Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
OPÉRER, verbe trans.
I. − Empl. trans.
A. − Opérer (qqc.)
1.
a) Produire (un effet), être cause de. La mort de Jésus-Christ a opéré notre rédemption, notre salut (Ac.1798).
Opérer dans, sur.Ce bon gouverneur avait pour lui des égards bien propres à opérer dans son ame l'entier oubli de ses malheurs (Voy. La Pérouse,t.3, 1797, p.143).Vous avez assez de talent pour opérer sur l'esprit du lecteur par d'autres moyens la conviction que je vous demandais d'établir par un tableau naturel (Balzac,Corresp.,1829, p.398).
b) Absol. Produire son effet. Ce remède commence à opérer. Dans beaucoup de maladies, il faut laisser opérer la nature (Ac. 1935). 2 novembre Route jusqu'à Mons. L'absence opère. Je sors de mon délire (Constant,Journaux,1815, p.453).Dès qu'il ouvrait la bouche, le charme opérait (A. France,Pt Pierre,1918, p.153).
Opérer dans, sur.Le cerveau et l'organisme sur lesquels opère le haschisch ne donneront que leurs phénomènes ordinaires, individuels, augmentés, il est vrai, quant au nombre et à l'énergie, mais toujours fidèles à leur origine (Baudel.,Paradis artif.,1860, p.355).
2.
a) Accomplir (une action); effectuer, réaliser (un changement, une transformation, une opération complexe). Opérer un calcul, une division, une réaction chimique, un mélange; opérer une arrestation. Opérer une jonction entre deux corps d'armée (Ac. 1935). Des saisies de lettres et de télégrammes ont été opérées à Paris, Marseille, Tunis et Sousse (Clemenceau,Iniquité,1899, p.26).Une descente de police avait été opérée au commencement des vacances (Gide,Faux-monn.,1925, p.1139):
1. Ceux qui voulaient vendre opéraient des incantations destinées à étourdir l'assistance, à l'amener jusqu'à l'état mystique où elle achèterait pour quarante sous un peigne qu'on trouvait pour vingt dans tous les bazars. Montherl.,Célibataires,1934, p.831.
b) Absol. Accomplir l'action que l'on se propose de faire, que l'on a à faire; se livrer à une activité. En algèbre on opère avec des lettres. Une belle fille (...) tente les dames (...) auxquelles elle offre de dire la bonne aventure. Je l'ai vue opérer (Zola,Nouv. contes Ninon,1874, p.186).Le bandit new-yorkais opère sans «feu» (Morand,New-York,1930, p.91).Divers navires et plusieurs groupes d'aviation, provenant d'Afrique du Nord, étaient envoyés en Grande-Bretagne pour opérer à partir des bases anglaises (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.135):
2. ... et la chemise roulée sous les aisselles, pendant que le cousin l'embrassait sur toutes les parties du corps, de se plaindre qu'elle se consumait, qu'elle avait un mari avec lequel elle n'avait pas couché depuis trois ans, qu'il s'était marié puceau, qu'il cherchait dans les livres de médecine comment il devait opérer... Goncourt,Journal,1878, p.1247.
Par antiphrase. Voilà qui est bien opéré. ,,Voilà une lourde faute qui a été commise`` (Ac. 1935).
Opérer dans, sur.Ce botaniste [Hugo de Vries], opérant sur l'OEnothera Lamarckiana, a obtenu, au bout de quelques générations, un certain nombre de nouvelles espèces (Bergson,Évol. créatr.,1907, p.64).Pour la prendre au piège [la bécasse], on opère dans les pâquis humides que l'on a reconnus, à ses fientes, hantés par elle (Pesquidoux,Chez nous,1921, 205).
B. − Opérer qqn, qqc.
1. MÉDECINE
a) Soumettre à une intervention chirurgicale.
α) [Le compl. d'obj. désigne un être vivant] Opérer un malade. J'ai été deux fois à l'Hôtel-Dieu pour voir Achille, qui opère enfin Julie aujourd'hui ou demain (Flaub.,Corresp.,1874, p.149).Je hasardai un conseil de transport immédiat dans un hôpital pour qu'on l'opère en vitesse (Céline,Voyage,1932, p.324).
Opérer qqn de qqc.Opérer un malade d'une tumeur; se faire opérer du nez. Il a fallu opérer Isabelle d'un polype dans le nez (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1909, p.161).
β) [Le compl. d'obj. désigne un organe, une partie du corps, une lésion] Opérer un abcès, un kyste. Il est jugé capable d'opérer l'oeil que l'on peut encore sauver à son père (Staël,Allemagne,t.3, 1810, p.283).Porte-aiguille, de 18 centimètres (...) pour opérer les vaisseaux extériorisés (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p.67).
b) Absol. Pratiquer une intervention chirurgicale. Synon. intervenir.Il faut opérer:
3. C'était un de ces hommes à qui leur expérience professionnelle consommée fait un peu mépriser leur profession et qui disent par exemple: (...) «Cela ne m'intéresse plus d'opérer; je sais que j'opère bien». Proust,Sodome,1922, p.806.
Opérer sur.Spéculum de Palmer pour opérer sur la cloison (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p.149).
Opérer à chaud. Pratiquer une intervention en pleine crise (p. oppos. à opérer à froid). V. chaud II A 2 a ex. de Simenon.
