esprit est négative. (...) on peut aussi regretter que les acquisitions de terrains par l'État sur de vastes surfaces aient précipité l'émigration (Forêt fr., 1955, p.8).
Prononc. et Orth.: [poeple], [pø-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1155 popler «emplir un lieu d'habitants» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 643); b) ca 1200 pupler en parlant d'animaux (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, 5072); c) ca 1236 puepler en parlant de végétaux (Rose, éd. F. Lecoy, 1352); 2. au fig. a) 2emoitié xiiies. peupler de «remplir de (gens, nourriture, équipements, etc.)» (Gaufrey, 23 ds T.-L.); b) 1762 (Rousseau, Émile, p.662 peupler d'images). Dér. de peuple*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 637. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1030, b) 735; xxes.: a) 720, b) 969.