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PELER, verbe
I. − Empl. trans.
A. − [Corresp. à peau] Enlever (à quelque chose) sa partie superficielle.
1. [Le compl. d'obj. désigne un fruit, un légume, un fromage...] Ôter la peau. Synon. éplucher, décortiquer.Peler une pomme, une poire, une banane, des oignons. Les soirs, on posait devant la cheminée la marmite de pommes de terre, et chacun, assis à sa guise, y pêchait, prenant, pelant, mangeant (Pourrat, Gaspard, 1925, p.199).Les racines que les femmes ont lavées dans la rivière, à leur retour, sont pelées avec un couteau ou un grattoir tranchant en bois (Page, Dern. peuples primit., 1941, p.169):
1. Disons tout d'abord que les asperges ne doivent pas être seulement ratissées, ainsi que trop de gens se contentent de le faire, mais bien pelées à fond, ce qui permet de les consommer dans leur presque totalité. Ainsi pelées, les asperges sont réunies en bottillons de cinq ou six brins... Gdes heures cuis. fr.,Éluard Valette,1964, p.191.
2. [Le compl. d'obj. désigne un arbre, une branche] Enlever l'écorce. Les Havasupaï (...) estiment par-dessus tout les branches de l'acacia «cat's claw» (...). Dans tous les cas, les branches sont pelées et coupées en deux tailles différentes (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.144).
Empl. pronom. passif. Et l'écorce qui se sépare. Qui s'écarte. Qui se pèle. Qui s'enlève délicatement sous la cognée (Péguy, Myst. charité, 1910, p.85).
B. − [Corresp. à poil]
1. MÉGISS. Peler une peau. Lui ôter ses poils, sa laine. Peler des peaux, des cuirs. Ce velours se pèle promptement (Ac.1935).
P. anal., AGRIC. V. pelage2.Peler la terre. Enlever le gazon. Peler les allées. Enlever de l'herbe et aussi de la terre. On pèle le gazon resté dans l'intérieur de l'édifice: les ouvriers, dansant sur le sol humide, l'ont bientôt pétri et égalisé (Chateaubr., Voy. Amér., 1827, p.148).
Empl. pronom. passif. La terre se pèle et s'écorche sous les pas redoublés et furieux des guerriers (Chateaubr., Natchez, 1826, p.273).
2. Empl. pronom. [Le suj. désigne une étoffe] Perdre son poil. On dit d'une étoffe veloutée qu'elle se pèle ou mieux encore qu'elle se râpe (Havard1890).
C. − P. anal.
1. Pop., fam. Débarrasser quelque chose ou quelqu'un de quelque chose. Peler son église de tout accessoire inutile et lourd (Tzara, Manif. Dada, 1918, p.34).
,,Battre un adversaire au jeu (de cartes), en lui prenant toute sa mise; dépouiller au jeu.`` (Cellard-Rey 1980). Synon. plumer.Tous les samedis, Jojo se faisait peler au poker par ses potes, il y revenait quand même (Cellard-Rey 1980).
2. Arg. [Suivi d'un compl. désignant les parties sexuelles mâles] Ennuyer. Peler le jonc, ,,importuner. Tu me pèles le jonc, avec tes salades`` (Car. Argot 1977).
II. − Empl. intrans. [Corresp. à peau]
A. − [Le suj. désigne le corps ou une partie du corps (de l'homme ou de l'animal)] Perdre son épiderme par parcelles. Tout son corps a pelé. Tout le corps lui a pelé à la suite de cette maladie (Ac.1935).Deux jours après, le nez de M. L'Ambert désenfla d'une façon visible, mais la couleur rouge tenait bon (...). Au bout de quinze jours, il pela horriblement (About, Nez notaire, 1862, p.150).
P. exagér. Les deux voyageurs se jetèrent dessus [sur la purée de pommes de terre] sans demander si c'était chaud et la langue faillit leur en peler (Pourrat, Gaspard, 1925, p.239):
2. Le tonneau le plus grand donnait une liqueur d'un rouge foncé, tandis qu'on tirait du tout petit un liquide blanc comme de l'eau de roche; et c'était celui-ci qui était le plus raide, un vrai poivre, quelque chose dont la langue pelait. Zola, Cap. Burle, 1883, p.265.
Pop. Avoir très froid. Je pèle. On pèle ici (Car.Argot1977).
B. − Empl. factitif. Faire peler. Cela s'est compliqué ces temps derniers d'un immense coup de soleil qui me pelait les joues et le front (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p.97).
Pop. Un froid qui pèle (Cellard-Rey1980).
[Avec un suj. de l'animé] Tu ris, mais sais-tu pourquoi ces deux hommes se battent? C'est pour savoir lequel des deux t'emmènera la corde au cou (...) et te pèlera le dos à coups de trique si tu bouges! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.2, 1870, p.421).
