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PERROQUET, subst. masc.
I.
A. − Oiseau grimpeur des régions tropicales et subtropicales (de la famille des Psittacidés), caractérisé par un bec fort et crochu, un plumage souvent vivement coloré et la faculté, chez certaines espèces, d'imiter la voix humaine. Un vieux perroquet gris tout râpé, maussade bête que nous accablions de nos dédains et de nos insultes (Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.133).Les Aras sont les plus grands Perroquets et parmi les plus beaux; ils sont répandus du Mexique au Paraguay (Zool., t.4, 1974, p.544 [Encyclop. de la Pléiade]).V. aussi amazone2ex. 1, 2:
1. Juste en ce moment, on adjugeait un perroquet, un perroquet vert à tête bleue, qui regardait tout ce monde d'un air mécontent et inquiet. «Trois francs! criait le vendeur; un oiseau qui parle comme un avocat, trois francs!» Maupass.,Contes et nouv., t.2, Noyé, 1888, p.1155.
Loc. et expr.
1. Bâton de perroquet. ,,Bâton établi sur un plateau de bois et garni de distance en distance d'échelons sur lesquels le perroquet monte et descend`` (Ac. 1935). Frédéric observa une pendule, un bâton de perroquet, des gravures (Flaub.,Éduc. sent., t.2, 1869, p.169).
P. anal., fam. Maison haute et étroite où chaque étage ne comporte parfois qu'une pièce. Six salles les unes au-dessus des autres formaient le logement (...) un bâton de perroquet, disait-on (La Varende,Sorcière, 1954, p.82).
P. anal. Échelle ou corde de perroquet. ,,Échelle verticale, formée d'un seul montant traversé par les échelons, ce qui la fait ressembler à un bâton de perroquet`` (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.).
Au fig. [Dans la fonction publique] Mode d'augmentation des salaires consistant à aligner la rémunération d'une catégorie sur celle d'une catégorie plus favorisée. L'action catégorielle domine, comme dans le cas des fonctionnaires, où les principaux changements sont dus à des «décrochements» suivis d'une «remise en ordre». L'«échelle de perroquet» est à l'honneur: les agents de l'EDF, obtiennent une prime de froid pour les travaux extérieurs pendant l'hiver; la SNCF accorde une prime plus faible pour le même objet, mais à tous ses agents (Reynaud,Syndic. en Fr., 1963, p.187).
2. [En parlant d'un ton ou d'un ensemble de tons] (Couleur(s), vert) de perroquet; en appos., (couleur(s), vert) perroquet. D'un ton, d'un ensemble de tons vifs et criards. Au milieu d'un grand mur blanc, il y avait une persienne peinte en vert-perroquet. «Quel choix de couleurs voyantes ont ces marauds de provinciaux!» (Stendhal,L. Leuwen, t.1, 1835, p.60).Mademoiselle Ursule Creton, longue et maigre, portait habituellement à la ville un chapeau vert clair doublé de jaune; sous cette coiffure de perroquet elle redressait la tête (Champfl.,Bourgeois Molinch., 1855, p.60).En voici un autre, habillé de vert celui-là, d'un vert de perroquet qui aurait vécu trois cents ans (Tharaud,An prochain, 1924, p.39).
Tulipe perroquet. Tulipe panachée. Dans le petit salon où, parmi de gentilles vieilleries qui sont les joujoux des grandes personnes, se mouraient perpétuellement des tulipes jaunes, tachées de vert, de rouge et nommées d'une façon amusante «tulipes perroquet» (Barrès,Appel soldat, 1900, p.216).
3. Nez en bec de perroquet, nez de perroquet, bec de perroquet. Nez fort et crochu. Je crois le voir encore avec son habit de velours noir, sa perruque ronde et son nez de perroquet (Jouy,Hermite, t.1, 1811, p.303).Au Musée de l'Homme, grand plaisir à retrouver Namba, la déesse de la maternité, avec son bec de perroquet au bout duquel pend un petit carré d'étoffe (Green,Journal, 1949, p.292).
4. PATHOL. Bec de perroquet. V. bec III A 3.Arthrose vertébrale avec bec de perroquet (Lar. Méd.t.11971, s.v. bec).
Langue de perroquet. ,,Langue sèche et comme ratatinée qui s'observe dans la fièvre typhoïde et, en général dans les infections graves`` (Lar. encyclop.; Lar. 20e). Au réveil, sauf pour la langue de perroquet que je n'étais pas le seul à avoir, ça allait mieux (Vialar,Risques et périls, 1948, p.60).Chez le vieillard, une maladie qui serait bénigne chez l'adulte non taré peut entraîner un état de déshydratation grave avec langue parfois tellement sèche qu'on la compare à une «langue de perroquet» (Quillet Méd.1965, p.183).
5. Soupe de, à perroquet. Pain trempé dans du vin. D'autres fois, quand elle avait du vin, elle se payait une trempette, une vraie soupe de perroquet (Zola,Assommoir, 1877, p.752).