2. Argot
a) Percer, crever (les pneus). Son plaisir la nuit, c'est d'opérer les pneus (Car.Argot1977).[P. méton. du suj.] Vos quatre pneus se sont dégonflés subitement? Mais, bougre d'andouille, vous avez été opéré. −Opéré? −Oui, opéré. Vous avez été piqué par des nuiteux (Simonin, J. Bazin,Voilà taxi!1935, p.20).
b) ,,Posséder charnellement`` (Esn. 1966). [J'emmène ma conquête] au petit hôtel accueillant où nous avons coutume d'opérer les femmes qui en valent la peine (Simonin, J. BazinVoilà taxi!1935, p.131).
3. FIN. Avis d'opérer. Il rentre entre 3 et 4 heures, signe la correspondance, donne les avis d'opérer (selon les notes qu'il a apportées de la Bourse), reçoit des visites, cause des affaires de la société (Notes Gautherin ds Zola, Les Rougon-Macquart,éd. sous la direction d'A. Lanoux, t.5, 1967 [1890], p.1316).
II. − Empl. pronom. Avoir lieu, se produire. Vous allez voir, très simplement, s'opérer la conjonction des deux astres dont les attractions diverses désorganisaient votre foi (Teilhard de Ch.,Milieu divin,1955, p.26):
4. Dès le début de cette scène, une révolution, pour mes yeux dessillés, s'était opérée en M. de Charlus, aussi complète, aussi immédiate que s'il avait été touché par une baguette magique. Proust,Sodome,1922, p.613.
Impersonnellement. Il s'est opéré dans ma fortune particulière un changement inespéré (Maine de Biran,Journal,1815, p.35).Il s'était opéré en moi un divorce entre la vie quotidienne et ma vie intérieure (Green,Journal,1942, p.201).
REM.
Opérant, -ante, part. prés. adj.Qui opère, qui produit ou qui peut produire un effet. Remède opérant; méthode, règle opérante; cause, grâce, vertu opérante. L'action opérante est comme l'union d'une idée et d'un corps (Blondel,Action,1893, p.237).Sa foi était opérante parce que son âme, très pure, la plaçait tout près de Dieu (Teilhard de Ch.,Milieu divin,1955p.167).Les modifications dans les structures économiques et psychologiques qu'il faudrait pour que la manoeuvre des flux monétaires devînt opérante (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.525).
Prononc. et Orth.: [ɔpeʀe], (il) opère [ɔpε:ʀ]. Homon. opéra. Ac. 1694 et 1718: operer; dep. 1740: opérer. Étymol. et Hist. 1. [Fin xives. «faire» ici au passif «avoir lieu» (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t.9, p.264)]; spéc. 1492 «faire quelque chose, travailler» (L. Passy, Livre des métiers de Gisors au XVIes., p.46); 1557 math. (Bassantin, Astronomique Discours, p.258); 1890 fin. avis d'opérer (Notes Gautherin ds Zola, loc. cit.); 1930 avis d'opéré (Lar. comm.); 1690 chim. (Fur.); 2. 1470 «agir, produire un effet conforme à sa nature» (Le Livre de la discipline d'amour divine, fo109a, éd. 1537 ds R. Ét. rab. t.9, p.313: grace operante); 1495 (J. de Vignay, Mir. histor., 2evol., fo11a ds Gdf. Compl.); 3. 1559 chir. operer (J. Falco, Commentaires sur la chirurgie de Guy de Chauliac, p.60 ds Sigurs, p.305); 1834 part. passé subst. opéré (Lisfranc ds J. de méd. et de chir. pratiques, t.5, p.118). Empr. au lat. operari «travailler», b. lat. «produire, effectuer» (début ves.), v. oeuvrer. Fréq. abs. littér.: 2449. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4395, b) 2357; xxes.: a) 3039, b) 3573.
DÉR.
Opérable, adj.,méd. Qui peut être opéré avec des chances de succès. Ce malade n'est plus opérable; cette tumeur n'est pas opérable. Martins est revenu ce matin. Gertrude est opérable. Roux l'affirme et demande qu'elle lui soit confiée quelque temps (Gide,Symph. pastor.,1919, p.923).P. métaph. Il ne faisait tellement plus qu'un avec lui, qu'on n'aurait pas pu l'arracher de lui sans le détruire lui-même à peu près tout entier: comme on dit en chirurgie, son amour n'était plus opérable (Proust,Swann,1913, p.308). [ɔpeʀabl̥]. Att. ds Ac. 1935. 1resattest. 1845-46 (Besch.: Opérable. Qui peut être opéré. Cure opérable), 1868 (Littré: Opérable. Qui peut être opéré. Ce cancer n'est pas opérable); de opérer, suff. -able*. Cf. le lat. chrét. operabilis «agissant, efficace» (iies. ds Blaise Lat. chrét.), et en lat. médiév. «qui peut être fait» (xiiies. ds Blaise Latin. Med. Aev.), dér. de operari, v. opérer. Cf.l'angl. operable «qui peut être fait» dep. 1646 ds NED. Le m. fr. connaît operable «qui pousse à agir» mil. xves. (Rob. Cibole, [Sermon sur la] Pass., ms. Ste-Gen. [1506], fo25 rods Gdf.).
BBG.Gohin 1903, p.322. _Quem. DDL t.1.