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* Dans l'article "OUBLIEUX1, -EUSE,, adj."
OUBLIEUX1, -EUSE, adj.
A. − [En parlant d'une pers.]
1. Qui n'a pas de mémoire. Il était oublieux, il égarait tout ce qu'il touchait, il ne pouvait réfléchir avec suite sur une question utile (Chardonne,Varais,1929, p.212):
1. Les hommes d'État sont plus oublieux. Sinon, ils se souviendraient de ce même mois d'octobre avec faveur. Car il faillit leur apporter, six ans en avance, la guerre mondiale, avec les émotions, excitations et occasions de se distinguer de toutes sortes qu'une guerre mondiale prodigue aux gens de leur métier. Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.25.
Empl. subst. Le mufle sourit de sa muflerie, car il est le mufle et l'oublieux ne s'attriste pas de son manque de mémoire, précisément parce qu'il a oublié (Proust,Albertine disparue,1922, p.138).
2. Enclin à oublier quelqu'un ou quelque chose; négligent, indifférent, ingrat. Un bon de notre royale main, sur le surintendant de nos finances, vous prouvera que nous ne sommes ni oublieuse ni ingrate (Dumas père, Henri III,1829, i, 1, p.125).Chère fille, c'est moi qui te trouve oublieuse! sans Eugénie, je n'aurais eu qu'une fois de tes nouvelles depuis ton retour à Brinon (Sand,Corresp., t.4, 1856, p.87):
2. Je leur distribuai d'avance les cadeaux qui devaient rappeler ma mémoire, −si bien qu'ils auraient pu, si j'étais justement mort quelques mois plus tard, me croire oublieux et trouver mon testament vide. Giraudoux,Simon,1926, p.152.
3. Qui sait s'abstraire du monde environnant. Il lut en sa mémoire, au hasard, et Juliette, malgré l'atonie volontaire de sa voix, écoutait, extasiée, oublieuse, ces strophes nouvelles pour elle où s'avouait une ardeur, un désespoir et une médiation tellement universels que sa propre douleur s'y perdait comme une goutte d'eau s'évaporant sur le brasier où on la jette (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p.134).
4. Oublieux de
a) [Le compl. est une pers.] Oublieux de soi-même/lui-même. Qui fait acte d'abnégation. M. Godeau ne se distinguait pas de la nature de son pays. Il y était facilement oublieux de soi-même à cause d'elle qui le faisait se ressouvenir de lui, spontané comme un arbre, comme une bête, oublieux aussi bien de ce qui n'était pas lui: −«Nous ne faisons, la nature et moi, qu'un seul être...» (Jouhandeau,M. Godeau,1926, p.252).Robert ne voit pas les choses comme ça: mais il n'est pas non plus un militant exemplaire parfaitement oublieux de lui-même; il espère bien laisser un nom derrière lui, un nom qui signifie beaucoup, pour beaucoup de gens (Beauvoir,Mandarins,1954, p.49).
b) [Le compl. est une chose]
Qui n'a plus la notion de:
3. À peine quelque amant, trop oublieux de l'heure, Regagnait en rêvant sa lointaine demeure, Où, longtemps arrêtés au coude du chemin, Quelques couples tardifs, une main dans la main, Laissaient sonner deux fois l'heure avancée et sombre Lamart.,Jocelyn,1836, p.579.
Porté, enclin à ignorer, à ne pas tenir compte de. Assez oublieux des injures lorsque sa colère était calmée, et qu'il ne se sentait pas matériellement lésé dans ses intérêts, Hilperik aurait cédé aux prières de ceux qui l'entouraient, et admis en sa présence l'accusateur de Fredegonde, si la crainte de déplaire à la reine et d'encourir ses reproches ne l'eût retenu (Thierry,Récits mérov., t.1, 1840, p.341).
B. − [En parlant d'une chose]
1. Qui permet d'oublier, qui favorise l'oubli. J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux (Baudel.,Fl. du Mal,1857, p.203).Et désormais en vain les ombres malheureuses Puiseront du Léthé les ondes oublieuses (Moréas,Sylves,1896, p.230).
2. Qui ne garde pas le souvenir de quelqu'un ou de quelque chose. Je ne sais, mais il me semble que le culte des morts s'en va au milieu de la rigolade de l'exposition. Montmartre, ce cimetière si fleuri, si plein de la pensée non oublieuse des survivants, prend un peu de l'aspect d'un cimetière abandonné (Goncourt,Journal,1889, p.991).
3. Qui se prête à l'oubli. J'essayerai pourtant de donner idée de ce récit souvent interrompu, dont l'inspiration dans les meilleures parties me paraît être de faire sentir tout ce qu'il y a de frais, de léger, de fugitif et d'oublieux dans la jeunesse (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.5, 1851, p.29).
REM.
Oublieusement, adv.a) Par oubli. Celui-ci sans tarder et oublieusement ne cédant point au sommeil a transmis sa part du message (Claudel,Agamemnon,1896, p.871).b) De manière à provoquer l'oubli. Le danger la revêt d'un rayon familier: Même dans son étreinte oublieusement tendre Ses crimes, évoqués, sont tels qu'on croit entendre Des crosses de fusils tombant sur le palier (Villiers de l'I.-A.,Contes cruels,1883, p.358).
Prononc. et Orth.: [ublijø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. a) 1176-81 adj. oblïeuse «qui oublie» (Chrétien de Troyes, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 4643); b) 1550 «qui produit l'oubli» (Ronsard, Ode ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.2, p.88: l'oublieus tumbeau). Dér. de oublier*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 277. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 174, b) 595; xxes.: a) 621, b) 336.