6. (Dire, parler, réciter, etc.) comme un perroquet. D'une manière mécanique, sans réflexion personnelle et sans se soucier de la signification ou de la valeur de ce que l'on dit. Le législateur français est un homme vain, superficiel, assez sot, trop peut-être, qui ne fait que débiter comme un perroquet tous les lieux communs de la politique du Contrat Social, délayés par la conversation des bourgeois de Paris (Delécluze,Journal, 1825, p.138):
2. ... au beau milieu de la tirade où elle semblait mettre tout son coeur, il lui arrivait de dire des mots qui n'avaient aucun sens. Elle récitait sa leçon, comme un petit perroquet, sans s'inquiéter de ce que cela signifiait: et c'étaient alors des coq-à-l'âne burlesques. Rolland,J.-Chr., Révolte, 1907, p.468.
B. − P. anal. Personne qui parle avec excès, à tort et à travers, ou qui, sans pouvoir de réflexion ou de création personnelle, se borne à répéter ou à imiter ce qui est dit ou fait par les autres. J'ai épousé un perroquet à qui une vieille institutrice anglaise aurait enseigné le français (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Découv., 1884, p.960).Les adjectifs sont à tout le monde, comme les gros sous; les adjectifs sont partiels et superficiels, et il y a bien assez de perroquets ici-bas pour les réciter; mais l'état d'âme est à un seul, et si l'état d'âme n'est pas compris par sympathie, il ne peut être que singé par gestes et simagrées (Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p.155).V. aussi crétin ex. 3:
3. Le vrai témoin, le parfait observateur, pur, sévère, sont des phénix quasi introuvables. Et tous les autres sont dupes d'eux-mêmes, des trompeurs trompés, des perroquets sans le savoir. De là sans doute l'aversion de Goethe pour les babillards et de Voltaire pour les sots. Amiel,Journal, 1866, p.299.
En appos. On peut devenir artiste en prenant les règles dans les livres, et non dans son coeur (...). Le comble de l'abomination, c'est que ces artistes perroquets font respecter leurs oracles comme s'ils partaient directement de l'observation de la nature (Stendhal,Hist. peint. Ital., t.1, 1817, p.260).
II. − P. anal.
A. −
1. P. anal. (de couleur). Absinthe ou, de nos jours, apéritif fait d'un mélange de pastis et de sirop de menthe. Ces jours-là, l'ancien «sous-off», qui était devenu le plus sage des pères de famille et avait perdu l'habitude du «perroquet», se levait de table avec un coup d'ivresse héroïque dans le cerveau (Coppée,Vingt contes nouv., 1883, p.225).Il ne voulait qu'un «perroquet» C'est-à-dire une bonne abs...inthe. Pauvre bougre de Pelloquet! (Ponchon,Muse cabaret, 1920, p.203).
Arg. Étrangler, étouffer un perroquet. Boire un verre de ce breuvage. (Ds Larchey, Excentr. lang., 1862, p.241).
2. Arg. milit. (Première Guerre mondiale). [P. réf. aux moeurs arboricoles du perroquet] Tireur d'élite posté dans un arbre. Les perroquets nous visaient, ces vaches-là! disait un Parisien (J. Giraud,juill. 1919ds Esn. Poilu 1919, p.405).Ils nous embêtent un petit peu avec des grenades, des pétards... Il y a aussi les perroquets. Ah! ils sont bien emmerdants, ceux-là. −Les perroquets? −Ceux qu'on appelle les écureuils dans d'autres secteurs. Vous pensez si ça leur est facile, avec ces arbres qui nous dominent de partout (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.148).
B. − Perroquet de mer
1. Macareux arctique. En revenant à bord, je tue une mouette tridactile qui transportait des herbes dans son bec (...). Nous voyons aussi beaucoup de perroquets de mer (macareux arctique) (D'Orléans,À travers banquise, 1907, p.106).
2. Scare. La faune ichthyologique des récifs coralliens peut se diviser en deux groupes selon que les espèces ont une denture puissante (...) ou au contraire une denture faiblement développée (...). Les premières sont représentées par les Scares ou Perroquets de mer (...), les Hérissons de mer et les Poissons-Globes. Ces poissons ont des mâchoires apparentes et transformées en un puissant bec renforcé par des dents (Zool., t.3, 1972, p.1170 [Encyclop. de la Pléiade]).
C. −
1. [Au xviies.] Siège pliant à dossier. Pendant tout le XVIIes., les perroquets demeurèrent en vogue, parce que l'on n'eut point, même dans les habitations royales, de pièce spéciale pour le repas, et qu'il fallait, aussitôt celui-ci achevé, faire disparaître tout ce qui était relatif à son service (Havard1890).Les sièges [au Conseil Privé] sont des chaises à bras, mais pliantes (...). On les appelle des perroquets (La Varende,Saint-Simon, 1955, p.280).
