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NAGUÈRE, adv.
[Le cont. fournit ou non des renseignement sur l'époque considérée] À une époque appartenant à un passé récent. Anton. jadis, autrefois.Le long de la route, notre conducteur nous dit avoir naguère rencontré un ours, le matin, dans la vallée d'Ossau (Michelet, Journal, 1835, p.191).Éveline, qui naguère encore s'intéressait à ses affaires et lui montrait, sinon de la tendresse, du moins une bonne amitié, désormais ne lui laissait voir que de l'indifférence et du dégoût (A. France, Île ping., 1908, p.368):
1. Et vibre en la nuit nuptiale, Sous mon baiser jamais transi, Ta chair naguère virginale, Nuptiale alors, elle aussi! Verlaine, Œuvres compl., t.1, Bonne chans., 1870, p.116.
[Déterm. de subst.] De naguère.Laurent aperçut tout de suite le professeur Rohner, son maître de naguère, debout tout au fond de la salle (Duhamel, Combat ombres, 1939, p.142).Certains, qui me voulaient du bien, ont prétendu que, de mes soucis de naguère, quelque inquiétude secrète me tourmentait encore (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p.1173).
Emploi subst. masc., littér. D'anciens instants me remontent ces jours-ci. Je palpe le jadis à travers le naguère (Valéry, Corresp. [avec Fourment], 1900, p.155):
2. Et l'on entend, tandis que le soir a saigné, Les lointains cris d'enfants en oubli de la classe. Soi-même, dans la rue, on regrette les bons Naguères parmi la maison familiale Et son enfance et l'âme en ce temps liliale Et la tiède chaleur de lampe et de charbons. Rodenbach, Règne silence, 1891, p.199.
Rem. À noter l'emploi de naguère où l'époque évoquée est antérieure à l'existence de la personne considérée. L'usage semble consacrer l'emploi contraire à l'étymologie comme synon. de autrefois, jadis. Au XVIesiècle, tandis que les nations du sud de l'Europe, assagies et civilisées naguère par la culture romaine, se contentaient du frein catholique dont la puissance était déjà amoindrie, les races du nord plus proches de la sauvagerie barbare et qui avaient besoin pour se maîtriser de contraintes majeures, composèrent avec le protestantisme une religion nouvelle (Gaultier, Bovarysme, 1902, p.122). Le remède, soupira Durtal, à la place de l'huile et du vin avec lesquels le bon samaritain pansait naguère les plaies, c'est avec de l'eau régale et du vitriol que les modernes pharisiens panseraient ses plaies, à elle, s'ils la détenaient (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.73).
Prononc. et Orth.: [nagε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: naguere, nagueres; 1740-1878: -guère, -guères; 1935: -guère. Étymol. et Hist. Ca 1165 n'a guaire «il n'y a pas longtemps» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 14185); 1376 nagaires (Doc. ds Morlet, p.368). Contraction de (il) n'(y) a guère «il n'y a guère (de temps)», v. guère. Fréq. abs. littér.: 1399. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1559, b) 1190; xxes.: a) 1809, b) 2892. Bbg. Gohin 1903, p.317.