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* Dans l'article "PAISIBLE,, adj."
PAISIBLE, adj.
I. − [En parlant d'êtres vivants]
A. − Qui demeure en paix, qui ne trouble pas la paix, la tranquillité des autres. Bourgeois, citoyen, homme, peuple, promeneur paisible; demeurer, rester, vivre paisible. Polémon dormait paisible aux doux sons de la harpe de Myrthé (Nodier, Smarra, 1821, p.83):
1. Comme, dans une colonie naissante, un laboureur, empruntant de son voisin des poulains et des cavales, les fait entrer dans une grange où les gerbes de froment sont régulièrement étendues; des enfants, placés au centre de l'aire, contraignent par leurs cris joyeux les paisibles animaux à fouler les richesses rustiques... Chateaubr., Natchez, 1826, p.283.
P.métaph. Ils s'étonnèrent un instant, levèrent les regards vers la voûte religieuse des feuillages, parurent interroger le peuple paisible des arbres, pour retrouver l'écho de leur baiser (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1382).
B. − Qui connaît la paix intérieure, qui n'est pas troublé. Synon. serein.Esprit paisible. Mais l'âme paisible de Bastienne, son âme de danseuse popote et casanière, n'a point souci de fourrures (Colette,Music-hall, 1913, p.140):
2. Il y avait le coeur paisible et reposé, quand il venait de causer avec elle. Il lui suffisait de la voir. Il se détendait de ses inquiétudes, de ses irritations, de cette angoisse nerveuse qui lui contractait le coeur. Nul trouble quand il lui parlait. Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.281.
DR. Qui n'est pas troublé dans la possession d'un bien. Possesseur paisible. (Dict. xixeet xxes.).
C. − Qui exprime la paix avec soi-même ou avec autrui. Synon. placide, serein, tranquille.Air, allure, caractère, démarche, humeur, regard, sourire, voix paisible. Ton front resta paisible, et ton regard serein. Calme sur l'échafaud, tu mépriseras la rage D'un peuple abject, servile, et fécond en outrage, Et qui se croit alors et libre et souverain (Chénier, Odes, 1794, p.253).À mon tour, à la dérobée, je regardai ces jeunes filles. Leur finesse, leur rire silencieux derrière le paisible visage. Et j'admirais cette royauté qu'elles exerçaient (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p.184):
3. Le silence de Mainville est généralement celui de l'enfant gâté −narquois ou boudeur. Celui de son amie est souriant, paisible... Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p.898.
II. − [En parlant de choses]
A. − Qui ne trouble pas un état de paix, de tranquillité. Amour, bruits, idées, jouissance, moeurs, profession, sentiment paisible(s). J'étais content que des rangements, des soins ménagers, le thé et la paisible conversation avec L. m'occupassent (Du Bos, Journal, 1927, p.335):
4. Je me remettais à aimer les hommes. Je me livrais aux douceurs de la sympathie, qui est, comme le dit Lacordaire, ce qui donne le mieux l'idée du Ciel. Ainsi, calme, et pourtant bruissant comme les arbres, et portant sur toutes mes branches les rossignols de mon bonheur, je parvenais pour la première fois de ma vie à cette possession paisible et non disputée. Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p.642.
B. − Qui n'est pas troublé dans son déroulement. Avenir, bonheur, existence, règne, sommeil, vie paisible. Le chagrin se soulage à la vue des paisibles travaux de l'agriculture, et, si quelque douloureux souvenir de la prospérité évanouie oppresse ton âme, il se dissipera au spectacle de cette activité joyeuse (Gautier, Rom. momie, 1858, p.264).Sans la fureur doctorale d'Antoine Arnauld, tel eût été, selon toute vraisemblance, le cours paisible des événements (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.422).
DR. Possession paisible (cf. supra I B).
C. − [En parlant de lieux ou de moments privilégiés] Où règnent la paix, la tranquillité. Chambre, coin, endroit, forêt, heures, jardin, jours, maison, milieu, nuit, province, village paisible(s). Que lorsque les rebelles s'étoient emparés du canton, elle en avoit d'abord été oubliée dans la paisible retraite qu'elle habitoit (Genlis, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.250).À un moment, minuit sonna. Le quartier demeurait paisible (Ramuz, A. Pache, 1911, p.162):
5. Lentes, paisibles et graves, ces heures [du retour dans la patrie] reviennent, aussi fortes, aussi émouvantes −parce que c'est le soir, que l'heure est triste et qu'il y a une sorte de désir vague dans le ciel sans lumière. Camus, Env. et endr., 1937, p.60.
D. − Qui suggère une impression de calme, de sérénité. Ciel, clarté, eaux, fleuve, flot, formes, lac, lignes, lune, paysage paisible(s). C'était une brise molle, tiède, paisible, une brise de printemps (Maupass., Bel-Ami, 1885, p.177).Enfin, là-bas, les premières fumées de Puyloubiers, fils légers, fragiles, qui montent tout droit dans l'air paisible du matin, hésitent, puis s'évanouissent très haut (Bosco, Mas Théot., 1945, p.331).
REM.
Paisibilité, subst. fém.Possibilité d'avoir du calme, d'être en paix. Je voulais de la paisibilité, je l'ai obtenue; mais mes yeux s'en sont ressentis (Constant, Journaux, 1804, p.119).
Prononc. et Orth.: [pezibl̥], [pε-]. La prononc. [pe-] rapportée par Rouss.-Lacl. 1927, p.143 à la dér.: paix [pε], paisible [pe-], et par Grammont Prononc. 1958, p.41 à l'harmon. voc. (avec la voyelle subséquente [i]). Martinet-Walter 1973: [pε-], [pe-] (3/14). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Déb. du xiies. mer paisible (St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 789); b) 1155 «où règne la paix, le calme» (Wace, Brut, 666 ds T.-L.: region... Bone et paisible a converser); c) 1176 «calme, sans agitation passionnée, doux (d'un caractère, d'un sentiment)» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3080: amors est dolce et peisible); d) 1269-78 «que rien ne perturbe» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18474: [songe]... pesible); 2. a) 1155 «qui aime la paix (d'une personne)» (Wace, Brut, 2601 ds T.-L.: Paisibles fud [Belin] e pais ama); b) ca 1200 «qui exprime la paix, le calme» (Dialogues Grégoire, 61, 24 ds T.-L.); 3. dr. 1271 paisiuele possession (Doc. ds Gdf. Compl.); 1507 paisible possesseur (Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.1, 165). Dér. de pais, forme anc. de paix*; suff. -ible (v. -able), v. FEW t.8, p.95a, note 10). Fréq. abs. littér.: 2222. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3916, b) 3278; xxes.: a) 2904, b) 2603. Bbg. Quem. DDL t.7 (s.v. paisibilité).