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NÈFLE, subst. fém.
A. − Fruit du néflier comportant cinq noyaux, à la peau grisâtre ou rousse, qui se récolte au début de l'hiver et se consomme soit blet, soit en compote ou en confiture. Couché une partie de la journée sous les humides parois, il en sortait quand la chaleur tombait, pour aller manger des nèfles dans les bois voisins ou détruire des essaims formés dans les troncs d'arbre (Ponson du Terr., Rocambole, t.5, 1859, p.452).La nèfle qui ne se mange que pourrie (Gide, Nourr. terr., 1897, p.196):
. La nèfle est de peu d'agrément: de saveur terne comme de chair; molle sous la dent comme sous le doigt... Tout de même, l'hiver, quand le «cabinet» est vide, la vaste armoire où l'on couche ici les fruits sur lit de paille, elle donne quelque illusion, elle apporte comme un arrière-goût des pulpes parfumées. Pesquidoux, Livre raison, 1925, p.156.
B. − Populaire
1. Au plur.
a) Des nèfles. Chose sans valeur ou de peu de prix; rien du tout. Ils sont sur leur garde, ridicules et odieux comme ces gens qui ont toujours peur d'être volés et restent assis sur leur trésor! Surtout que ce trésor c'est des nèfles et que personne n'essaye de le leur prendre (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.327).
b) Des nèfles! [Loc. interjective suivant prop. interr.; exprime hyperboliquement un refus, une dénégation] Synon. des clous!L'épouser? s'écria Morel, qui sentait le baron grisé ou bien qui ne songeait pas à l'homme, en somme plus scrupuleux qu'il ne croyait, avec lequel il parlait. L'épouser? Des nèfles! (Proust, Sodome, 1922, p.1008).Leur respect, je l'ai où je veux dire. Ils me font rigoler. Est-ce que je me respecte, moi? Des nèfles! Une supposition que je me respecte, je pourrais crever (Bernanos, Imposture, 1927, p.474).Vous croiriez peut-être qu'ils m'auraient parlé de mon pays? Des nèfles! Ils lisaient leurs journaux sans un mot et je voyais les titres pendant que je les rasais (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.34).
2. Derrière, cul. De sa fenêtre, André (...) devinait des invites à boire aussitôt acceptées (...) des bonjours lancés à des chiens de sellier assis sur leurs nèfles (Huysmans, En mén., 1881, p.301).
Prononc. et Orth.: [nεfl̥]. Indications concernant une variation de la prononc. de la voyelle en termes de durée (Buben 1935 §24) ou de timbre (Rouss.-Lacl. 1927, pp.121-122). Ac. 1694-1740: neffle; dep. 1762: nèfle. Étymol. et Hist. Fin xies. nesples (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, § 739); a) type mesle fin xiies. [ms. A, 1295] melles bletes (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, [2eréd.], 2198); ca 1225 [ms. A, formes pic., 1284] ne prisier plus d'une melle (Gerbert de Montreuil, Roman de la Violette, éd. D. Labaree Buffum, 1923); 1225-30 [ms. C, xiiies.] (Guillaume de Lorris, Rose, éd. E. Langlois, 1350, var.); b) type mesple ca 1200 [ms. unique, 2emoitié xiiies.] ne prisier une mesple (Elie de Saint Gilles, éd. W. Foerster, 398); 1225-30 [ms. He, 2etiers xives.] mesples (Guillaume de Lorris, loc. cit., var.); c) type nesple ca 1200 [ms. unique, 2emoitié xiiies.] le monte d'une nesple (Elie de Saint Gilles, 2088); 1225-30 [ms. Ra, 1370] nesples (Guillaume de Lorris, loc. cit., var.); ca 1256 [ms. A, xiiies.] neples (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R.Pépin, p.155, 4); ca 1285 [ms.] nesple (Gloss. de Douai, 933 ds Roques t.1, p.25: esculum: nesple); d) type nefle 1225-30 nesfles [ms. xiiies., région orléanaise] (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1348); 2emoitié xiiies. [ms.] nefles [sic. ms.] (Guillaume de Villeneuve, Crieries de Paris ds Barbazan et Méon, Fabliaux et contes, t.2, p.285); av. 1615 de neffles «sans valeur» (Pasquier, Lettres, XXII, 2 ds Hug.); 1640 des nèfles! (Oudin Curiositez). Du lat. mespla (empr. au gr. μ ε σ π ι ́ λ η) «épine-blanche» (Pline), «nèfle» (Caelius Aurelianus), «néflier» (Isidore); le subst. neutre mespilum (gr. μ ε ́ σ π ι λ ο ν) est att. par Pline au sens de «épine-blanche» et de «nèfle», André Bot., s.v. Le type mesle (d'aire très étendue: de la Picardie à la Saintonge, Centre [et bordure septentrionale du domaine d'oc], Bourgogne, Lorraine, Champagne) est dû à une syncope plus ancienne du -i- intervocalique entraînant l'amuïssement du -p- entre 2 consonnes; le type mesple (Wallonie, Bourbonnais, Bourgogne; domaine fr.-prov.; sud-ouest du domaine d'oc [Palay; Lespy-Raym.]) maintient le -p- en raison d'une syncope plus tardive de la voyelle. Le type en n- initial (Hainaut, Est de l'Île-de-France, Bourgogne, Champagne, Lorraine; domaine fr.-prov.; domaine d'oc [a. prov. nespola xiiies. [ms.] Recettes méd. en prov. éd. P.Meyer ds Romania t.32, 1903, p.281]) est issu de la forme nespula (epimelida, i. nespula, CGL t.3, p.562, 47: v. aussi M.Niedermann, Contribution à la critique... des gl. lat., 1905, p.32), venant de mespila par dissimilation des 2 consonnes labiales (v. FEW t.6, 2, pp.46b-47a). La première forme lat. en -f- se trouve dans les gl. Hermeneumata de Montpellier: ixes. ms. Montpellier H 306 ds CGL t.3, p.300, 62: mespilum: μ ε ́ σ φ υ λ λ ο ν (cf. ibid. t.3, p.358, 54: melesperum: μ ε λ ω φ ι λ α; p.412, 5: mespira: mesfila; p.529, 72: mespilum: mesfylon), où μ ε ́ σ φ υ λ λ ο ν pourrait s'expliquer, dans ce domaine méditerranéen, par le croisement du gr. μ ε ́ σ π ι λ ο ν (lat. mespilum) avec le gr. φ υ ́ λ λ ο ν «feuille»; le fait que le type nesfle présente une réelle vitalité en Provence et dans les régions avoisinantes (Gard, Hérault, Lozère, Ardèche) est susceptible de confirmer cette explication, FEW, loc. cit., p.47a-b. Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. George (K.E.M.). Formules de négation et de refus en fr. pop. et arg. Fr. mod. 1970, t.38, p.310. _ Quem. DDL t.7.