2. Meuble formant porte-manteau, composé d'un axe vertical reposant sur des pieds et muni d'un certain nombre de tiges dont l'extrémité sert à suspendre les vêtements. Et n'y a-t-il pas aussi dans un coin de chaque chambre (...) ce perchoir à habits nommé chez nous «perroquet»? (Saint-Marcet,Élodéa ou la roue de la fortune, 1924, p.74 ds Quem. DDL t.13).
3. ,,Instrument de dessin servant au tracé des lignes courbes, rappelant, par la forme d'une de ses pointes, la tête du perroquet`` (Bég. Dessin 1978). Les perroquets peuvent être en bois ou en plastique; ils sont plats et de peu d'épaisseur (Bég.Dessin1978).
4. AGRIC. ,,Tréteau formé de trois ou quatre perches entrecroisées et fixées entre elles pour soutenir un tas d'herbe récemment coupée afin qu'elle se dessèche sans toucher le sol humide où elle pourrirait`` (Fén. 1970).
D. − MAR. Voile haute et carrée établie au-dessus des huniers. Il y a un grand Perroquet (...) qui surmonte le grand hunier, un petit Perroquet (...) qui surmonte le petit hunier (Bonn.-Paris1859).Notre pénurie de manoeuvriers et la saison avancée ne nous permettant guère d'utiliser nos voiles hautes (...) les perroquets furent dégréés et les vergues amenées sur le pont (Charcot,Mer Groënland, 1929, p.191).
Mât* de perroquet.
Perroquet de fougue. Voile carrée portée par le mât établi au-dessus du mât d'artimon. P. méton. Ensemble constitué par le mât, la vergue, le gréement et la voile. Le matelot jerseyais, logé, vêtu et nourri à l'autel, trouvait cela beaucoup plus doux que d'aller serrer la voile du perroquet de fougue (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.263).Il avait bordé l'artimon et orienté le perroquet de fougue au plus près, de façon à contrarier les voiles les unes par les autres, et à avoir peu d'arrivée et moins de dérive (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.175).
Perroquet de beaupré. Voile carrée hissée sur un mât au-dessus du beaupré. À la fin du XVesiècle, le voilier commercial était gréé de cinq voiles: un perroquet de beaupré, une voile carrée de misaine, une grand-voile surmontée d'un perroquet, et une voile latine d'artimon (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p.126).
REM.
Perroquetage, subst. masc.,hapax. Fait de parler comme un perroquet, de bavarder vainement. Je ne sais plus que te raconter (leitmotiv). Il est que tout ce perroquetage te raconte moi quelque peu (Valéry,Corresp.[avec G. Fourment], 1890, p.114).
Prononc. et Orth.: [pε ʀ ɔkε], [pe-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) 1395 [ms. du xives.] «oiseau des pays chauds à gros bec très recourbé, capable d'imiter la parole humaine» (Thomas de Saluces, Le Chevalier errant [ms. Turin R 1680, fo218 ro] ds Romania t.21, 1892, p.76: Et quant il sçot que son vieil paroquet, c'est son papegaut, n'est mie mort, si s'en ala a lui); 1537 perroquet (Bonaventure des Périers, Cymbalum mundi, Réimpr. de l'éd. de 1537, foE 2 vo); b) 1585 fig. «personne qui parle abondamment et sans réfléchir» (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.147); c) 1835 vert-perroquet (Stendhal, loc. cit.); 2. a) 1554 [éd.] «sorte de labre» (Rondelet, Libri de piscibus marinis, p.176); b) 1776 perroquet de mer «macareux» (Valm. d'apr. FEW t.8, p.330b); 3. a) 1862 étouffer un perroquet «prendre un verre d'absinthe» (Larchey, loc. cit., avec citat. d'aut.); b) 1957 «mélange de pastis et de menthe» (FEW t.8, p.331a). II. 1525 mar. voile de perroquet (Doc. ds Jal1, s.v. treu). Prob. dér. hypocoristique du prénom Pierre. Le subst. perroquet, d'abord att. comme nom propre d'un perroquet (1395, Thomas de Saluces, loc. cit. ds Romania t.21, p.74), a évincé papegai, usuel jusqu'au xives. Le sens 3 s'explique par une allus. à la couleur verte de l'absinthe ainsi que du pastis auquel on a ajouté de la menthe (cf. aussi tomate «mélange de pastis et de grenadine» et mauresque «mélange de pastis et de sirop d'orgeat», v. Vie Lang. 1971, p.636). L'emploi de perroquet comme terme de mar. est à rapprocher d'autres noms de voiles que l'on désigne par des noms d'oiseaux, v. p.ex. pacfi. Fréq. abs. littér.: 472. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 578, b) 1254; xxes.: a) 657, b) 446. Bbg. Callebaut (B.). Index hist. et explicatif des n. des oiseaux en fr. Trav. Ling. Gand. 1980, no7, p.135. _Quem. DDL t.4, 13.