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* Dans l'article "NOCTURNE,, adj. et subst."
NOCTURNE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Qui est propre à la nuit, qui concerne la nuit, qui est de la nuit. Grandeur, mélancolie nocturne. Des étoiles (...) tremblotaient dans la brume nocturne (Maupass.,Pierre et Jean,1888, p.312).Je m'honore de faire partie de ces foules qui décident qu'un parfum est (...) nocturne ou solaire (Colette,Pays. et portr.,1954, p.182):
1. Il est temps de m'entendre, ô Dieu! ne sois pas sourd, Réconforte mon âme obscure, ta servante, Car, pareille à l'abîme étoilé de l'amour, L'immensité des cieux nocturnes m'épouvante. Ch. Guérin, Coeur solit.,1904, p.171.
ASTRON. Arc nocturne. ,,Portion de cercle qu'un astre parcourt au-dessous de l'horizon`` (Littré).
L'astre nocturne. La lune. Au delà, de chaque côté de la route, s'étendaient les bruyères d'un violet sombre, où flottaient des bancs de vapeurs grisâtres auxquelles les rayons de l'astre nocturne donnaient un air de fantômes en procession (Gautier,Fracasse,1863, p.70).
B. − Qui a lieu pendant la nuit. Attaque, équipée, escapade, sortie, visite nocturne; assemblée, fête, office, travail nocturne; apparition, crampe, crise, gelée, sueur, vision nocturne. Ceux qui rient ainsi, pensa Julien, ne doivent pas faire partie de l'expédition nocturne, ils seraient plus sérieux (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.337).Elle abordait avec une excessive hardiesse les questions les plus ardues, grâce à des lectures diurnes et nocturnes (Balzac,Secrets Cadignan,1839, p.343).Le ravissant garçon (...) se fait arrêter pour tapage nocturne (Durry,Nerval,1956, p.9):
2. ... à la veille de sa mort, en 1914, le frêle soldat ne retenait d'une harassante marche nocturne, que cette vision: «J'ai revu toutes les étoiles à la fois, par une belle nuit sur les routes...» Mauriac,Journal 1,1934, p.19.
Rem. Se place rarement avant le subst. Ces nocturnes terreurs qui assaillaient, qui brisaient mon âme pendant le cours des heures destinées au repos (Nodier, Smarra, 1821, p.29).
Qui agit, sort, vit la nuit. Il arrivait aussi à plus d'un promeneur nocturne de sentir sous son pied la masse élastique d'un cadavre encore frais (Camus,Peste,1947, p.1227):
3. Là, jusqu'à deux heures, des restaurants, des brasseries, des charcuteries flambaient, tout un grouillement de femmes s'entêtait sur la porte des cafés; dernier coin allumé et vivant du Paris nocturne... Zola,Nana,1880, p.1313.
BOT. Qui s'ouvre la nuit. Peut-être trouvera-t-on une disposition différente dans les spires des trachées des plantes nocturnes, c'est-à-dire qui n'ouvrent leurs fleurs que la nuit, comme le jalap, une espèce de convolvulus, l'arbre triste des Moluques, etc. (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.144).
ZOOL. [En parlant d'insectes, d'oiseaux, de papillons, de mammifères] Qui agit, vole, chante, se déplace ou chasse la nuit. Nous longeâmes le bas des fortifications externes, comme des chacals nocturnes (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p.317).S'il y a des canards, habitués en leur qualité de fils de migrateurs nocturnes à dormir le jour et à veiller le soir, ils poussent tout de suite leur clameur (Pesquidoux,Chez nous,1921, p.243):
4. Elles [les chenilles] passent l'hiver à l'état de chrysalides qui se réveillent au printemps pour donner naissance à de petits papillons nocturnes. Levadoux,Vigne,1961, p.77.
Emploi subst. Un joli détail sur la baronne de Kaula. Une nocturne que cette femme, une lampe comme on disait au XVIIesiècle, et qui passait sa journée à dormir (Goncourt,Journal,1881, p.113).C'était un nocturne; une nuit d'été comme celle-là lui révélait la seule face du monde qui lui fût familière (Mauriac,Galigaï,1952, p.63).
