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MUABLE, adj.
A.− [En parlant d'un être hum. ou personnifié] Qui est sujet au changement; qui est susceptible de changement, d'évolution; qui est libre, donc non immuable. La personne elle-même étant et se connaissant muable a besoin de se fixer une fois pour toutes par la volonté dans un ordre d'affirmations, et de devenir une autorité à ses propres yeux, dans la suite de ses efforts et de sa conduite (Renouvier, Essai crit. gén.,3eessai, 1864, p. 1).Mais qu'opposez-vous, Maurice, à l'opinion de tant de docteurs et de pontifes qui enseignent tous que les anges sont muables au bien, au mal? (A. France, Révolte anges,1914, p. 93):
1. La vérité, c'est donc que le libre arbitre est un bien, condition nécessaire du plus grand des biens, mais non pas condition suffisante; tout dépend de l'usage, libre lui-même, que l'homme en fait. Or, il se trouve que, par le péché originel, l'homme en a fait mauvais usage. Muable comme toute créature, doué d'une volonté libre et capable par conséquent de faire défection, il a fait défection. Sa faute n'a pas consisté à désirer un objet mauvais en soi, car la notion d'un tel objet est contradictoire, mais à déserter le meilleur pour ce qui n'était que le bien... Gilson, Espr. philos. médiév.,t. 1, 1931, p. 121.
Vieilli, en partic. Qui est capricieux, inconstant. Peuple charmant [le peuple français], léger, volage, muable, variable, changeant, mais toujours payant. Qui l'a dit? Je ne sais, Bonaparte ou quelque autre (Courier, Pamphlets pol.,Au Réd. « Censeur », 1819, p. 25):
2. Parlez-moi de Faust, de Béatrix, de Mignon, de Don Juan, d'Hamlet, de ces types à double et à triple sens, sujets à discussion, mystérieux par un coin, indéfinis, indéterminés, extensibles en quelque sorte, perpétuellement changeants et muables... Sainte-Beuve, Port-Royal,Paris, Hachette, t. 6, 1922 [1866], p. 295.
B.− [En parlant de qqc.] Qui peut être mué, transformé, changé. La déclaration des droits est la constitution de tous les peuples; les autres loix sont muables par leur nature, et sont subordonnées à celle-là (Robesp., Discours,Constit., t. 9, 1789-93, p. 507).Dans cette patrie du confortable [l'Angleterre], le matériel de la vie est considéré comme un grand vêtement essentiellement muable et soumis aux caprices de la fashion (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 173):
3. Quoi qu'il en soit, ce que l'impressionnisme a voulu fixer, ce sont les aspects les plus fugitifs, c'est ce qu'il y a de plus muable, de plus insaisissable, en tous cas de plus passager dans la nature. A. Michel, Peint. fr. XIXes.,1928, p. 212.
C.− Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'avenir, quid? autrefois science, aujourd'hui art. Guerre aux dieux pour Dieu! La guerre aux dieux, pour le dieu de l'avenir! L'éternel, l'immuable dans le muable (Michelet, Journal,1845, p. 589).Alors que ce qui nous est donné, et que notre pensée même à qui cela est donné, se tient dans l'ordre du contingent, du muable et du temporaire, la vérité se tient naturellement sur le plan du nécessaire, de l'immuable et de l'éternel (Gilson, Espr. philos. médiév., t. 1, 1931, p. 142).
Prononc. et Orth. : [myabl̥], [mɥ-]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. 1100 « sujet à la mue (d'un faucon) » (Roland, éd. J. Bédier, 184); 2. 1155 « sujet au changement » (Wace, Roman de Brut, éd. I. Arnold, 1917). Dér. de muer*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 20.
DÉR.
Muabilité, subst. fém.Qualité, caractère de ce qui est muable. Relativement au monde extérieur, sa muabilité est nécessaire pour nous faire sentir notre existence; et relativement à notre monde intérieur, c'est-à-dire à nos idées et à nos passions, leur muabilité est également nécessaire pour créer notre liberté et notre personnalité. Donc le fait même de la vie, telle qu'il nous est donné à nous hommes de la sentir, entraîne l'existence du mal. Refuser le mal, c'est refuser l'existence. Vouloir vivre, c'est accepter le mal (P. Leroux, Humanité,1840, p. 20).Le pauvre prince de Conti, qui nous apparaît ici [dans les Mémoires de Cosnac] dans toute son inconstance de caractère et sa muabilité, est invité à aller à Montpellier par le comte d'Aubijoux, gouverneur (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 6, 1852, p. 295).− [mɥabilite], [my-]. − 1resattest. 1174-76 muablete (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, Vie de Saint Thomas, éd. E. Walberg, 6127) − 1660, Oudin Fr.-Esp., 1545 muabilité (Sur la déclar. de l'alternat. du traité de Crespy, Pap. d'Et. de Granvelle, III, 81, Doc. inéd. ds Gdf.), absent des dict. jusqu'au xixes.; de muable, suff. -(i)té*.