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OFFENSER, verbe trans.
A. − Qqc. offense qqc./qqn
1. [Le compl. désigne une partie du corps] Vx ou littér. Blesser quelqu'un, lui causer un trouble ou une douleur corporelle. Je lutte depuis huit jours contre ce chien de rhumatisme qui, deux fois déjà, m'a paralysé le bras droit. Maurice prétend que c'est la fatigue d'écrire qui offense le muscle (Sand,Corresp.,1875, p.336).Les nuées loqueteuses pendaient plus bas encore (...) traînant un lent crachin qui offensait la peau (Genevoix,Raboliot,1925, p.34).L'air séché offense la gorge et les bronches (Colette,Pays. et portr.,1954, p.195).
2. En partic. Affecter désagréablement. Synon. gêner, incommoder, troubler.
a) [Le compl. désigne un organe des sens] Le pâle soleil couchant offensait mes yeux (Barrès,Homme libre,1889, p.129).
b) [Le compl. désigne une pers.] Celui qui jouit le plus vivement du parfum de la rose sera le premier offensé des méchantes odeurs (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.8, 1864, p.122).Un auteur byzantin note qu'à l'arrivée des croisés français de 1202 ses compatriotes, comme lui-même, furent vivement offensés par leurs haleines, chargées du relent de ces plantes indiscrètes (Faral,Vie temps st Louis,1942, p.170).
B. − Qqn ou qqc. offense qqn/qqc.
1. Porter atteinte à l'honneur ou à la dignité de quelqu'un. Synon. blesser, outrager.
a) [Le suj. désigne une pers.] Souvent, au moment même où je venais d'offenser Brigitte par quelque raillerie cruelle, je me disais: −S'il était à ma place, il en ferait bien d'autres que moi (Musset,Confess. enf. s.,1836, p.244).Il a fallu que je déclarasse par écrit n'avoir pas eu l'intention d'offenser le gouvernement (Flaub.,Corresp.,1851, p.139).Dieu, qu'elle était fatiguée de cette vie! Servir des hommes mal élevés qui l'offensaient de leurs avances (Roy,Bonheur occas.,1945, p.20).Je n'ai pas voulu t'offenser. Je veux t'aider, comprends-tu? (Green,Moïra,1950, p.67):
1. Monsieur Rohner, s'il a pu m'arriver de vous offenser dans mes paroles ou mes écrits, sachez que je le regrette et que je suis venu ce soir vous en demander pardon. Duhamel,Maîtres,1937, p.255.
Loc. fam. (Soit dit) sans vous/t'offenser. Sans vouloir vous/te blesser. Oh! On peut bien dire que vous faites la paire... Je dis ça, sans vouloir vous offenser, parce que c'est vrai (Zola,Page amour,1878, p.827).Qui était donc cette fille ravissante (...) pour qui, soit dit sans t'offenser, tu faisais le paon à propos de la Grèce, de l'Italie et de toutes choses en général? (Nizan,Conspir.,1938, p.128).
Emploi abs. Se repent-il autant qu'il a offensé? (Musset,Confess. enf. s.,1836p.286).Quand je veux offenser, je sais m'y prendre. Je n'ai jamais voulu ni vous outrager, ni vous offenser même (Péguy,V.-M., comte Hugo,1910, p.820).
b) Emploi pronom. Il faut qu'une femme soit morte pour ne pas s'offenser de l'épithète de vieille (Jouy,Hermite,t.1, 1811, p.135):
2. ... vous avez bien voulu m'honorer, maintenant il y a de la modestie à ne plus vous revoir. Je vous supplie à mains jointes de ne pas vous offenser de cette phrase. Balzac,Corresp.,1832, p.683.
[P. méton. du suj.] Leur modestie ne s'en offensera pas, pour la raison qu'ils ne liront jamais ce livre (Proust,Temps retr.,1922, p.846).Rien de ma dignité ne s'offense des engagements que je contracte (Saint-Exup.,Citad.,1944, p.866).
c) RELIG. Offenser Dieu
[Le suj. désigne une pers.] Commettre une action contraire aux principes de Dieu. Synon. pécher.Si Job prie Dieu, s'il cesse de l'offenser, il redeviendra prospère et heureux (Théol. cath.t.4, 11920, p.981):
3. ... «c'est à vous que je me rends. −À moi! −Oui, à vous. J'ai offensé Dieu, j'ai dû le haïr. Oui, je crois maintenant que je serais morte avec cette haine dans le coeur (...)» Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1163.
[P. méton.; le suj. désigne un acte, un comportement] Les crimes les plus impardonnables aux yeux du clergé sont ceux qui offensent Dieu (About dsLar. 19e).