ZOOL. [En partic.,en parlant des chiroptères, des lémuriens et des rapaces] Un nocturne hulula derrière nous, un cri strident, achevé en râle, le cri d'une bête lentement assassinée (Vercel,Cap. Conan,1934, p.208).Ce petit animal, bien que de la famille des Primates, n'a presque rien des singes. (...) c'est un nocturne (Gide,Feuillets d'automne,1949, p.1113):
5. Ce que je me rappelle surtout, c'est son visage beau et étrange [de Saint-John Perse], cet oeil de nocturne dont la fixité cherchait à décontenancer, ce doux parler créole qu'il a gardé encore. Mauriac,Nouv. Bloc-Notes,1961, p.399.
C. − Au fig. Qui fait penser à la nuit, sombre, peu clair, secret. Quand je ne ferais que dresser un questionnaire, du moins je reviendrai avec des curiosités claires, substituées aux parties nocturnes de mon désir (Barrès,Pays Lev.,t.1, 1923, p.5).Car notre apparente lucidité actuelle est une nuit profonde, et la véritable clarté ne nous est plus accessible que dans les aspects nocturnes de notre existence (Béguin,Âme romant.,1939, p.73):
6. Commencé la lecture d'Aurélia. (...) j'y retrouve, avec un étonnement mêlé de tristesse, beaucoup de mes propres angoisses, la partie la plus nocturne de moi-même. Green,Journal,1945, p.98.
Empl. subst. En dessous des quelques natures puissantes qui savent y parvenir, une incompréhension irréductible divisera toujours les deux familles des clairs et des nocturnes (Mounier,Traité caract.,1946, p.648).
II. − Substantif
A. − BEAUX-ARTS, subst. masc. ,,Paysage représentant un effet de nuit`` (Hugues, Expr. atelier, s.d.). On dit qu'il [Latour] fut, comme ses contemporains amateurs de nocturnes, voire comme Bassano, un analyste des effets de lumière (Malraux,Voix sil.,1951, p.386):
7. ... Whistler (...) donnait à ses tableaux des intitulés de ce genre: Harmonie en vert et or, en ambre et noir, Nocturnes en argent et bleu... Huysmans,Art mod.,1883, p.289.
B. − LITURG. CATH., subst. masc. Élément principal des matines comprenant des psaumes et des leçons habituellement distribués en trois parties. La nuit suivante, pendant que l'évêque de Tours, après avoir chanté l'office des nocturnes, reposait dans son appartement, il entendit frapper à coups redoublés à la porte de la maison (Thierry,Récits mérov.,t.2, 1840, p.152).
C. − MUS., subst. masc.
1. Au xviiies., ,,musique de plein air pour petit ensemble instrumental, dans l'esprit de la sérénade, mais exécutée de nuit`` (Pinch. Mus. 1973). Le nocturne se fit le chant d'un jour moins chaud. La sonnaille devint le timbre du crapaud. Une flûte de terre agile, c'est la caille, Remplaça le pipeau que dans le buis on taille (Jammes,Géorgiques,Chant 1, 1911, p.24).
2. Au xixes., romance à deux voix, d'un caractère tendre et langoureux, propre à être exécutée le soir en guise de sérénade (d'apr. Bouillet 1859). Chanter, exécuter des nocturnes. Elle étudie quelque nocturne à deux voix avec mademoiselle Oyouki, son élève (Loti,MmeChrys.,1887, p.265):
8. À l'époque suivante [au xixes.] apparut, sous le titre de nocturne [it. ds le texte], un genre de D[uo] de chambre, de proportions réduites, où les voix chantaient presque constamment ensemble et où prédominaient les suites de tierces et de sixtes, agréables à l'oreille. Brenet,Dict. prat. et hist. mus.,1926, p.125.