Prononc. et Orth.: [pəle], (il) pèle [pεl]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Arracher les poils a) d'une personne ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1823: Icil li peilent la barbe e les gernuns [à Ganelon)]; ca 1150 (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 7568: Chaus devient l'en en poil pelant); 1176-81 front pelé (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 295); 1197 poiler le cuir (Hélinant, Vers de la mort, éd. F. Wulff et E. Walberg, XIII, 6); ca 1260 intrans. «devenir chauve» (Récits Ménestrel de Reims, 71 ds T.-L.); 1532 part. passé subst., fam. là n'estoient que troys teigneux et ung pelé de legistes (Rabelais, Pantagruel, V, éd. V. L. Saulnier, p.29, 65); 1690 trois tondus et un pelé (Fur.); 1790 quatre pelés et un tondu (Jean Bart, no103, 4 ds Quem. DDL t.19); b) d'un animal, de son pelage, de sa fourrure α) 1260 (Étienne Boileau, Métiers, 325 ds T.-L.: piaus de mouton... pour peler et pour draper); 1174-87 pane pelee (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 1798); 1176-81 veir pelé (Id., Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 508); β) 1377 (Gace de La Buigne, Deduis, 9615 ds T.-L.:... meschëans chiens pelés, Qui sont de roigne guerpelés); c) 1262 p.anal. parisis, tournois pelez «dont le relief est érodé par l'usage» (doc. ds Du Cange, s.v. pelatus); d) ca 1230 id. «dépouiller [une terre] de sa végétation» (Péan Gatineau, St Martin, 2216 ds T.-L.); 2. a) «enlever la peau, l'écorce [d'un végétal], l'enveloppe [de quelque chose]» ca 1100 verge pelee (Roland, 3323); ca 1180 valoir deux aus pelés exprime une valeur minime (Fierabras, 108 ds T.-L.; cf. Fr. Möhren, Le renforcement affectif de la négation par l'exp. d'une valeur minimale en a. fr., Tübingen, 1980, pp.41-42); ca 1215 ne... vaillant un oef pelé id. (Aimeri de Narbonne, 2227, ibid.); fin xiiies. [ms.] peler une chastaigne fig. «raconter des histoires, chercher à tromper» (Jean de Meun, Rose, éd. E. Langlois, 16456, var. ms. Be); 1611 peler son fromage (Cotgr.); b) 1690 «dépouiller un animal de sa peau» (Fur.); 3. fig. a) 1197 «voler, dépouiller» (Hélinant, op.cit., XLIII, 3); 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Miserere, 143, 1 ds T.-L.: Gastebien poile clers et lais); spéc. domaine du jeu 1remoitié xiiies. réfl. «perdre tout son bien» (De St Pierre et du jougleor, 8 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Rec. gén. fabliaux, t.5, p.65: sovent as dez se pela); b) 1918 froid qui pèle (R. Florigny et G. d'Abzac, L'Amant de l'ingénue, p.112 ds Cellard-Rey); 1970 peler «avoir très froid» (J. Hougron, La Gueule pleine de dents, p.254, ibid.). Du b. lat. pĭlare (de pĭlus, v. poil) au sens de «arracher les poils, épiler», avec, par étymol. seconde, rapprochement de l'a. fr. pel (peau*), d'où est issu le sens de «ôter la peau». Fréq. abs. littér.: 69.
DÉR.
Peleur, -euse, subst.a) Subst. masc. α) [Corresp. à supra I B 1] ,,Ouvrier chargé de séparer la laine du cuir lorsque les peaux sont parvenues à maturité. Il classe sommairement la laine (dos, flanc) au fur et à mesure de son enlèvement. Peleur de peaux, v. épileur de peaux`` (Mét. 1955). β) ,,Terme péjoratif appliqué à un laboureur qui n'enfonce pas suffisamment sa charrue dans le sol, qui se contente de le peler, de le gratter superficiellement, on dit aussi un peleux `` (Fén. 1970). ,,Petite lame placée en avant du soc de la charrue et destinée à peler, à écroûter le sol que vont couper le coutre et soulever le versoir`` (Fén. 1970). b) Subst. fém. ,,Machine destinée à éliminer la partie superficielle d'un fruit ou d'un légume. Une peleuse est constituée d'un mécanisme d'alimentation, un laveur, une brosse rotative qui opère le pelage`` (Clém. Alim. 1978). [pəloe:ʀ], fém. [-ø:z]. 1reattest. peleur 1861 «rasette placée en avant du soc de charrue» (Grandvoinnet in Encyclop. pratique de l'agriculteur, IV, col. 815 ds Quem. DDL t.15); de peler, suff. -eur2*.
BBG.Baist (G.). Etymologien. Z. rom. Philol. 1908, t.32, pp.423-433. _Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p.318.