2. Vieilli ou littér.
a) Porter atteinte à une chose respectée, digne de considération ou d'intérêt, léser un sentiment respectable ou légitime. Synon. blesser.Offenser la mémoire de quelqu'un. Il craindrait d'offenser l'orgueil d'une maîtresse (Legouvé,Mort Henri IV,1806, ii, 2, p.366).Ce n'est pas parce que mon pauvre frère est mort que je laisserai offenser mon honneur (Sand,Fr. le Champi,1848, p.175).Elle semblait avoir peur d'offenser d'un mouvement trop brusque, d'un son de voix trop haut, la présence douloureuse qui ne la quittait pas (Proust,Sodome,1922, p.769).Vous avez pas le droit d'offenser mon honnêteté en vous livrant devant moi à des obscénités (Aymé,Mouche, 1957, p.74).
b) En partic.
Manquer gravement à (une règle, un principe). Synon. enfreindre.Offenser la bienséance. L'effort viril, conscient, contre tout ce qui tend à amoindrir l'être, à offenser les lois de la nature et de la vie (Massis,Jugements,1923, p.214).
Troubler, gêner. De telles paroles offensent les oreilles (Ac.).La musique est une bonne compagne du silence et l'offense rarement (Colette,Jumelle,1938, p.151).Le tableau doit être bordé d'or mat qui s'unit doucement aux couleurs sans les offenser (L. Benoist, Musées,1960, p.50):
4. Si, au lieu d'appliquer à l'extérieur des édifices des colonnes ou des pilastres, comme simple ornement, on justifiait cette décoration en la faisant contribuer à la solidité, la raison et le goût n'en seraient pas offensés... Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p.16.
3. Constituer une atteinte à la dignité ou à l'honneur (de quelqu'un).
a) [Le suj. désigne un inanimé concr.] Ces drapeaux en liesse viennent offenser le deuil et la colère de l'électeur (Serrière,T.N.P.,1959, p.87).
b) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Vingt fois Corinne voulut dire à lord Nelvil que son irrésolution l'offensait, et qu'elle était décidée à s'éloigner de lui (Staël,Corinne,t.3, 1807, p.16).
Emploi abs. On a bien raison de dire, continuait l'empereur, qu'il n'y a que la vérité qui offense (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.307):
5. On attend toujours le grand homme, parce qu'il est flatteur pour une nation de l'avoir produit. Mais jamais la grande pensée, parce qu'elle offense. Sartre,Sit. II,1948, p.52.
Prononc. et Orth.: [ɔfɑ ̃se], (il) offense [ɔfɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1433 fig. offencer (Jean Regnier, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p.117, 3312); 1548 part. passé subst. offensé «celui qui a subi un affront» (Du Fail, Baliverneries, éd. J.Assézat, t.1, p.158); 2. 1546 «blesser, léser (physiquement)» (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 49, p.329, 75). Dér. de offense*; dés. -er, plutôt qu'empr. au lat. offensare «heurter, choquer» et «hésiter en parlant», fréquentatif de offendere «heurter» mais aussi «blesser», «porter atteinte à», d'où le m. fr. offendre «contrevenir» 1362 (Ordonnances des rois de France, t.3, p.583, art. 35), «offenser (fig.)» 2emoitié xives. (Lettre ds Froissart, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, 2erédaction, t.6, p.301) −xvies. ds Hug., et souvent employé avec deffendre au sens d'«attaquer» dans un cont. judiciaire 1507-08 (Eloy d'Amerval, Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p.130) et surtout au propre 1513 (Archives du Nord L.M. 29888). Offenser a éliminé offendre, dont il n'a cependant pas conservé tous les sens. Fréq. abs. littér.: 914. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1784, b) 833; xxes.: a) 1152, b)1225.
DÉR.
Offensable, adj.Qui s'offense facilement. Faure (...) est si offensable, que je ne puis jamais lui parler avec abandon (Stendhal,Journal,1811, p.296).Je me considère comme n'ayant rien reçu, je ne suis point offensé, ni offensable, mais je n'ai pas été invité, je ne le suis pas (Hugo,Corresp.,1866, p.451). [ɔfɑ ̃sabl]. 1resattest. 1530 «qui peut être offensé, blessé» (Contredictz de Songecreux, fo157 vods Gdf.), de nouv. 1811 (Stendhal, loc. cit.); de offenser, suff. -able*. Cf. le m. fr. offenssable «offensif» (Enq., Bourges, xives., Arch. J 1034, pièce 44 ds Gdf.), ex. répertorié par Guérin 1892) −xvies. ds Gdf.