3. Morceau de piano de caractère mélancolique et rêveur, évoquant l'atmosphère de la nuit:
9. Cette petite fille, simple et paresseuse, savait être, à ses heures, coquette, innocemment: alors, elle tendait ses lignes aux petits jeunes gens, elle faisait de la peinture en plein air, jouait des nocturnes de Chopin, promenait des livres de poésie qu'elle ne lisait point, avait des conversations idéalistes et des chapeaux qui ne l'étaient pas moins. Rolland,J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p.1567.
D. − SPORTS, subst. fém. Compétition sportive de plein air, course hippique disputée ou courue la nuit. Engagé pour participer à la nocturne donnée avec les «as» (Match, 1eroct. 1935, p.14 ds Grubb Sports 1937, p.51).
Loc. adv. En nocturne. Il fut un temps −pas si lointain −où, en [course] nocturne, on installa un projecteur qui devait balayer la piste au rythme du record qu'on essayait de battre (L'OEuvre,10 mars 1941).Le stade de la Meinau photographié par ce jeune Strasbourgeois pendant quelques matches en nocturne (L'Est Républicain,9 août 1982, p.3, col. 2 et 3).
E. − COMM. ,,Ouverture en soirée de certains magasins, expositions`` (Gilb. 1980). Les commerçants moyens et petits, ont décidé de pratiquer le nocturne (L'Express,16 déc. 1968,Gilb. 1980).
REM. 1.
Nocturnal, -ale, -aux, adj. et subst. masc.a) Adj., vx. Qui a lieu la nuit. (Dict. xixeet xxes.). Je suis arrivé (...) en assez mauvais état de conservation après treize heures de chemin de fer nocturnal (Mérimée,Lettres E. Ellice,1860ds R. Universelle, t.38, 1929, p.540).b) Subst. masc. α) Relig. ,,Office de nuit, matines`` (Littré; dict. xixeet xxes.). β) Mar. ,,Ancien instrument d'astronomie nautique qui servait à trouver la latitude d'un bâtiment ainsi que l'heure du bord, en mesurant, la nuit, la distance de l'étoile polaire au Pôle`` (Bonn.-Paris 1859; ds Guérin 1892).
2.
Nocturnement, adv.De nuit, pendant la nuit. C'est intolérable et je me propose bien d'aller les arracher nocturnement et de les mettre en pièces (Flaub.,Corresp.,1842, p.12).Tout mon être se cabre à la seule idée de corriger nocturnement ces épreuves (Du Bos,Journal,1923, p.317).
Prononc. et Orth.: [nɔktyʀn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1355 «qui se fait, qui a lieu la nuit» (Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312ter, fo36 vods Gdf. Compl.); 2. 1581 «qui est propre à la nuit, sombre, obscur (en parlant de l'enfer)» (Flaminio de Birague, L'Enfer de la mère Cardine ds Satires françaises du XVIes., II, 53); 3. 1606 vision nocturne (Nicot); 1767 «qui sort la nuit» (Malfilâtre, Narcisse, 1 ds Littré). B. Subst. 1. a) ca 1250 «chacune des trois parties de l'office des matines» (Règle Cistercienne, 414 ds T.-L.); b)1812 mus. «pièce vocale» (Jouy, Hermite, t.2, p.266); 2. 1805 subst. masc. plur. «animaux rapaces» (Cuvier, Anat. comp., t.2, p.249); 3.a) 1896, 12 juill. réunions nocturnes «rencontres sportives qui ont lieu en soirée» (Le Vélo ds Petiot 1982); 1924, 25 mai subst. fém. (La Pédale, ibid.); 1932, 28 janv. en nocturne (L'Auto, ibid.); b) 1967, 16 oct. «ouverture en soirée de certains magasins» (L'Express ds Gilb. 1980). Empr. au lat. nocturnus «de la nuit», «qui agit dans les ténèbres, pendant la nuit». Fréq. abs. littér.: 1656. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1350, b) 2389; xxes.: a) 2113, b) 3339. Bbg. Quem. DDL t.5; 9 (s.v. nocturnement).